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Auteur Sujet: La méthode PERLE  (Lu 19997 fois)

03 mai 2009 à 21:22:22
Lu 19997 fois

Corin


Salut,

Depuis plusieurs années que je fréquente ce forum, force est de constater que nous sommes assez capables de déterminer les règles qui prévalent à la survie (règle des 3, le VRM du GHC,…) et donc savoir comment agir.

En revanche, quand il s’agit de matériel, nous avons du mal à justifier nos choix. Les critiques peuvent pleuvoir et les accrochages entre membres se produire.
J’ai moi-même été responsable d’un de ces accrochages récents avec christobal dans le fil sur son couteau http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,16839.0.html et je m’en excuse auprès de lui car ça n’était pas mon intention et je n’ai pas réussi à faire passer mon message. Autrement dit, je suis ressorti frustré d’avoir eu le sentiment que nos échanges étaient stériles.

De ce fait, j’ai repris une réflexion qui avait germé suite à différents événements : comment bien choisir notre matériel ?

J’ai distingué deux étapes :
1.   Identifier son besoin
2.   Y répondre


1.  Identifier son besoin
La première phase est celle du cahier des charges. Je n’ai pas trouvé de méthode particulière à part celle de la check-list.
Je démarre par le planning de mon activité (ex. en rando : 5h00 je me lève, 5h05 je m’habille, 5h15 je range mes affaires, 5h30 je me fais mon petit-déjeuner…).

En entrant ainsi dans le détail d’une journée standard, ça permet de voir toutes les étapes et donc de lister toutes les actions à réaliser (ex . : 5h15 je range mes affaires : déjà, il me faut une lampe et que j’ai les mains libres, je mets mon sac de couchage dans son sac de compression, le linge sale dans un sac spécifique...

A partir de là, on peut réfléchir à quel objet peut répondre à ses actions). La liste de toutes ces actions est longue à établir car en plus de l’activité, il faut prévoir tous les contretemps (météo, panne,…) les accidents (maladie, blessure,…) et ce qu’il faut pour survivre en cas de pépin (rester au chaud, s’hydrater, s’orienter,…).

Une fois la liste de ces actions détaillée, on peut mettre en face les objets nécessaires. Pour chaque objet, j’essaie de déterminer ses points faibles et ses forces.

Bien entendu, il est indispensable de faire cette liste ad hoc, pour une activité donnée, à un moment donné, dans une région avec une météo données.


2.  Y répondre
Ce travail permet ensuite d’établir des critères de choix. Désormais, il ne reste plus qu’à trouver la perle et c’est ce que je vous propose : la méthode PERLE.

PERLE pour P.E.R.L.E. En effet, force est de constater que nous passons souvent notre temps à rechercher des objets qui répondent aux mêmes critères :
  •    Polyvalence
  •    Efficacité
  •    Rusticité
  •    Légèreté
  •    Economie


Polyvalence : s’entend comme le fait qu’un même objet réponde à plusieurs besoins, sert à réaliser plusieurs tâches ou convient dans plusieurs types de situation (conditions météo, milieux différents,…).

Répondre à ces questions élimine les objets qui ne servent qu’à une tâche ou action. Ca guide le choix d’un couteau (on peut couper avec, le bâtonner, pouvoir taper l’arrière du manche, s’en servir comme pied de biche ou éventuellement s’en servir de marteau).  Ca explique pourquoi je ne me sers jamais de mon Griptilian en extérieur (pas assez polyvalent).

C’est moins évident pour le choix d’un sac de couchage (mais là ce sont les conditions d’utilisation qui permettent de juger : le synthétique supporte l’humidité, le duvet est souvent plus efficace pour un même poids) d’un sac à dos  (un dos mousse qui peut servir d’atelle ou un format adaptable à différentes activités).


Efficacité : qui fait bien son office et qui est facile à mettre en œuvre. On peut aussi apprécier l’autonomie du fonctionnement.

Il s’agit de vérifier que l’on a bien là l’objet qui répond le mieux à notre besoin. Il s’agit de virer tous les gadgets qui font plein de chose mais mal ainsi que tous ces objets qui sont des usines à gaz à mettre en œuvre. L’aspect mise en œuvre est à regarder de près, c’était le point de discussion entre feu de bois, réchaud à bois ou réchaud à gaz.


Rusticité : qui est solide et facilement réparable. J’y mettais aussi la simplicité du mécanisme, si besoin. Là, il s’agit d’évacuer tout ce qui est fragile et tout ce qui est complexe à entretenir ou réparer.


Légèreté : il s’agit d’un critère que chacun apprécie selon sa morphologie et qui permet de manière sous-jacente d’apprécier les dimensions de l’objet. Sachant que l’on ne garde pas longtemps sur soi un objet trop lourd ou trop grand.


Economie : il s’agit de ne pas avoir de frein à l’usage de l’objet. En effet, hésiter à emmener un objet adapté parce qu’on l’a payé trop cher, c’est prendre le risque qu’il nous manque cruellement.

Donc, c’est connaître le prix psychologique en dessous duquel j’accepte d’abîmer voire d’abandonner l’objet. En tout cas, le prix qui n’amène aucune restriction à un usage intensif.

Pour l’exemple, je reprends mon Griptilian : en bord de mer, j’ai ouvert une huître, ça a fait une petite entaille au fil. Désormais, j’hésite à m’en servir dans pas mal d’occasion. J’ai eu à virer un petit fil métallique, genre grosse agrafe. J’ai préféré prendre un couteau suisse. Donc, mon prix psychologique, pour un pliant, est sans doute celui d’un SAK. Pour un fixe, manifestement, je n’ai aucune hésitation à utiliser mon F1. Donc mon prix psychologique serait différent.


Voilà donc l'idée. On peut en débattre. Je tâcherai de faire un tableau-type pour illustrer.

A+
« Modifié: 18 juin 2011 à 12:30:52 par Corin »

03 mai 2009 à 21:30:16
Réponse #1

Vincent


Eh eh !

Super cette medthode et apparement tres pratique, je vais essayer de la mettre en oeuvre des que possible.

Tres interressant merci !

Cordialement

Vincent.

03 mai 2009 à 21:30:42
Réponse #2

DavidManise


C'est trop génial pour être vrai ce truc :love:

Concrètement, si je regarde le matériel que je trimballe, c'est exactement ça.  Exemple un Mora...

Polyvalence +++
Efficacité +++
Rusticité +++
Legereté +++
Economie +++

Contre-exemple, un sèche-cheveu à boîte de vitesse automatique (VOUS ME PASSEZ CE DESERT AU PEIGNE FIN !!!)

Polyvalence ---
Efficacité --- (j'ai pas de cheveux, et y'a pas d'électricité ;D)
Rusticité ---
Légèreté ---
Economie ---

Nickel ce truc.

Avec ta permission, je reprends ta formule (en citant mes sources :love:) pour les stagiaires à venir.

Ciao ;)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

03 mai 2009 à 22:07:27
Réponse #3

Gros Calou


 :doubleup:

Peut-être ajouter un S pour survie .

 ;)

03 mai 2009 à 22:20:32
Réponse #4

Corin


Concrètement, si je regarde le matériel que je trimballe, c'est exactement ça.  Exemple un Mora...

Polyvalence +++
Efficacité +++
Rusticité +++
Legereté +++
Economie +++

On peut aller plus loin et faire plus fin. Si je pars pour une semaine et que je prévois de monter mon camp, je vais avoir besoin de mon couteau pour la cuisine, couper des branchages, bâtonner, couper de la ficelle, du saucisson,... Si j'ai aussi prévu de faire du feu, je pourrais aussi m'en servir pour fendre les bûches.

Au final, le Mora sera moins polyvalent qu'un couteau plus solide et plus grand.

Peut-être ajouter un S pour survie .
J'ai imaginé la méthode pour le plus grand nombre d'activités. Pour la survie, tu identifies les actions essentielles que tu aurais à accomplir pour tenir et attendre les secours ou rentrer en cas de pépin. Et ensuite tu recenses les objets, forcément moins nombreux dont tu aurais besoin. La légèreté devient essentielle pour les avoir toujours sur soi.

A+

04 mai 2009 à 04:32:28
Réponse #5

Rouri


Citer
PERLE pour P.E.R.L.E. En effet, force est de constater que nous passons souvent notre temps à rechercher des objets qui répondent aux mêmes critères :

    *    Polyvalence
    *    Efficacité
    *    Rusticité
    *    Légèreté
    *    Economie

Bravo Corin! :up:

Si j'ai ta permission, je vais l'intégrer dans mes formations.

04 mai 2009 à 07:03:37
Réponse #6

Eric Lem


Peace,

Eric.
*********************************
"...everyone's got their path brother.... choose wisely." - R. Dimitri
"La "baffe de gitan" j'imagine la grosse baffe de cow boy : c'est un moyen de dialogue qui peut permettre la syntonisation." - Kilbith


http://www.acdsbelgium.org/

04 mai 2009 à 07:07:06
Réponse #7

Corin


Bravo Corin! :up:

Si j'ai ta permission, je vais l'intégrer dans mes formations.

Salut,

C'est fait pour être utilisé le plus possible par le plus grand nombre. La règle de droit comme de bienséance est de citer la source: DMF/CEETS. C'est tout. Si tu dis que c'est de Corin, ça flatterait trop ma mégalo mais surtout ça ne dirait pas grand chose aux gens :D.

A+

04 mai 2009 à 07:38:04
Réponse #8

Corin


S'il fallait rajouter un « s » à l'acronyme, ce ne serait pas pour survie mais pour solidité, bien que développée dans Rusticité et que cette qualité puisse être aussi incluse à Efficacité.

J'entends par solidité, un minimum exigible en rapport avec la taille, la conception ou le coût de l'objet : un Opinel® n° 2 fendra une allumette, pas autre chose, impossible non plus d'en user comme d'une barre à mine.
La difficulté dans la construction d'un moyen mnémotechnique, c'est d'être concis. C'est pour ça que sous la rusticité, j'ai mis la solidité comme la facilité à réparer.

L'idée était de traiter la vulnérabilité de tout ce que l'on nous propose. Parce que maintenant, avec les plastiques, l'électronique, les batteries au lithium,... Nous avons des objets formidables (comme des ordinateurs, des montres électroniques,...) mais qui ont des talons d'Achille impressionnants. Ils ne supportent pas le froid ou la chaleur (le cas des piles), ne sont pas réparables (plastiques clipsés) etc...

Concernant l'Économie, beaucoup croient (surtout chez les profanes), que le plus cher est le meilleur. L'objet le moins rutilant, le plus ringard d'aspect est généralement le mieux conçu car sans fioritures inutiles. N'oublions pas que si l'objet nous sert, c'est d'abord nous qui servons l'objet.
J'ai été effaré par l'effet de frein que peut avoir la mémoire du prix, le jour où l'on doit sacrifier un objet (le torturer, le modifier ou l'abandonner). Cette hésitation peut nous être fatale.

Enfin, pour illustrer ces deux items en un exemple, je choisirai le 4x4:

Ca fait longtemps que je regarde ça avec l'intuition que le Range Rover Defender est le modèle idéal. Je n'y connais rien en bagnole donc je ne parlerai pas moteur ou autre. Sans doute, d'autres sont encore meilleurs mais l'idée c'était d'avoir un véhicule qui ne soit pas à la merci d'une panne électrique ou électronique et dont la mécanique ou la carrosserie ne soit pas réparable pour un individu normal.

Cette conviction a été renforcée par plusieurs exemples dont un collègue qui fait des expés de folie en famille avec un camion Mercédes qui doit avoir plusieurs centaines de milliers de km au compteur mais qui est d'une simplicité mécanique déconcertante et dont la tôle se redresse à coups de marteau.

Ce n'est qu'une illustration donc, de grâce, n'allez pas vous précipiter à acheter un Defender mais c'est pour montrer qu'à choisir, j'irai chercher un véhicule dont je me moque que la carrosserie soit frottée par des branchages,... Car la vulnérabilité, je l'ai vu à Figari où près de la plage, plein de mecs faisaient du 4x4 mais en ayant emmailloté leur véhicule dans du plastique.

Non seulement c'est dégueulasse parce que ça laisse des morceaux de plastique partout mais surtout c'est ridicule parce que ça montre que le jour où il leur faudrait aller droit devant, la première image qui risque de leur venir à l'esprit et de les faire hésiter, c'est celle de leur carrossier se frottant les mains. Donc, ces 4x4 ne sont pas adaptés pour aller dans la verte.

C'est d'autant plus vrai que les gens avec qui j'ai pu discuter dans le Sahara me disaient regretter les anciens Toyota Land Cruiser D80 (arrêtés en 1998) parce que les nouveaux sont bardés d'électronique et que ça les rend vulnérables.

L'idée est donc d'avoir un objet que l'on hésite pas à utiliser, pour s'entraîner comme pour s'en servir en situation, qui soit suffisamment résistant et si on l'abîme, on sait le réparer ou l'utiliser sans la partie abîmée.

Un autre exemple: le couteau.
A chercher le meilleur, on peut déjà dire que pour une activité engagée en outdoor (en urbain,... c'est autre chose), avec construction d'un abri et d'un feu, il faut un fixe, plate semelle, avec des plaquettes que l'on saurait refaire éventuellement ou sur lequel on saurait refaire le manche, facilement affûtable,... La liste est longue.

En donnant cet exemple, je vois que je ne détaille pas les actions et donc le cahier des charges. J'attire votre attention sur la nécessité de ne pas sauter l'étape 1 et d'y apporter, au contraire, le plus grand soin.

A+
« Modifié: 09 avril 2012 à 09:33:29 par Corin »

04 mai 2009 à 07:39:28
Réponse #9

Corin


Oh que si ! le gars qui est né le même jour que J.B. et qui ...  ;)

C'est vrai que ça, c'est une info... de première bourre. :D

A+

04 mai 2009 à 08:12:48
Réponse #10

jbc


simplement génial corin !!

04 mai 2009 à 08:25:26
Réponse #11

Corin


simplement génial corin !!
Faut encore qu'on peaufine. Chacun peut y apporter sa pierre.

A+

14 mai 2015 à 22:51:13
Réponse #12

Merlin06


Salut à tous, salut Corin,

je voulais faire remonter ce très bon fil qui me sert souvent et depuis trois ans pour indiquer à mes amis une méthode de construction de cahier des charges et de sélection de matos.

Du vrai condensé de bon sens, très KISS, merci beaucoup Corin.  :up:
L'âme sûre ruse mal.
Le matin du grand soir il y aura de la confiture de bisounours au petit déjeuner.
Nous avons deux souverains, Dame Physique et Sire Temps.

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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