Pour la partition et les activités dérivatives, je rapporte une étude menée dans un département de psycho d’une université canadienne, sur la gestion de la douleur. On brûle au laser des étudiants ( des mâles, c’est important), on détermine ainsi leur seuil de douleur (ils retirent la main quand ils veulent), on sépare ensuite en trois groupe :
- 1 groupe témoins : on leur rebrûle la main de la même façon
- 1 groupe distrait du stress (la brûlure), on lui projette en même temps qu’on le brûle des photo de jeunes filles très dénudées (ça marche toujours chez les mâles)
- 1 groupe concentré, on lui projette des photos de brûlures
Il y a des écarts significatifs de résultats avec un décalage important vers le haut (seuil augmenté) du seuil pour le groupe distrait et un retrait précoce de la main (seuil diminué) pour le groupe concentré, ceci bien sûr en référence du groupe témoins. Chaque individus étant bien sûr comparé à sa valeur de référence personnelle (les comparaisons interpersonnelles en « douleur » sont des biais méthodologique rédhibitoires).
Ceci rejoindrait au moins partiellement le courrant des « cloisonneurs ». Attention cependant à ne pas oublier le stress, gérer oui mais occulter et négliger non…
Pour les « acceptants », j’aime assez la démarche, bien qu’elle ne soit pas toujours facile à mettre en œuvre, c’est aussi cette démarche que je tente le plus souvent d’adopter : « faire avec ».
Pour moi (personnelle, c’est le comment je le fais pas le comment je préconise de faire) la gestion passe par :
- acceptation
- rationalisation (danger objectif et danger subjectifs fantasmés)
- concentration sur la tâche
- prise de recul
Des petites illustrations de mon expérience perso :
- un patient trachéotomisé-ventilé me fait un arrêt-cardio respiratoire pendant une séance de kiné respiratoire, j’étais en orange, je suis directement passé en rouge, gueulante pour alerter les IDE présentes, instillation de serum phy dans la canule et aspiration (l’arrêt pouvait être dû à une remonté de « bouchon de sécrétions »), démarrage de la réa à l’ambu (en fait j’ai eu le temps d’ouvrir le sac qui est chez nous à chaque tête de lit et les IDE arrivaient)… Ensuite on aide comme on peut. Et surtout on debriffe après…
- le stress des exams (parfois très conséquent par expérience, pour en faire passer, pour en avoir passer (et espère en passer encore) dont certains avec un énorme enjeu professionnel), je gère par concentration et prise de distance : le jury est là pour poser des questions, chaque question ne vise pas à me planter mais est l’occasion de donner une réponse et de « marquer des points »…
- Accouchement de mon épouse pour le petit dernier… Je rentre du boulot, elle me dit qu’elle vient d’avoir deux contractions en moins de 3 minutes (ça c’est accéléré brusquement), je me suis brusquement aussi concentré sur des prises de décisions rapides… ensuite sur le trajet de la mater sur des réflexions bénéfices-risques et des arbres décisionnels : conduire plus vite ? (décision = non trop de risque, on peut se planter, se tuer, tuer quelqu’un, prudence), s’arrêter et accouchement voiture (j’ai assisté à un cours chez les pompiers, j’ai pas mal de bouts de théorie, etc…) (décision = non, mais si ça m*rde on y repense, concentration conduite et si problème tu sais faire, tu vas gérer) ? Appeler la sage-femme sur son portable (j’avais le n° , c’est une maison de naissance pas une mater, donc des suivi un peu différent) (décision = ne pas le faire soit même, je demande à mon épouse de le faire et je lui dicte les infos en ma possession et utiles à donner : temps de parcours restant, zone d’arrivée et je demande à ce que la sage-femme attende dans la zone d’arrivée avec un fauteuil roulant)… Ce dernier exemple pour illustrer les arbres décisionnels et les reflexions bénéfices- risques, ça ne diminue pas le stress, ou peu mais en ayant largement réfléchis avant, identifier des critères, protocoliser sa réflexion, ça permet de prendre sous stress des décisions, en étant capable de gérer et de prévoir les avantages et les inconvénient… Cela diminue donc l’impact du stress sur les événements… Du drill intellectuel en fait.
Maintenant pour les stress a plus long terme, je sais pas trop… Ce qu’on retrouve à la lecture de certains sur le stress d’opération militaire (Guy Sager, EM Remarque, Dorgeles, Clostermann, Rudell) on retrouve pas mal de détachement, de cloisonnement et de concentration… On retrouve aussi ça dans le récit de Mac Nab dans la période ou il est prisonnier, avec une grosse dose de concentration…J’ai eu l’occasion professionnellement de bosser avec des gens soumis à des stress opérationnels importants (pompiers, hommes en bleus intégrés dans des groupes particuliers), la concentration sur la tâche à accomplir et l’acceptation du stress comme un paramètres inamovible et à gerer comme un autre sont des constantes semble t-il (maintenant ne l’ayant pas vécu dans mon corps je ne peux pas dire).