Salut,
J'ai plein de montre, j'ai eu plein de montre....
- "De mon temps" la montre c'était ce qui marquait le statut "d'homme". Elle nous accompagnait dans les étapes de la vie.
J'ai eu ma première montre à la première communion de la part de mon parrain (une Yema mécanique "de plongée" (genre 10m), il n'y avait pas de quartz) et à la communion solennelle une un montre automatique Seiko. J'avais désespéré ma grand mère en refusant une "montre en or" mettant ainsi fin à une longue tradition qui fixait définitivement l'honorabilité d'un homme à ses yeux.
J'ai évidemment perdu les deux premières montres, rupture de bracelet. Évidemment pendant ce temps je reluquais les montres "à chrono" des grands avec plein de cadran, un luxe inaccessible : d'une part financièrement (on ne dépensait pas pour un gamin en ce temps là) et physiquement (inadaptés à mes petits poignets). Il y avait aussi les montres "extra plates" dans un temps ou fabriquer un mouvement ultra fin était réservé à l’élite des manufacturiers, et donc très peu accessible au commun des mortels..
Par la suite, j'ai eu des "montres à quartz". Bien plus précises, bine moins lourdes, ne se déréglant pas. Il fallait juste changer les piles, ce qui arrivait souvent avec celles qui n'avaient pas de cristaux liquides, mais de toute façon elles n'étaient pas étanches.
Pour moi, les gens qui comparent les mécaniques aux mécanismes à quartz...doivent être de la génération où le choix n'existait pas. Sinon on parle un peu dans le vide. C'est un peu comme les urbains de 20 ans qui fantasment sur la vie dans la nature et le grand air VS pépé qui me disait : "avant la guerre en hiver on trimait à tirer du bois dans la montagne en mangeant un oignon et un bout de ventrèche et le reste du temps on s'enfumait dans la cheminée : ceux qui sont contre les touristes n'ont pas vécu ce temps là".
J'ai eu à partir des années 80 plein de montres à quartz dont je ne me souviens pas. Elles ne s’arrêtaient que quand les piles étaient mortes, soit de moins en moins souvent quand la technologie a évolué.
A la fin des années 80, j'ai vécu la mode des montres gadgets : plein de trucs comme les chronographes multiples, les sonneries multiples, les calculatrices...pour une somme modique, les montres à quartz avaient des "complications" qui enterraient les modèles mécaniques les plus sophistiqués. En mieux (plus léger, plus précis, bcp bcp moins cher).
Ces montres étaient extra fines, suffisamment étanches pour nager : au fil du temps, je me suis rendu compte que toutes ces sophistications étaient des gadgets le plus souvent inutile. Soit les boutons étaient trop petits, soit on oubliait le mode d'emploi entre deux utilisations épisodiques. On ne doit posséder que ce que l'on utilise en somme.
En face de ces performances, les montres mécaniques étaient devenus à l'horlogerie ce que la traction hippomobile était à l'automobile, une agréable nostalgie. Enfin, "agréable" sauf pour Lip.
Et puis Swatch est arrivé (je me souviens d'un article décrivant la conception ingénieuse dans science et vie). Dans un monde désormais peuplé de montres japonaises, il entendait relancer l'horlogerie suisse avec un modèle à quartz ultra simple, ultra léger, ultra fiable, pas cher du tout. Il reprend une grande part du marché et s'attelle à la relance de l'horlogerie suisse dans son ensemble. Swatch rachète les vielles marques, travaille à fond le mix marketing.
Avant tout le monde, il comprend que le marché de la montre mécanique n'est plus celui du "garde temps", c'est celui de l’accessoire pour homme. C'est un "marqueur social" un des rares pour les hommes actuels. Les montres grossissent (c'est moins cher à produire), les calibres deviennent standard. Bénéficiant de ce nouvel élan de vieilles manufactures renaissent, les marques anciennes sont relancées ou achetées, des artisans émergent...Je fais un parallèle avec Tanazacq qui au détour des années 80 "invente" avec Ardenlamme le couteau custom en France et défriche et lance un marché.
Revenons aux montres :
J'ai eu une Avocet (une des premières montre altimètre) : pas très fiable, bouffeuse de piles, compliquée trop encombrante. comme il fallait la renvoyer par la poste pour changer la pile...Une fois en panne je l'ai mise dans un tiroir, elle y est encore.
Je me suis passé de montre "sophistiqué" durant pas mal d'année. J'avais juste ma "Seiko quartz". A la quarantaine, je suis revenu vers le sujet. J'ai acheté une montre mécanique (extra plate...plein oscillations par seconde) et j'ai hérité de montres mécaniques. Elles étaient conformes à mes souvenirs : pas très précises, lourdes, hyper cher à l'entretien. Je ne les sort désormais que dans je dois être "habillé".
Je dois dire qu'il m'est arrivé d'être "interpellé", pour me "féliciter", par quelques hommes et même quelques femmes quand ils ont constaté la qualité de ces montres. Cela pouvait être des réceptionnistes d'Hôtel, des vendeurs de magasins de luxe ou des cadres supérieurs. Cela m'a fortement étonné. Une fois, alors que j'étais en jean/tshirt, j'ai constaté un changement instantané d'attitude du réceptionniste à la vue de ma montre
La montre est donc bien un marqueur social.
Avec 40 ans de recul, voici mes conclusions :
- Socialement, achetez une montre mécanique si vous souhaitez "subjuguer" l'interlocuteur. Une Rolex classique va impressionner l'homme d'action, une IWC aquatimer le sportif, une oméga en or les mères des bourgeoises, une reverso leurs filles. L'ensemble de ces montres va impressionner tout ceux qui rêvent de se les offrir. S'ils sont désinhibé socialement leur désir peut être plus ou moins irrépressible.
- Pour moi une montre doit être fine (pour passer sous les vêtements) et fiable. C'est donc une montre à quartz avec absolument un verre inrayable saphir et une étanchéité d'au moins 50m...plus d'étancheité avec couronne vissante c'est mieux, sous réserve qu'elle ne soit pas énorme. Les piles actuelles lithium promettent une dizaine d'année d'autonomie, au moins sur les montres sans gadgets. C'est amplement suffisant 10 ans.
-J'ai oublié de préciser qu'une montre de plongée est inutile, c'est assez illisible sous l'eau et surtout tout le monde à un ordinateur de nos jours, à minima un profondimètre.
- J'ai encore une Suunto. Franchement je n'aime pas trop. Comme je ne m'en sert pas tout les jours, je ne la maitrise pas. C'est encombrant avec les gants et les vêtements. Cela se raye....et la présence d'une pile fait que lorsqu'on veut s'en servir épisodiquement c'est aléatoire. Je regrette les Thommen et autres altimètres indépendants.
- J'ai eu une kinetic et mon fils une montre solaire casio. Aucun problème de fiabilité. On est délivré du souci des piles...que du bonheur. Sauf que la casio est énorme et très complexe, mais cela amuse encore mon fils de jouer avec : donc il maitrise. Ceci dit, il m'a piqué ma kinetic vers 18 ans.
- J'ai acquis par l’intermédiaire du forum une montre de plongée mécanique Seiko Diver's à un prix étonnamment bas pour une mécanique. Ce n'est pas hyper précis, mais c'est sympa. Elle est fiable (jusqu'ici), la lecture nocturne est ok, je regrette juste l'absence de verre saphir. Je la porte en été en MC (car grosse et lourde). Avec un téléphone, ses défauts ne sont pas graves et c'est un chouette accessoire.
- J'apprécie d'avoir à mon poignet quelque chose créé par l'homme qui théoriquement aurait pu être construite par un artisan romain. En ce sens c'est un témoignage du génie de l'esprit et de la main humaine. C'est un peu le même plaisir que de faire du feu par friction : une sorte de communion avec le passé. En ce sens, l'aiguille nous relie aux mésopotamiens.
voilà