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Auteur Sujet: Couteau Wildsteer  (Lu 41600 fois)

10 novembre 2006 à 09:14:56
Lu 41600 fois

DavidManise


Salut !

Je ne retrouve plus le passage où on parlait du couteau Wildsteer, donc je vais relancer un nouveau fil sur ce sujet spécifique (si ma mémoire est fidèle on en parlait dans le fil SICAC 2006...  Maximil a donc dû nettoyer vu que c'était du pur HS).

Comme il est question que je fasse un papier/comparatif sur les couteaux dans un prochain numéro de Carnets d'Aventures (www.expemag.com), j'ai reçu un couteau Wildsteer pour l'inclure dans les tests.  J'ai aussi eu la chance de discuter avec son créateur (Édouard de Buyer) et sa femme (Danielle). 

Je vous ferai un topo plus complet dessus (ici même dans ce fil) d'ici quelques jours, avec photos et tout.  En attendant, je voulais juste (pour alimenter le débat) laisser Danielle réagir à ce que disait Kilbith sur l'acier du Wildsteer.  Voici son point de vue :

Citer
il s’agit d’un acier à hautes caractéristiques, sachant que pour caractériser complètement un acier, il faut tenir compte de plusieurs choses :

  • Sa composition chimique (teneur en Carbone Chrome et autres ) Il s’agit ici d’un équivalent AISI 425 ou DIN 4116 avec 1% de Si, 1% de Mn, 14,21% de Cr,  0,6% de Mo et 1,15% de V. Cet acier est utilisé dans les couteaux de cuisine haut de gamme contrairement à ce qu'il dit (Cf. les sites de Sabatier diamant : http://www.sabatier.com/default_fr.html ou encore Sabatier-Aine-Perrier http://www.sabatier-k.com/index.php  qui utilisent le même acier que nous avec d'ailleurs le même forgeron)
  • La qualité de la matrice du métal d’origine (présence de carbures primaires ou non)
  • La qualité de trempe, sachant que les caractéristiques de l’acier et sa composition chimique au final sont celles données après trempe.
  • Sa mise en œuvre, le fait de forger la lame oriente les fibres et  donne davantage de résistance. De plus, en forgeant par estampage, on ne chauffe qu’une fois, ce qui est encore bien meilleur par rapport à une forge manuelle où on est obliger de chauffer 4, 5 voire plus.

Concrètement, l'acier en question, selon les docs Wildsteer que j'ai sous la main, est du Z50C13.  Perso je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je suis sûr que les spécialistes (donc Did) pourront alimenter le débat.  Ce que je constate, après les premiers tests, est que l'acier est plutôt robuste et moins ductile que ce à quoi je m'attendais.  Mais bon je vous laisse parler technique et formules alchimiques secrètes, et je publierai le résultat de mes tests empiriques par la suite ;)

Voilà.

Ciao ! :)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

10 novembre 2006 à 12:05:59
Réponse #1

Kilbith


Salut,

Je planche...patience  ;D

10 novembre 2006 à 13:07:35
Réponse #2

the grinch


ouaip ! moi je dirais simplement que cette dame ne devrait pas dire "Sa mise en œuvre, le fait de forger la lame oriente les fibres et  donne davantage de résistance. De plus, en forgeant par estampage, on ne chauffe qu’une fois, ce qui est encore bien meilleur par rapport à une forge manuelle où on est obliger de chauffer 4, 5 voire plus." car on ne critique pas une methode pour mettre en valeur la sienne surtout que l'estampage n'oriente en rien les fibres puisque en gros il s'agit d'un moule ! c'est tout ! le reste je vous laisse le soin d'en débattre !

10 novembre 2006 à 14:30:03
Réponse #3

wildsteer


Pour répondre à "THE GRINCH"
Citer
car on ne critique pas une methode pour mettre en valeur la sienne surtout que l'estampage n'oriente en rien les fibres puisque en gros il s'agit d'un moule !

j'ai dû mal m'exprimer. :'( :(

1- je ne cherche pas à critiquer telle ou telle méthode mais simplement à expliquer

2- quand je dis que l'estampage oriente les fibres, c'est aussi valable pour tout type de forge (manuelle sur une enclume, au marteau pilon ou dans une matrice comme c'est le cas ici). En fait, c'est surtout par opposition à une découpe laser dans une barre.
Prenez une barre, découpez la au laser (ou au jet d'eau ou à n'importe quoi), puis otez de la matière par meulage, backstand ou autre pour arriver au tranchant souhaité. Vous avez enlever de la matière sans modifier sa structure.
Maintenant, prenez la même barre, chauffez la et frappez la pour affiner le côté de la future lame (quelque soit la méthode de frappe j'insiste). Vous n'avez aucun déchet, car vous n'avez pas oté de matière, vous en avez modifier la structure. et ça change entièrement la qualité du tranchant obtenu. :up:

Qu'il y ait une matrice ou pas ne change rien. Il y a bien eu une modification de la structure, ce que j'ai appelé "l'orientation des fibres"

Voilà, si ça peut en éclairer certains ;)

10 novembre 2006 à 15:11:56
Réponse #4

kazar


Bonjour Wildsteer,

Ok. Les couteaux Wildsteer sont formés par estampage à chaud dans une matrice, et non par simple enlèvement de matière (stock removal). Il s'agit, si je comprend bien, de l'opération de forge appelée "matriçage". Cette technique consiste à "forcer" le métal ramolli par la chaleur dans une matrice (matrice et contre matrice) qui porte le motif souhaîté sculpté en creux, en négatif.

Dans la forge manuelle d'un couteau, l'artisan va étirer et former l'acier par martelages sélectifs et successifs. Il va ainsi allonger et former au maximum la lame et s'approcher le plus possible des côtes définitives du couteau fini, en veillant soigneusement à conserver l'harmonie et la continuité du réseau cristalin de l'acier. Le fibrage de la pointe, particulierement important, en épousant la courbe du tranchant en accroît la résistance. Le but est de conférer à la lame un tissu fibreux parfaitement adapté au travail auquel elle est destinée.

Stéphen.
« Modifié: 10 novembre 2006 à 15:14:15 par kazar »

10 novembre 2006 à 15:33:47
Réponse #5

Nimbus


Ouep,

chauffer influence la composition de l'acier, en général en mal,

l'estampage chauffe moins.
le forgeron chauffe plus mais forge de manière plus "intelligente".

Dans les deux cas ça reste la qualité du travail qui détermine la qualité du produit fini.

L'estampage demande pas mal de matériel pour démarrer mais une fois que ça tourne ça permet de produire rapidement et à faible coup de grosses séries de pièces identiques.

A priori le forgeage influence plus la résistance aux efforts de l'acier que la qualité du tranchant.
Sur un couteau de la (petite) taille et de la (forte) épaisseur du Wildsteer , l'intéret du forgeage n'est pas évident par rapport au même couteau réalisé par usinage (même dans ce cas, peu probable qu'on arrive aux limites de l'acier), par contre ça peut être une bonne solution pour réaliser la forme compliquée du couteau en série (notamment le crochet "arrache-flèche").

Puisqu'on a la chance d'avoir wildsteer sous la main:
Quelles sont les raisons qui ont conduit au choix de cet acier ?
« Modifié: 10 novembre 2006 à 15:36:49 par Nimbus »

10 novembre 2006 à 15:53:42
Réponse #6

the grinch


Pour répondre à "THE GRINCH"
Citer
car on ne critique pas une methode pour mettre en valeur la sienne surtout que l'estampage n'oriente en rien les fibres puisque en gros il s'agit d'un moule !

j'ai dû mal m'exprimer. :'( :(

1- je ne cherche pas à critiquer telle ou telle méthode mais simplement à expliquer

2- quand je dis que l'estampage oriente les fibres, c'est aussi valable pour tout type de forge (manuelle sur une enclume, au marteau pilon ou dans une matrice comme c'est le cas ici). En fait, c'est surtout par opposition à une découpe laser dans une barre.
Prenez une barre, découpez la au laser (ou au jet d'eau ou à n'importe quoi), puis otez de la matière par meulage, backstand ou autre pour arriver au tranchant souhaité. Vous avez enlever de la matière sans modifier sa structure.
Maintenant, prenez la même barre, chauffez la et frappez la pour affiner le côté de la future lame (quelque soit la méthode de frappe j'insiste). Vous n'avez aucun déchet, car vous n'avez pas oté de matière, vous en avez modifier la structure. et ça change entièrement la qualité du tranchant obtenu. :up:

Qu'il y ait une matrice ou pas ne change rien. Il y a bien eu une modification de la structure, ce que j'ai appelé "l'orientation des fibres"

Voilà, si ça peut en éclairer certains ;)

Le grain, donc la qualité de l'acier, est modifié par la chauffe et non par la forge ! On peut avoir un très gros grain ou un grain pratiquement invisible à l'oeil nu avec la même barre d'acier sans même la forger et c'est cela qui va donner sa qualité à une lame; la forge ou l'estampe n'est rien comparé à la trempe et surtout à la qualité du grain obtenu ! Pour moi qui suis forgeron depuis 11 ans maintenant je peux affirmer que la forge (a part d'une grande lame) n'apporte rien de plus a un couteau si ce n'est l'économie de matiere et de temps !
De plus l'orientation des fibres comme vous l'appelez n'apporte rien sur une longueur de lame de couteau (cela a déja été abordé plusieurs fois et même par de grands forgerons ! Cela commence à apporter un certain intérêt sur une épée ou autre arme longue !
Et on pourrait même parler de la normalisation car si vos lames sont estampées, elles doivent suivre ce processus !
il y a eu de très bons articles sur le sujet dans les derniers numéros de la passion des couteaux !  ;)
Je pense qu'il faut comparer ce qui est comparable avant tout !
« Modifié: 10 novembre 2006 à 15:59:47 par the grinch »

10 novembre 2006 à 16:20:23
Réponse #7

kazar


Pour moi qui suis forgeron depuis 11 ans maintenant je peux affirmer que la forge (a part d'une grande lame) n'apporte rien de plus a un couteau si ce n'est l'économie de matiere et de temps !
De plus l'orientation des fibres (...) n'apporte rien sur une longueur de lame de couteau (cela a déja été abordé plusieurs fois et même par de grands forgerons ! Cela commence à apporter un certain intérêt sur une épée ou autre arme longue !

Alors tout ce que j'ai lu à propos de l'écrouissage, du fibrage, etc, sont des facteurs trés secondaires!!!! "La forge n'est rien comparé à la trempe et surtout à la qualité du grain obtenu"... alors ça... si c'est vrai ça me fout vraiment les boules!  >:(

Stéphen.

10 novembre 2006 à 16:23:48
Réponse #8

Nimbus


Alors tout ce que j'ai lu à propos de l'écrouissage, du fibrage, etc, sont des facteurs trés secondaires!!!! "La forge n'est rien comparé à la trempe et surtout à la qualité du grain obtenu"... alors ça... si c'est vrai ça me fout vraiment les boules!  >:(
La forge agit essentiellement sur la résistance à la torsion et aux chocs.

Sur la longueur d'une lame de couteau tu ne risque pas de bras de levier très important.

Donc sur une lame courte, le forgeage apporte peu.

10 novembre 2006 à 16:30:09
Réponse #9

the grinch


@KAZAR
oui ! mais comme je le precise, je parle pour moi et mon experience ! l'acier n'est pas du tissu ! les forgerons ne sont pas des dieux, il n'ya pas de magie dans une forge ! les aciers dits modernes ont des fiches techniques pour en obtenir le meilleur ! une lame même super bien forgée mais mal trempée restera un bout de feraille ! les techniques d'écrouissages ne sont pas valables sur tous les aciers, si tu as un moment viens a l'atelier essayer sur du 100C6 ou mieux, du A2 !
mais si tu ne me crois pas (ce qui est ton droit) je te conseille de bien lire certaines revus spécialisées et surtout les articles écrits par Pascal MANGENOT !  ;)
désolé de casser un mythe ! je ne me considere ni comme un sorcier, ni comme un artiste mais simplement un artisan qui essaye de tirer le meilleur d'une barre d'acier !  ;)
« Modifié: 10 novembre 2006 à 16:32:19 par the grinch »

10 novembre 2006 à 16:47:26
Réponse #10

kazar


Xavier, ce qui m'interresse c'est le réel. Je digère vite et j'apprécie d'abord ton approche franche et directe plutot que les éventuelles idées reçues que j'ai pu entretenir.

Ok. Prenons par exemple deux couteaux de camp (type "primal" de David) réalisés par tes soins : mêmes formes, même dimensions, même acier, même traitement termique, mais dont l'un sera réalisé par forge manuelle et l'autre par stock removal. Testons-les de la même manière : coupe, chocs, flexibilité, torsion. Y en a t'il un qui passe mieux les tests? Ou bien les résultats sont-ils équivalents?

Stéphen.
« Modifié: 10 novembre 2006 à 17:02:19 par kazar »

10 novembre 2006 à 17:04:16
Réponse #11

Nimbus


Testons-les de la même manière : coupe, chocs, flexibilité, torsion. Y en a t'il un qui passe mieux les tests? Ou bien les résultats sont-ils équivalents?
Le forgé sera meilleur mais en pratique y a de bonnes chances que tu ne vois pas la différence à l'usage et peut être même dans les tests.

10 novembre 2006 à 17:08:16
Réponse #12

the grinch


Nimbus a été plus rapide et je ne dirais pas mieux !
la seule difference que tu auras sera interieure ! tenir un couteau forgé est pour moi plus agréable, plus chaud, je ne sais pas trop comment l'expliquer ....  :-[
le coté esthetique aussi ! j'aime bien laisser des traces de forge que tu n'auras pas sur un stock removal !

10 novembre 2006 à 17:28:20
Réponse #13

niglo85


les forgerons ne sont pas des dieux, il n'ya pas de magie dans une forge ! l
désolé de casser un mythe ! je ne me considere ni comme un sorcier, ni comme un artiste mais simplement un artisan qui essaye de tirer le meilleur d'une barre d'acier !  ;)

QUOI !! ne me dit pas que ce n'est pas vrai... :'(  :'(  :'(
franchement laisse nous rever un peu !!!
dit plutot que tu as peur de bruler sur un bucher  ;)

m'enfin quand, je compare le wild-machin et le PRIMAL !!
que ce soit: le couteau, la qualité et le prix, MR Grinch doit user d'un peu de magie quand même  :love:

d'ailleur si la personne de wildsteer peut nous justifier son prix, je suis tres interessé... ;)

Johann

10 novembre 2006 à 17:38:10
Réponse #14

the grinch


sur la partie tarif par contre je n'ai pas les imperatifs d'un fabriquant ! je ne fabrique que ce qui me fait plaisir et je calcule mes prix au plus juste (déja dit) car pour moi ce n'est plus mon activité principale mais je ne suis pas le seul a pratiquer de petits prix, notre ami PH est méga pas cher et j'en connais bien d'autres qui savent se plier à la demande du marché sans pourtant laisser tomber la qualité !
Par contre pour les Couteaux Wildsteer, le prix est facilement justifiable et correct ! la technique employée est asser rare sur ce style de couteau ! la partie étui est de tres bonne facture donc cher et à cela il faut rajouter toutes les charges connues, la pub, etc ...

comme déjà dit plus haut il faut comparer ce qui est comparable !  ;) et je pense que dans sa catégorie le Couteau Wildsteer sort facilement du lot pour beaucoups de raisons avec l'originalité en prime !  ;)
« Modifié: 10 novembre 2006 à 17:43:06 par the grinch »

10 novembre 2006 à 18:59:27
Réponse #15

Patrick


d'ailleur si la personne de wildsteer peut nous justifier son prix, je suis tres interessé... ;)
C'est combien déjà le prix de la barramine ?

10 novembre 2006 à 19:02:41
Réponse #16

Baptiste


d'ailleur si la personne de wildsteer peut nous justifier son prix, je suis tres interessé... ;)
C'est combien déjà le prix de la barramine ?

225 à 315 Euros suivants les finitions demandées.

http://www.wildsteer.com/fr/prods.php
La vie est étrange parfois, on ne veut pas partir loin de ceux que l'on aime mais on ne veux pas non plus revenir en laissant ceux que l'on a appris à aimer...   Moi

10 novembre 2006 à 19:17:55
Réponse #17

Patrick


C'est pas que ce soit si cher que ça pour un semi indus/custom avec des matériaux de qualité.

Toutefois je les ai eu en main sur le salon de Pierrelatte ou Nyons et je ne sais pas bien ce qu'on peut faire avec avec de plus les poignées rondes.

C'est définitivement pas mon truc, car un des couteaux les moins polyvalents que je connaisse.

10 novembre 2006 à 19:36:26
Réponse #18

niglo85


moi j'ai trouvé une sous-marque vachement moins cher (env 10 euro) :doubleup: :



bon j'arrete... il est peut être tres bien ce ....couteau ::) ,mais moi je ne suis pas archer, alors les encoche et tout ça ...
bref attendons les test du Manitou!

Johann

10 novembre 2006 à 19:58:21
Réponse #19

kazar


Je pensais qu'un couteau avec une lame forgée, écrouie et un traitement termique adapté était grandement superieur à une lame travaillée par stock removal (et un traitement termique tout aussi adapté).

Ok, l'acier ce n'est pas du tissu ni du bois. Mais si l'on prend un makhila réalisé dans un fût de bois plein pied juste écorcé et sans que la fibre ait été entamée, il sera plus résistant qu'un manche à balais du même diamètre usiné dans un bloc. Même chose pour les arcs.

Perso je trouve que mes lames forgées n'ont pas le même tranchant ni la même réaction aux chocs quand je taille. Je sens les lames forgées plus "unitaire" dans la vibration lors des chocs.

Je parle à un forgeron qui a 11 ans de métier, donc je bride ma grande gueule. Mais j'ai un doute. Je ne suis pas 100% convaincu ("c*n - vaincu").

Stéphen.  ;)
« Modifié: 10 novembre 2006 à 19:59:57 par kazar »

10 novembre 2006 à 20:13:38
Réponse #20

the grinch


pas de bride avec moi sinon ça sert à rien que je vienne sur un forum !  ;)

en fait dans ce que tu décris on en revient au traitement thermique ! j'ai fait un test avec du carbon V de CS qui supporte mal les tortions et avec une triple trempe selective et 2 bons revenus il encaisse tout ! Le "tordeur" est mon testeur pour ce couteau il pourra en parler !  ;)

« Modifié: 10 novembre 2006 à 20:17:14 par the grinch »

10 novembre 2006 à 20:21:48
Réponse #21

Kilbith


Hello, ;D

Introduction :

Je veux rappeler à tous que je ne suis pas métallurgiste ni même ingénieur bien que ma formation de base se soit déroulée dans une université de sciences.  De la même façon, je n’ai jamais manipulé le Wildsteer et je ne suis pas archer ce qui fait que je ne suis pas inspiré par ce couteau. Je ne vais donc pas parler du design car, les goûts et les couleurs sont matières à débat sans fin.
Je me présente donc comme un amateur, ayant cherché à se documenter sur un domaine particulier : les aciers et les procédés utilisés dans la coutellerie. Se documenter sur un sujet et comprendre les mécanismes et raisonnement aboutissant à la réalisation d’un objet et à sa diffusion ; sont au coeur de ma compétence professionnelle.

Au sujet du Wildsteer, je voudrais faire le point sur l’acier et seulement sur l’acier et rien que l’acier :

1. Selon le site Wildsteer, l’acier utilisé est du Z50C13.  Il s’agit de la désignation selon l’ancienne norme AFNOR d’un acier qui serait désigné de nos jours par X50Cr13. Selon cette désignation, il s’agit d’un acier à 0.5% de Carbone et 13% de Chrome. Il contient aussi du Manganèse qui est un désoxydant présent dans les aciers en petite quantité pour des raisons techniques. Formellement, la norme n’oblige pas à indiquer la présence de traces de Souffre, de Phosphore et de Silicium si les concentrations sont faibles. Il ne contient pas de vandium.
L’acier est un acier hypoeutectique (<0.77% de C.) de type inoxydable  (<13%de C) martensitique. En général, on considère qu’un acier à haute teneur en carbone devrait avoir au moins 0.6 % de carbone. Ce n’est pas le cas de cette nuance.
Le choix de cet nuance d’acier est cohérent avec l’emploi de la méthode du forgeage avec une matrice : c’est un acier qui n’est pas très dur  (absence de carbure) et sa trempabilité est bonne (13% de Cr) ce qui est cohérent avec l’épaisseur de la lame (7mm).
Selon les tables d’équivalence disponible, il est l’équivalent du DIN 1.4110 (Wkr. 4110)  allemand, du SUS 420J2 japonais ou du 40X13 russe.  Le 420 est utilisé dans les couteaux de qualité médiocre. Par exemple les laguioles industriels. Nous connaissons la valeur des couteaux en acier AISI 420...

2. Dans le post de Wildsteer cité par David, la composition de l’acier ne correspond pas au Z50C13. Elle correspond à la nuance X50CrMoV15 qui a d’ailleurs bien comme équivalent le DIN 1.4116 (ou très proche : le DIN 1.4110). Dans l’ancienne norme AFNOR, cet acier était désigné par Z50CD13. Peut être y-a-t-il une erreur sur le site Wildsteer?
Le Z50CD13 est considéré comme un acier à outil permettant de travailler à froid. C’est un acier proche du précédent, mais avec du vanadium et du molybdène et un peu de silicium en plus. Le vanadium et le molybdène forment des carbures très durs ce qui est souhaitable dans un couteau. Ils affinent le grain, le Mo renforce le coté inox et le Si joue aussi un rôle positif. L’acier reste avec une teneur en carbone inférieure à 0.6% (hypoeutectique). C’est un acier « résistant à l’usure » alors que le AISI D2 (X160 CrMoV12) ou le Aisi A2 (X100 CrMoV5) sont considérés comme  « très haute résistance à l’usure ».
Cet acier le X50CrMoV15 est l’équivalent, approximatif, en Europe du 425M américain. Le 425M était l’acier utilisé par Buck pour beaucoup de ses couteaux avant l’utilisation du 420 HC. Il est considéré comme un acier moyen :

L’avis de zknives :
“440A :and its relative peers, 425M, 420HC, 12C27, and 6Aare the next group. They can be hardened more than the previous group, for better strength, and they are more wear resistant, though wear resistance is just getting to the point of acceptability. 440A and 12C27 are the leaders of this group, with solid heat treat both perform okay. 12C27 is said to be particularly pure and can perform very well when heat treated properly. 6A trails those two steels, though with its vanadium content, can take a razor edge. 425M and 420HC trail the rest. »

Traduction approximative (ce n’est pas mon métier) :
« 440A et ses semblables, 425M, 420HC, 12C27 et 6A forment le prochain groupe. Ils peuvent être trempés plus que le groupe précédent, pour plus de dureté, et ils sont plus résistant à l’usure, bien que leur résistance à l’usure soit juste acceptable. 440A et 12C27 sont les leaders du groupe, avec un bon traitement thermique ils sont bons. 12C27 est, semble-t-il, particulièrement pur et peut être très bon avec un bon traitement thermique. 6A suit ces deux aciers, grâce à son Vanadium, il peut prendre un affûtage rasoir. 425M (donc X50CrMoV15) et 420 HC ferment la marche. »


Comme beaucoup sur ce forum, j’ai une connaissance pratique des Buck (110 par exemple). Ils sont trempés durs et on casse très souvent la pointe des couteaux. Ils sont acceptables comme couteaux tant que l’on a pas utilisé autre chose.


Nous sommes d’accord sur le fait que c’est le traitement thermique qui est le plus important. C’est lui qui détermine les qualités mécaniques du couteau (résilience et dureté) par l’équilibre choisit austénite/martensite. Il est aussi déterminant dans la taille du grain qui influe sur la résilience et le pouvoir de coupe.
La technique employée par Wildsteer est très classique. Par exemple, dans l’industrie automobile les bielles sont forgées de cette façon. Une fois le coût de l’outillage amortie, cette technique permet de produire de grandes séries pour pas cher. Cette technique entraîne une usure des moules, pour éviter cela on peut utiliser des nuances d’acier pas trop dures. Dans l’industrie on utilise des aciers avec très peu de carbone, puis on procède à un traitement de cémentation par exemple pour augmenter la dureté de surface.
Cette technique ne permet pas, à ma connaissance, l’utilisation d’aciers très durs comme le A2 et le D2. Ils doivent être travaillés par enlèvement de matière comme le fait Reeves pour ses couteaux en A2.

Conclusion :
Loin de moi l’idée de dénigrer  un produit que je ne connais pas. Les tests de Manitou montrerons les qualités pratiques de ce couteau. Avec 7mm d’épaisseur il devrait être solide quel que soit l’acier, surtout si le traitement thermique est soigné. En revanche, tient-il ses promesses en ce qui concerne le pouvoir de coupe avec une émouture aussi large et un acier moyen ?
Je suis, à titre personnel, heureux qu’un fabricant français s’intéresse sérieusement à la réalisation d’un couteau. J’aurais aimé qu’il utilise un acier plus noble que le Z50C13. Si c’est du Z50CD13, c’est déjà mieux. Mais pourquoi ne pas utiliser du Sandvik 12C27 à la réputation mieux établie ? Ceci d’autant plus que le couteau n’est pas donné.

Didier


Mes références :

Barralis, J., Maeder, G. (2002) . Métallurgie : élaboration, structures, normalisation. AFNOR/Nathan.
Callister, W. (2001). Science et génie des matériaux. Modulo.
Cornet, A. , Hlawka, F. (2006). Métallurgie Mécanique : du microscopique au macroscopique. Ed. Ellipses.

Sites consultés :
 
Comparaison aciers :
Allemands : http://www.stooss.com/eng/bilder/ehsf.pdf
Francais : http://www.plasturgie.net/plasturgienet_demo/base_moule/carac-acier/nom3.htm
Russes : http://gosts.org/analogi_met.html
Autrichien : http://www.pizzini.at/FP_info_stahl_engl.htm
Spyderco : http://spyderco.com/edge-u-cation/steelchart.html

Laguiole en 12c27 et Z50C13 :
http://www.laguiolesteakknives.com/mixedhandlesets.html

Site Wildsteer :
http://www.wildsteer.com/fr/innovation.php

Didier ;D
« Modifié: 10 novembre 2006 à 20:49:33 par Kilbith »

10 novembre 2006 à 20:51:10
Réponse #22

DavidManise


Eh bien comme à chaque fois qu'il y a débat avec toi, Did, j'ai appris plein de choses.  Merci :)

Au lieu de prêcher "pour" ou "contre" le wildsteer, mon test consistera avant tout à en explorer les caractéristiques et à les décrire aussi fidèlement que possible. 

J'ai bien fait quelques tests préliminaires pour me faire une idée, mais comme je dois comparer plusieurs couteaux, je vais établir une liste de points de comparaison où je noterai chacun des couteaux testés.

Je pense à une liste du genre de celle-ci (si vous voyez des modifs à faire dans cette liste n'hésitez pas à suggérer SVP !) :

POUVOIR DE COUPE / ESTOC
- "Push cut"
- "Slash cut"
- Hachette
- Estoc
- Découpe avec la pointe

ROBUSTESSE
- Résistance au niveau du ricasso à un stress latéral
- Résistance de la pointe à un stress latéral
- Rétention du tranchant
- Résilience
- Résistance à l'usure
- Bâtonnage (sur la pointe pour fendre)
- Bâtonnage par le cul (faudra trouver un terme plus joli)


ERGONOMIE
- Prise en main (tenant compte de mes grosses paluche)
- Possibilité de varier les prises en main (pic à glace, marteau, inverse pour épelucher, etc.)
- Feedback dans la main quant à la position de la lame
- Ambidextrie

ÉTUI (aussi important que le surin dixit le GHC et je suis tafdak)
- Qualité de rétention SANS attacher le couteau
- Facilité à dégainer-rengainer
- Durabilité
- Bruit
- Finition
- Possibilité gaucher ?

ENCOMBREMENT & POIDS
- Poids
- Longueur

PRIX

DIVERS
- Affutabilité terrain
- Polyvalence

Je cale...

Ciao :)

David
« Modifié: 10 novembre 2006 à 21:08:58 par Manitou »
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

10 novembre 2006 à 21:03:12
Réponse #23

Kilbith


Salut, ;)

Tu fais un beau métier toi! :D

Tu pourrais peut être tester le bâtonage :  classique, par le c*l....
Utilisation du firesteel...
Utilisation par un gaucher (ambidextrie de l'engin)....
Je sais : nous sommes une minorité invisible! :(

did, ;)
« Modifié: 10 novembre 2006 à 21:05:10 par Kilbith »

10 novembre 2006 à 21:06:39
Réponse #24

DavidManise


Oups :-[

Pour en revenir au wildsteer, mes tests préliminaires sont malgré tout plutôt encourageants.  Je partais des mêmes a-prioris que vous, mais à l'usage le wildsteer est loin d'être nul.  Le traitement thermique me semble plutôt réussi.  La dureté tourne autour de 56 (à vue de papier de verre) sur celui que j'ai, soit juste bien, selon moi, pour un usage type "bras de levier".  La lame est extrêmement robuste, l'acier est très résilient. 

L'émouture est un poil épaisse, bien sûr, ce qui permet une grande robustesse mais pas un pouvoir de coupe exceptionnel.  Tel quel, il rasait les poils mais ne coupait pas bien le saucisson.  J'ai reprofilé celui que j'ai (les créateurs pourront tester la nouvelle émouture par eux-même quand je leur rendrai le couteau), et j'ai facilement doublé son pouvoir de coupe.  Je lui ai donné une émouture "full convex" un peu comme sur le Spyderco Moran (Moran edge, quoi), ou le Spydie Manix (je ne me gourre), ou le Fallkniven F1.  Ça va mieux comme ça, et la robustesse reste à peu près inchangée.

Voili.

Chose intéressante à noter, les créateurs du Wildsteer -- même s'ils défendent leur produit -- sont ouverts aux critiques constructives.  Aussi je pense qu'ils ne feront qu'améliorer leur produit dans les années à venir...  donc ne crachez pas trop vite dans la soupe :)

Ciao !

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

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