Sympa ce fil.
Je vous raconte la pire. Succession de tout ce qu'il ne faut jamais faire.
On décide avec un pote (que je ne citerai pas pour ne pas lui foutre la honte) d'aller se faire un petit week-end, en février, dans la Chartreuse.
On avise sur internet une petite montagne qui a tout l'air d'une simple petite montagne à vaches, comme chez nous quoi.
On se fixe RDV à 10h le samedi matin pour le départ, comme dab.
On traînasse un peu en regardant vite fait la carte pour voir où on va passer et où on va dormir (un habert qui a l'air super sympa - en été), c'est simple, c'est un GR, on se casse un peu tard, on arrive à 12h30. La dalle.
Et là ohhhhhhhh un resto
Un gratin de ravioles plus tard et une bouteille de rouge (faut ce qu'il faut), on se dit que quand même ce serait pas mal d'avoir des raquettes, y'a plus de neige que prévu et les filles du resto nous préviennent d'éviter de sortir du GR qu'on a prévu de prendre.
On attend l'ouverture du magasin, tfasson fallait qu'on en achète. Petites emplettes.
Départ réel de la marche : 15h30, un truc comme ça. On sait déjà qu'on finira à la frontale.
A priori mon acolyte est optimiste, moi moins, je grimpe doucement (lui se balade tranquille), et rapidement je prends une suée, malaise. Tout tourne et j'ai la gerbe. Le vin, le gratin ? Mystère.
1ère décision à la con : on continue, mais je passe devant pour donner le rythme.
Première partie sans souci, on avance doucement mais c'est chouette. Et puis je trouve que ça commence à devenir long. Étrange. On a suivi des traces de ski de rando sans trop se poser de question, nous ne reverrons jamais de marque de GR jusqu'à l'arrivée. Paumés.
Pas de carte, pas de boussole, nous ne nous étions pas concertés sur qui prenait quoi, bécassement.
2ème décision à la con : on continue, tfasson on a une petite carte sur le téléphone, et puis Mr "sait exactement où on est". Mouais. "sisi on suit la falaise et on arrive chte dis
"
Je me dis qu'il dit de la m*rde, mais je suis,
parce que j'ai confiance en sa bonne étoile parce que je n'ai pas le choix.
La suite est une succession de glissades dans des pentes de neige merdiques, mes jambes ne me portent plus. Lui semble plutôt serein. Ai-je précisé que nous n'avons ni pelle ni arva ? J'avais regardé les risques d'avalanches dans le coin, il était au plus bas, mais j'en menais pas large quand même.
Et puis je me suis arrêtée. J'ai demandé si j'avais le droit de pleurer, et j'ai posé mes miches dans la neige en mode refus d'obstacle, la pente devenant juste énorme. Il a dû comprendre que là ça commençait à bien puer et il a géré la suite. Portage des sacs, accompagnement de mémé-la-chougne jusqu'en haut pas à pas. J'ai un peu gelé, des pieds, du nez, des mains, il faisait -15 et dans ma tête j'avais lâché l'affaire (sans doute ce qui m'a fait le plus peur dans l'histoire).
Arrivée au habert 23h.
Le miracle. Sous un ciel dégagé, étoilé, une sorte de mirage magnifique qui reste gravé comme le plus beau moment du week-end.
La porte du habert est ouverte, et dedans il y a de la neige. J'avais sous-estimé les températures, je ne parviens pas à me réchauffer, matos insuffisant ou fatigue ou hypothermie, ou les trois à la fois. Impossible de bouffer, la gerbe toujours. Je laisse tomber.
On se cale dans un coin, duvets collés, recouverts d'une grosse couverture de survie épaisse, des chaufferettes dans les chaussettes (dans ses chaussettes que je lui ai volées, tfasson il a jamais froid).
Je passe la nuit à flipper à cause des loups imaginaires-mais-vachement réels qui ne cessent de nous tourner autour. Je le laisse dormir, pour qu'il gère la redescente sans nous paumer.
Le lendemain matin, jour blanc, aucune visibilité à 20m, la meilleure excuse pour juste redescendre sans faire un sommet duquel on n'aurait rien vu
.
Quand on a rejoint la wature, on s'est dit qu'on avait encore passé un super week-end, mais que la prochaine fois, quand-même, on serait un peu moins cons !