Salut,
Sujet qui me touche de près!

Je vis des situation très similaires, et cette problématique est courante (pour ne pas dire systématique, à des degrés divers) dans le milieu humanitaire au retour d'un contexte intense.Pour ma part je tombe malade au retour 1 fois sur 2, parfois même dans l'avion du retour

il est complètement normal d'avoir un passage à vide au retour à la "vraie vie", un moment de grande fatigue/vulnérabilité.
Et ce n'est pas forcément souhaitable de l'éviter totalement!Il n'y a pas forcément de proportionnalité entre le danger/stress ressenti et le contre-coup, même s'il y a évidemment un lien. Le stress peut aussi avoir un effet cumulatif, avec le côté "goutte qui fait déborder le vase".
attention, cette fatigue est en partie physique, mais surtout mentale, et c'est la manière dont tu "décroches" de ta mission qui détermine l'intensité des symptomes (mais ce n'est pas une maladie)
-je rejoins Hurgoz sur le fait que la meilleure mesure est préventive: conserver une bonne hygiène de vie en mission, ne pas trop tirer sur la corde, et
être capable de dire stop et de rentrer, même si le retour semble pourtant proche. J'ai payé très cher une mission difficile pour laquelle je ne suis resté "que" 3 semaines de trop, il y a quelques années... Dans ces cas là on a tendance à se croire indispensable, surtout à des postes de décision... mais la réalité c'est qu'une mission/un projet ne repose que très rarement sur une seule personne

-il faut avoir en tête aussi les raisons de ton départ: si c'est pour fuir quelque chose qui sera toujours là en rentrant... bien le retour sera moins simple, évidemment

-tu dis que tu as des proches présents et disponibles, c'est super! Cultive ça! Un complément qui existe depuis peu dans mon ONG et auquel je participe, c'est un "support par les pairs": on contacte la personne au retour de mission après quelques semaines et on lui propose une rencontre avec un expat qui a un peu son profil professionnel, qui comprend ce qu'il vit en mission et au retour parce qu'il ont vécu des expériences similaires,
quelqu'un de bienveillant mais avec lequel il n'y a pas de lien amical ni hiérarchique: c'est une occasion de vider ton sac sans médicaliser le truc, sans enjeu pro, ni risque d'"écraser" un proche avec tes problèmes, ou d'avoir besoin d'expliquer ton jargon et des problématiques pro trop en détail à un néophyte.
Si tu peux recréer ça de manière informelle, ça peut vraiment aider. (si tu n'as personne de ce genre et que ça t'intéresse contacte moi en MP et donnes moi plus de détail sur ton profil, je connais du monde qui est passé par l'afgha/pays similaires et peux essayer de te trouver quelqu'un)
quelques trucs qui marchent pour moi au retour (attention chacun sa méthode, chacun est différent, et c'est pour des mission assez longues):
-ne rien prévoir de trop précis pendant les 2-3 semaines qui suivent le retour, à part quelques nuits de plus de 12h de sommeil

-quelques jours consacrés à voir les proches "qui comptent" (parents/amis proches), mais juste pour dire bonjour, les rassurer et sans s'éterniser.
-puis 1 à 2 semaines "seul": je vois ça comme un sas de décompression. Perso mes 2 activités préférées pendant ce temps là: aller camper seul dans les bois (avec un proche qui sait où je suis bien-sûr), et bricoler (je fabrique des couteaux), rien de tel pour moi qu'un tâche manuelle un peu complexe (pour moi) qui occupe l'esprit, et sans enjeu véritable

-Avoir des proches qui s'en foutent un peu de mes missions: des gens avec qui je suis moi-même, mais avec des discussion non centrées sur ma mission/mon milieu pro, et avec qui je fais des choses plutôt que de refaire le match sans fin.
-ne pas repartir tant que je ne le sens pas: attention à la marque fatidique de la 3ème semaine, où tu commences à tourner en rond et où repartir semble la seule option: ça peut être une fuite en avant qui peut mal finir!
dans le même esprit: q
uelques erreurs que j'ai pu faire au retour, et que j'essaye de ne plus faire:
-passer trop de temps avec mes proches immédiatement au retour (trop obsédé par la mission, je finis par me sentir déconnecté)
-passer trop de temps seul, ou au contraire me forcer à rencontrer plein de monde immédiatement (fêtes et évènements)... tout est dans la mesure!

-suivre de trop près le contexte du pays dont je rentre (d'habitude je me désabonne des fils d'infos du contexte sauf 1 ou 2), et rester trop en contact permanent avec les amis locaux
-au contraire, couper trop radicalement les ponts avec mes copains de mission
-repartir trop vite sans avoir digéré la précédente mission
Pour moi le fait que tu appréhendes la mission suivante est normal... si ce stress d'anticipation est trop fort par contre... alors peut-être qu'il faut laisser passer un peu plus de temps, ou aller dans un contexte différent?
Pour finir je dirais qu'il est possible d'amortir le choc du retour, mais pas de le faire disparaître. Il serait anormal de ne pas avoir de période de décompression du tout... voire même un peu inquiétant, car ça voudrait dire que tu ne décroches pas.

Voilà désolé pour la tartine, j'ai pourtant l'impression d'avoir seulement effleuré le sujet, n'hésite pas si tu veux en discuter plus avant en mp (on peut s'échanger nos mails/ s'appeler si tu le souhaites)