Pleins de choses intéressantes, pas souvent évoquées. Cool ce post.
Au départ, le fait d'aller nul part et de s'en fiche est un des sentiments les plus grisants, on a l'impression de connaitre la vrai
liberté, surtout lorsque l'on quitte un mode de vie relativement opposé à ça. Puis on s'y habitue et il faut trouver des objectifs, n'importe lesquels mais un truc sur lequel mettre le cap et rester concentrer pendant un moment. En tout cas c'est comme ça que je le ressent.
Par exemple, la vie sur la route est un projet à temps plein. Ca ne ressemble pas à des vacances ou à un voyage, c'est du taf, physiquement et moralement. C'est un mode de vie proactif ou l'on se confronte avec des challenges "marche ou crève" régulièrement et il faut sans arrêt s'adapter et ajuster. Puis, ça aussi on s'y habitue. On a l'impression que la courbe exponentielle de l'apprentissage des premières années commence à ce stabiliser et c'est frustrant, terrible. Alors il faut intégrer des projets, sans arrêt, pour continuer à évoluer. Un projet ça peut-être n'importe quoi, vraiment. Un truc évolué comme une expé un peu poussé, ou intégrer un truc quotidien nouveau du type "je ne sais pas allumer un feu avec un firesteel, pendant le mois qui vient j'allumerai sans exception tous mes feux au firesteel", et etc.
Quand à la solitude, être sur la route ne veut pas dire seul. J'étais partit solo, convaincu d'être chien de la rue enragé et loup solitaire. Jamais avec quelqu'un, car je tiens trop à mon indépendance. Plus borné que moi, c'était difficile à trouver, vraiment, avec la hargne de la nouveauté et quelques années en moins. Résultat, les trois dernières années de routes je les ai passé accompagné, et avec la même fille. Ca change tout, ce mode de vie devient tout a fait sain psychologiquement, moralement. Et niveau indépendance, lorsque je veux aller en baver seul dans des endroits pourris, elle va faire un autre trip de son côté, ou un projet de son intérêt, c'est très simple. Et je ne suis pas une exception.
Arrête la Route tant que tu peux encore, ces mots me brisent le coeur. La Route n'est finalement qu'un concept, c'est perso et chacun en fait ce qu'il veut. C'est évolutif et pas figé. La vie est une route, la vie est la Route. Demain, si j'ai un petit voilier et que je continu à bouger de cette manière, la Route continue sur la mer, avec d'autres projets, apprentissages, etc.
Je crois que l'important pour s'y retrouver
sur le long terme (genre une vie), c'est d'essayer de construire quelque chose, même si ça n'a de sens que pour soi-même. Enchaîner les petites expériences sans connexion les unes avec les autres c'est une forme de consommation et on se lasse vite, très vite. On se perd, on s'enrage, on tourne et on y comprend plus rien.
Mes 2 balles, vraiment car je n'ai pas un grand recul sur tout ça. Mais un peu quand même