Salut!
Diabétique type I déclaré depuis près de 20ans, gymnaste à un bon niveau depuis aussi longtemps, biologiste, intervenant sur des formations de bushcraft/survie en milieu naturel et pratiquant les expé bushcraft (en me nourrissant exclusivement ou presque de la nature) sur 10 à 20 jours en solitaires en milieux extrêmement isolés (personne, pas une route et pas une baraque à moins de 20km et parfois sans communications), je suis plutôt au fait de ce genre de choses.
J'ai toujours été plutôt opposé aux pompes à insuline, qui au delà de la gêne extérieure lors d'activités, sont très bien dans le cas d'un mode de vie régulier, mais ne sont pour l'instant pas capables de gérer les variations brutales d'activité et de changement de métabolisme (passage de 3/4 bons repas consistants en faisant au mieux 1 ou 2h d'activité réelle dans la journée, à un passage à 1, voire 0 repas / repas pauvres en glucides et 10/20 bornes de marche ou 5h d'activité intense dans la journée).
La première chose à savoir, c'est que le corps produit en permanence du sucre dans le cadre de son métabolisme et que si on ne met pas d'insuline, la glycémie finira par remonter. Le risque se pose quand on pratique une activité qui puise rapidement beaucoup de ressources : dans ce cas, la consommation de sucre est plus rapide que sa production et induit l'hypoglycémie (à plus forte raison si on injecte des doses trop importantes d'insuline, qui va fortement baisser la disponibilité du sucre pour le cerveau et les organes).
Perso, quand je fais ce genre de changements de rythme (même juste pour un we), je divise ma dose d'insuline lente par 2 (ou d'1/3 si je garde malgré tout des repas réguliers) et j'arrête l'insuline rapide. Ensuite, même si je connais bien mon organisme, je fais des glycémies régulières pour contrôler mon taux de sucre au moindre doute haut ou bas, ainsi qu'avant et après les gros efforts. En fonction de ça, je me "resucre" en conséquence ou, si je suis vraiment trop haut, me fait une légère injection d'insuline rapide pour réguler. Le tout est d'essayer, dans ses conditions, de réguler sa glycémie en légère hyperglycémie (généralement autour de 2g/l pour un diabétique ou légèrement en dessous pour ceux à métabolisme lent et stable ou qui sont plus gênés par les hyperglycémies que les hypoglycémies).
Pour les activités intenses dans un cadre "normal" (par exemple, une grosse séance de sport dans la vie de tous les jours), je diminue les doses d'insuline rapide de 15 à 30% ou augmente ma glycémie en me sucrant avec sucre et biscuits (pour la durée) environ 30min à 1h avant.
En gros, pour un stage de plusieurs jours avec activité intense, il faut réduire assez drastiquement les doses d'insuline, en gardant une régulation sur une base d'insuline lente, (pour compenser une surproduction naturelle et continue de sucre par l'organisme). Il faut aussi absolument des contrôles réguliers.
Enfin, il faut toujours avoir une vingtaine de sucres en morceaux sur soit. En effet, un resucrage "classique" (en conditions normales) à 5 sucres, ne sera pas toujours suffisant dans le cadre d'un effort continu et intense, et dans ce genre d'activités de longue durée, les hypo peuvent se répéter.
Pour les pompes, la gestion va donc se faire au préalable sur une diminution de la sensibilité (régulation à une glycémie plus haute que la normale). Et le reste, c'est de la gestion par le malade.
Niveau encadrement, si vous acceptez des diabétiques, il faudra absolument rappeler régulièrement (sans être trop lourd non plus, surtout si le malade se connaît bien) de prendre des glycémies de contrôle, sans se contenter forcément d'un "je vais bien" si la personne paraît un peu "légère" sur la connaissance de son corps.
En tant qu'encadrant d'activités physiques, vous devez TOUJOURS avoir avec vous (ou pas trop loin), de quoi resucrer les stagiaires (diabétiques ou non!), avec à disposition du sucre (quand je pars 2 semaines, je prends 500 à 700g de sucre avec moi) et des gâteaux/biscuits. Il est bien d'avoir des briques de jus avec aussi : le mélange 5-7 sucres dans un verre de jus d'orange/multifruits est surement un des trucs les plus efficaces pour resucrer et a l'avantage d'être facile à ingérer, même quand on est dans le gaz.
Il faut aussi surveiller la cohérence du dialogue au cours des activités et en fin d'activité : même s'il répond, un mec (ou une nana) en hypo aura tendance à être très évasif, voire incohérent dans ses réponses à des questions un peu techniques. Ca peut être un moyen de "contrôler" sans pour autant être lourd pour le diabétique.
Le risque le plus important est moins pendant l'effort, que pendant les phases de repos et notamment la nuit, où on est moins vigilants, voire totalement dans l'incapacité de surveiller son corps (quand on dors) et qu'alors on peut se laisser surprendre par une hypo. Un diabétique se doit de toujours anticiper sur son activité et ses capacités de surveillance sur les 6-12 heures qui suivent. Pour les encadrants et l'entourage, la surveillance au réveil est importante : si un diabétique ne se réveille pas ou paraît incohérent dans ses propos au réveil, il faut le resucrer.
Dans la majorité des cas, il est donc facile de faire remonter la glycémie, tant que le diabétique est en état d'avaler quelque chose (il faut parfois insister un peu). S'il est couché, le mettre en position assise et l'aider à boire son verre de jus sucré, voire avec 2-3 gâteaux s'il peut mâcher. Une fois la glycémie remontée, les gâteaux (sucres lents) ou rajouter du sucre, ne servent plus à rien et il faut juste se remettre dans le rythme normal (ou adapté pour les expé/stages/etc.) pour ne pas induire une hyperglycémie derrière. Surveiller la glycémie 2-3 fois dans les 2 heures qui suivent.
Dans les cas extrêmes (perte de connaissance, convulsions), où la personne n'arrive pas à manger, l'injection de glucagène (en intramusculaire) devient indispensable (mais pas toujours facile à faire en cas de convulsions : il a fallu 6 pompiers et 1 médecin pour me tenir quand j'ai fait une grosse crise il y a 16ans) et l'appel au 15 ou au 18 avec demande d'un médecin est plus que recommandé : en effet, dans ces cas là, c'est que peuvent survenir des lésions cérébrales et qu'une surveillance sur plusieurs heures et dans les jours qui suivent est nécessaire.
Voilà
Après, chaque diabétique est différent et il est indispensable à chaque malade, d'apprendre à connaître les réactions de son corps, tout en sachant qu'on ne peut jamais tout contrôler : on aura toujours des hypo et des hyperglycémies (même pour les non-diabétiques), le tout est de savoir les voir venir et surtout, de les anticiper! Un diabétique, s'il a cette maîtrise de soi, peut faire tout et n'importe quoi sans aucun problèmes, aussi bien que n'importe qui, voire mieux, malgré parfois quelques petits coups de mou.
Enfin, pour ce qui est des médecins, pompiers, infirmiers...c'est triste à dire, mais y'en a as le 1/4 qui sait ce qu'est le diabète insulinodépendant et comment le gérer malheureusement...mais bon, c'est une autre histoire.
Niko