Bonsoir,
J'ai récemment participé à un très bon stage, orienté bushcraft/woodcraft (on aurait dit froissartage par le passé), consistant à réaliser un ensemble de montage simples à l'aide d'un matériel limité.
Il était dispensé par des gens compétents et expérimentés. Nous étions une dizaine de participants avec une bonne proportion d'encadrant. L'association, présente sur Millau, organise régulièrement dans cette région des stages dans la nature.
Le stage :Au niveau bushraft, nous avons réalisé du mobilier avec comme objectif le soir du premier jour de pouvoir partager en commun des spécialités culinaires de plusieurs régions de France.
Nous avons donc réalisé en une journée (bien remplie!) des tabourets, des tables en commençant par réaliser une premier outil très pratique pour la suite : un maillet en bois.
La seconde journée étant consacrée à l'utilisation des installations et à la réalisation d'outils par froissartage et assemblage à tiers bois. A cela s'ajoutait un très bon apprentissage des techniques de pistage et recherche de personne avec deux experts aguerris.
Durant la première journée, pour les montages on a surtout utilisé la technique "tenon-mortaise" en renforçant les montages avec des coins. Cela permet de faire des assemblages rigides, résistants, et durables.
Nous sommes donc partis de matériaux bruts (il y avait sur place un bois composé essentiellement de peuplier et de robinier, un peu de chêne). La première étape consistait donc à repérer, choisir (sans nœuds si possible, mais on fait avec ce que l'on trouve) et couper le bois nécessaire. Dans ces circonstances une scie et une hachette sont utiles. Puis il faut écorcer et donner une première forme.
Pour les tenons, on peut travailler à la hachette et finir au couteau. Comme le terrain était proche d'une rivière, il y avait partout du sable. Il imprégnait le bois ce qui sollicitait beaucoup les lames.
Pour les mortaises (les trous), nous avons utilisé une tarière.
Ce n'est pas un outil léger, mais ce n'est pas non plus très encombrant. Un groupe peut envisager d'en transporter une (quitte à faire le manche sur place).
Personnellement, j'avais emporté :- Une hachette Wetterlings (la small hunting axe, on la voit ici :
http://forum.davidmanise.com/index.php/topic,42124.0.html ).
Raison : C'est un modèle que je connais bien.
- Un couteau suisse disposant d'une scie (modèle Rucksack).
http://www.forum-couteausuisse.com/t1891-Parachutist.htm?start=30Raison : il est léger, possède un blocage, il est inox (hygiène, entretien) et possède une bonne scie pour l'encombrement. En plus on a accès aux petits accessoires, indispensables.
- Un couteau Bark River Liten Bor en acier CPM 3V (plate semelle, non inox mais s'oxyde modérément).
Raison : il est petit, ergonomique, pointe centrée, très très solide et il coupe longtemps.
- Un couteau Remy B en acier 01 "ekko puuko"
Raison : Il est petit, très léger, une émouture "quasi scandi", l'acier 01 non inox est performant. Le rapport qualité prix est hallucinant. Et puis il est beau.
- Un spyderco endura en ATS 55 avec clip. Un modèle assez ancien ne possédant pas de liner en métal. Il est donc léger mais pas hyper résistant.
Raison : c'est mon couteau habituel. Il est léger, bonne longueur de lame, inox, pratique à utiliser (clip, ouverture une main) entretien sans soucis. J'aurais pu m'en passer, mais son poids limité incite à l'emporter.
- pour l'entretien une DC3 (au final j'ai juste caressé la hachette)
Les outils et quelques objets bushcraft rassemblés :
Observations:J'ai donc passé de nombreuses heures à solliciter de façon intensive ces outils. Voici ce que je peux en conclure provisoirement. J'ai aussi eu l'occasion de comparer avec les autres outils disponibles.
Ce sont des avis subjectifs car il faut garder à l'esprit que ce sont des observations valables pour moi, donc mon niveau d'habileté, mon expérience, ma morphologie...etc. D'autres personnes auraient certainement un avis différent.
- La hachette a fait le travail. Toutefois, sa forme n'est pas très adaptée pour sculpter le bois (elle est un peu fine et le fer trop droit). Au départ c'est une hachette spécialisée pour la chasse. Une hachette Leborgne s'est révélée plus adaptée. J'ai aussi utilisée une toute petite hachette wetterlings, qui était bien pratique pour travailler en finesse.
- Le couteau BRK s'est révélé excellent. Il est très solide et le fil a résisté au sollicitations sans entretien. Je l'ai utilisé pour des coupes "poussées" dans des bois durs et aussi pour bâtonner (un peu comme un ciseau). A la fin il ne coupait plus "rasoir" mais coupait encore très bien. Il a suffit de le reprendre chez moi au cuir.
- Le puukko en 01 de Remy.B (excellent rapport qualité prix : une centaine d'euros) était très à son aise pour le travail dans le peuplier (bois tendre). Moins pour l'acacia faux robinier (bois très dur).
Le tranchant et l'émouture sont plus adaptés que le BRK pour le travail fin, mais comme ce n'est pas un plate semelle j'ai préféré bâtonner avec le BRK+maillet (usage d'un ciseau pour les assemblages à mi-bois). L'acier O1 est très très bon pour le bois, il prend un fil très fin.
- Le SAK a travaillé sans soucis. Mais comme des scies étaient disponibles, je dois dire que j'ai peu utilisée la scie intégrée (on devient vite fainéant). La lame fine écorce très bien le bois de peuplier. Evidemment l'acier ne garde pas le fil très longtemps si on travaille en force (ou sur les parties de bois ayant du sable).
- Le spyderco a été surtout utilisé pour manger (on avait des assiettes en bois tournées). Je préfère ne pas mélanger lame de travail, lame pour manger.
Quelques remarques :Un outil à notre disposition s'est révélé plus efficace que les couteaux pour tailler les tenons et les coins : la plane. Nous avons utilisé les modèles classiques disponibles.
Un participant, qui est aussi un jeune coutelier talentueux, disciple de Magalie, avait même amené une plane qu'il avait réalisée. Bien que légère, elle s'est révélée parfaitement efficace. Elle avait des poignées "droites" ce qui limite son encombrement dans le sac. Elle ressemblait au modèle mora (utilisée aussi en Suède pour faire des frissotis sur le bois ou faire des buchettes).
Conclusion.Pour moi le trio "petit couteau+hachette" accompagné d'un sac est ensemble très polyvalent et efficace. On peut aussi ajouter, si on est plusieurs et que l'on désire s'installer durablement : une tarière, une scie et pourquoi pas une plane.
Le tabouret : un demi rondin fendu et aplanie, trois pieds tenon_mortaise_coin :
On peut penser que construire ce type de mobilier est une perte de temps. Pourtant quand on s'installe pour quelques jours, c'est très pratique. C'est quasi indispensable quand on a des chiens et cela permet aussi d’améliorer l'hygiène et l'organisation. Et surtout, c'est bien plus convivial de manger assis devant une table.
Le travail a été facilité par la présence sur le site d'un établi de froissartage. Il a été lui aussi monté à l'aide d'outils simples en recourant à la technique tenon-mortaise-coins.
Au final : Un excellent stage. J'ai appris plein de choses et j'ai passé un excellent moment. Merci aux organisateurs et aux autres stagiaires, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs, pour ce très agréable (et instructif) week end.