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Auteur Sujet: Un enfant survit à ses parents dans le désert du Nouveau Mexique  (Lu 10991 fois)

08 août 2015 à 10:42:46
Lu 10991 fois

VieuxMora


http://www.europe1.fr/international/nouveau-mexique-un-couple-de-francais-meurt-de-deshydratation-dans-le-desert-2500909

Ce terrible fait divers montre à quel point les fondamentaux dans une nature réputée difficile peuvent être méconnus (L'hyperthermie est plus difficile à combattre que l'hypothermie)

L'aspect positif est le geste des parents qui ont permis la survie de leur enfant en se sacrifiant en lui donnant le peu d'eau qu'ils avaient.

Le coup de pouce de la chance, c'est le professionnalisme des Rangers du parc

A Reims il y a des familles dans le douleur.  :calin:


08 août 2015 à 11:26:04
Réponse #1

Rosetta


On lit diverses interprétations dans divers journaux et diverses infos notamment sur la quantité d'eau effectivement en leur possession, ça me paraît de toutes façons inapproprié et prématuré de se perdre en conjectures sur les erreurs commises (ou pire, juger). L'enquête expliquera sans doute et des enseignements pourront en être tirés, et puis cet enfant aura besoin de comprendre.... il est en vie, mais tout ceci va le poursuivre longtemps... terrible histoire...

Maintenant ça m'inspire quand même une réflexion plus générale : quand on est dans le merdier, le vrai, est-il raisonnable/efficient de donner tous les moyens de survie à un enfant alors que techniquement il est le seul à ne pas pouvoir faire face à la situation, à lui trouver une solution et à la mettre en oeuvre (porter quelqu'un vers un véhicule, aller chercher du secours, etc) ?
Là, dans cette situation précise, sans les rangers il y avait toutes les chances pour que le petit y passe aussi :/
a bove ante ab asino retro a stulto undique caveto

08 août 2015 à 12:30:30
Réponse #2

azur


Maintenant ça m'inspire quand même une réflexion plus générale : quand on est dans le merdier, le vrai, est-il raisonnable/efficient de donner tous les moyens de survie à un enfant alors que techniquement il est le seul à ne pas pouvoir faire face à la situation, à lui trouver une solution et à la mettre en oeuvre (porter quelqu'un vers un véhicule, aller chercher du secours, etc) ?
Là, dans cette situation précise, sans les rangers il y avait toutes les chances pour que le petit y passe aussi :/
C'est un réflexe naturellement concevable d'accorder la priorité des moyens de survie aux individus les plus jeunes...
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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Boviner, c'est contourner par le centre...

08 août 2015 à 13:31:28
Réponse #3

Rosetta


Euh, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !
Je parlais pas de sacrifier la vie du môme au profit de celle de l'adulte, mais de mettre une chance de plus de son côté de survivre, avec un ou deux de ses parents d'ailleurs...
Ne peut-on pas se dire qu'il existait ici une chance raisonnable pour qu'un adulte (le père) doté de la plupart de ses facultés physiques, puisse parvenir à ramener cet enfant à la voiture, et accessoirement sa maman, et conduire tout ce monde à l'hôpital ?
Dans la balance la chance que des Rangers passent à ce moment-là était de combien ?

Ptèt je réfléchis à l'envers hein... et fastoche derrière un clavier sans émotionnel fort en jeu, mais bon c'est juste une réflexion...

Question annexe : combien de temps la déshydratation met-elle pour tuer une enfant/un adulte dans ce contexte de forte chaleur ? (et là du coup combien de temps aurait-il fallu pour rejoindre la bagnole, puis l'hosto?)

Je veux pas réfléchir juste sur cette situation précise, parce qu'on n'a pas toutes les clés pour la comprendre, mais j'essaie de voir quels paramètres entrent en jeu en dehors de l'émotionnel pur dans la prise de décision.
a bove ante ab asino retro a stulto undique caveto

08 août 2015 à 14:15:05
Réponse #4

azur


Ne peut-on pas se dire qu'il existait ici une chance raisonnable pour qu'un adulte (le père) doté de la plupart de ses facultés physiques, puisse parvenir à ramener cet enfant à la voiture, et accessoirement sa maman, et conduire tout ce monde à l'hôpital ?
Comme on n'a que très peu d'éléments sur ce qui s'est passé, on ne peut raisonnablement rien dire sans se perdre en conjectures...
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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Boviner, c'est contourner par le centre...

08 août 2015 à 18:58:30
Réponse #5

Karto


Comme on n'a que très peu d'éléments sur ce qui s'est passé, on ne peut raisonnablement rien dire sans se perdre en conjectures...


Evidemment qu'on n'est là ni pour juger, ni pour reconstituer les faits et les erreurs sur une base restreinte d'éléments (ça me fait plaisir, d'ailleurs, de lire ça, après avoir été moi-même l'objet d'une telle analyse déplacée il y a deux ou trois ans sur ce même forum...). Par-contre on est là pour essayer de dégager des leçons utiles et générales. Pourquoi poster le fait divers, sinon ? Par voyeurisme ? Pour faire un peu de remplissage pendant les vacances ?

Déjà, l'histoire pose quelques questions bassement techniques, dont les réponses seraient intéressantes. Du genre :
- en combien de temps la déshydratation ou l'hyperthermie tuent sous un tel climat ?
- combien de litres d'eau/jour pour un adulte ?
- en quoi le corps d'un enfant réagit différemment de celui d'un adulte, face  ?

Après, derrière la technique, pour ma part je trouve que le point sensible touché par Rosetta est central, justement, à la psychologie en situation de m*rde. Le point en question, c'est quand l'empathie ou la morale se mettent en travers du pragmatisme.

Dans une situation de survie, la chance vote. Le truc, la raison d'être de ce forum, c'est de réduire le nombre de voix qu'on laisse à la chance, en acceptant qu'il lui en restera toujours au moins une...

Alors mettons : OUI, on va se donner comme priorité la survie de l'enfant. OK. Et après ? Comment est-ce qu'on réduit la part de chance pour atteindre ce but ?

Première option pour sauver l'enfant : je me laisse pousser par mes sentiments, par l'empathie, par la morale et par le besoin immédiat. Je file toute la flotte au petit, parce que dans l'horizon à court terme c'est ça le problème, et que ça me tord trop le bide de le voir là tout rouge qui me dit comment il a soif ? Et pour ce qu'il y a derrière l'horizon, quoi ? Qu'est-ce qu'on fait pour le gamin quand les parents crèvent et que le petit arrive tout seul à la bagnole ? Ou même, avant ça, comment on compte qu'il retrouve la voiture tout seul ? On s'en remet 100% à la chance inch'allah ? "Tiens gamin, j'te donne toute l'eau, comme ça je crèverai avant toi et j'aurai pas à souffrir de te voir mourir."

Deuxième option pour sauver l'enfant : le calcul. Ouais. Le truc froid, là, où on va voir son gamin souffrir et peut-être s'évanouir. Parce qu'on a calculé les litres, les durées, les distances, le soleil, et que l'efficacité ne veut pas souffrir des sentiments. Et la chance joue toujours. A commencer par la chance qu'on se gourre complètement et qu'on porte la culpabilité de la mort de son enfant pour le reste d'une vie. Mais au moins on essaye de réduire la part de chance.

La capacité à devenir FROID, à un moment donné, à se FERMER A LA SOUFFRANCE D'UN AUTRE, est outil dans la boîte, juste à côté de l'outil qui fait exactement le contraire et qui nous connecte au maximum à la personne qui souffre à côté de nous. A mon sens, savoir que ces deux outils existent, et savoir quand choisir l'un ou l'autre, ça aussi ça fait partie de la préparation.

Choisir sciemment, pour une bonne raison, pour une durée brève, la froideur envers quelqu'un qu'on aime, c'est, pour moi, le même mécanisme que rejeter la panique.

08 août 2015 à 20:19:20
Réponse #6

Luc


Sauf que le calcul froid, c'est deja pas facile en temps normal mais en plus avec une hyperthermie et une situation de crise c'est pas donné à tout le monde. Faut vraiment un bon entrainement et de l'experience. Il y a AMHA plus de chance chez la plupart des gens de se laisser plutot porter par les émotions modérés par quelques principle simples et bien integrés.   
On voit bien ici, l'importance d'une "check-liste " mentale en amont qui pose quelques questions simples pour minimiser les risques, bien plus simple à mettre en place.


Une check liste proposée par Paul S. Auerbach, in Wilderness medicine.
-Vetements appropriés
- Assez reposé
- Assez d'eau
- Conscience des risque d'hypothérmie et hyperthermie
- réevaluation des ambitions
- conditions physique adéquate
- planification adéquate
- groupe avec tous les individus appropriés pour l'activité
- Connaissance de l'itineraire et de la qualité du balisage
-Conscience des risques liés à l'endroit
- Préparé pour un changement de météo
- Connaissance en orientation
- Conscience que les accidents ça n'arrivent pas qu'aux autres.

C'est plus simple de faire à l'avance que sur le moment même si ne protêge pas totalement d'une situation critique où il faut savoir bien réagir.
Par exemple ici, en prenant juste théoroquement la règle des 3. On se rend compte que la protection de sa temperature corporelle en 3 h c'est bien optimiste pour un environnement comme ça.  Si tu tombes à l'eau en mer ou que tu marches dans le desert par 45 degree va falloir trouver une solution en moins de 3 heures..
On a pas assez d'infos pour juger ce cas, et c'est jamais facile dans la situation de faire le bon choix (quand il y en a un).   
Priorité à quoi ? qui ?  Connaitre les besoins en eau du groupes et gerer qui boit combien quand ?  C'est trop complexe, c'est trop dur à mettre en place dans la plupart des cas.
Par exemple dans le desert on dit qu'il faut jamais quitter sa voiture qui tombe en panne.  Ca va etre la meilleure solution dans la majorité des cas. Pas dans tous, et être capable de faire un survol complet dans la situation à ce moment pour décider de la marche à suivre permettrai surement de prendre une decision encore plus précise. Mais le plus souvent, ça sera mal évalué et le fait de juste suivre une instruction établie à l'avance (rester avec le vehicule, ne pas se séparer,.. )et réfléchir pour faire au mieux avec cette décision sera AMHA plus éfficace. KISS

« Modifié: 08 août 2015 à 21:08:10 par Luc »

09 août 2015 à 12:01:07
Réponse #7

AC


Dans le cadre du débat initié par Rosetta, on peut rappeler qu'en cas de dépressurisation dans un avion, il est recommandé de mettre son propre masque à oxygène avant de s'occuper d'aider ses enfants ou voisins. Même problématique mais sur une échelle de temps plus courte (3 minutes au lieu de 3 heures).

09 août 2015 à 16:33:11
Réponse #8

Moleson


On a un peu plus d'info, les policiers ont pu reconstituer avec les dates des photos.

Ils sont partis à 13:00 l'heure de la journée la plus chaude avec deux bouteilles de 6dl d'eau. Après 2km la mère c'est sentie pas bien, l'homme à continué avec le fils. La mère à fait 1km retour et s'est effondrée, le père à encore fait 600m et s'est effondre. Des policiers ont trouvés la mère à 17:30 et grâce aux photos trouvés qu'il y avait d'autres personnes et en suivants les traces trouvé le père et le fils. Apparemment le fils avait reçu 2 gorgée d'eau tandis que les parents se contentaient d'une.

Avec ces éléments il me semble que c'est pas de la déshydratation qui a provoqué le drame en tout cas pas en premier lieu.

Je pencherais pour une insolation ce qui explique le comportement pour le moins bizarre du père qui laisse sa femme retourner seul à la voiture en raison d'un malaise dans des conditions pareilles et ce qui explique pourquoi il fait encore 600m avant de s'effondrer. Par déshydratation on voit quand même venir avant.

C'est clair que 1.2l pour 3 personnes dans des conditions pareilles c'est de la folie, mais probablement ce qui les a tués c'est de ne pas connaitre les premiers signes de l'insolation voire de même pas savoir que c'est un danger bien réel. Et on revient aux bases pour le régulation thermique...

Chapeau, Vêtements ample mais longs et suffisament d'eau.. Pas grand chose mais qui change tout.

09 août 2015 à 18:53:33
Réponse #9

fry



Déjà, l'histoire pose quelques questions bassement techniques, dont les réponses seraient intéressantes. Du genre :
- en combien de temps la déshydratation ou l'hyperthermie tuent sous un tel climat ?
- combien de litres d'eau/jour pour un adulte ?
- en quoi le corps d'un enfant réagit différemment de celui d'un adulte, face  ?


La réponse dépend de trop de paramètres pour être précise. La déshydratation si on modère son effort, qu'on se protège du soleil comme il le faut, elle pourra venir infiniment moins vite qu'avec une activité soutenue sous un soleil écrasant brûlant une peau découverte.

Les litres d'eau par jour et pour un adulte sont aussi très dépendant de l'effort fourni, des conditions de température mais aussi d'humidité, et bien sûr de l'adulte lui-même. Si par forte canicule en étant en métropole on peu boire 3 ou 4 litres d'eau voire davantage par jour, un militaire sous le soleil malien marchant toute la journée avec son paquetage boira en moyenne 12 à 14L d'eau par jour et par personne.

La seule règle avec l'eau c'est de prévoir plutôt trop que pas assez... on peut manquer de presque tout mais pas d'eau, sans quoi dans des conditions difficiles comme décrites dans l'article, tout le reste va rapidement devenir superflu.

Pour les enfants prépubères, la régulation thermique aux chaleurs intense est moins efficace que pour l'adulte. Les mécanismes de sudation/évaporation se font de manière plus longue et fastidieuse, la chaleur corporelle monte davantage et s'évacue plus difficilement à conditions égales. Cela rend théoriquement les enfants plus sensibles aux fortes chaleurs qu'un adulte.

Mais comme discuté plus haut, si la déshydratation peut être longue, la survenue d'un "coup de chaleur", ou hyperthermie pouvant rapidement évoluer en cascade vers l'hyperthermie maligne, pourra provoquer rapidement des troubles de la conscience. Une personne n'étant plus capable de raisonner dans un milieu aussi hostile décèdera rapidement faute de mesures rapides et efficaces par un intervenant extérieur, en particulier quand elle est toujours exposée au facteur déclenchant, en pleine heure de zénith sous un soleil de plomb.

En milieu militaire, au cours de certaines missions au Sahel et malgré les précautions, certaines régiments ont été décimés par les coups de chaleur, forçant à évacuer tant de soldat que les officiers devaient reformer les compagnies avec les valides restants.

En milieu civil, quasiment à chaque gros trail en ambiance chaude, surviennent un ou plusieurs coups de chaleur d'effort, dont les plus graves finissent en réanimation. Dans la nature, même les moins sévères de ces coups de chaleur risquent gros s'ils sont seuls.


10 août 2015 à 02:24:43
Réponse #10

Galileo


Faut aussi penser aux électrolytes que l on perd en suant. les poudre genre Gatorade ou pedialyte sont super pour ca.
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.

10 août 2015 à 10:19:04
Réponse #11

fry


Faut aussi penser aux électrolytes que l on perd en suant. les poudre genre Gatorade ou pedialyte sont super pour ca.

Exact. Boire de très grande quantités d'eau seule par jour ne peut se concevoir que chez un adulte en bonne santé qui s'apporte du sel par ailleurs par la nourriture. Chez un enfant en bas âge ou une personne âgée et/ou sous traitement il vaut mieux apporter des solutions approchant l'isotonicité par une concentration moyenne en sel. Les solutions sportives à peu près isotonique, les poudres militaires pour solution isotonique (un sachet de poudre déshydratée est disposé dans chaque ration de combat pour 500mL d'eau), ou les solutés de réhydratation orale pour les enfants de diverses marques.

Pour un adulte, les hyponatrémies de dilution ne se voient que dans des conditions extrêmes (marathons, ultra-trails) et souvent suite à des situations particulières (médicaments, sur-consommation d'eau inutile alors que la perte est modérée), car en principe les mécanisme d'homéostasie des électrolytes sanguins sont très efficaces. Mais il n'est pas exagéré de basculer sur des solutions isotoniques lorsqu'on commence à arriver à de très grandes quantités d'eau. On ne risque rien et on se réhydrate mieux.

10 août 2015 à 10:45:04
Réponse #12

azur


On parle de déshydratation, de la consommation d'eau des militaires dans le désert, de l'importance des électrolytes... très bien.

Effectivement, quand on a chaud, il faut boire. Au Mali, en stationnaire et à l'ombre (50°C malgré tout), je consommais 10l d'eau en moyenne par jour. Mais j'étais acclimaté.

La déshydratation ne vient pas que de l'absence d'eau, elle vient aussi (et surtout) d'un déséquilibre en sodium/potassium qui empêche les cellules de corps de fixer l'eau. Du coup, les solutions isotoniques deviennent utiles, mais c'est un peu la solution "riche". On peut arriver au même résultat en sur-salant systématiquement sa nourriture et on évite énormément de déshydratation. Il faut savoir qu'au delà de 3-4 semaines, le corps s'acclimate et est capable de transpirer en réduisant la perte de sel pour éviter précisément le phénomène de déshydratation.
Si on n'a pas de soluté isotonique, on peut facilement le remplacer par un breuvage maison avec 6 cuillères à café de sucre et 1/2 cuillère à café de sel pour 1l d'eau: en climat européen, c'est proprement imbuvable, mais au milieu du désert, c'est meilleur que de l'eau pur (le corps déclenche une appétence pour ce qui lui est utile)


Mais au final, on tourne en rond à coté du sujet car, comme l'a souligné Moleson, ils ne sont vraisemblablement pas morts de déshydratation, mais d'hyperthermie (coup de chaleur), un phénomène aussi bien connu des militaires, mais en climat tropical/équatorial.
Et là, effectivement, les troubles graves ou irréversibles arrivent très vite, avec peu de chance d'en réchapper si on n'a pas un minimum de connaissance.

De plus, comme l'hyperthermie trouble le jugement, il n'y a pas à tirer de conclusion sur leur choix de préserver l'enfant...
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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Boviner, c'est contourner par le centre...

10 août 2015 à 10:50:44
Réponse #13

h


De plus, comme l'hyperthermie trouble le jugement, il n'y a pas à tirer de conclusion
Merci Azur, fry ...  (plus de fonction merci  ;# )
voilà ce qui m’intéresse dans le cadre de ce forum, trouble du jugement dans le cadre de l’hyperthermie, ou insuffisance de préparation (et dans de cadre là, pas de critique de ma part, ils ont déjà assez payé!) ? 

10 août 2015 à 11:15:06
Réponse #14

azur


Merci Azur, fry ...  (plus de fonction merci  ;# )
voilà ce qui m’intéresse dans le cadre de ce forum, trouble du jugement dans le cadre de l’hyperthermie, ou insuffisance de préparation (et dans de cadre là, pas de critique de ma part, ils ont déjà assez payé!) ?
Les deux!

Insuffisance de préparation, oui: 40°C à l'ombre, ça n'a rien d'exceptionnel pour quelqu'un qui est acclimaté, qui connait les risques et qui se tient sur ses gardes. Manifestement, ils n'étaient pas acclimatés, et ne connaissaient pas vraiment les précautions à prendre ou les dangers réels.
C'est ce qui les a placé en situation de subir une hyperthermie.

Une fois l'hyperthermie arrivée, le trouble du jugement l'accompagne, avec des décisions irrationnelles. La décision de préserver l'enfant est innée chez les mammifères, donc cohérente dans leur situation.

Rappelez-vous la règle des 3: 3 jours sans boire, mais 3 heures sans protection... qu'il s'agisse de se protéger du froid ou de la chaleur, c'est le même problème.

Et le coup de chaleur est bien plus grave qu'une hypothermie ou une gelure... parce qu'il est rapidement irréversible et qu'il cause très vite des dommages neurologiques.
J'ai vu des instructeurs "commando" au caractère intraitable et à la pédagogie avoisinant zéro, devenir de vraies mère poule lorsqu'il y avait risque de coup de chaleur.

Quand on est averti, on peut le sentir venir. Ça m'est arrivé, on sent la température du corps qui s'emballe, et il faut réagir très vite. Mais sans connaissance du phénomène, je n'y aurais pas prêté attention et il n'aurait pas fallu longtemps pour avoir besoin d'être brancardé.
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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10 août 2015 à 16:53:06
Réponse #15

fry


Comme l'a dit en partie Azur, la préparation est capitale.

Le profil du coup de chaleur dans les trail, ce sont des coureurs insuffisamment préparés, vivant en ville toute l'année souvent dans des régions plus fraiches, et qui se lancent par défi personnel dans une course avec dénivelé en plein été dans une région chaude sous un soleil implacable. Il est toujours étonnant de voir un plus grand nombre de coups de chaleurs dans les petites courses (12, 22km) que dans les grandes (42, 60km) car les concurrents des grandes courses sont presque systématiquement moins amateurs, plus entraînés, et mieux préparés. Les coups de chaleurs les plus graves que j'ai pu croiser sur des événements sportifs, l'étaient systématiquement sur les circuits les plus courts et donc les moins rudes.

Pour ce qui est de l'acclimatation, la déperdition en sel ne se modifiera pas dans la sueur (l'excrétion de sel y est constante et fonctionnant en circuit fermé avec la peau sans régulation du rein, le pH ne variant quasiment pas ou mettant plus d'un an à le faire en cas de persistance de l'exposition au climat), mais la rétention de sel et d'eau par le rein sera modifiée en conséquence.

Je vous remets ce lien pour les intéressés, où je décris la physiopathologie de la déshydratation et du déséquilibre hydro-electrolytique en 2 messages (réponse#2 et réponse#6)

http://forum.davidmanise.com/index.php?topic=62811.0

Attention le potassium n'entre pas en ligne de compte dans ce genre de déshydrations, il est plutôt concerné dans les épisodes de diarrhées hydriques de type choléra et ne participe pas à l'hydratation, mais favorise les troubles du rythme cardiaque. Dans les coups de chaleurs et contextes de déshydratation en milieu désertique, c'est surtout une histoire de sel et d'eau.

Les variations de sodium en rapport avec l'état d'hydratation sont un chapitre très complexe de la physiologie humaine correspondant aux déshydratations dites globales, intra-cellulaires, ou extra-cellulaires. Pour garder un maximum de signal et surtout une information accessible au plus grand nombre, je pense qu'il faut se contenter du message cité sur le lien plus haut:

Citer
- Les boissons avec sel sans être la panacée chez une personne jeune et en bonne santé, peuvent trouver un intérêt dans les efforts sortant de l'ordinaire ( trails, marathons... ). Ils deviennent indispensable en cas de déshydratations réelles du point de vue médical du terme ( en particulier chez les bébés et les personnes âgées ).
Mais il reste vrai que pour vous et moi ( je suis sportif sans être un marathonien ), de l'eau simple à notre soif suffira dans la majorité des cas.

Pour le coup de chaleur:

Plus les soins seront rapides plus la cascade pourra être brisée. Mise au frais à l'ombre, poches de froid, eau sur le corps, hydratation par la bouche si possible, intraveineuse sinon. En milieu militaire, on hésite pas à plonger les stagiaires dans des baignoires remplie d'eau froide voire avec adjonction de quelques poignées de glaçons pour les CMA qui ont une machine dédiée. Les prises en charges sont de mieux en mieux codifiées et donc efficaces.

En milieu isolé c'est arrêt complet de l'effort, mise à l'ombre, réhydratation et refroidissement. Si le "malaise" initial régresse avec ces mesures tant mieux. Si des troubles de la conscience surviennent on bascule sur la nécessité de soins médicaux (plus de possibilité de réhydratation par la bouche) et donc de détresse potentiellement vitale.

- Il y a donc les mesures de préventions générales: être entraîné, acclimaté, avoir la condition physique.

- Les mesures de préventions matérielles: être protégé du soleil, vêtu en conséquence, avoir suffisamment d'eau voire de solutions de réhydratation selon l'intensité, avoir de quoi prévenir les secours.

- Les mesures actives: boire, se surveiller/surveiller son entourage, savoir renoncer si la situation le nécessite, déclencher immédiatement les premières mesures et prévenir les secours au moindre signe.

10 août 2015 à 16:57:38
Réponse #16

azur


savoir renoncer si la situation le nécessite,
Quand le coup de chaleur menace, je crois que c'est la chose principale à garder en tête... surtout quand on est touriste, lequel n'a d’autre but que le plaisir de la découverte.
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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10 août 2015 à 17:28:12
Réponse #17

fredFLT


Bonjour à tous,
Si les informations données ci-dessus sont exactes, je suis quand même surpris par la rapidité de leur décès !
Partis à 13h ils sont morts 2,6 à 3 km plus loin.
Avec une vitesse de marche à 2 km/h, la perte de connaissance puis le décès sont arrivés 1h15 à 1h30 plus tard. Ceci me parait très rapide pour des adultes, marchant lentement, logiquement peu vêtus, ne portant pas de charge et ayant (c’est peu certes) plus d’un litre d’eau.
Peut-être ont-ils entamé cette marche avec une condition physique déjà détériorée (déshydration…) ?

10 août 2015 à 18:06:00
Réponse #18

azur


Faut relire ce qui a déjà été dit: rien n'indique qu'ils soient morts de déshydratation, mais plus probablement d'hyperthermie.
Quand tu n'es pas acclimaté, l'hyperthermie peut survenir rapidement.

Même si la température n'y est pas très élevée (38°C max le jour du décès), le désert où ils sont morts est à 1200m d'altitude et composé de sable blanc (gypse).
Donc, en plus d'un probable phénomène lié à l'altitude (début de MAM?), le sable blanc doit intensifier la chaleur par rayonnement (un peur comme un four).
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10 août 2015 à 19:01:41
Réponse #19

Claude Ponthieu


Partis à 13h ils sont morts 2,6 à 3 km plus loin.

Dans les pays chauds, seuls les inconscients sortent à ces heures et souvent après un repas.
Dans bien des cas, ils ont un début d’hyperthermie, mais sans s’en rendent compte — la majorité des touristes réalisent très mal la situation dans laquelle ils se mettent.

Concernant l’hydratation, les militaires, les sportifs et autres sont des cas particuliers — leur activité demande une grande quantité d’eau.
Les autochtones ou ceux qui sont accoutumés à ces climats, consomment très peu d’eau et souvent leurs repas sont frugaux.

Concernant la régulation thermique, en toute logique, les populations des zones arides se couvrent/protègent essentiellement la tête et le cou — un foulard constitué de plusieurs épaisseurs et humide est particulièrement efficace.
Nous avons eu une culture riche en expérience et pauvre en information.
Aujourd’hui, nous sommes riches en information, mais au seuil de pauvreté de l’expérience réelle.

10 août 2015 à 19:03:44
Réponse #20

azur


Concernant l’hydratation, les militaires, les sportifs et autres sont des cas particuliers — leur activité demande une grande quantité d’eau.
Les autochtones ou ceux qui sont accoutumés à ces climats, consomment très peu d’eau et souvent les repas sont frugaux.
Tu oublies de préciser que dans la quasi-totalité des cas, les locaux ne font strictement rien pendant les heures les plus chaudes du jour!!! ::) il se mettent à l'ombre et ils attendent que ça passe.
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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10 août 2015 à 19:53:35
Réponse #21

modl


Pour l'hyperthermie, ça peut arriver n'importe quand !!!
J'en ai fait une chez moi, en talochant de l'enduit sur un mur !!! Certes, il faisait chaud, mais j'ai moi-même été surpris. J'avais un chapeau et je buvais de l'eau régulièrement. Mon beau-père et un pote qui m'aidait étaient à papoter quand je me suis retrouvé en croix à côté du mur !!!
Ca a été rapide : rinçage au jet (l'avantage du béton, c'est qu'il y a toujours de l'eau à côté), rentrée à l'ombre dans la maison, avec re-douche, où j'ai bu l'eau qui coulait + bouteille.
Je me suis couché et j'ai dormi 2h. Je me suis levé avec un mal au casque genre lendemain de soirée 1/3 whisky/ 2/3 guiness...
Donc, gaffe à la chaleur.
Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière...

10 août 2015 à 22:06:42
Réponse #22

François


Ne pas perdre de vue qu'au dessus d'une certaine température - entre 28 et 35 °C selon l'humidité de l'air et le vent - le repos ne suffit plus pour refroidir. Il faut un moyen de refroidissement actif, généralement par évaporation de l'eau : sudation abondante, linges humides, etc ...
Espérer le meilleur, prévoir le pire.

11 août 2015 à 00:02:04
Réponse #23

Patapon


Yo,

Le sujet de la gestion de la chaleur est hyper intéressant.

Voilà le protocole que l'on applique u niveau de mon club d'AMHE pour toutes les représentations médiévales en été:
  • S'habiller: tunique sans manche, pantalon, etc : éviter une exposition directe au soleil (pour ma part, je porte même un maillot de corps en dessous)
  • Se couvrir: chapeau, foulard, etc et les mouiller plusieurs fois par jours. Pour ma part, j'utilise un foulard dont j'entour les extrémités mouillées autour du coup (mais, si mes souvenirs sont bons, Azur, tu m'avais dit qu'en milieu désertique c'était à éviter à cause de la chaleur, qui pouvait faire monter la t° de l'eau contenue dans les vêtements au point de bruler la personne)
  • Boire de l'eau: que se soit sur camps ou en déambulation, avoir de quoi s'hydrater et tant pis si on passe plus souvent aux latrines
  • Chercher l'ombre: sur le camp nous montons un grand haut vent qui crée une zone d'ombre; en déambulation se sont les arbres, les bâtiments qui nous les fournissent au besoin (une fois, pris d'un "coup de chaud" je me suis trempé dans une fontaine et ai trouvé refuge dans une église bien fraiche...à méditer en ville au besoin: une église est souvent ouverte, et, si on ne se conduit pas comme un sagouin, on y est plutôt tranquille)
  • Rester en mode cool tant que faire se peut: sans animation à assurer ou déambulation, on reste au calme. Pour les animations en plein soleil, on fait des roulements.
  • S'enduire de crême solaire plusieurs fois par jours
  • Faire attention aux autres et si on se sent mal prévenir; c'est essentiel: ça permet qu'on aille tous un œil sur les autres et que tous aille un œil sur soi

Citer
La capacité à devenir FROID, à un moment donné, à se FERMER A LA SOUFFRANCE D'UN AUTRE, est outil dans la boîte, juste à côté de l'outil qui fait exactement le contraire et qui nous connecte au maximum à la personne qui souffre à côté de nous. A mon sens, savoir que ces deux outils existent, et savoir quand choisir l'un ou l'autre, ça aussi ça fait partie de la préparation.

Oui et non: passer en mode calculateur, est une chose, mais tu sais comme moi que le pragmatisme est subjectif: il se base sur notre capacité de réflexion à un moment donné, et des données qui nous viennent à l'esprit...et c'est donc aussi assez limité...

MAINTENANT, c'est aussi un puissant frein à l'émotivité, qui nous fais faire tous, son contraire et rien en même temps. Mais, l'émotion c'est aussi le côté instinctif de l'être, et en cas de situation merdique, c'est de là que vont sortir les solutions auxquelles, jamais on aurait pensé.

Donc, à l'image de l'ordre et du chaos, les deux sont complètement nécessaires et complémentaires: l'instinct (ou, plus subtilement la Sagesse) qui nous donne accès au plus insensées des solutions et l'Intelligence (pas seulement la raison), qui permettra de les mettre en actions: c'est le caducée Hermétique (ou en tout cas, l'interprétation que j'en fais présentement ;# ). Penser qu'à un seul des deux, c'est refuser 50% de soi et en cas de daube, est ce vraiment sage?

Edit: en résumé: l'Ordre et le Chaos qui s'opposent mènent à la destruction. Lorsque les deux font alliance, alors il y a création.  ;)

Tcho

Hugo
« Modifié: 11 août 2015 à 01:06:16 par Hurgoz »
"Prenez soin de la méthode avec laquelle vous vous mettez des choses dans le crâne."

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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