Merci Ulf de mettre en valeur ce paragraphe, car pour moi il s'agit carrément d'un non sens et d'une connerie, peut être inspiré par un darwinisme de base.
Le mâle alpha ne "lutte pas pour le pouvoir", dans le sens ou l'humain pourrait l'entendre. Il maintient juste son statut et par ce fait même il maintient aussi la cohérence et l’efficacité du groupe,sa bonne santé, donc sa survie, comme tu le faisais remarqué.
Salut!
C'est effectivement le cas pour certaines espèces, pas forcement pour d'autres il me semble, comme les morses par exemple. Ceux du pacifique Sud organisent leurs reproduction à travers des joutes oratoires, autant pour "séduire" les femelles que pour impressionner les autres mâles, les femelles vont alors choisir un partenaire et s'accoupler avec lui dans l'eau.
Alors que ceux de l'Atlantique ont eux une stratégie basée sur le conflit violent. Un mâle dominant avec un "harem" personnel d'une vingtaine de femelles qu'il garde jalousement durant toute la saison du rut, qui dure 4 mois environ, multipliant les combats avec les autres prétendants en permanence. Cela entraine régulièrement sa mort que ce soit suite à ses multiples blessures ou lors d'un combat, voir tout simplement d'épuisement, sachant que le moment du rut correspond à un important amaigrissement des mâles adultes en général.
Ici les 2 stratégies sont totalement différentes et pourtant les 2 sous-espèces arrivent à perdurer depuis très longtemps avec succès chacune dans son aire de répartition. L'homme à été beaucoup plus dangereux pour la survie de l'espèce que la stratégie de reproduction.
Tout cela n'est donc pas aussi simple qu'une histoire de simple "rentabilité génétique" qui de fait me semble beaucoup plus proche d'un hypothétique "darwinisme de base". Ces animaux sont extrêmement sociaux, vivants hors période de reproduction en groupe de plusieurs milliers d'individus avec des relations sociales complexes constatées.
D'ailleurs dans les faits, les sciences des comportements des animaux tendent à démontrer que de nombreuses espèces animales développent des stratégies sociales complexes et qu'on y constante des tempéraments très variés d'un individu à l'autre, qui sont déterminants dans les actions de chacun. Exactement comme les humains.
Au final, quand les comportements ne sont pas spontanés, qu'il y a calcul, quel qu'il soit, ne s' agit il pas de nos bon vieux rapports de force ? Ou d'hypocrisie ?
Quelqu'un à dit : "il ne faut pas être gentil, il faut être vrai".
Je crois que je comprends l'idée que tu veux exprimer, trop planifier ses rapports sociaux à souvent tendance à dénaturer le discours.
Mais il ne faut pas perdre de vue que, de fait, on ne fait rien de manière véritablement spontanés, tout passe en premier lieu par des "grilles de lecture" culturelles et résultant de l'expérience personnelle de tout un chacun, consciemment ou non.
À travers elles, qu'on le veuille ou pas, on fait toujours un calcul de "rentabilité" de nos actes. Et c'est justement une certaine homogénéité relative de ces grilles au sein d'un même groupe qui permet de vivre en société, mais aussi qui sert de base pour établir les frontières de la notion de folie dans les différents ensembles culturels de l'humanité. Et ils peuvent être très différents d'un endroits à l'autres du monde!
Ayant l'occasion de travailler régulièrement avec des membres de quelques communautés indigènes du Brésil, j'ai parfois rencontré des groupes ayant des grilles de lectures tellement différentes des nôtres que si ils étaient largués en plein Paris (et en faisant abstraction de la langue et de l'apparence qui mettraient la puce à l'oreille) seraient surement interné très rapidement car considérés comme "fou".
Là, je m'éloigne un peu mais c'est un bon exemple, pas plus tard qu'hier soir, je participais d'un rituel dans une communauté résurgente, les Pitaguary, à 30 km de la ville, où j'ai pu voir des indigènes être possédés par des "encantados" de différentes origines, hommes, femmes ou enfants décédés depuis plus ou moins longtemps. parfois ce peut être aussi des entités non-humaines, comme la Capoira, le Caboclo da Mata (le métis de la forêt) ou la Mãe d'Agua (mère de l'eau) par exemple.
Et tous cela entrecoupé d'invocations de Jésus é du Pai Tupã, le nom que les missionnaires Jésuites donnaient au dieu catholique en langue Tupi lors de la colonisation et que le Pajé (guide spirituel spécialisé dans le contact avec les encantados) de la tribu m'a expliqué comme étant pour lui "le même dieu que ces ancêtres priaient déjà avant même que la bible existe".
Cette situation était considéré comme parfaitement normal par tous les membres de la tribu présent et certains n'y prêtait qu'a peine attention, d'autres venaient dire bonjour à un parent reconnu. Mais au final, tous écoutaient ce qui se disait.
Imaginez votre réaction si votre cousin se mettait debout sur la table en plein repas de Noel ou au milieu d'une messe pour se mettre à parler avec une voix très étrange parcouru de spasmes, le visage métamorphosé, en vous disant qu'il était votre arrière-arrière-grand père et qu'il avait des choses à dire.... c'est plus ou moins ce qui se passait à ce moment là.
Ceux qui sont possédés dans les villages indigènes ne sont pas considérés comme fou pour autant, même si tous considèrent que c'est une situation de perte temporaire de contrôle de soi, qu'il faut "s'abandonner" pour laisser l'encantado prendre le contrôle total du corps.
Pourtant de nombreuses études anthropologiques démontrent qu'étrangement, ce qui ce dit à ces moments-là est toujours de circonstances et sont des messages très chargés de sens relativement pragmatique quand on lit entre les lignes, ayant essentiellement des buts de résolution de conflits interne au groupe où individuels. De là à arriver à la conclusion que ses périodes d'inconsciences ne sont sans doutes pas si inconscientes mais belle et bien un moyen de "gestion de l'infortune", il n'y a qu'um pas et c'est actuellement ce qui fait consensus au sein des sciences sociales même si les modalités de cette gestion peuvent faire l'objet d'interprétations diverses.
Ce que je veux dire c'est qu'il est innocent de penser qu'on fait les choses spontanément, on fait toujours un calcul, plus ou moins sain et parfois même illogique, de ses propres actions. Car en retour on s'attend à un éventail plus ou moins étendus de réactions conformes dans le cadre de la part de grille culturelle que l'on partage avec ses interlocuteurs. Sinon on ne pourrait tout simplement pas communiquer.
Faire preuve de gentillesse/bienveillance/empathie ou au contraire d'agressivité/tentative d'intimidation ou de domination est donc toujours un choix que l'on fait individuellement, "consciemment" ou non.
C'est d'ailleurs sur cette base que l'on fonde la justice dans la majeure part des pays du monde, car pour être juger coupable il faut être responsable de ses actes et donc en avoir conscience. Dans le cas contraire, la personne étant considérée comme malade/victime irresponsable de ses actes sera en premier lieu orientée vers une institution dans le but d'être soigné ou pour le moins tenter de minimiser les effets de sa pathologie dans les cas les plus problématiques.
Comme le dit cosmivratch, ce texte, qui n'est qu'un bref résumé d'une pensée plus complexe détaillée dans le livre, est d'abord proposé pour le monde professionnel. Mais je pense que l'on peut étendre la majeure partie du concept à la vie en société en général. En gaspillant moins d'énergie à la rivalité et au rapport de force et plus à aider son prochain et l'accepter différent de nous, on avancerait plus vite et mieux de manière générale.
C'est en tout cas ce que je constate comme bénéfice au sein des communautés indigènes qui malgré des conditions de vies très difficiles ont fait le choix de plus d'entraide et de générosité, de la bienveillance et de la gentillesse en général.
Ce phénomène est particulièrement visible dans les groupes tribaux des régions périurbainesayant décidée de revendiquer leurs statuts indigènes dans les 30 dernières années, après plus d'un siècle à les nier pour survivre, souvent bordées ou même ancienne partie de favelas voisines caractérisées par la domination et la violence permanente alors qu'au sein des espaces occupé par ces groupes, on peut dormir dans le jardin en hamacs ou les fenêtres grandes ouvertes et se promener de jour comme de nuit sans soucis.... la confiance mutuelle demeure au sein de la communauté et elle est spontanément offerte à celui qui arrive de l'extérieur dans le bénéfice du doute, vite comblé par la démonstration d'un retour ou non.
Mais il est vrai que celui qui s'aventurerai à transgresser de manière explicite ce commun accord ou viendrait de l'extérieur dans le but de créer des problèmes serait puni de manière particulièrement exemplaire si pris sur le fait. Il y en a d'ailleurs peu qui peuvent témoigner l'avoir vécu. Les indigènes n'ont que rarement l'habitude d'appeler la police ,qui ne leurs veux d'ailleurs pas forcement beaucoup de bien, de fait.
Gentil ne veut pas dire être con, on peux aborder la vie avec le sourire charmant d'un chaton, mais avoir derrière de grosses canines de jaguar prêtent à agir si besoin, sans les montrer plus que nécéssaire.
Mais encore une fois, je ne prêtant pas détenir la sacro sainte vérité vrai
, ce n'est que mon constat personnel.
Pour finir, une petite photo que j'ai prise durant un rituel du Toré de leaders indigènes de 5 groupes du tronc Potyguara de ce week-end, histoire de mettre une image sur mes mots:
A+!