Wooo-popopop...
On peut toujours faire de grandes typologies approximatives, trouver des frontières à ces grands groupes d'humains, et dire "eux". Dans les faits la réalité est toujours beaucoup plus complexe et si tu regardes le détail tu vois que dans certains cas deux serbes ne peuvent pas se piffrer entre eux, et qu'un des deux s'entendra super bien et partagera plein de valeurs avec un albanais.
Sisi, ça peut arriver
Les grosses emmerdes commencent dès qu'on commence à faire abstraction des différences AU SEIN DES GROUPES. Quand il commence à décrire des caractéristiques communes à tous les Albanais, Français, Européens, Musulmans, ou whatever on est :
1) toujours dans l'inexactitude ;
2) toujours dans le préjugé ;
3) toujours en train de créer un "autre" qui peut devenir un ennemi, une vermine, un non-humain qu'on peut tuer, mutiler, génocider, etc.
On est tous des homo sapiens, bordel. Et les différences culturelles et génétiques au sein de notre espèce sont ce qui permet notre robustesse en tant qu'espèce.
Les thèses à la Chauprade sur les guerres de civilisations et les X grands groupes dans le monde, c'est juste poser les bases théoriques d'une guerre mondiale de plus.
Faut arrêter ce bordel. Vraiment.
Puis-je tenter d'apporter quelques nuances supplémentaires ami David ?
Les catégorisations culturelles ("civilisationnelles" pour certains) sont forcément fausses en ce que, comme tu le dénonces justement, elles procèdent intrinsèquement d'une généralisation abusive ( attention : pléonasme inside !).
Pour autant, elles peuvent nous donner des clés de lectures intéressantes, et parfois importantes, et par exemple nous amener à comprendre certaines attitudes ou comportements qu'autrement nous ne saurions probablement apprécier que de façon erronée voire hostile.
Pour être plus clair, encore, ces clés de lecture peuvent même parfois aider à ne pas attribuer à des critères raciaux des comportements qui relèvent le plus souvent essentiellement de la culture/civilisation/éducation.
Prenons-y donc ce qu'il y a de bon, et laissons le reste. Sous les couches culturelles, nous sommes en effet tous des homo sapiens, mais pour communiquer intelligemment nous ne pouvons faire totalement abstraction des couches culturelles.
Quant aux théories d'affrontements de civilisations, là aussi il me semble important de chercher à faire autant que possible la part des choses. Je crois personnellement que c'est un outil qui permet de lire la géopolitique sous un certain angle et qui de ce fait présente une utilité.
Comme les catégorisations "abusives" évoquées plus haut, auxquelles d'ailleurs il est par essence relié, cet outil simplificateur est à la fois intrinsèquement faux et en même temps utile pour mettre en évidence certains aspects de la réalité.
Si c'est le seul outil qu'on utilise pour appréhender des réalités forcément complexes, forcément on va dans le mur.
Mais il a au moins le mérite, considérable, d'aider à visualiser rapidement les risques de montée en tension blocs contre blocs, entre blocs artificiellement construits.
Et sans doute aussi celui d'obliger à tenir compte des biais culturels et civilisationnels avant de prétendre agir dans le domaine géopolitique (on reproche souvent par exemple à nos amis américains de ne pas tenir suffisamment compte de ces facteurs, ce n'est pas forcément systématiquement faux).
Evidemment, excessivement utilisé, et lié aux catégorisations abusives précédemment évoquées, c'est un parfait outil conceptuel de guerre généralisée des gentils Uns contre les méchants Autres, je pense que c'est ce que tu voulais dire un peu plus haut.
Rentrons dans les nuances. Faisons le tri. Utilisons les outils conceptuels en tenant compte de leurs limites, et comme des outils de lecture et d'analyse, pas comme des œillères définitives.
Pour reprendre l'exemple de l'analogie entre la France d'aujourd'hui et la Yougoslavie d'avant son explosion, il est à la fois vrai et faux de dire que la situation est sensiblement différente et vrai et faux de dire qu'elle est sensiblement similaire. Et le degré final de similitude auquel chacun conclura après discussion et réflexion n'est pas le plus important ni le plus intéressant. Ça nous donnerait simplement des raisons d'être plus ou moins optimiste, ce qui n'est pas réellement d'un grand intérêt.
Ce qui est intéressant (et ce que la discussion ici engagée permet), c'est d'identifier précisément en quoi ces situations se ressemblent et en quoi elles diffèrent. Ce qui peut nous donner des clés de lecture pour tenter d'agir sur certains points et tenter d'éviter d'agir sur d'autres.
Cordialement,
Bomby