Pas vraiment non plus du métier, mais intéressé par la construction-rénovation (filé qq coups de main sur des chantiers d'auto-construction cette année).
De ce que j'ai pu en comprendre :
- dans le bâti ancien, avant 1948, on estime la consommation moyenne aux alentours de 200 kWhEnergiePrimaire/m2.an
A noter que le bâti ancien est construit sur des modes de fonctionnement différents d'aujourd'hui, ou plutôt que d'empêcher la circulation d'eau, d'air on essaye de la gérer - d'ou les innombrables problématiques lors de rénovations ne prenant pas en compte ces principes.*
A noter aussi qu'il est excessivement difficile d'estimer l'isolation d'une maison ancienne, le Diagnostique de Performance Energétique se base pour cette catégorie d'habitation sur les factures énergétiques des années précédentes (attention donc à la note : à mettre en relation avec les habitudes de vie/chauffe du propriétaire).
- entre les années 50 et 80, "30 glorieuses" et industrialisation de la construction, on monte facilement au double. On passe du bois, terre, pierre au béton notamment. Une autre logique de construction.
- ensuite on redescend progressivement, la rt2005 arrive à un moment ou on approche des consommations d'avant 1940 et fixe une limite à 150kWhEP/m2.an
- la rt 2012, plus contraignante et applicable aux permis déposés depuis janvier (pour simplifier), fixe notamment :
° une limite de consommation de 50 kWhEP/m2.an, avec des coefficients selon l'implantation etc
° un certain niveau d'étanchéité à l'air, calculé par le bureau d'étude selon diverses critères (isolation, masse, ouvertures, rendement VMC etc), qui pour l'image équivaut grosso merdo à un trou grand comme au plus un carte bancaire. En simplifiant (qui a dit en persiflant ?), si on arrive à maitriser les flux d'air (comprendre fabriquer un caisson étanche), l'isolation doublée à une VMC double flux permet de gérer la température.
° une obligation d'étude thermique, à fournir (logiciel ayant reçu un agrément, pas accessible au grand publique à ma connaissance, avec ses limites) pour calculer la conformité aux exigences légales et déterminer certaines contraintes ; il s'agit d'une étude thermique basique et non dynamique (plus complexe et coûteuse). Trouver un professionnel intéressé, patient et coopératif est un gros plus, qui plus est quand on sort un peu des modes et matériaux "conventionnels" (industriels quoi).
° l'obligation d'avoir un mode de chauffage programmable, théoriquement adieu le seul poele à bois
° présence d'au moins une source d'énergie renouvelable
Problème, c'est que l'étanchéité à l'air est un critère important et contrôlé (systématiquement si tu construits, mais une entreprise peux suivre une "démarche qualité" qui limitera le nombre de contrôles, de même que dans la construction d'immeubles (et je crois de pavillons) une partie seulement est contrôlée et donc rectifiée - plus les % en tête).
En cas de non respect le particulier qui fait construire (j'ignore la règle pour les constructeurs-promoteurs) risque 800e d'amende et la requalification des prêts à taux zéro à taux légaux. Ca peux donc vite chiffrer. Ceci dit on peux s'estimer heureux, le non-respect n'empêche pas la déclaration d'achèvement et de conformité des travaux, pour l'instant ?
On se retrouve donc avec des contraintes qui nécessitent une réflexion globale sur l'enveloppe. Chaque liaison entre les différents matériaux doit être pensée de manière à limiter au maximum les fuites d'air.
C'est donc un marché énorme, notamment composé de membranes, de scotchs, de colles, de mousses, vmc etc. Avec de mauvaise mémoire une augmentation des coûts sur le neuf estimée aux alentours de 12 à 20%.
Accessoirement, mais en fait pas accessoirement du tout : c'est une problématique délicate pour les entreprises du bâtiment (qui plus est celles de taille modeste) : remise en cause des habitudes de constructions, nouveaux produits, nécessité de formation, d'une minutie bien plus importante (et donc temps en proportion)… Et retour sur le chantier si les tests sont mauvais pour remédier au(x) problème(s).
Autre interrogation, si à court terme l'enveloppe est intacte, quid à plus longue échéance (vieillissement des matériaux, perçages/perforations…).
Quand à l'isolation, quid du tassement des matériaux utilisés ?
On ne va pas évoquer la non-prise en compte de l'énergie nécessaire à la construction sinon on va pas s'en sortir.
Bref, c'est un beau bordel. Et ca n'ira probablement pas en se simplifiant, la rt2020 s'annonçant encore plus sport : bâtiments à énergie positive.
* Une association qui pourrait intéresser certain(e)s : Maison Paysannes de France.
Leur objectif principal est de promouvoir et d'aider à la protection du bâti ancien. Leur site vaut le détour, par exemple les fiches conseils, accessibles :
http://www.maisons-paysannes.org/actions/economies-denergie/Les gens sensibles aux principes des couches retrouveront pas mal de principes connus.
Un autre document excessivement intéressant en lien sur la même page (voir aussi les cahiers suivants par type de mur) :
Cahier n°0 : Etude de la réhabilitation hygrothermique des parois anciennes, généralitésLe siège se trouve à Paris, avec notamment une base documentaire intéressante et la présence d'architectes (sur rendez-vous) pour aidez à y voir plus clair.
Certaines délégations locales proposent des informations, visites, formations. Les contacter, c'est aussi la possibilité d'avoir des membres venant visiter votre bien et vous donner des pistes.
L'association fonctionne grâce aux adhésions, à la revue, vente de livres, dons.
Au delà, avant d'entreprendre des travaux pouvant vite représenter des (dizaines de) milliers d'euros (et possiblement du rab de dégâts/réfection à moyen-long terme), faire faire une étude par un cabinet indépendant compétent qui ne vends que du conseil parait pas déconnant, qui plus est sur du bâti d'avant 48. Histoire de commencer par le plus important et éviter les solutions à la con.
Ou prendre le temps de se renseigner auprès de personnes-associations sensibilisées.
J'ai essayé de pas être trop long...
N'hésitez pas à corriger ou compléter.
[edit] modifs, c'est la dernière, juré reeeuuhh ttteu