Posté par Maximil Je lance un nouveau sujet qui fait suite au post sur
le couteau idéal et se trouve donc dans la continuité de fabrication de
mon p'tit dernier. Ce sujet est mis en [DIY] parceque je vais expliciter les étapes de la fabrication afin que vous puissiez vous lancer dedans si cela vous interesse.
Rappel : je voulais un couteau qui puisse me permettre de me passer de ma hachette de temps en temps, mais qui coupe tout de même de jolies branches. Un modèle semble pouvoir réunir ces qualités (en attendant que l'on en découvre un autre

hein David), c'est le Tracker de Brown ou de Beck:
Il y a pas mal de polémique sur ce couteau: tout d'abord parceque beaucoup s'imaginent qu'il a été créé pour le film "Hunted" et est donc un couteau artistique. Oui, Brown l'a "créé" pour ce film, mais Beck en avait déjà fait avant lui, bref, là c'est un problème de conccurence et de magouilles. Mais plusieurs choses: Beck, Brown etc ne sont pas des inconnus dans leur domaine, loin de là. Ensuite, ce design ne lui est pas exclusif puisque ce couteau existe depuis au moins 1980 de toutes facons.
On le rencontre sous les appellation Tracker, WSK etc... Prenez une hache, diminuez la de taille, cela vous fait une hachette. Plutôt qu'un manche en bois, preferez un manche tout metal, en une seule partie avec la tête. Et puis vu que vous avez une grande barre de métal, entre la poignée et la tête, aiguisez là pour en faire une lame. raccourcicez le tout, et vous obtenez le design. Si certains sont interessés, j'ai les croquis originaux (enfin une copie de ceux-ci) de Brown mais aussi d'autres exemples. Certains utilisent l'argument suivant: si ce couteau était si bon, tous les instructeurs, les baroudeurs, les soldats indépendants, les guérilléros etc... s'en serviraient. Bon d'un autre côté, ce n'est pas le couteau le plus discret qui existe, peu le fabriquent donc on le rencontre peu, c'est logique, et puis il ne perfore pas comme un bowie donc en combat, c'est différent. Ensuite, il y a les machettes, les hachettes, les kuhkris, les camp tramp, les couteaux de camp, les bowie etc... tous utilisent des couteaux différents. Il n'y en a pas un qui soit pourtant "nul", non ? Je pense que c'est pareil avec le tracker: question d'habitude.
Celui de gauche date des années 50, puis 70 et 80. Puma a vendu un de ses plus célèbres modèles sur ce style de lame.
Le design: ca surpend oui, autant que peut surprendre une hachette à celui qui ne connait que les machettes ou un kukhris pour celui qui ne connait que les couteaux suisses...
Le réaiguisage sur le terrain: en quoi serait-ce plus difficile ou non qu'un autre au moins pour la lame à frapper ? Perso, je ne vois pas. Et pour la lame à couper, une petite pierre fera l'affaire, en aiguisage ou en martelage.Mais il y a des choses qui ne me plaisaient pas sur ce couteau.
Tout d'abord, la "scie à bois": Sur le modèle en photo, ce n'est même pas une scie à bois, peut être une scie à beurre comme disait quelqu'un sur ce forum. Il y a d'autres modèles avec de vrais scies. Mais de toutes façons, je ne me suis jamais servi d'une scie à bois jusqu'à maintenant pendant mes randos, donc ce n'est pas maintenant que cela va commencer. Et puis elle doit faire dans les 6cm de long, c'est un poil court, surtout que le couteau fonctionne en mode hachette. En revanche, on ne peut pas batonner avec un tel modèle: donc disparition de la scie au profit d'une surface épaisse et plate sur laquelle on pourra joyeusement se défouler.
Ensuite, l'angle du manche ne me plait pas: c'est un angle classique, alors qu'il serait beaucoup plus efficace que celui-ci soit légèrement incliné afin que le poignet n'ait pas à être cassé vers le bas pour que le milieu de la lame à frapper soit parallèlle à la surface à couper (c'est clair

). Bref, un manche plus incliné: j'ai déjà vu sur un tracker maison. Ca sera ainsi sur mon modèle.
Les plaquettes seront en principe en micarta fait maison. A voir.
Liste du materiel utilisé:-> acier de lame de ressort de camion
-> lunettes de protection (OBLIGATOIRE)
-> protections auditives (coton dans les oreilles car le travail à la meuleuse use vite)
-> étau (obligatoire puisqu'il faut tenir la meuleuse à deux mains)
-> meuleuse d'angle (modèle haut de gamme... à 6.95 euros) et pour le moment 2 disques (de bonnes qualité par contre)
-> ponceuse excentrique
-> perceuse et mèches
-> il serait bon d'avoir un masque à poussière pour ne pas ingerer comme moi de la poussière de métal: on crache noir, on se mouche noir, et on tousse noir... pas bon pour la santé à mon avis.
Premier problème: trouver l'acier. J'ai eu de la chance, j'ai trouvé pour rien du tout 80kg d'acier pas mauvais dans un garage PL près de chez moi. Un coup de fil, je fais un tour en voiture, et sous les yeux incrédules du patron qui ne comprends pas comment je vais obtenir des couteaux à part de ces trucs là, il me refile gratuitement des lames d'amortisseur de camion. Euh non... un amortisseur complet de camion :-/ soit 80kg d'acier de 1m50 de long dans la voiture. Pour le mettre nous étions 2, mais pour le retirer j'étaits tout seul, moi et mon mal de dos. Bref, j'ai cru que j'avais cassé la dalle de la maison, mais j'ai réussi à le sortir. Voici une vue de l'amortisseur déjà tronconné un peu avec un chausson de taille 46 pour se faire une idée du bestiau

Deuxième problème: séparer les lames. Les lames sont boulonnées entre elles, mais quand cela est fait, les lames sont bien droites. Maintenant elles sont cintrées sur les côtés, ce qui veut dire deux choses: on pourra difficilement utiliser les extremités, le boulon n'est plus démontable car sous contrainte. La meuleuse va commencer son boulot. :exclamation Puisque sous contrainte, quand le boulon sera presque entièrement coupé, les lames vont se détendre, et le boulon va être ejecté de façon violente. J'ai eu deux lames qui ont sauté aussi. Bref, y'a moyen de se blesser ou d'abimer des trucs donc il faut faire attention.
Voilà la chose, ca sera un futur couteau. Pour le moment, il faut de l'imagination.

Ensuite, il s'agit de reporter le croquis sur le lame. rien de difficile, pensez juste à nettoyer la lame un peu avant car les feutres, même indélébiles n'accrochent pas sur le graisse.
Et là, la meuleuse peut commencer son travail et vous votre calvaire: on coupe les extremités des lames qui ne servent à rien, puis on coupe en suivant les grands axes du couteau en laissant quelques millimètres de large.
Une photo de la première ébauche, faite avec finesse... à la meuleuse d'angle !


Et pour obtenir cette ébauche grossière, ca fait çà en poussière (et encore, on ne voit pas sur l'atelier):

Protegez-vous !!!
Une fois l'ébauche finie, on obtient une première idée de ce que cela va donner: un couteau de 29 cm de long, 10 mm d'épaisseur (mais qui va suivre une cure d'amaigrissement pour atteindre 7mm sur la lame et en biseau sur l'arrière), et un poids de 960gr pour le moment. On voit bien la différence entre la lame d'amort. à droite, et mon dernier couteau à gauche pourtant déjà bien solide

J'estime que le poids final devrait être de 450-500 gr maximum. Le centre de gravité se situera entre la lame à frapper et la lame à couper.
A titre de comparaison avec mes deux derniers couteaux:

Je me suis aperçu que le couteau était quand même un peu cintré. Un peu trop à mon goût (je veux la perfection au minimum). la photo accentue un peu le cintrage quand même (faut pas déconner non plus )

J'ai essayé toute la soirée de redresser cetet fichue barre. J'ai ramené à 7mm l'épaisseur de la lame au milieu (puis ce sera sur tout la lame) pour aider au cintrage.... RIEN. J'ai essayé de chauffer la barre, mais à la cuisinière, essayez de porter au rouge cerise un barreau de 10mm d'épaisseur. J'ai essayé, je l'ai laissé suffisamment longtemps pour que tout soit chaud sur la cuisinière, mais c'était encore insuffisant. N'ayant plus de bois pour la cheminée, je n'ai pas pu essayer avec un feu. Bref... Je n'ai pas réussi. Pour finir, je l'ai adossé à une plaque cintrée dans l'auter sens et plus épaisse, deux serre-joints à un bouts, une meche de perceuse au milieu entre les deux plaques, et un étau à l'autre bout, et on sert jusqu'à avoir une courbure dans l'autre sens. En refroidissant, il n'y a plus qu'à esperer que le couteau aura perdu un peu de sa courbure originale. Par contre, cela force tellement en chauffant que j'en ai tordu un serre-joint !

Bon sinon les contours de la forme finale sont presque finis. Il y a une bonne prise en main déjà alors qu'aucun angle n'est fait. J'ai hâte d'essayer. Il pèse pour le moment 802gr (soit 158gr de perdu depuis la dernière ébauche).Je maintiens mon pronostoc d'un poids total inferieur à 470gr.

A suivre...................