Attention : pavé HS sur la "résilience" d'Internet... vous pouvez sauter directement au message suivant.
Ca par contre j'aimerais bien que tu m'en dise plus. Internet est vraiment si fragile ? Je veux dire est ce que la probabilité que tous les éléments qui pourraient conduire à sa "chute" se coordonnent est vraiment élevée ? Si oui quels sont ils ?
Les
technologies à la base d'Internet sont très robustes et résilientes (sauf catastrophe globale énergétique et/ou technologique).
En revanche l'Internet
tel que nous le concevons et l'utilisons aujourd'hui est très fragile.
P.ex. sur le plan matériel il y a quelques années il a suffit qu'un chalutier arrache accidentellement un câble sous-marin du côté de l'Asie du Sud-Est pour impacter tout le trafic mondial (et perturber durablement certaines multinationales ayant du mettre en œuvre en urgence des solutions de repli pour leurs système d'information).
Dans un autre registre les inondations en Thaïlande en 2011 ont engendré une pénurie mondiale durable de disques durs avec des tarifs doublés en moins de 3 mois (l'essentiel de la production mondiale se trouve en Thaïlande). Évidemment des industriels en situation de quasi-monopole se sont gavés au passage, mais on paye encore aujourd'hui les disques au moins 50% plus cher que s'il n'y avait pas eu de crise.
Une catastrophe naturelle (p.ex. le Big One californien
) peut toucher quelques nœuds, data-centers ou cœurs d'entreprises névralgiques (Google, Amazon, opérateurs télécom...), des organisations terroristes peuvent s'attaquer à des câbles (hypothèse prise au sérieux par les spécialistes surtout pour les câbles passant à proximité de "zones chaudes")...
Comme déjà mentionné : TOUTES les adresses Internet reposent sur les DNS qui sont techniquement et stratégiquement fragiles.
Un Google hors-service nous rendrait quasiment aveugles sur le web (ceux qui ont connu le web avant Google peuvent en témoigner).
Un Facebook ou Twitter hors-service nous couperaient d'une partie non-négligeable de la population qui ne communique plus que via ce type de supports centralisés et vulnérables.
Un Amazon hors-service entraînerait dans sa chute une partie non négligeable du web : la moitié du "cloud" et une partie non négligeable des site officiels ou personnels, blogs et forums dont l'hébergement final se trouve en réalité chez Amazon.
Un Akamaï hors-service ferait ramer le web comme à l'ère du modem 56K.
Les fournisseurs d'infrastructures physiques (tuyaux, routeurs type Cisco, Alcatel & co.) sont également soumis aux mêmes aléas.
Autre point commun : ils sont TOUS soumis à la loi américaine (avec tout ce que cela implique
) et leur santé financière dépend énormément de l'évolution de la bourse.
Dans tous les cas les données finiront encore par passer, mais ça sera concrètement inutilisable. Des millions d'individus envoyant des millions de requêtes chaque minute finiront par saturer définitivement l'infrastructure encore opérationnelle : exit 90% des usages "temps-réel" (le web étant considéré comme temps-réel) et retour au débit digne du Minitel (mais avec des sites et technologies conçues pour fonctionner avec du haut-débit). Seuls le mail, les transferts de fichier au ralenti ou de vieux protocoles style Usenet & co. pourront encore fonctionner raisonnablement en mode dégradé.
Le quasi temps-réel ou le transfert rapide d'énormes volumes de données (téléchargements, vidéos, audio, streaming...) n'ont jamais fait partie du cahier des charge initial ayant abouti aux technologies à la base d'Internet.
La tendance lourde à la centralisation et à l’interconnexion des applications et services les rend toujours plus vulnérables au moindre incident ou tentative de contrôle politique (et la "mode" du cloud et de l'externalisation ne fait qu'empirer les choses).
(Désolé pour le pavé... mais c'est un peu mon dada depuis le temps que je baigne dans ces domaines.
)