(Préambule : Aucune intention de dénigrer ou minimiser... juste quelques interrogations et impressions personnelles un peu en vrac... en restant évidemment ouvert à un échange constructif.)Franchement, c'est courant. Vraiment. Toutes mes amies/copines/collègues ont déjà été agressées (*). On ne parle entre nous que des cas qui dépassent la norme quotidienne.
J'étais curieux d'en savoir plus sur le milieu où
"toutes mes amies/copines/collègues ont déjà été agressées".
Je pense avoir un élément de réponse :
J'ai réussi à m'en débarrasser en rentrant dans le métro,
C'est AMHA un facteur prépondérant pour expliquer les différences de perceptions : les risques ne sont pas comparables pour une jeune femme vivant dans une grande métropole en empruntant quotidiennement des transports en commun bondés et impersonnels ou une femme plus âgée vivant en province (je déteste ce terme) et n'utilisant pas de transports en communs (ou avec une ambiance générale moins tendue). La notion de "vivre ensemble" prend ici tout son sens.
Pour avoir évoqué la question dans mon entourage je suis plus proche de la perception de Kilbith (génération plus âgée et moins urbaine).
Qu'une association se baptise "Ni putes ni soumises" est révélateur du vécu de femmes dans certains milieux. Heureusement la majorité des femmes françaises ne sont pas dans cette situation, tout comme une majorité n'est probablement pas autant exposée aux comportements dénoncés dans ce sujet.
Je passe les commentaires d'hommes sur ma poitrine, par exemple une fois, à 13 ans, quand je traversais à un feu, ils étaient en voiture. Je n'ai pas trouvé cela flatteur du tout.
Et je prétends que cela m'est arrivé parce que je suis une femme.
Très fin... et encore pire pour une adolescente en pleine transformation physique (et à plusieurs gros c*** en voiture pour se donner de la prestance).
Je me suis pris des mains au c*l
... heureusement pas par des hommes (mais je n'ai pas du tout apprécié la chose pour autant)... mais parce que je suis un homme (ça reste non représentatif et remonte à loin
).
Il m'est également arrivé de me prendre des regards "appuyés" assortis d'allusions un peu trop explicites : je ne l'ai pas non plus perçu comme flatteur. En revanche avec un peu plus de finesse et de discrétion je ne l'aurais pas ressenti comme une "agression" (minime pour moi en l’occurrence).
La connerie et le manque d'éducation sont des choses partagées par les 2 sexes. Les hommes ont un avantage physique, moins d'inhibitions et c'est un comportement socialement valorisant dans certains milieux. Mais l'alcool et/ou l'effet de groupe lèvent également les inhibitions chez les femmes.
(*)Pas au même niveau d'agression : pour moi un type qui te sort un commentaire sexuel (t'es bonne, ou sal*pe) en passant à côté de toi, c'est déjà une agression.
Aucun doute à ce sujet.
Ce ne sont pas des compliments bien amenés qui te donnent le sourire mais des jugements de ton corps, comme s'il était à disposition de tous qui peuvent le commenter et en "profiter".
C'est également une forme de négation de l'autre : réduire la personne à un support à fantasmes ou défouloir à frustrations.
Et ce n'est pas une fois dans ta vie, c'est tous les jours quel que soit ta tenue vestimentaire. C'est la répétition qui entraîne le harcèlement.
Heureusement que toutes les femmes ne vivent pas sous une telle pression quotidienne.
On n'ajoute pas non plus "sal*pe" à la fin d'un compliment !
Dans le sud-ouest "
putaing, cong" n'est pas une insulte.
Dans d'autres milieux "sal*pe" est tellement fréquent qu'ils n'en perçoivent même plus la violence (surtout si l'étendue du vocabulaire ne dépasse pas le niveau de la maternelle).
Mais loin de moi l'idée de dire que les mecs sont tous des cons violeurs sans aucun respect de la femme ! Et de même tous les mecs qui parlent à une inconnue ne le font pas de manière agressive. Heureusement.
Je suis assez d'accord avec le billet de Lindécise qui affirme qu'il ne faut pas se sentir menacée en permanence. Mais cela n'empêche que les agressions de ce type existe et que c'est chiant. Vraiment.
Dommage que le billet en question ait servi de support à des polémiques stériles alors qu'il était frappé au coin du bon sens. Les plus virulents et intolérants étaient les défenseurs de la théorie de la "culture du viol" (pour reprendre leurs termes). Bel exemple d'ouverture d'esprit et de réflexion binaire...
Quelques pistes de réflexion :
* Est-ce que ce phénomène se développe ou est-ce qu'on ose enfin libérer la parole ?
* Est-il plus le fait de jeunes générations dans certains milieux ou se généralise-t-il (à toute la population et hors des grandes métropoles) ?
* Le prisme des blogs et de Twitter est-il vraiment représentatif du quotidien de la "française moyenne" ?
* L'approche du
projet crocodiles qui se veut au départ un site de témoignages (pour évacuer et partager) ne risque-t-elle pas d'inciter à la paranoïa, de banaliser la chose (comportement tellement "courant" qu'il en deviendrait "normal") et de compliquer le dialogue en stigmatisant tous les hommes ?
Personnellement je bloque sur cette vision totalement binaire (femmes vs crocodiles) et n'ai volontairement pas fait circuler le lien (bien que je comprenne sa logique en prenant le point de vue de la "proie" dans les BD). Transformer l'autre en animal (crocodile ici) est une technique utilisée depuis la nuit des temps pour nier son humanité (cf. propagande contre les boches, bolcheviques, juifs, noirs...).