En accord avec pleins d’éléments, mais pas vraiment sur le diagnostic posé.
Nos corps et nos esprits ont été conçus, par le biais d’une évolution longue et sans pitié, pour la lutte, la guerre, la peur, et la cohésion. Nous sommes câblés pour nous protéger les uns les autres, pour se serrer les coudes, pour se mettre à 5 ou 6 sur le tigre à dents de sabre qui a choppé un gamin par une cuisse et qui veut l’emporter pour le manger. Nous sommes câblés pour protéger nos femmes, pour protéger nos petits, pour respecter les anciens qui savent, pour être fiers de ramener du gibier et de le partager
Je suis très peu convaincu par ça. Je pense qu'il y a très peu de choses chez l'homme qu'on peut assimiler à des éléments de notre "génôme", qui seraient ancrées en nous depuis la "nuit des temps"...et pas celles là. Le propre de l'homme n'est pas d'être destiné à ceci ou cela, mais justement d'être la seule espèce vivante ayant la capacité de construire les règles qui vont cadrer et diriger sa vie, et la capacité de les faire évoluer.
Qu'est ce qu'inspirerait la tribu ou le respect des anciens à un golden boy de wall street ? Pas grand chose je pense.
Quid de l'individu qui se contrefout de la famille et des dangers qui l'entoureraient et contre quoi il devrait lutter ?
Mais peut être qu'ils ne font pas partie des humains, ou d'un certain groupe d'humain en tout cas.
Je crois peu à des pratiques précises et universelles qui permettraient à l'individu de s'accomplir. Certaines on été partagées par un grand nombre pendant une longue période, mais ça n’en fait pas pour autant des impératifs à l’épanouissement ( puisque c’est de ça dont il s’agit finalement ). En fait l’individu a ‘’juste’’ besoin d’éléments stables qui lui servent de repères autour desquels il va pouvoir construire sa vie et au travers desquels il pourra recevoir des signes de réussite, d'accomplissement. Ces éléments sont très divers, infinis en fait, et varient selon les époques, les sociétés, les classes sociales, les individus etc. Du macro au micro.
On a pas
besoin de lutter contre un ennemi, d'avoir une famille, une tribu hyper soudée, ou de faire quelque chose de ses mains pour se sentir plein. On peut être sans famille, avec peu d'amis, et sur les écrans 15heures par jour. L'importance est de s'investir
et réussir dans des choses auxquelles
on donne du sens. Evidemment une bonne partie de ce sens provient de son groupe d'appartenance.
Pour moi le syndrome du vide ne vient pas de l’absence de la tribu ou de la déconnexion avec des pratiques qui seraient « ancrées » en nous. Le problème vient des valeurs qui sont diffusées par la société ( le méta-groupe dans lequel on est tous pris ).
Le poids des valeurs/rôles injectés ou plutôt diffusés au niveau sociétal est de facto celui qui est partagé par le plus d'individus. Maintenant quand on regarde un peu dans le rétro de l’histoire qu'est ce qu'on voit ?
Tu vaux quelque chose parce que tu es un bon chrétien( jusqu'au XIXe ). Facile, juste à bien prier et pas trop pécher + produire 2700 calorie par jour.
" " bon républicain ( de 1870 jusqu'à 45 ). Humm, ok, acquérir une bonne instruction et m'investir moralement dans la vie de la société me semble être à ma portée + avoir un job.
" " bon consommateur pensant à sa réussite personnelle ( société de consommation, énorme accélération dans les 80's). Heu ok mais si mon métier gagne pas assez ? parce que bon, faut bien des ouvriers et des balayeurs...Je suis condamné à être un mauvais ? Ok d'ac je vais essayer de me démerder pour gagner plus, donc si je suis bien les règles mon intérêt prime avant celui de la communauté ou de mon pote hein ? Self made man c'est ça ? Moi moi moi ? ok c'est parti...
Le "sens de vie" que l'on a injecté à bloc dans les sociétés occidentales à partir des années fin 70-80 est pourri. Pourri car d’une part il crée une frustration énorme chez une partie de la population vu que de fait, chacun ne peut pas atteindre les conditions d’accomplissement supposées, d’autre part même en y parvenant ces dernières sont tellement friables qu’elles apportent difficilement la satisfaction à elles seules. En ringardisant la solidarité et en rongeant le lien social il devient concrètement une menace pour ce qui tient une société ensemble. Le vrai problème est là, ce "sens de vie" crée de la frustration, un bonheur superficiel donc extrêmement volatile, et nique sa race à ce sur quoi repose une société.
Au final je rejoins le fait qu'appartenir à une tribu ( asso, religion, groupe terroriste ) permet de renouer avec un cadre de valeurs capable de donner un sens à sa vie. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ceux qui se trouve le plus à la marge d'un idéal sociétal auquel ils ne peuvent accéder se retrouvent dans les tribus les plus en rupture avec cette société. A contrario ceux qui parviennent a créer leur propre "monde de valeurs" ( à travers une riche vie spirituelle, un hobby, CF le très juste post d'
Outdoorsman ) échappent davantage à ce sentiment de vide. Logique aussi l'apparition d'ennemi/menace, intérieur ou extérieur, le plus vieux et grossier moyen pour resserer une communauté autour d'une cause commune.
N'empêche, en dépit de ses bénéfices, je pense que se focaliser sur la tribu et ses pratiques est un pis aller, une étape voir un mirage. Si le paradigme sociétal qui continu à être diffusé reste le même, peu probable de voir une amélioration de la situation. C'est ce paradigme qui doit changer ( facile
) !
D'ailleurs en parlant de changement de paradigme, je suis retombé sur le cahier d'école de mon arrière grand père de 1909. Voilà ce qu'il dit sur la société :
27. La société et ses bienfaits
La société est l'ensemble de tous les hommes. Grâce à la société, nous vivons aisément, nous nous instruisons, nous devenons meilleurs. Nous ne pouvons pas nous passer d'elle. Un lien unit tous les hommes, c'est le bien de solidarité et de fraternité. Resserons ce lien en travaillant pour eux et en les aimant.
Chacun est utile à tous, tous sont indispensables à chacun.
Et pourtant c'était pas des cocos