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Auteur Sujet: Pédagogie et survie : l'approche manisienne à discuter...  (Lu 32088 fois)

02 octobre 2013 à 12:17:28
Réponse #75

Claude Ponthieu


j'ai ouvert un post sur la capitalisation des savoir faire ici pour ceux que ça intéresse...

suite aux discussions sur la pédagogie, j'ai voulu ouvrir un post sur la transmission des savoir faire
la particularité de ces savoirs […] c'est la somme de toutes les expériences digérées par un bonhomme...


Les grands principes
[…]
• « Transférer, ce n’est pas cloner » : il ne s’agira donc pas de formaliser a priori  […]
• « Transférer, c’est faire ensemble », ce n’est pas faire faire ou montrer comment faire.


J'extraie volontairement pour pointer une des raisons majeures de la non pertinence des évaluations. ;)

Le-dit post illustre parfaitement le cadre et les raisons sous-entendues de la transmission des savoir-faire, de la formation et de la nécessité final des évaluations.

La transmission, et donc la pédagogie, est au cœur du problème de toute Société — se prévenir des dangers potentiels face au refus de la normalisation.
« Modifié: 02 octobre 2013 à 13:44:06 par Claude Ponthieu »
Nous avons eu une culture riche en expérience et pauvre en information.
Aujourd’hui, nous sommes riches en information, mais au seuil de pauvreté de l’expérience réelle.

02 octobre 2013 à 13:37:00
Réponse #76

Claude Ponthieu


Un des fondements d'une Société est basé sur la qualité de l'enseignement, la dessus il y un consensus de toutes les Sociétés.
Par contre les intérêts divergents des différents individus composants une Société et du rapport de force entre ces individus, déterminent la pédagogie et le contenu à suivre, et là il y a conflits d'intérêts !

L'école est, en théorie, dans l'INTÉRÊT de tous les protagonistes qui constituent une Société, reste juste à cerner quel est l'Intérêt de chaque protagoniste. :lol:

Encore faut-il que chaque protagoniste est un degré suffisant de conscience de ce qui se cache derrière son Intérêt.

Exemple
Dans l'INTÉRÊT des différent individus, la Société décrète la scolarité obligatoire, de prime abord que du bonheur.
Mieux, pour facilité l'accès au travail à tous, Elle crée des maternelles, super.
Fin du raffinement, elle met en place des crèches — pas trop quand même, d'où la nécessité d'inscrire l'enfant quasiment avant sa conception.
Bien sûr, les horaires et vacances de nos chérubins sont déterminés en fonctions des Intérêts avérés de la famille, pour ne par dire de l'équilibre de la Société.

Mais, quand est-il de l'Intérêt des enfants.



Citer
ça serait peut être bien aussi de ne pas oublier que les profs ne sont pas des éducateurs, c'est pas à eux d'ouvrir les gamins à la vie. ils ont des parents pour ça...

Oui…

Petit exercice périlleux

Définir ce que nous entendons par être parent.
Puis, et seulement puis, que notre Société impose des évaluations pour octroyer le droit à être parent.
Bon courage, le réveil risque d'être douloureux.

Ici risque d'être [HS] [/HS]
« Modifié: 02 octobre 2013 à 13:50:45 par Claude Ponthieu »
Nous avons eu une culture riche en expérience et pauvre en information.
Aujourd’hui, nous sommes riches en information, mais au seuil de pauvreté de l’expérience réelle.

02 octobre 2013 à 15:52:03
Réponse #77

oli_v_ier


Ne jamais répondre à une question que l'autre ne se pose pas.
C'est pour moi une clé de l'enseignement ou de la formation.

Tu peux expliquer/montrer ce que tu veux, si l'autre n'a pas envie de le savoir/voir, c'est mort :) .

Pas complètement d'accord dit comme ça. C'est aussi le rôle de l'enseignant d'ouvrir l'esprit de l'élève, en lui faisant parfois voir les choses sous un angle que celui-ci n'avait pas imaginé, en lui faisant découvrir des possibilités qu'il ne soupçonnait pas. Il faut "ouvrir la fenêtre", puis laisser un temps de maturation dans l'esprit de l'intéressé (parce qu'on part du principe obligatoire qu'il est intéressé par le sujet dans sa globalité). L'élève peut parfois oublier de se poser certaines questions, c'est à son mentor de lui permettre de s'en rendre compte.

C'est exactement ça :) : s'il faut éviter de répondre aux questions que l'autre ne s'est posé, il faut donc faire en sorte qu'il se pose les questions. "D'ouvrir l'esprit de l'élève" comme tu dis. Le mettre face à des situations problèmes est un moyen, il y en a d'autres.

02 octobre 2013 à 17:02:01
Réponse #78

DavidManise


Bon...  plein de bonnes idées...  merci Bison Solitaire pour le lien.  Je me suis régalé.

En apparté : et oui c'est HS et j'assume...  cette discussion me fait un bien fou au moral, en me prouvant encore une fois que ce forum renferme des richesses techniques, intellectuelles et humaines insoupçonnées :love:

Je vous kiffe :)

Je vais réviser ma position sur certains points, et préciser ma pensée, et publier ce texte en version "1.5" d'ici qques jours, le temps que ça mûrisse.

A bientôt.

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

03 octobre 2013 à 16:09:55
Réponse #79

Dalz


Salut tout le monde.

J'suis un petit jeunôt, mais voilà quelques années que je suis passé de l'autre côté du miroir, je suis et formateur et formé ; évaluateur et évalué. (sorry pour le pavé, j'écris comme ça vient pendant une pause)

1. Le boulot d'un enseignant QUELQUES QU'IL SOIT est de faire comprendre, l'apprentissage dépend de l'élève, charge en revanche a l'enseignant de motiver ses ouailles, de les intéresser suivant les sujets, c'est pour ça que les considérez comme pensant et leur proposer un "contrat" de travail (tacite ou non) est essentiel, ça permet de les considérer de pas les prendre pour des abrutis et d'avancer dans un cadre précis.

Conséquence : le contrôle de l'apprentissage peut permettre d'évaluer la motivation que l'enseignant est capable d'insuffler à un moment donné et la quantité de travail fournie pas les apprenants à un moment donné. Cela détermine ce que va être capable d'expliquer à un moment donné l'enseignant car c'est fonction des apprentissages des apprenants.

2. Le débat entre grandes théories et pratiques est une foutaise, c'est l'alternance des deux et les répétitions qui sont fondamentales, quelques que soit l'enseignement (de la plongée à ma salle de classe, en passant par le CEETS pour aller à l'école de pilotage, c'est la même, on explique comment un avion volle, comment l'air se contracte, l'organisation réagit à un changement ou l'utilisation du couteau, on comprend tous mieux quand on décolle, qu'on joue avec un ballon de baudruche, qu'on lit un article de presse qu'on analyse, ou quand on se coupe pas en faisant des copeaux, mais c'est pas l'un ou l'autre le plus utile, c'est les 2 ensemble et répétés).

Conséquence : soit on alterne aspect théorique / aspect pratique, soit on favorise l'induction, soit la déduction, peut importe, mais la clé réside dans le nombre d'échange, de répétitions, ce que j'appelle modestement la marteauthérapie (visuelle (LATCH) auditive (bruit / sons / intonations...) Tactile (manipulation, travail sur un matériel...).

3. pour cela l'enseignant doit s'adapter à ses apprenants, c'est à dire les considérez, les aimer, et surtout savoir ce qui fonctionne, fonctionne pas, et voir s'ils ont des pistes d'améliorations. Ça marche aussi avec des gamins. Ce "feed back" marche aussi dans l'autre sens, de l'enseignant vers l'apprenant et doit être constructif et permettre d'avancer, pas de trancher définitivement.

Conséquence : l'évaluation, c'est pas de la m*rde, sauf si elle sert juste à "trancher", elle marche aussi dans les deux sens. Par exemple, là où j'enseigne, si l'on attribue des notes aux apprenants, les apprenants nous notent aussi sur pas mal de critères et proposent aussi un commentaire sur l'expérience d'enseignement.

Après on peut tirer beaucoup de conclusion à cela, mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine, etc, etc. Mais le reste c'est que de la sauce et dépend de l'objectif. Il se peut que, dans un contexte précis, je préfère avoir des "têtes bien pleine" que des têtes bien faites, mais si, je ne suis personnellement pas d'accord et qu'il vaudrait mieux foutre des robots. Le modèle de société est important, mais c'est en amont de ce débat. Aussi, s'il est explicite on peut parler, sinon on ne peut pas.

03 octobre 2013 à 21:30:26
Réponse #80

Bonux


Bonjour,

je vous propose 2 vidéos dans le sujet :

http://www.youtube.com/watch?v=qTKEBygQic0
La 1ere est en anglais et dure un peu de plus de 10 min.
Benjamin Zander est un chef d'orchestre, prof de musique, et conférencier sur le leadership, j'ai trouvé génial son bouquin "the art of possibility".
Pour la notation, il donne A (20/20) au 1er cours, à condition que les élèves lui écrivent une lettre datée de la fin de l'année où il écrivent "Cher Mr Zander, J'ai eu 20/20 parce que..." et où ils décrivent ce qu'ils auraient fait pour mériter cette note.

http://www.youtube.com/watch?v=ACxRSSkYR_k
La 2nde est en français et dure 2h50.
C'est une conférence gesticulée de Franck Lepage. Dans cet espèce de one man show (à mi chemin entre la pièce de théâtre et la conférence) il décortique le fonctionnement du système éducatif français sur la métaphore du parapente.

A 1h11min30s, il y a un passage sur la notation, et notamment le concept de la constante macabre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Constante_macabre

[HS]Pour info il y a d'autre confs gesticulées sur d'autre sujets, c'est en général très instructif.
Celle sur l'idéologie médicale, entre autres, mérite le détour pour comprendre le système de santé.
http://www.youtube.com/watch?v=s9aInd_BO8Y
http://www.youtube.com/watch?v=_6bQtHafQ74
[/HS]


04 octobre 2013 à 08:03:25
Réponse #81

Bison


Bonjour,

Citation de: Dalz
Conséquence : soit on alterne aspect théorique / aspect pratique, soit on favorise l'induction, soit la déduction, peut importe, mais la clé réside dans le nombre d'échange, de répétitions, ce que j'appelle modestement la marteauthérapie (visuelle (LATCH) auditive (bruit / sons / intonations...) Tactile (manipulation, travail sur un matériel...).

3. pour cela l'enseignant doit s'adapter à ses apprenants, c'est à dire les considérez, les aimer, et surtout savoir ce qui fonctionne, fonctionne pas, et voir s'ils ont des pistes d'améliorations.

J'aime bien cette idée de "marteauthérapie", la multiplication des approches, des angles d'attaque, les répétitions. "Il faut oublier deux fois pour vraiment retenir à la troisième fois" ... Et puis, à un certain âge, on comprend, on retient, et on oublie rapidement si on ne pratique pas, quel que soit le nombre de cycles! En fait, les vieux font rapidement le tri entre les points clés et les détails inutiles.

On ne s'adresse pas à un matheux comme on s'adresse à un littéraire.
Si on a les deux dans la classe, il faut expliquer - si on en est capable - dans les deux "langages". Il y a des manuels et des théoriciens, il y a des mémoires visuelles, des mémoires auditives et des mémoires gestuelles ...

On ne s'adresse pas à des gens d'expérience comme on s'adresse à des gens sans expérience dans le domaine dont il est question.

Un apprenant n'est pas l'autre ...

Ce qui m'a le plus frappé :  la diminution, avec l'âge, de la capacité à apprendre. Plus spécifiquement, à apprendre l'habilité, le coup d'œil, à bien doser une réaction. A changer ses habitudes, aussi ...

Bref, pour l'enseignant, être capable de pédagogies multiples est un atout.
Mais ce n'est pas donnée à tout le monde, et ce n'est pas toujours applicable.
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

06 octobre 2013 à 16:08:40
Réponse #82

Manengus


 
faudrait peut être pas abusé non plus. tu crois vraiment que c'est l'école qui formatte les gens ??? ça serait peut être bien aussi de ne pas oublier que les profs ne sont pas des éducateurs, c'est pas à eux d'ouvrir les gamins à la vie. ils ont des parents pour ça...

 Ho bah avec un rapide calcul on se rend compte qu'on passe quand même entre 20 et 30h par semaine à l'école pendant grosso modo 15 ans des premières années de sa vie. Vu le poids énorme de cette période dans la formation de sa personnalité il me semble pas idiot de penser que l'école peut avoir un impact important.

 Après est ce que l'école doit être uniquement un distributeur à connaissances certifiantes destinées à un futur métier ou pourraient on aussi la penser comme un lieu privilégié ou se retrouve tous les individus d'une société ? Moi ça me semble être un cadre génial pour éveiller les conscience et cimenter le lien social au contraire  :)


 Pour revenir au sujet et particulièrement celui du lien entre pratique/théorie et apprentissage par le corps, j'avais dit que je filerais des ref donc voici un bouquin qui détail pas mal le principe.

 "Apprendre par corps" de Sylvia Faure

 Deux liens qui synthétisent bien l'ouvrage :
http://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2003-1-page-189.htm

http://socio.ens-lyon.fr/agregation/corps/corps_fiche_faure.php

 Dans le second la partie 6 sur la sensation et la prise de conscience est particulièrement intéressante.
 
Citer
Dans ses premières interprétations du rapport entre le corps et le langage, Pierre Bourdieu estimait que comprendre (et apprendre) avec son corps se fait en deçà de la conscience, dans une communication silencieuse. L’étude des situations d’apprentissage de la danse montre, au contraire, l’importance de la participation du langage dans l’incorporation. Par ailleurs, la " prise de conscience " est une dimension non négligeable de l’apprentissage. Parce qu’elle est moins le résultat d’une compréhension individuelle que d’une appréhension collective du corps dansant, la " prise de conscience " corporelle s’apprend dans les rapports pédagogiques et après quelques années d’expériences. Elle se réalise à travers l’acquisition de savoir-faire mentaux et corporels particuliers, , comme " l’écoute " de soi et des autres – comme disent les danseurs – c’est-à-dire la capacité à reconnaître et à interpréter les indices sensitifs, perceptifs et visuels de " l’état de corps " à partir duquel sont réalisés les mouvements.

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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