Bonjour,
Je ne voudrais pas aborder ici le sujet de la réintroduction du loup dans nos montagnes. Et je n'ai pas d'avis tranché sur le bien fondé sur "l'autorisation du tir du loup" ni même sur sa réintroduction.
C'est un sujet compliqué et il est difficile d'émettre un avis sérieux quand on n'est pas une "partie prenante". Être "pour les loups" quand on ne subit aucun inconvénient est une position aisée. De même être "contre le loup" quand on en subit directement les inconvénients est compréhensible...et ce n'est pas facile de sortir de cette situation. Je constate souvent cela au sujet des ours dans ma région.
En revanche, je m'étonne qu'il semble aller de soi que le faire exécuter les tirs de sélection par les agents de l'ONCFS c'est mieux et surtout plus "normal" que par les chasseurs locaux.
Il est difficile d'argumenter après l'excellent post d'outdoorsman (que j'ai le plaisir de connaitre IRL) qui explique clairement la situation. Mais je voudrais tout de même apporter un éclairage un poil différent.
- La présence du loup, si elle n'a pas de prix pour certains, a un cout pour tous. Il le semble aller de soi qu'en ces temps difficiles sur le plan budgétaire ces couts soient pris en considération par nos représentants politiques. De même si des élus locaux prennent en compte l'avis des gens qui les ont élus, cela me semble normal et je dirais même sain.
- La tir du loup demande une expertise, du temps et des effectifs. Je ne suis pas certain que l'ONCFS puisse répondre à toute ou partie de ces demandes.
- Par chez moi (donc le SO, je ne préjuge pas de la situation des Alpes), les chasseurs sont la plus part du temps des locaux regroupés au sein d'association locales.
Ils connaissent particulièrement bien leur territoire.
Ils sont souvent expert dans ce domaine précis : la chasse.
Non seulement ils agissent gratuitement, mais en plus ils sont contributeurs nets.
- Culturellement, les chasseurs on toujours joué localement un rôle de "protecteur des troupeaux contre la faune sauvage" dans un cadre d'économie pastorale. On peut discuter du bien fondé de cette pratique mais elle est ancrée. La population locale leur attribue donc (et exige) souvent ce rôle.
- Dans chaque groupement de chasseur il existe un "lieutenant de louveterie" dont la fonction historique était justement de coordonner les actions de régulation contre le loup.
De nos jours c'est surtout un titre honorifique, il n'en reste pas moins qu'il a la possibilité de mobiliser immédiatement l'ensemble des chasseurs pour une action donnée (action bien sûr légale et en accord avec les autorités). Tout chasseur se doit de répondre à cette demande.
Il apparait que des structures spécialisées dans l'élimination des loups (et des autres perturbateurs de l'économie locale) existent depuis fort longtemps. Elles sont ancrées dans la culture de ces régions et ont prouvé par le passé leur efficacité. Ne pas y avoir recours, encore plus au profit d'un système couteux, est donc automatiquement très mal perçu par les groupes locaux.
Voilà, je voulais préciser ce cadre. Il ne me semble donc pas anormal que la puissance publique se repose sur lui. Il existe, il est légitime, il a fait amplement ses preuves et il est parcimonieux des deniers publiques.
Pour la suite du débat, ce serait encore mieux si on pouvait éviter les clichés du type "tous bourrés : ils vont défourailler partout"...qui souvent ont la même pertinence que ceux émis par les mêmes chasseurs ruraux sur les parisiens ou les banlieusards et qui, au final, reflètent surtout une grande méconnaissance.