Ce sujet aurait pu s'intituler "Le (presque) meilleur abri de l'univers avec une space blanket" mais il y a déjà deux moniteurs mégalomanes qui l'ont copyrighté.
Présentation :Je vous présente un montage tout fermé en forme de tétraèdre que j'ai testé à plusieurs reprises ces dernières années lors de mes tentatives plus ou moins pitoyables de bivouac à l'arrache sans sac de couchage. Jusqu'à présent, je l'utilisais toujours avec un poncho mais je n'avais jamais eu l'idée d'essayer avec une space blanket, considérant qu'elle ferait un abri trop petit. Et pourtant...
J'ai profité d'une
belle journée
pour un mois de novembre printanière pour vous faire quelques photos plus évocatrices qu'un long discours.
Ce montage ne nécessite qu'un minimum de matériel, à savoir 4 sardines, quelques mètres de cordelette et mon bâton de marche en noisetier (on peut s'en passer si l'on dispose d'un point d'attache haut). A défaut de sardines, il suffit de tailler quelques piquets sur le terrain qu'on attachera avec de la cordelette aux quatre coins de la couverture (J'ai quatre brins de paracorde d'un mètre fixés à demeure sur chaque oeillet).
Le montage est ultra-rapide et ne prends que quelques minutes : on étale la couverture, on plante deux sardines dans les oeillets d'une largeur en tendant bien la toile. On tire sur l'autre extrémité en rapprochant les deux bords, afin de tracer un triangle au sol et on fixe le tout avec une ou deux sardines supplémentaires. Au milieu de la largeur (ie le sommet de l'abri), on attache la cordelette avec un noeud coulant entourant un petit caillou ou n'importe quoi d'autre.
En se servant du bâton ou d'un point d'attache en hauteur (branche d'arbre), il ne reste plus qu'à fixer l'autre extrémité de la cordelette à l'aide d'un noeud tendeur pour obtenir une belle forme géométrique. C'est un montage très simple en pratique, plus rapide à faire qu'à expliquer !
Ce type d'abri présente l'intérêt d'offrir une protection maximale contre les éléments. Son volume réduit, associé au revêtement aluminisé des parois permet de réfléchir les IR et de conserver la chaleur corporelle à l'intérieur de l'abri. Cela fonctionne d'autant mieux qu'on aura pris soin de plaquer les bords de la space blanket au sol et veillé à trouver un spot le plus à l'abri du vent. On peut si nécessaire colmater l'ouverture verticale avec du tape, d'autant qu'on a vite fait de provoquer une entrée d'air en remuant un peu sous l'abri.
On peut améliorer les performances thermiques de l'abri avec une bougie chauffe-plat. L'inconvénient, c'est qu'elle pose un problème de sécurité pour la personne qui risque de la frôler en
dormant somnolant. Egalement, le moindre choc peut renverser la cire devenue liquide, éteignant la bougie et vidant son contenu, la rendant inutilisable. Quelques piquets de bois plantés dans la partie haute de l'abri, derrière la tête du dormeur, sont une solution envisageable. On peut en mettre plus pour protéger des courants d'air éventuels en créant une petite palissade. On peut aussi se servir de toute pièce d'équipement adéquat, pare-vent de réchaud ou mug comme sur la photo... Je me suis amusé à tester ce chauffage d'appoint en restant une heure dans l'abri avec la bougie allumée. Je n'avais pas de thermomètre avec moi et c'est dommage mais j'ai été surpris par l'écart de température avec l'extérieur quand j'ai ouvert l'abri. Le gain est vraiment intéressant !
Avec une durée de fonctionnement de trois ou quatre heures, deux ou trois bougies devraient donc permettre de s'assurer une nuit sinon confortable, du moins supportable, selon les conditions météo du moment, l'état physique de l'intéressé, son habillement et le reste de son équipement disponible.
Le pan ouvert permet de se glisser dans l'abri sans trop de contorsions. Il est possible de tendre le pan vers l'extérieur à l'horizontal pour se constituer un auvent : il permet de casse-croûter ou de se chauffer de l'eau avec son réchaud (j'ai oublié de faire la photo). Il est possible dans cette configuration de profiter de la chaleur d'un petit feu avec réflecteur. Si on manque de combustible pour l'alimenter toute la nuit ou si on se prend une grosse drache, il suffit de fermer les écoutilles en rabattant le pan.
La place à l'intérieur est plutôt réduite (euphémisme) et on aura avantage à dormir en position foetale. Il y a néanmoins suffisamment de place pour qu'une personne de 1,80 m s'allonge complètement sous cet abri, en touchant l'extrémité de la toile avec les pieds (je mesure 1,79 m). Il ne faut pas non plus être d'un gabarit trop imposant car la largeur aux épaules est restreinte, compte tenu de la forme triangulaire de l'abri. Avec ses dimensions XXL, une couverture de survie suisse (2 m x 2,50 m) offrira une alternative convenable au plus grands et/ou aux plus costauds, moyennant le bricolage de points d'attache inexistants.
Test : J'avais eu l'occasion de tester ce type de montage ces dernières années avec différents ponchos mais je n'avais jamais essayé avec une space blanket, qui me servait surtout de couverture. C'est chose faite depuis la semaine dernière. Profitant d'une météo digne d'une mois d'octobre (petit vent froid et dans les 7°C durant la nuit), j'ai passé une nuit dans le pré derrière chez moi, par sécurité en cas de pépin et parce que je m'y suis pris au dernier moment.
Habillement : pour plus de réalisme, j'ai remis ce que j'avais effectivement sur moi lors d'une ballade effectuée durant la journée. De bas en haut :
- bottes caoutchouc Aigle Parcours
- chaussettes hautes en laine majoritaire D4 Solognac (modèle chasse)
- boxer synthétique
- pantalon Columbia en coton
- tee-shirt synthétique D4 manches courtes premier prix
- polaire basique D4
- shemagh autour du cou
- bonnet polaire D4
Fond de sac : idem, je n'ai utilisé que ce que j'avais avec moi durant la journée :
- Poncho Todomodo XL ripstop : plié en deux pour me servir de couverture. (avec les ponchos, je suis comme un peu Karto et ses sacs à dos, ça varie selon l'humeur et mes réflexions du moment. Depuis j'ai repris le BW )
- Space blanket (logique vu que c'est un peu le thème du topic
)
- Hamac filet (pas servi)
- Matelas Pacific Outdoor Equipement Uber Mountain : c'est un modèle minimaliste avec sa taille de 43 x 94 x 3,8 cm, d'un volume replié très réduit (23 x 10 cm) pour 283g et surtout, un matelas 4 saisons avec un excellent R-value compris entre 3,5 et 5. Sa couleur orange est un plus pour la sécurité.
Je l'avais acheté à l'époque du projet escape cube en profitant d'une grosse remise chez Ultralight Outdoor Equipment (29 £). Je voulais un matelas utilisable en cas d'urgence, avec un bon R-value, mais de faible poids et encombrement afin de le garder sans rechigner au fond de mon sac. En effet, je me promène toujours seul et le risque principal que j'ai identifié, c'est l'accident (entorse, fracture) qui m'immobilise et m'oblige à patienter sur place jusqu'à l'arrivée des secours. Dans ces conditions, pas question d'envisager de me poser dans mon hamac, ni de passer une heure à constituer un matelas végétal, donc j'ai choisi de toujours avoir avec moi un moyen de m'isoler du sol par temps froids. En cas d'accident de ce genre, je sors le matelas, je m'affale comme je peux, je me couvre avec ma space blanket tant bien que mal et j'attends les secours sans trop souffrir du froid. Par des températures plus clémentes, un bout de mousse retaillé fait l'affaire.- Poche à eau Ortlieb 4L avec bouchon MSR (étanche celui-là) : elle m'a servi d'oreiller gonflable
- 2 chaufferettes 12H de chez D4 : la notice déconseille de les plaquer directement sur la peau pour éviter les brûlures mais elles ne chauffent pas tant que cela en réalité. Font tout de même ce qu'on leur demande : réchauffer le bonhomme tout une nuit.
- trucs divers et sans intérêt ici...
J'étais très confortable durant les trois premières heures, puis franchement limite confort ensuite (comme ils disent pour les sacs de couchage). Mais ce n'était pas la faute de l'abri. Après minuit, le vent a tourné plusieurs fois et a commencé à souffler par périodes à travers la fente verticale de l'abri derrière ma tête. Comme j'oublie toujours un truc, je n'avais pas de tape avec moi et je n'ai pas pu colmater l'abri comme je l'aurai voulu. Je n'avais pas non plus de vêtement à capuche pour me protéger la nuque. Je me suis contenté de m'entourer la tête avec mon shemagh, non sans certaines difficultés, vu le manque de place. Je n'avais pas non plus de bougie cette nuit-là donc j'ai sorti une chaufferette que j'ai plaqué sur le ventre sous la polaire et ça m'a permis de finir ma nuit tant bien que mal. À noter aussi que depuis deux ans, mon métabolisme a sérieusement diminué (bientôt 48 ans). Je dois exécuter un paquet de séries en muscu avant de lâcher une goutte de sueur, alors qu'avant il me suffisait de trois minutes de vélo à rythme pépère. Donc je ne suis pas un bon modèle expérimental.
Conclusion : c'est amha un excellent abri d'urgence, facile et rapide à monter et demandant peu de moyens (La space blanket est en effet une pièce d'équipement "PERLE" d'usage très répandu et facile à se procurer). Ce montage est idéal pour les hobbits (
), un peu moins pour les plus grands, à éviter pour les gros costauds. Il offre l'avantage d'une totale protection contre la pluie et le vent (modulo le problème de la fente verticale) et est utilisable quand on ne peut pas faire ou entretenir de feu toute une nuit.
Pour reprendre la notation de
l'excellent fil de diesel, je mettrais :
Protection à la pluie 5/5
Protection au vent Vent 5/5
Espace disponible 1,5/5
Utilité réelle 5/5 (faute de solution plus adaptée ou confortable !)
C'est à vous pour les insultes et les critiques !