[..] mais là tu as le soleil qui tape, le facteur temps est donc important à prendre en compte. Quoique tu fasses, à 40°C tu vas transpirer, il serait intéressant de mesurer la différence de perte entre marche douce et marche soutenue, mais je ne pense pas que la différence soit énorme.
Dans la limite de ses capacités physiques donc, il peut être intéressant d'accélérer un peu le rythme ou à minima de ne pas multiplier/allonger les pauses (ce qu'à fait Soldmac) afin de minimiser l'exposition et au final la consommation en eau.
En lisant cela, j'ai tout de suite été tenté de mettre le problème en équation.
Pas difficile, mais hélas plein de paramètres restent inconnus pour "chiffrer" de manière absolue.
Le premier de ces paramètres concerne la perte au repos : transpiration pour rester à 37° alors que la température extérieure est à 40-45°.
La consommation horaire d'eau de refroidissement est logiquement proportionnelle à la "surchauffe" de l'air ambiant. Ce sera en fait très variable suivant d'autres facteurs physiques et physiologiques :
- suivant les "protections", en particulier en cas de frappe directe du soleil ;
- suivant les individus (surface à refroidir, notamment);
- mais, aussi, pour un individu donné, suivant humidité de l'air et la ventilation.
S'il fait humide et peu ventilé au niveau de la peau, la transpiration sera moins efficace, on transpirera plus plus pour le même refroidissement. Cela peut expliquer le fait qu'en désert "sec" (cas habituel), on transpire moins (à température égale), donc on a moins besoin d'eau.
Un peu paradoxal mais c'est pour cela que cela vaut la peine de le souligner ...
Peut-être JJ apparaîtra-t-il moins "surhomme" en prenant cela en considération?
En tous cas, il serait dangereux, pour JJ, d'extrapoler son expérience du désert à un contexte de climat chaud et humide.
Pour chiffrer de manière relative, c'est finalement facile et cela pourra choquer plus d'un. Amis MULS, accrochez vous!
Il y a l'équation du temps, de la consommation en fonction de la vitesse de progression, et en fonction de la charge transportée. C'est simplissime, même sans formule!
Le supplément (par rapport au repos) de la consommation horaire en fonction de l'allure "rapide" ou non de la marche normale, il doit y avoir des études là-dessus, du moins au niveau des sportifs. En première approximation, cela doit être à peu près proportionnel à la puissance fournie pour marcher, pour grimper.
En réalité il doit y avoir un rythme, une allure où les muscles et l'organisme en général ont un rendement optimal puissance fournie/puissance consommée. Pour information, ce rendement serait de l'ordre de 25%. Bref il y a environ 75% de puissance consommée qui est gaspillée en chaleur, et il faut se refroidir en fonction de cette chaleur dégagée par le métabolisme. Là encore un athlète affuté peut améliorer son rendement de différentes manières, mais il gagnera difficilement 5%.
Supposons que chacun, athlète ou promeneur du dimanche, connaisse son meilleur rythme à l'effort et qu'il se "cale" sur la fréquence cardiaque correspondante.
Comme en règle générale un optimum de rendement s'étale sur une certaine plage d'effort, on peut fonctionner un peu plus dur ou un peu moins dur sans que ce rendement ne varie d'une manière significative.
Je vais un peu plus vite, je consomme pratiquement la même chose au total, et je reste moins longtemps exposé à la chaleur : je suis gagnant. De combien? Inchiffrable, vu les inconnues relatives à la transpiration "à l'arrêt". "Mathématiquement", si je pouvais "exploser" mon effort, foncer à la vitesse de la lumière sans compromettre mon rendement, le plus vite serait tout simplement le mieux.
Je suis cependant limité par :
- ma "puissance maximum continue"
- la détérioration du rendement en dehors de ma plage de fonctionnement idéal
- le risque de désydratation si j'ai besoin de plus d'eau que je ne peux en absorber, même si j'en dispose dans mon sac.
On peut imaginer que par l'entraînement, ces limites peuvent être repoussées plus ou moins loin.
Mais ... il y a un point de vue qui reste à explorer :
Comprendre et estimer la "surconsommation" due au poids. Là, ce n'est pas trop difficile, en particulier en montée : l'effort à produire est proportionnel au poids à vaincre. Là, encore, on voit qu'il n'y a pas beaucoup de marge, pour un individu donné. Si on compare un individu de 70kg chargé "léger" à 3,5 kg et un autre chargé relativement lourd (pour une sortie à la journée) à 7 kg, la différence est de 5%.
Parce que c'est le poids total qui est à prendre en compte!Si il veut rester à son rythme optimal, le marcheur "lourd" - celui qui est en surpoids de 5 % - doit simplement ralentir de 5%. Et donc marcher 5% plus longtemps, en consommant chaque heure la même quantité d'eau et la même quantité de calories)
Il aura donc besoin de 5% d'eau en plus pour atteindre son objectif en restant correctement hydraté.
Bref, on va dire que si JJ avait pris 6 litres d'eau au lieu de deux lors de ses étapes désertiques, il lui aurait suffit de réduire son allure de 5 % pour rester "bien" sans même entamer son eau supplémentaire. Et, pour la même fatigue, la même consommation d'eau et de calories en fin de journée, il aurait parcouru 57 km au lieu de 60 dans le même temps.
MAIS, il aurait peut-être pu mieux s'hydrater avec ces quatres litres supplémentaires et en fin de compte, et aller jusqu'à 70 voire 80 KM?
Qui le sait? Il faudra le recommencer ce PCT, en remettant peut-être en question cette quête prioritaire du poids minimal ...
En clair,
1. JJ a raison sur ce point : Faut pas traînailler quand il fait vraiment chaud.
2. Les lois de la physique disent que l'on peut s'alourdir raisonnablement de quelques % sans compromettre la performance, sans être obligé pour cela de se traîner.
On ne gagne donc pas grand chose dans le timing à s'alléger d'un ou deux kilos d'eau, on ne perd rien grand chose en prenant un ou deux litres en plus ...
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Cela vaut-il la peine de calculer son eau au plus juste? NON
Bien se connaître, reconnaître le contexte, progresser à un rythme optimal, s'hydrater confortablement en conséquence ... c'est BIEN.
Et prendre une réserve raisonnable, un extra "au cas où", c'est globalement une pratique très recommandable.
Parole de survivor des airs.