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Auteur Sujet: T'as froid aux pieds, mets un bonnet  (Lu 15318 fois)

11 novembre 2012 à 16:47:10
Réponse #25

Kilbith


Yep. Et puis on produit de la chaleur par unité de volume (masse) et on la disperse par unité de surface (peau). Du coup une sphère (petit gros ;#) a un ration volume/surface avantageux pour éviter de perdre de la chaleur par rapport à un grand rectangle (grand mince).

a+

C'est une des explications (purement basée sur la physique) qui explique que les enfants sont plus sensibles aux refroidissements que les adultes.



Il existe d'autres raisons de nature anatomique : régulation de l’homéothermie moins fine et proportion tête/corps différente de celles des adultes.




source intéressante : SFETB http://www.sfetb.org/index.php?rub=textes-officiels&art=doc_ref_3


A cela s'ajoute des différences comportementales : les adultes marchent rarement sciemment dans les flaques d'eaux par exemple. Et des raisons socio économiques : l'équipement des enfants est souvent d'une qualité moindre ue celui des adultes. Et puis l'expérience est souvent moindre par définition.

rien n'est simple... :)
« Modifié: 11 novembre 2012 à 17:08:01 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

19 novembre 2012 à 22:02:26
Réponse #26

Kilbith


Bonjour,

Je suis sûr que presque tout le monde a déjà entendu cette phrase. Selon moi, elle est pleine de bon sens et m'a paru se vérifier de nombreuses fois.
Cependant, en parcourant le site tatoufaux, j'ai eu la surprise de tomber sur un article mettant à mal cette "sentence historique"  :o:

http://tatoufaux.com/?Nous-perdons-beaucoup-de-chaleur

J'ai déjà lu de nombreux post concernant le froid sur le forum (dont le très bon exposé de Guillaume), mais je n'ai pas vu de discussion abordant explicitement ce point.

Que pensez-vous de cet article?

Je vous remercie.

Leksos

Il y a quatre ans, ce sujet (plutôt l'article original) est traité de façon intéressante sur Back Packing Light ici : http://www.backpackinglight.com/cgi-bin/backpackinglight/forums/thread_display.html?forum_thread_id=17428
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

01 décembre 2014 à 19:37:52
Réponse #27

Kilbith


Bonjour,

Je partage avec vous, toujours sur ce sujet, l'analyse de Richard Nisley sur BPL :

Ici le 07/31/2008 : https://www.backpackinglight.com/cgi-bin/backpackinglight/montbell_alpine_light_spotlite.html#.VHyyNMkdiW8

Citer
The Cocoon pullover provides 7% less body surface area coverage than the Parka. Non hypothermic environments would result in this garment providing a 10% commensurate reduction in warmth. In hypothermic environments this garment would provide 55% less warmth than a hoody.

The body’s primary defense against the cold and hypothermia is vasoconstriction of the peripheral circulation from the normal ~ 4 quarts/min. to .02 quarts/min (99% reduction). This shunts blood to the core and reduces circulation to the skin. The blood flow to the brain does not change as the demand for oxygen is constant. If you continue to loose heat and begin to shiver, you are doing a special case of exercising. The shivering muscles increase metabolic demand and cardiac demand so you increase your cardiac output and the % of blood heat loss through your head to about 55%.

In summary:
- When not shivering, the heat loss from the head’s 7% body surface area is ~10% of the body’s total heat output
- Shivering increases heat output ~ 5x
- Shivering increases head and neck heat loss (10 X 5 = 50) to ~55% of your body’s total

Il s'agit d'une comparaison de l'efficacité thermique d'une veste selon quelle comporte une capuche ou pas. La réponse est transposable au bonnet (même si le bonnet ne va recouvrir que 4% de la surface, le raisonnement est le même).

La traduction donne approximativement:
Citer
Le pull Cocoon (ouate synthétique 60g) sans capuche fournit 7% moins de couverture de la surface du corps que la parka avec capuche. Dans des conditions normales, sans hypothermie, ça se traduirait pour ce vêtement par une réduction proportionnelle de 10% de la chaleur. Pour quelqu'un en hypothermie, ce vêtement offrirait 55% moins de chaleur que le modèle à capuche.

Le principal moyen de défense de l'organisme contre le froid et l'hypothermie est une vasoconstriction de la circulation périphérique. Elle passe d'environ 4 litres/min en conditions normales à de 0,02 litres/min (réduction de 99%).
Cette vasoconstriction dirige le sang vers les organes internes (le tronc) et réduit la circulation périphérique de la peau. En revanche, la circulation sanguine vers le cerveau ne change car la demande en oxygène du cerveau est constante.
Si vous continuez à perdre de la chaleur et que vous commencez à frissonner, le cas est encore différent. Les muscles mobilisés par le frisson augmentent la demande en oxygène et la demande cardiaque augmente aussi. Si vous augmentez votre débit cardiaque,  le pourcentage de sang envoyé vers la tête augmente et donc la perte de chaleur par la tête augmente jusqu'à environ environ 55%.

En résumé:
- Lorsqu'on ne frissonne pas, la perte de 7% de la protection de la surface du corps correspondant à la tête (absence de capuche) entraine une perte thermique d'environ 10% de la production totale de chaleur du corps.
- Frisonner augmente la production de chaleur d'environ 5x
- Frisonner augmente la circulation et donc les pertes au niveau de tête et du cou  (10 X 5 = 50) à environ 55% du total de votre corps

Donc un bonnet, c'est utile. Et c'est extrêmement utile quand il fait froid et que l'on se dirige vers l'hypothermie (début des tremblements).

Selon cet auteur habituellement très bien informé : Sans bonnet on passe les phases préliminaires de l’hypothermie bien plus facilement pour s'avancer vers l'hypothermie profonde, qui est rapidement fatale sur le terrain.

 :)
« Modifié: 02 décembre 2014 à 11:33:11 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

03 décembre 2014 à 08:10:28
Réponse #28

guillaume


Très intéressant, merci !

Je suis d'accord avec l'auteur concernant le fait que les déperditions de chaleur par la tête (et le cou) sont proportionnellement plus importante lorsqu'on est en vasoconstriction.

Cependant, bien que son chiffre ne me paraisse pas hallucinant (55%), la façon dont il l'explique me plait moins, il mélange la production de chaleur et les pertes thermiques.

De plus, il arrive qu'une victime d'hypothermie ne frissonne pas du tout (activité intense par exemple). Pourtant, la vasoconstriction étant tellement importante que la tête (et le cou !) deviennent les principales sources de pertes.

a+

03 décembre 2014 à 10:15:11
Réponse #29

Kilbith


Cependant, bien que son chiffre ne me paraisse pas hallucinant (55%), la façon dont il l'explique me plait moins, il mélange la production de chaleur et les pertes thermiques.

Ce n'est pas une référence absolue, juste un point supplémentaire.  ;)

Ce qui compte, c'est de réaliser que la perte est importante. Elle va varier selon l'âge (enfant, adulte, chauve ou pas...) et les conditions (ex : le vent est plus fort à 2m de haut qu'au ras du sol).

L’intérêt de la contribution de Nisley c'est de combiner une analyse de thermicien (ce qu'il semble être) avec des considérations physiologique.

*On a une prise en compte de la surface réelle de la tête. Les analyses de thermicien s'arrêtent là. Et encore on modélise la tête par une sphère ou un cylindre ce qui n'est qu'une approximation.

*On analyse l'effet de la vaso-constriction périphérique (qui n'a pratiquement pas d'effet sur la tête).

*On prend en compte l'effet d'une activité musculaire qui va augmenter le débit sanguin, mais beaucoup plus au niveau de la tête du fait de l'absence de vaso constriction importante.
Ici on utilise l'activité du aux tremblements caractéristiques du premier/second stade de l'hypothermie (mais comme tu le soulignes pas toujours présent). Mais, AMHA, le résultat serait proche si c'était des exercices destinés à se réchauffer (course,  marche, squat, contraction abdominale, respiration abdominale forcée ou exercices statiques mobilisant de gros groupes musculaires selon que l'on veut en plus minimiser les pertes par convection ou pompage).

Il n'aborde pas d'autres points. La facilité de régulation qu'offre une capuche ou un bonnet. Ou bien encore les pertes consécutives à la respiration (environ 10% des pertes totales en ambiance froide) qu'une capuche ou un bonnet bien utilisés peuvent contribuer à minimiser.

Sans compter que lorsqu’on est exposé au froid, on a tendance à moins couvrir le visage et même la tête pour des raisons pratiques ou culturelles.

Bref, on n'a pas de "solution" mais petit à petit on progresse dans la compréhension des mécanismes, et donc des solutions pratiques en situations inhabituelles (certains diraient "de survie").   :closedeyes:
« Modifié: 03 décembre 2014 à 10:35:55 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

03 décembre 2014 à 13:25:11
Réponse #30

guillaume


Tout à fait d'accord avec le fond de son raisonnement, que tu rappelles très bien.
Je pinaillais juste sur les chiffres.

Histoire d'enfoncer une porte ouverte, je rappelle qu'avoir bonnet + cagoule + capuche n'est pas du luxe quand il fait vraiment froid. Il m'est ainsi arriver de ne réguler ma température qu'en jonglant avec ces 3 items.

a+

03 décembre 2014 à 13:37:30
Réponse #31

Kilbith


Histoire d'enfoncer une porte ouverte, je rappelle qu'avoir bonnet + cagoule + capuche n'est pas du luxe quand il fait vraiment froid. Il m'est ainsi arriver de ne réguler ma température qu'en jonglant avec ces 3 items.

Sur les chiffes :
55%...pourquoi pas. Mais d'un autre coté tremblant dans le froid et aoilpé je ne pense pas que l'on puisse s'en sortir avec seulement un méga méga bonnet sur la tête.  ;#  ;)

C'est pourquoi je préfère dire : c'est important, plus que la surface que représente la tête. Et plus on va vers l'hypothermie plus c'est important.

Le passe montagne fin, c'est quelque gramme dans la poche et un apport thermique++. Et dans une ambiance très froide cela évite d'y laisser des bouts d'oreilles, de pommettes ou de nez. Le rapport poids/chaleur est énorme et en terme de sécurité c'est ++. Et c'est polyvalent un passe montagne (tour de cou, bonnet, la nuit dans le sac...).

Sinon, j'ai la même expérience que toi. Il m'est arrivé d'être à la chasse par 5°C à l'ombre durant pusieurs heures et bien que je sois amplement couvert, je ne pouvais me réchauffer QUE si je prenais un passe montagne (bien plus efficace que de mettre un pull supplémentaire). Je ne m'explique pas vraiment pourquoi...

         ...peut être que c'est tout simplement comme fermer la porte de la maison en hiver, c'est bien plus efficace que de pousser le chauffage à fond, et plus efficient

 :)



"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

04 décembre 2014 à 16:41:39
Réponse #32

Phil67


Sinon, j'ai la même expérience que toi. Il m'est arrivé d'être à la chasse par 5°C à l'ombre durant pusieurs heures et bien que je sois amplement couvert, je ne pouvais me réchauffer QUE si je prenais un passe montagne (bien plus efficace que de mettre un pull supplémentaire). Je ne m'explique pas vraiment pourquoi...

         ...peut être que c'est tout simplement comme fermer la porte de la maison en hiver, c'est bien plus efficace que de pousser le chauffage à fond, et plus efficient
Autre piste : il me semble que la sensation de froid (ressenti subjectif) est fonction des différentiels de températures entre les zones périphériques et centrales du corps (référence à retrouver).

P.ex. les standards de "confort thermique" recommandent de ne pas dépasser 3°C de différence entre la température au sol (pieds) et à ~1m50 (tête).

Un différentiel trop important peut donc provoquer une impression de froid tout en étant globalement en équilibre thermique.

Rajouter un pull supplémentaire ne fait qu'augmenter le différentiel de température ressentie avec la tête non couverte.

C'est un peu le même problème en course à pied hivernale : on peut courir par températures négatives sans se refroidir avec un short, un maillot léger à manches courtes et un simple tour de cou fin, mais il faudra mettre des gants fins et éventuellement un bandeau pour ne pas avoir de sensation désagréable de froid (couvrir les "capteurs périphériques" : pieds, mains, front).


Remarque : Il y a tout de même une légère vasoconstriction et vasodilatation au niveau de la tête (cf. la "barre sur le front" et les maux de tête par grand froid).


EDIT:
Un peu de lecture au sujet du confort et de l'équilibre thermique humain avec de belles équations et abaques pour les amateurs ;) : http://iut-tice.ujf-grenoble.fr/tice-espaces/GC/thermique/chapA/0schap/confort.pdf
« Modifié: 04 décembre 2014 à 17:05:30 par Phil67 »
Nous avons deux vies, la seconde commence lorsqu'on réalise qu'on en a qu'une.

06 décembre 2014 à 00:46:31
Réponse #33

Suzanne


La sensation de froid est un domaine plus vaste que ce qu'on imagine je pense. Des vieux routards du froid savent que ça donne des aigreurs d'estomac...je l'ai entendu plusieurs fois, dans deux corps de métier différents et expérimenté. Pas un froid qui rend mal, un froid confortable quand même.
C'est riche de travailler avec des vieux. Peut être que ça peut être un signe qu'on se refroidi alors qu'on ne sent pas le froid. Ou un signe qu'on lutte trop. Je ne sais pas. Comme ça ne m'est arrivé qu'après une période d'adaptation, je pense que c'est quand on ne sent pas le froid avec sa peau.

 


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