Yeah, ça c'est raccoleur comme titre ! Diesel j'aurai ton audimat
Salut les copains
Parti dans les montagnes vendredi direct après le taf pour découvrir des coins nouveaux et surtout me sentir
vivre, j'ai vu sur la carte dans un endroit complètement improbable le long de la frontière franco-italienne une mention "caserne abandonnée". Voilà donc un objectif de balade décent. Je me mets en tête d'aller voir une fois de plus de quoi des mecs sont capables, où ils ont le courage d'aller construire un bâtiment et se peler de longs hivers dans le seul but d'assoir le pouvoir de dirigeants qui n'en ont rien à cirer d'eux. Comme disait un auteur que j'aime bien sans jamais rien en avoir lu :
Le devoir : aimer ce que l'on se prescrit à soi-même.Histoire de poser le contexte, là votre photographe se trouve au col près de la caserne. Vous me croirez facilement si je dis qu'il n'y a aucune route à proximité ; l'accès au col est certainement impossible même au plus tout-terrain des véhicules terrestres, à part des mules au pied particulièrement sûr.
Voilà le fortin. Je suppose qu'il était italien, mais à vrai dire je n'en sais rien de rien.
En face, à 150 mètres de là sur le même col, une espèce de guérite le regarde. Si le fortin était italien, alors cette guérite était peut être un position française ayant pour but d'inditimider les italiens
Vous voyez sur les photos qu'il n'y a pas vraiment de neige. En fait ce ne sont pas tellement les précipitations qui manquent, mais la neige ne reste pas car aussitôt déposée elle est soufflée par un vent très violent qui rend l'endroit bien rude. Les militaires s'étaient installés dans un des pires endroits de la montagne, un col battu par la "Lombarde", le puissant vent du nord glacé qui est redouté même au fond des vallées. Cette frontière témoigne de nombreuses frictions au cours de l'histoire. Depuis des ruines de châteaux forts jusqu'aux installations les plus récentes qui datent de juste avant 1940 ; ainsi on trouve des bunkers et des fortins dans des endroits étonnants. Nombre d'entre eux portent les stigmates laissées par des obus de petit et gros calibre, ils n'étaient pas là pour décorer le paysage ni dans le simple but d'affirmer une présence.
Trêve de géographie, une petite visite concrète s'impose, voir ce qui se cache derrière les volets ferrés garnis de meurtrières et essayer d'imaginer comment des gens y vivaient.
Toc toc toc...
La fortin aligne quelques pièces le long d'un couloir sombre. Des tuyaux marquent l'emplacement de dispositifs de chauffage qui ne sont plus là, des poêles à bois probablement. Dans certaines pièces on trouve des vestiges, tels ces armatures de lits superposés renvesées, sur lesquelles sûrement plus personne ne dormira avant longtemps.
Des installations sanitaires rudimendaires sont là, je suis impressionné par ces bassins et ces cuvettes en pierre massive. (les traces de pas sont à moi
je ne peux pas toutes les ramener à la maison)
Certains murs témoignent de passages et d'opinions, parfois on voit même une amorce de discussion
Ailleurs, un bric à brac de grilles et de vieilleries cassées s'entasse, des objets qui ont une fois aidé des gens à vivre ici, trop lourds pour être redescendus lors de l'évacuation du fort.
Bref, pour ce coup là il s'agit d'une fortification légère assez récente, mais ce n'est qu'un exemple parmis d'autres où des gens, pour des raisons quelconques, s'exilent dans des endroits rudes et vivent des mois ou des années partiellement coupés de la société. Je ne sais pas quelles étaient les durées d'occupation de cet exemple ci, j'imagine seulement.
Un peu plus bas, je tombe sur un muret et une meutrière. Rien d'autre autour, juste ce tout petit muret qui surveille le côté français (ou niçois, selon sa date de construction)... Fallait être motivé, surtout si l'assaillant arrivait jusque là le mec posté derrière cette meutrière n'avait absolument aucune retraite possible, derrière lui il n'y a qu'un terrain très escarpé et totalement découvert. C'était tue ou fais toi tuer.
Et pour le plaisir du paysage, voilà ce qui se trouve derrière cette meurtrière, vu d'un peu plus haut... quand je disais que le repli aurait été difficile :
Ce genre de trucs me laisse penseur sur la valeur d'une vie humaine au cours des temps. Aujourd'hui dans les pays industrialisés on ne sacrifie plus de vies pour des causes imaginaires, mais on sacrifie les esprits pour nourrir les fées consommation et finance, et presque tout le monde trouve ça complètement normal et n'imagine même pas qu'on puisse vivre autrement. J'ose espérer qu'on n'a pas fini d'évoluer...
Allez, moi je me regarde un coucher de soleil avant de planter ma guitoune, et j'emmerde le reste du monde juste pour un soir...