Posté par Acidkloridric Bonjour à tous !
Etant nouveau sur le forum, je pense que le mieux pour faire connaissance est de me lancer dans une série de photos exhibitionistes (non, n'ayez pas peur, je dis juste ça pour augmenter les stats du forum
).
Plus sérieusement, début mars je suis allé passer ma première nuit en forêt de l'année, évènement bien entendu couvert par une horde de photo-reporters composée de moi-même et de ma mégalomanie occasionelle :P
Bref, même si à la base je n'avais pas trop prévu de montrer ces photos, je me suis dit que finalement, autant faire partager ces courts moments...
Je ne suis pas fan des grandes sorties organisées depuis 3 moins avec du matériel high-tech, mais je pars le plus souvent sur un coup de tête avec le minimum de matos que je juge nécessaire; je fais ça le plus souvent à la belle saison, ne recherchant pas la difficulté mais plutôt le calme et la solitude.
Je suis parti de chez moi vers 15h, par beau temps, avec ce matériel de base :
couteau suisse, opinel, alumettes "tout-terrain", briquet (d'une part pour avoir un 2ème moyen de faire du feu, d'autre part pour empêcher ma soeur de fumer pendant une soirée, c'est toujours ça de gagné sur sa santé
), ficelle de cuisine, lampe de poche, 1 "couverture de survie" version supermarché, tablettes de purification d'eau, 1 paquet de mouchoirs en papier, 1 bougie, 1 boîte de conserve propre avec le bord élimé et une cuillère (pour la popotte), mon portable chargé et un livre : "Paradoxe perdu" de Fredric Brown (SF)
+ trousse de secours : lingettes de désinfectant et d'arnica, pansement compressif, gaze, bande, divers pansements, aspivenin
+ nourriture : 1 ration de petites pâtes, 1orange, 1 bouillon cube, sel, sucre, 2 sachets de thé, 3l. d'eau
+ sac de couchage, T-chirt et chausettes de rechange
Le tout emballé dans des sachets plastique, 1 sac poubelle et du papier journal, et tenant dans un vulgaire sac à dos, reliquat de mes années de lycée...
Temps de préparation : moins d'une heure. Le temps de laisser un ptit mot avec mon plan de route approximatif et me voilà parti dans les collines provençales ! 8-)
Après quelques heures de marche, je fais une petite halte devant une grotte bien sympathique; j'y ai déjà passé quelques nuits agréables, mais la civilisation s'en est beaucoup trop rapprochée, l'heure n'est pas encore trop avancée et ça n'est pas là que j'ai initialement choisi de dormir. Dommage...
Mon projet initial était de suivre cette petite rivière qui s'enfonce dans des massifs que je croyais inhabités pour y camper non loin... pression immobilière dans le sud oblige, pas moyen de trouver un endroit assez isolé, tant pis, c'est à regret que je m'en éloigne pour aller crapahuter dans les "hauteurs"
18h : Un léger frisson me rapelle un détail : ces petits écarts m'ont un peu fait oublier l'heure, la nuit va bientôt tomber et je n'ai toujours pas d'endroit où camper ! Heureusement, j'aperçois non loin de petites terrasses calcaires qui forment une petite trouée dans la forêt à flanc de colline; c'est là que je pose mon sac, ouf !
Une petite brise souffle, il va donc me falloir faire un feu et un petit abri (il aurait été plus aisé de s'abriter en forêt, mais à ce moment-là hors de question de faire un feu ! ). Pressé par le temps, je décide d'expérimenter la couverture de survie comme coupe-vent, mes précédents essais pour utiliser ce machin m'avaient plutôt déçus, mais je tente le coup :-/ . J'opte pour une hutte de branchages: par chance le coin abonde en bois mort.
Le but principal de la manoeuvre étant de faire un abri coupe-vent; malgré la situation relativement abritée du coin je sens que cela va être la principale difficulté de la nuit. La couverture est placée à l'endroit le plus exposé, en me calant le plus près possible d'un petit buisson qui me fournit un premier abri naturel. Je la fixe à la charpente en nouant les coins avec de la ficelle (en ayant pris soin d'enlever l'écorce à ces endroits et en ayant coupé toutes les petites branches qui dépassent), ainsi qu'au sol avec des pierres, avec quelques morceaux de mousse intercalés. De cette façon je limite au maximum les risques de déchirure et en la tendant au mieux j'arrive à ne pas avoir ce bruit agaçant de papier alu froissé au moindre souffle. Je recouvre la partie restante d'une couverture végétale de mousse et d'herbe. Par manque de temps elle n'est pas très épaisse et ne résistera pas à un orage ou à un vent violent, mais pour l'instant l'effet me convient.
La nuit est déjà presque entièrement tombée, heureusement au fur et à mesure de la construction de la cabane j'avais prévu un petit stock de bois; je peux donc alumer un feu après avoir nettoyé la zone. Je n'ose pas trop le rapprocher de mon abri (vu le nombre d'incendies dans la région, les précautions à ce niveau ne sont jamais superflues) et j'espère que l'effet réflecteur de ma couverture se fera ressentir...
Attention...
Tadam !
Au menu de ce soir : potage de pâtes aux herbes de provence ! (c'est ce truc qui glougloute dans la boîte de conserve... ), je me suis pas embêté pour le système de cuisson : la boîte en vrac dans le foyer, j'ai trouvé une chouette fourche en bois pour la retirer sans (presque) en renverser !
. L'estomac calé et réchauffé, j'amménage une couche sommaire : lit de mousse assez fin (ça n'abonde pas dans le coin et j'ai presque tout utilisé celle environnante pour la toiture), recouvert du sac poubelle fendu en deux, en enfin sac de couchage.
Après une petite excursion nocturne sur le sommet de la colline pour repérer le chemin de demain matin, je redescent raviver mon feu, lire un peu, et finit par me coucher vers 22h après avoir changé de T-shirt et de chausettes. Mon sac me sert d'oreiller et ma veste fait office de "demi-sursac". Tant pis pour le feu, il n'est pas assez près pour me réchauffer efficacement, je me suis contenté de rapprocher quelques grosses pierres chaudes de ma couche et me suis servi du reste pour recouvrir le foyer.
La nuit s'est relativement bien passée, malgrès un réveil vers 2-3 h, après avoir ranimé le feu je me suis réchauffé (il paraît que la température a tourné autour de 3-4° cette nuit), ai changé les pierres de chauffe près de moi et j'ai pu me rendormir jusqu'au réveil du matin :
4h45 : Le chant d'un coq résonne dans le lointain, je me sens d'attaque pour repartir ! Mais tout d'abord, petit-déjeuner : orange + thé parfumé aux écorces de la même orange, + sucre.
Je m'en prépare d'ailleurs une petite bouteille de 50cl pour la route et commence à ranger mes affaires.
Je ne prend pas la peine de démonter entièrement la hutte, et me contente de reprendre tout ce qui est non-périssable comme les sacs plastique ou la couverture de survie (à ce propos : petit moment de fierté où j'ai presque réussi à la remettre dans son emballage !
Oui bon, c'est pas encore ça en effet... )
Et c'est le moment des derniers adieux.
Je reprend ma route aux premières lueurs de l'aube accompagné par le chant des oiseaux...
Et ne tarde pas à retrouver la civilisation sur mon chemin...
Finalement, je rentre chez moi vers 11h, revitalisé par cette petite escapade !
Et voilà la vie en nature à ma façon, peut-être pas très "orthodoxe" au niveau du matos et de la préparation, mais j'aime bien cet esprit un peu foutraque des trucs faits à la dernière minute...
Comme vous pouvez sûrement le voir, même si je suis loin d'en être à mon coup d'essai, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre, mais pour ça je ne me fait pas de soucis, je suis au bon endroit il me semble
Merci d'avoir suivi cette très modeste excursion, vos commentaires, conseils et autres sont bien sûr les bienvenus [smiley=thumbsup.gif]