Posté par kartoffel le meilleur moyen d'arreter la crise d'angoisse c'est de montrer au boulet (mot synonyme de sujet, dans ce cas) que ca peut vraiment etre pire
Quel raffinement, quelle empathie, surtout si le sujet en question est un copain à toi, à qui tu veux transmettre ton amour de la montagne
Un type qui panique, c'est pas facile à gérer. Mais un groupe qui panique, c'est suicidaire. Alors quand un mec va mal dans le groupe, autant se concentrer pour l'aider, plutôt que de faire peur aux autres en l'enfonçant.
Allez, une anecdote. Il y a environ trois ans, je suis parti en rando avec le groupe le plus important de toute ma carrière : on était six
Trois "habitués" des montagnes, et trois qui voulaient découvrir.
Après une nuit confortable dans un abri, l'ascension du jour ne présentait vraiment rien d'extraordinaire, si ce n'est les paysages (le Grand Veymont, pour ceux qui connaissent) mais demandait un peu d'équipement et un peu de condition physique (c'était en février, pour ceux qui connaissent
). Côté équipement, on avait pourvu au nécessaire. Pour la condition physique, les gars étaient par ailleurs assez sportifs.
Mais la combinaison de la pente dont la vision aspire les plus sensibles, de la glace omniprésente, du vent glacé en rafales, a sapé le moral d'un de nos jeunes gens. Et à mi pente de la montée finale, perché à 2100m d'altitude au milieu de nulle part, le bonhomme s'est arrêté et n'a plus voulu bouger. Il ne se sentait pas de monter plus avant, se sentait incapable de redescendre. Rester sur place... Moi, bêtement, j'étais parti un peu en avant et n'étais pas présent au moment des faits. Alors c'est un copain qui a géré la situation.
Lisez bien. Il l'a emmené dans un amas de rochers pour... déféquer. Oui. Je sais pas où il a eu cette idée, mais l'effet psychologique a été suffisamment remontant, et notre pote a recommencé à marcher. En le voyant arriver clopin-clopant sur la plate forme où je m'étais assis pour attendre les autres, j'ai cru à une hypoglycémie. J'ai demandé ce qui s'était passé.
Tout le reste de la montée, et à la redescente, je suis resté 80cm en aval du bonhomme, qui avançait comme une grand mère, lentement, à petits pas, en regardant ses pieds, luttant pour ne pas s'effondrer sur place à chaque pas.
On avait bien mangé, tous les autres étaient en pleine forme, et lui-même n'avait aucune maladie latente connue.
La scène a duré jusqu'à ce que plusieurs heures plus tard on rejoigne enfin la base de la montagne, dans les 1700m si je ma mémoire est bonne. Là, posant le pied sur le plateau bien ferme, notre collègue a retrouvé toute sa frite et tenait à marcher toujours devant sur les quelques kilomètres qui nous séparaient de l'abri.
Alors, ça ne ressemble pas à l'angoisse telle que décrite par Fred, mais pour moi ce que j'ai vu cette fois là était clairement un total effondrement psychologique. Pourtant, notre pote était volontaire et enthousiaste.
S'il avait été seul, il n'est pas hasardeux de dire qu'il serait mort. En février sur cette montagne, y'a pas grand monde.
Des spécialistes pour une interprétation des symptômes ?
[modif] : PS je me serais mal vu dire à mon pote que son état ou la situation pourrait être bien pire...