Posté par DavidManise J'ai souvent rencontré des "situations psy" en survie ou en rando, ou en canot... et en général c'était moi-même qui piquais ma crise et j'étais tout seul
Mais bon... jamais eu de crise de panique comme tu décris. Mais j'ai souvent senti l'adrénaline qui montait, montait, montait, jusqu'au point où on sent que les pensées sont confuses et qu'on commence à déraper un peu. Puis ça passe...
Je sais pas si j'aime cette sensation là ou pas. Mais une chose est sûre, c'est que l'adrénaline c'est une drogue à accoutumance. Une drogue dure. Quand j'ai eu fini de bosser comme videur dans les bars (je faisais ça pour arrondir/compléter mes fins de mois quand j'étais aux études), j'ai eu une crise de manque sévère, au point de commencer l'escalade sur glace, le paintball, et... les combats extrêmes
Mais revenons à nos moutons : Mes crises "psy", c'était surtout dans un état de fatigue avancé, et après quelques jours passés tout seul. À force de rester seul, y'a parfois des vieux démons qui ressortent... On meuble son quotidien avec des délires plutôt que de ne pas le meubler du tout. Bref, on devient un peu taré... Momentanément en tout cas. Dès qu'on retrouve le contact de nos semblables, il n'y a plus de place pour ces délires là... (ou alors je suis vraiment dingue et personne n'a osé me le dire
).
Dans le même style : Je me rappelle m'être fait de bons gros films bien gore avec les ours, au Québec. J'étais encore gamin, et je faisais mes premières expériences de nuits sous la tente dans la forêt (pas très loin de la maison de mes parents, mais dans la forêt quand-même). Une fois sous la tente, dans mon duvet, le moindre bruit dans les fourrés lançait mon coeur à fond. Y'a une nuit, j'ai bien dû me voir mourrir des milliers de fois, tantôt dévoré, tantôt déchiqueté, tantôt les deux... dans l'ordre et dans le désordre. Des fois l'ours commençait par un bras, ou par la tête (scénario idéal), ou par le dos... Évidemment il me bouffait vivant...
Peur irrationnelle. Les ours noirs québécois ne bouffent pas les gens. Ce sont des omnivores craintifs qui n'attaquent qu'en TOUT dernier recours. Néanmoins, j'avais la trouille... au point de 'dormir' avec mon couteau dans la main. Au point de n'ouvrir que 2-3 cm de la porte de la tente pour pisser en exposant le strict minimum...
Quel soulagement quand au plus noir de la nuit j'ai senti que le jour se rapprochait enfin... et quand la luminosité a enfin commencer à s'accentuer assez pour que les oiseaux commencent à chanter, je me suis endormi... j'étais É-PUI-SÉ.
Il a fallu quelques nuits blanches comme ça pour que je réussisse à me calmer enfin, puis à dormir sous la tente aussi bien que dans mon lit... Personne ne me forçait, mais j'y retournais régulièrement. Pour vaincre ma peur.
Mon père, ce vieux sage, m'expliquait alors que quand l'imagination et la raison sont en conflit, c'est toujours l'imagination qui gagne. C'est plus puissant. C'est plus profond. C'est plus animal, l'imagination... La raison ne fait pas le poids. Le jour où j'ai enfin compris ça, je me suis mis à imaginer que les ours étaient mes copains, et qu'ils veillaient sur moi plutôt que de chercher à me bouffer. C'était tout aussi irrationnel que le scénario "gore", mais au moins c'était un délire rassurant, et ça a marché.
Maintenant, évidemment, je prends simplement quelques précautions (pas de bouffe ni de trucs qui attirent les ours près du campement, campement loin des aires préférées des touristes, etc.), et je dors comme un bébé (je pleure une heure, je dors une heure, je pleure une heure, je dors une heure
).
Mais bon... on s'éloigne de la gestion du stress, et on entre dans la prévention du stress (et le soin des phobies).
Le pire, c'est de se découvrir une phobie alors qu'on est loin de tout et qu'il va falloir y faire face pour s'en sortir... Du style t'es en montagne, et d'un coup tu es au milieu d'une crête et tu te rends compte que t'es acrophobe. T'avais déjà été en hauteur sans problème, mais là les centaines de mètres de vide, c'est trop, et tu bloques... Ça aurait été mieux d'y penser avant
Maintenant va falloir faire demi-tour, ou alors continuer... mais si tu restes là, ça va pas régler ton problème.
Autre exemple à deux balles : t'as peur du noir et tu te retrouves en bivouac, sans lampe de poche etc. Ben va falloir attendre le soleil... et ça va être long.
Bref, comme dit James, "connais toi toi-même"
Ciao
David