Posté par Mike
Pour continuer sur cette thématique, un petit texte :
NOYADES EN EAU FROIDE : FATIGUE OU HYPOTHERMIE ?
Lu dans « LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN » 6538, du 1er septembre 1999 :
« Noyades en eau froide ; la fatigue plus que l'hypothermie ». Une expérience menée au Royaume-Uni attribue les décès par noyade en eau froide à une altération des capacités à nager et non pas à la classique hypothermie. Le refroidissement des membres supérieurs accélérerait la fatigabilité et donc la capacité à assurer les gestes vitaux. Des modifications de la nage et de l'inclinaison du corps dans l'eau en sont les signes avant-coureurs. Une croyance commune à propos des noyades en eau froide pourrait être remise en question par un travail expérimental mené par l'équipe de Michael TIPTON (Portsmouth, Royaume-Uni). Selon ces médecins, l'hypothermie générale ne serait pas le principal responsable du décès ; elle serait précédée d'une diminution des capacités à nager ainsi que d'une altération de la fonction cardio-respiratoire. L'expérience, menée auprès de volontaires est née d'un constat : sur les 400 à 1000 noyades enregistrées annuellement outre-Manche, nombre d'entre elles surviennent chez de bons nageurs. L'hypothermie a été accusée très fréquemment, mais le décès est survenu trop précocement pour qu'une chute de la température centrale à moins de 35°C puisse être responsable. Les auteurs ont donc envisagé d'analyser la détérioration de l'aptitude à nager occasionnée par l'eau froide, ce qui n'avait pas été fait. Ainsi, dix bons nageurs (neuf hommes et une femme) ont été enrôlés. Il leur a été demandé de subir trois épreuves de natation contre un courant artificiel en piscine. Pendant au plus 90 minutes, ils ont dû nager, à leur propre rythme, successivement dans des eaux à 25°C, 18°C et 10°C. Plusieurs paramètres ont été enregistrés dont la consommation d'oxygène, la température rectale, la vitesse, l'angle du corps dans l'eau, la fréquence et l'amplitude des mouvements natatoires. Dans une eau à 25°C, tous les nageurs ont « tenu » 90 minutes ; huit ont réussi l'épreuve dans l'eau à 18°C et seuls cinq ont résisté dans l'eau à 10°C. Parmi les défaillances enregistrées dans le milieu le plus froid, un nageur a cessé de nager à 61 minutes et les quatre autres ont du quitter l'eau avant le délai imparti en raison d'une température rectale à 35°C, alors qu'ils étaient proches de la défaillance. Les auteurs ont constaté qu'en eau à 10°C l'efficacité et l'amplitude des mouvements diminuent alors que leur fréquence et l'inclinaison du corps augmentent. De même, la consommation d'oxygène varie de façon linéaire inverse avec la température de l'eau ; une efficacité de la nage inférieure à 5 mètres par litre d'O2 consommé semble prédictive de la défaillance. Une explication à la perte d'efficacité est avancée : le refroidissement des membres supérieurs avec la fatigue musculaire qui s'ensuit. Cette fatigue empêcherait, en cas de noyade accidentelle, les mouvements vitaux nécessaires à maintenir au moins la tête hors de l'eau, même chez le porteur d'un gilet de sauvetage. Le décès surviendrait par noyade et non par hypothermie ... / Dr Guy BENZADON