Posté par DavidManise Bonjour,
Bon... même scénario :
0) je regarde autour pour voir si le gars, armé d'une batte de baseballe qui a ouvert le crâne du mec est parti. On ne sait jamais
-- ça c'est la BASE quand on intervient sur un accident :
toujours d'abord vérifier l'absence de danger, et sécuriser la zone si nécessaire. Il est contre productif de transformer un secouriste en victime supplémentaire !!!
1) je mets mes gants en latex (toujours présents dans mon kit de premiers secours, qui lui est toujours présent dans ma besace tafdak -- plug, plug
), puis je m'avance avec les gants en l'air en disant à tout le monde de reculer un peu SVP reculer un peu SVP reculer un peu (groupes de trois répétitions, ça marche bien
). C'est incroyable l'effet que ça peut faire aux gens, les gants en latex...
2) je vérifie l'état de conscience du gars en lui demandant de ne pas bouger et de me raconter ce qui vient de se passer. Je lui dis que je vais lui tenir la tête pour regarder, je demande son accord, etc. Le but est de l'immobiliser autant que possible, et de voir s'il est KO ou pas. Je lui demande s'il a perdu conscience. Je lui demande quel jour on est, de quelle année, si c'est l'hiver ou le printemps, le code de sa carte bleue, des conneries comme ça. Comme ça je peux voir s'il est sonné, à moitié KO, ou conscient... Si le gars se marre quand tu lui demandes son code de carte bleue, tu peux supposer qu'il est à peu près lucide. Celui qui réfléchit et qui ne s'en rappelle pas, là, tu doutes
Celui qui te répond en roulant les yeux au ciel et en relâchant TOUS les muscles de son corps, ben tu sais qu'il est KO.
3) je demande QUI a déjà appelé les secours (comme ça le gars qui a appelé, s'il existe, répond "moi", au lieu que tout le monde se regarde les bras ballants pendant 5 minutes). Dans le doute j'appelle avec mon portable en préparant dans ma tête les infos importantes :
- mon nom et mon numéro de tel (pour vérifications)
- QUOI :
Une victime : plaie à la tête avec saignement, pas de perte de conscience, victime calme et coopérative... Pas de danger apparent autour. Signaler s'il s'agit d'une aggression, d'un accident de la route, ce qui implique la présence des gendarmes ou d'autres services concernés, etc.
- OÙ : le lieu précis (telle ville, place de l'hôtel de ville, près du café machin -- repérer la rue est les numéros ou qques détails si possible)
- COMMENT : le gars me dit (ce qui implique qu'il est conscient) qu'il a glissé sur une peau de banane, et pas nécessairement "un témoin me dit qu'il s'est pris un lampadaire alors qu'il regardait le cul magnifique d'une grande suédoise qui passait par là"... bref : citer ses sources... mais inutile de faire un roman.
4) revenons au cas concret : souvent les blessures au cuir chevelu saignent abondamment, mais ça ne veut pas dire qu'il y ait des blessures profondes ou des fractures importantes. Si le gars n'a pas perdu conscience, il est peu probable qu'il ait une fracture (même si c'est possible, et je l'ai déjà vu de mes yeux...). Dans tous les cas, calmer tout le monde, y compris la victime, discuter et faire son petit spectacle en attendant les secours... l'attente est parfois longue et pour convaincre un gars qui n'a mal qu'au dessus de la tête de rester allongé au milieu de 50 badauds et de se laisser tripoter par un mec qui a des gants en latex, il faut un certain doigté (sans faire de mauvais jeux de mots bien sûr
).
5) tant qu'il est conscient, je ne le mets PAS en PLS. Je ne le bouge même pas. Je lui demande de rester calme et de ne pas bouger. Je le mets à l'aise : s'il fait froid je le recouvre, etc. Bouger une victime de trauma est toujours un risque. On ne prend ce risque que si on y est contraint par un risque plus grand (étouffement en l'occurence). Toujours bien faire gaffe à conserver l'alignement du rachis quand on met quelqu'un en PLS. La technique exacte est relativement simple et très efficace... mais si on ne pratique pas on peut vite faire une connerie monumentale. Ceci dit, si le gars s'étouffe, mieux vaut qu'il soit quadraplégique que mort. Au moins comme ça il pourra choisir ensuite (enfin théoriquement).
6) je ne donne rien à boire, rien à manger, et même pas un granule d'arnica. Mieux vaut un estomac vide pour une anesthésie.
Voili !
Ciao
David