Alors voilà, aujourd'hui, je me suis offert un petit périple en terre américaine dans une enclave landaise... au far west landais, en quelque sorte!
Et je peux vous garantir que j'en ai pris plein les mirettes avec à la clé une rencontre en or, une rencontre avec le passionné parmi les passionnés: Will Harppeur.
Ça faisait un petit moment que j'étais en quête d'un couteau de camp... un vrai, un que l'on a pas peur de malmener ou même d'utiliser tout simplement.
Il y a peu et par pur hasard, j'ai découvert le travail de Greg au travers du forum et je me suis m'y en tête de lui rendre une petite visite (il n'habite qu'à quelques kilomètres de chez moi).
Après de rapides échanges par mail, le jour "J" est arrivé et c'était hier.
Sur ses indications, je suis arrivé à bon port (Lesgor City) après avoir traversé les colines de l'arrière pays landais et suivi un vague chemin dont on ne se dit pas qu'il nous mènera quelque part... et pourtant, me voici à l'ile sauvage:
Notez que l'atelier est construit autour d'un arbre
Sur ce "Will Harpeur" fait son apparition grand sourire au lèvre... l'acceuil dans l'atelier est chaleureux et l'homme vous met de suite à l'aise (un vrai plus pour moi qui aurait tendance à être réservé :oops: )
Après, difficile d'enchainer tant le personnage est intéressant; que dis-je: passionnant!
De suite, il embraye sur son travail, sur ce qu'il aime tout en te faisant le tour du propriétaire.
Son atelier, enfin sa cabane, est hors du temps, on a l'impression de faire un bond dans le passé à une époque où les trappeurs et autres coureurs des bois étaient monnaie courante! Comme si le temps s'était arrêté... pour preuve la machine qu'il utilise pour coudre le cuir: 80 ans, pas une ride et une puissance qui semble inégalée pour la belle.
Passé l'atelier cuir, en faisant le tour, on trouve le four de trempe, le bain d'huile puis la forge et les enclumes avec un espace de travail au mur duquel sont accrochés les gabarits des lames: l'essentiel du travail des lames se fait à la forge (il n'utilise que peu le backstand et préfère finir ses lames manuellement à la pierre, sans doute trouvant le travail plus valorisant/valorisé).
Le tour se finit enfin par la section "manche" avec quelques exemplaires sûrement en attente d'être travaillés...
Au fond de l'atelier se trouve l'espace détente avec canapés, table basse, insert et bibliothèque (des livres sur les cabanes suspendues :coeur:).
Ses passions: la chasse à l'arc et tout ce qui s'y rapporte: les cabanes (il a bati sa maison et son atelier en bois avec ses 2 petite menottes... maison soit dit en passant tout aussi intemporelle que son atelier: un charme fou, un charme d'antan!), les vestes de chasse en cuir, les couteaux, les canoes, les tentes et que sais-je... Ah si: les Etats-Unis évidemment!
Passons à ce qui va ou non vous intéresser: les couteaux.
A mon arrivée, mon oeil n'avait pas manqué de remarquer que le personnage avait en main un immense et superbe sac en cuir qui devait contenir sa production coutelière: je ne m'étais pas trompé...
Je n'ai pas fait de photo d'ensemble... il y en a un peu plus haut dans le post.
Celà fait maintenant plusieurs années que "Will" forge ses couteaux, d'abord pour lui puis pour son entourage.
Ses couteaux, il les a voulu adaptés à ses activités de prédilection: la chasse et "l'outdoor", en gardant à l'esprit comme principal critère: la fiabilité.
"T'imagines, tu pars 3 semaines et si en plus tu dois te retrouver avec un surin pété ou plein de dents, c'est la m*rde et ça n'est même pas envisageable!"
Toutes ses lames sont en xc75 forgées, traitées "maison" et finies à la main (quasi pas voir pas de backstand) afin d'obtenir l'outil adéquate à ses yeux.
Sa marque de fabrique: le ricasso en dent de scie et les "impacts" sur la lame, on l'aime ou on ne l'aime pas mais elle ne laisse pas indifférent je pense.
Will n'affute ses couteaux qu'une fois; c'est à se demander s'il sait ce qu'est une pierre à affuter... "tu fais trois passages sur le fusil et c'est réglé; regarde comme ça rase". Effectivement, pour raser, ça rase sévère!
Allez hop, on va dehors faire quelques tests... 11ha de terrain, y'a de quoi s'amuser!
Première victime: un arbuste de 8cm de diamètre environ dépiauter en 3-4 coups de lames soit même pas 10 sec de taf :shock: Il enchaine en le découpant en rondin d'une vingtaine de centimètre.
Plus timoré :oops: , je dépiaute quelques branches sans difficulté... L'équilibre du couteau en main est bluffant: le poids de l'ensemble relativement léger y est sûrement pour quelques chose.
Il reprend la main: "Regarde comme ça coupe... ça s'est un bon test!" Le voilà qui s'attaque à des branchettes vertes de 2mm ultra souples qui ne demandent qu'à fuir l'impact du tranchant (tu soufflais dessus, elles bougeaient...): de biais, ça coupe... normal, à angle droit: ça coupe aussi!
Dernière victime, un tronc d'accacia sec de chez sec devant son atelier (on le voit sur l'une des photos plus haut) avec passage en mode "surhomme" pour en foutre plein la tronche au surin.
Examen du fil: pas le moindre pet... et ça rasouille encore!
Les tests de Will sont des tests grandeurs natures, des tests réalistes auquel ses couteaux pourront être un jour confrontés.
Mine de rien, derrière ces manches qui semblent très "simples" d'aspect, il y a un énorme travail de préparation et de finition. Les matériaux peuvent être le bois de cerf mais l'homme semble particulièrement affectionner l'olivier et surtout le buis vieillis. Les veinages du bois sont magnifiques, d'une rare finesse et surtout, ils offrent des reflets "miel" de toute beauté :coeur:
Tout est étudié pour obtenir une ergonomie, une prise en main à tomber: le galbe du manche tombe parfaitement en main, tant au niveau de la paume qu'au niveau de l'endroit où les doigts se referment, on n'a pas l'impression des serrer un couteau dans la main; impression renforcée par le contact chatoyant du bois.
Trop délaissés selon lui par certains couteliers, il apporte un grand soin et tout son savoir faire à la confection de ses étuis de couteaux.
Ils sont réalisés en collet de boeuf poissé à chaud et patiné. Ce poissage leur confère une rigidité/dureté assez incroyable... on dirait du plastoc :shock:
A celà, il ajoute une lame de bois au fond de l'étui par sécurité (éviter que le couteau ne coupe les coutures de l'étui en cas de rentrée un peu "violente").
Même le passant de ceinture a été réfléchi: tant au niveau de son positionnement que de sa forme afin d'obtenir l'angulation souhaitée à la ceinture et une répartition optimale de la masse.
Will est un autodidacte touche à tout qui réalise des couteaux conçus et taillés pour l'aventure comme il le dit et que l'on a envie d'utiliser!
Quand je dis touche à tout, ça ne veut pas dire qu'il fait un peu de tout moyennement... ça veut dire que quand il se lance dans un truc, il y va à fond et se donne les moyens de bien le faire!
Sa production est à son image: vraiment atypique par les temps qui courrent
Bon, je ne suis pas reparti les mains vides quand même: je me suis vilement emparé d'un Yellow Colorado:
-31cm en tout
-19cm de lame pour 17,5cm de tranchant, 4mm d'épaisseur, 4,5cm de large
-12cm de manche
-1cm d'épaisseur pour l'étui (l'intérêt d'avoir un cuir très rigide: pas besoin de moulage en bois et donc moins d'épaisseur)
-poids du couteau: 375gr sur la Teraillon de la cuisine, poids de l'étui: 150gr.
Allez, j'attaque les hostilités avec quelques photos faites à l'arrache à 7h00 du mat avec éclairage à la frontale.
Bien en place dans son étui:
Vues d'ensemble côté pile de la lame et de l'étui:
La prise en main:
Le galbe du manche:
Côté face de la lame:
J'ai fendu mon petit bois pour la cheminée ce matin: il a bien fait le taf.
Bon j'ai fait ça un petit peu à la va-vite tant il y en aurait à raconter sur le personnage... l'heure et demi passée chez lui m'a semblé si courte...
Merci Will Harppeur thup