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Auteur Sujet: Comment j’ai été aménée à ouvrir mon kit de survie  (Lu 6028 fois)

09 juillet 2011 à 15:14:31
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Nävis


Petit compte rendu d’une aventure qui n’est heureusement pas passé du coté obscur de la force survie… à usage pédagogique, et pour faire sourire.

Au programme : petite rando tranquille en moyenne montagne, fin juin, dans le massif de la Chartreuse.  Entre 850m et 1400m, pas de difficulté particulière (pas de passage aérien ou non balisé). A l’origine de l’envie, une proposition de ballade dans le parc naturel régional. Je rajoute 50% au temps prévu et je me décide. La carte explicative de la rando familiale proposée est téléchargée et imprimée. Le sac est prêt la veille au soir, avec la carte IGN 25’000 au fond du sac (on ne sait jamais!). J’hésite encore, chaussures basses ou souliers de montagne ?
Prévision météo aux infos régionales le soir. Beau le lendemain, pas trop chaud, quelques nuages en milieu de journée, risque d’orage localisés en début de soirée. Vu que je prévois un départ tôt le matin, et que le temps « recalculé » devrait me permettre un retour en milieu de journée, c’est bon.
:)

Petit matin, direction le départ de la rando en voiture. Je croise pleins de cyclistes fous qui descendent la route de montagne. Ils ont du partir de nuit, c'est pas possible ! Ou ils habitent en haut de la montagne… et ils sont pressés de rejoindre le tour de France. Sur le parking, juste un pick-up. Vu le matos, bûcheron ou garde forestier.
Départ à pied hyper tranquille, j’ai tout mon temps. Je tente de boire mes réserves d’eau, histoire stocker tout ce que je peux … même si la météo n’annonce pas de grandes chaleur, je prends mes précautions. Je suis prudente (limite inquiète) je vous dis!

Le chemin forestier monte tranqillement; large, confortable, petits caillours clairs. Je regrette d’avoir laissé les chaussures basses dans la voiture. La lumière du matin est déjà bonne, mais les bois gardent un coté mystérieux. Au détour d’un virage, mon oeil accroche une forme foncée plus haut sur le chemin. Je ne bouge quasi plus, je penche la tête: un faon (avec des taches encore visibles sur les flans), et sur la gauche sa mère qui regarde dans ma direction. Ils viennent peut-être de boire dans le bassin de la fontaine qui est à leur niveau. Je repasse au ralenti derrière l’arbre qui me cachait le virage, et je regarde vite de l’autre coté. J’ai la chance de les voir partir, sans précipitation, vers le fond du vallon, dans les flaques de soleil matinal.
La fontaine est glaciale, mais après ce spectacle, il est indispensable que j’y trempe mes mains et y mouille mon foulard. :love:

D’un pas maintenant plus rapide, je continue à monter sur ce chemin. J’atteinds un réservoir, et je fais une pause pour regarder les bergeronettes jaunes se régaler d’insectes. Le réservoir est rempli d'oeufs et de tétards. Ils y a aussi une belle brochette de larve ENORMES de libellules (ces idiots de têtards, ils n’ont pas l’air de comprendre que l’union pourrait faire la force…). Et plein, plein plein de tritons. Moi qui suis fière quand j’en vois un ou deux, je suis blasée pour un bon bout de temps désormais. Bon, c’est pas tout ça, mais le temps passe, et il y a encore les 2/3 du chemin à faire.

Un peu plus haut, premier croisement entre divers chemins de rando, et premières annonces de durées. Oui, le balisage est peu présent jusqu'ici, mais le chemin étant facile, je n'ais pas de raison de me plaindre. Les destinations et durées de marche indiquées me perturbent un peu. J’extrais la carte IGN du fond du sac, et j’essaie de retrouver les noms des alpages, des cols, les tracés rouges des sentiers et les courbes de niveau (suis déjà à 1150m) pour comprendre. Quelqu’un s’est trompé quelque part. Selon les panneaux, je ne suis pas sur un tour de 4 heures (pour lequel je prévoyais 6h), mais de 7 à 8 heures ! Selon la carte IGN, j’ai fait le plus facile. Le chemin va devenir plus sportif, ce n’est pas du tout le parcours facile annoncé; je ne regrette plus d’être en chaussure de montagne. J’hésite à faire demi tour.
Mais je décide finalement de prendre les sentiers indiqués sur la carte IGN qui doivent me permettre d’éviter 3 larges boucles dans les alpages. Cela devrait au final me donner une ballade de 5-6h environ (pour mon timing perso), avec donc un retour en milieu de journée, comme prévu initiallement. La carte de la rando familliale est désormais en boule au fond du sac.

Mais … c’est quoi ce balisage de m*** !    >:(
Il me faut un bon moment pour comprendre que le balisage – très dispersé –  est lisible depuis l’autre sens ! Et qu’il y a une pléthore de micro chemins, entre les pistes vtt, les passages d’engins forestiers, les parcours de trail, etc…  Je ne vais quand même pas marcher à reculons. Et tester chaque chemin pour essayer de trouver une trace de peinture 50m plus loin.
Je me pose, et j'exprime ma rage mentalement (en fait, j’aime me rappeller de temps à autre que j’ai un vocabulaire riche et étendu). Je bois un peu d’eau (j’ai bien fait de faire le chameau, pas de point d’eau sur mon nouveau parcours raccourcis), je grignote quelques fruits (c’est l’été et les abricots sont fondants). Bon, il va falloir ouvrir ce kit de survie, et récupérer la boussole afin de répondre à mon désir d’une progression régulière. La boîte est là où il faut (au fond du sac, depuis des mois). Le tape (celui qui ferme la boîte) ça colle super bien ! La boussole me sourit gentiment, et nous repartons. Je me crois en train de faire une course d’orientation, boussole sur la carte pliée en 28, ongle du pouce sur le chemin à suivre. Pas facile, mais globalement, tout fonctionne et je trouve mon chemin jusqu’au point où je rejoins le tracé du grand tour d’origine. Mais entre le terrain difficile, les zones boueuses, le dénivellé (suis arrivée à presque 1400m), j’ai pas mal de retard. Et je suis crevée. Mais à partir d’ici, que de la descente, « régulière » si j’en crois la carte IGN (et puis, je suis sur le parcours de la rando familliale non ?).
 8)
Solution : pique-nique léger avancé en guise de pause. Je suis au pied d’une zone de falaise, et je m’assoie en direction de la pente, vers la vallée. En raison de la forêt, je n’ai aucune vue, mais je distingue quelques morceaux de ciel; qui ne me paraît pas bleu du tout. Et pas besoin des yeux pour sentir qu’il y a maintenant du vent, et qu’il est froid. Il ne me faut pas longtemps pour faire un "strip-pique nique" inversé : une bouchée, je rezipe une jambe du pantalon, une deuxième bouchée, l’autre jambe. Une tomate cerise, le T-shirt par dessus le débardeur. Le coupe-vent ultra léger, le foulard (qui a séché entre temps) et la casquette – sous le foulard, parce que le vent, je l’entend un peu trop à mon goût maintenant.
Je stresse un peu, alors je repars sans tarder. Le sentier est correct, malgré pléthore de racines et quelques gros caillous calcaires. Je me procure un beau bâton, et pour rentrer plus rapidement, je tente la course sur les tronçons qui me paraissent peu dangeureux. Trois foulées de courses, deux marches de calcaire, deux foulées de course, passer sous un tronc, etc. Oui, parce que les arbres, il y en a plein en travers du sentier maintenant. Des récents… et des anciens (quand je vous dis que c’est une rando familliale !). Pas le temps de réfléchir pour refaire mon timing, je reste hyperconcentrée sur mon gymkana. De toute façon, il suffit de descendre pour rentrer.

Réfléchir, je ne vais pas tarder à avoir tout le temps nécessaire ! J'ai commencaé à baliser quand j’ai réalisé que la lumière baissait sérieusement (pas top pour courir sans risquer le saut périlleux à chaque pas). Et le premier éclair n’est pas tombé bien loin sur la falaise, parce que mon cerveau n’a pu qu’enregistrer le décalage entre la lumière et le bruit effroyable dans mes oreilles. Après j’avais trop peur pour quoique ce soit d’autre. Me suis assise sur le sol, au bord du chemin, juste à temps pour la douche. Comme le son et lumière continuait, j’ai vaguement entassé quelques branches de sapin en train de pourrir sur le bord du chemin sous mes fesses, et je me suis installée sur les dernières tomates cerises de mon pique-nique. En fait, la petite bouteille d’évian n’a pas aimé non plus. Mais le bon coté des choses, c’est que cela a contribué au lavage de l’intérieur du sac, et fini de détruire la boule de papier de la rando familiale.

C’est long 25min sans rien faire sous la douche (en fait, sans la montre j'aurais dit 1 heure...). Le coupe vent hyper léger repousse peut-être l’eau, mais il absorbe super bien la douche.
Quand je me déplie enfin, je fais un bref bilan. Retour en milieu de journée ? C’est déjà le milieu de la journée, et je suis encore à 1300m d’altitude. La visibilité ? Mieux, mais le sentier est devenu une patinoire de boue et de calcaire glissant. Moi, je claque des dents. Au moins un truc de respecté : il ne fait pas trop chaud. Et j’ai mal aux chevilles et aux genoux, je ne sais plus si c’est de froid, la position en tailleurs ou à cause de la fatigue accumulée.
Je suis calme, mais je ne me sens pas trop bien. J’ai sacrément mal à la tête, et j’ai l’impression que le pique-nique ne passe pas.
Il est temps de récupérer la couverture de survie du kit, avec au passage, un rictus pervers en direction de la boule de papier maché (la compote de tomates cerises, je ne l’avais pas encore remarquée sur le moment). Chiffonade de plastique métallisé sous coupe vent ultra mouillé. Ca colle et ça tient. Je me réchauffe tout doucement, au même rythme que ma progression. Mon bâton est mon nouvel ami. C’est important d’avoir un ami fiable dans ces moments. Je crois que je lui ai même dit merci quelques fois (j’ai une excuse, j’ai un monstre mal de tête qui ne veut pas passer).
:bang:
Le terrain s’égoutte progressivement, je vire la couverture et le foulard, mon estomac finit par faire son job, et je peux enfin prendre les médicaments nécessaires pour attaquer le mal de tête. Sur la carte IGN, j’approche du but. Le dénivelé n’est plus vraiment visible (la peinture part à l’eau sur les cartes françaises… !), mais la ligne rouge du sentier reste visible, un grand s, et j'atteindrai le parking.

Je rêve ou je viens de perdre le sentier ? Je suis dans une forêt, sur une pente raide, et il n’y a plus aucune trace devant moi. Et je n’en peux plus tellement j’en ai marre. De plus, je devais avoir à ce moment plein de poussières dans les yeux, parce que j’avais pas mal de difficultés à voir nettement à travers l’eau qui me coulait sur les joues.
Les yeux un peu nettoyés, je reviens lentement sur mes pas. Le bord du sentier présente un creux du coté de la pente. Je me penche, et je distingue un raidillon gluant de boue, avec des traces de pas, droit vers le bas. Plus de jus au sens propre comme au figuré, mais encore juste assez de neurones allumés pour refuser de faire le grand saut.
Je décide de continuer à avancer à la boussole, droit dans la forêt, dans le prolongement du sentier évanoui. 100 à 200m env. du point de disparition du sentier, une grosse bosse de terrain, quelques marches de calcaire à monter et descendre, et l’impression que je suis à nouveau sur un timide sentier. Je me retourne… et je trouve une magnifique et élégante trace de balisage rouge et jaune sur un arbre (celui que l’on ne voit que lorsque l’on marche à reculons, ben tiens!). Le chemin descend, de plus en plus raide, mais reste praticable. Je n’ai même plus assez d’énergie pour avoir des crampes. Je pêche la barre de céréales qui sèche depuis des mois dans mon kit, et je réussi à rejoindre le parking après encore 1 heure d’efforts.
Il est 15h30, et il n'y aura pas d'orage en soirée...

Il me faudra plusieurs jours pour convaincre mes muscles de refaire des réserves.
Le reste de vacances fut très tranquille, j’ai beaucoup lu, comaté dans la piscine du coté où il y avait de l’ombre et fait de longues siestes dans la chaise longue.


PS: Le bâton, je ne l’ai pas jeté au bord du talus du parking. Je l’ai planté droit dans la forêt contre un grand hêtre, entre deux lys martagon.
:calin:

09 juillet 2011 à 16:46:49
Réponse #1

DavidManise


Excellent récit, d'une mésaventure bien gérée...  bravo et merci :)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

10 juillet 2011 à 12:33:59
Réponse #2

Patrick


Tu es restée lucide malgré la montée de l'effet chimpanzé, tu as géré au mieux et surmonté et ça nous fait un super retex. Une parfaite démonstration du fait que ça arrive plus vite qu'on ne croit, mais que la préparation et l'équipement adéquat sont déterminants.

Merci  :up:

10 juillet 2011 à 18:46:55
Réponse #3

fractus


Citer
Et pas besoin des yeux pour sentir qu’il y a maintenant du vent, et qu’il est froid

Pour ceux qui ne le savent pas. La chute des températures et l'augmentation du vent sont deux indices qui indiquent la proximité d'orages.

10 juillet 2011 à 19:31:32
Réponse #4

guillaume


Merci pour le récit Navis :up:.

Dans ton fond de sac, tu parles d'un kit mais tu n'as pas une petite polaire en rab (ou tu l'avais peut-être déjà mise ?) et/ou un vrai poncho ?

a+

11 juillet 2011 à 22:24:57
Réponse #5

Nävis


Mais j'ai justement utilisé mes vêtements de rab!

Ma petite rando tranquille, elle devait se faire en souliers bas, short et petit débardeur sans manches. Par souci de sécurité, je suis parti avec les souliers de montagne et un pantalon transformable (avec les papattes dans le sac), plus une casquette pour les zones hors de la forêt.

Dans le fond de sac, en rab justement, un coupe vent déperlant, un grand foulard coton (qui peut servir à tout...) et un T-shirt technique à manches longues, un truc de montagne en fait, du genre qui garde qu chaud même mouillé, et qui sèche très vite... à travers une Goretex, mais moins à travers un coupe vent détrempé  ;). Le fond de sac pour une ballade bien courte, par une journée bien chaude, pas trop haut. Pour quelqu'un qui ne doit pas porter, c'est pas mal déjà: avec le kit, la mini pharmacie, le Natel, les jumelles, la carte IGN, et le stick lèvres, ... ça pèse.
Quand au poncho, je n'ai jamais supporté; je ne me sens pas à l'aise du tout avec ces trucs. J'ai juste appris à m'en servir, principalement à travers les infos de ce forum. Sans parler que c'est lourd...


12 juillet 2011 à 12:07:46
Réponse #6

Outdoorsman


Très chouette récit, merci.

Avais-tu un bonnet dans le fond de sac ? C'est un élément essentiel pour réguler sa température. Quelle que soit la rando et la saison il doit toujours accompagner le randonneur.

Apparemment il y a un vrai problème de balisage sur la rando que tu as faite. Si en plus elle fait partie d'un bouquin sur les randos familiales, il me parait utile de signaler le problème pour éviter la même mésaventure à d'autres qui risquent d'être moins bien préparés/équipés.

Il faudrait appeler la mairie du coin et/ou la parc de Chartreuse.

Si tu n'as pas le temps ou l'envie, tu me donnes les infos précises et je m'en occupes.
"On a beau donner à manger au loup, toujours il regarde du coté de la forêt. " Ivan Tourgueniev
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin" Edward Whymper
"Dégaine toi du rêve anxieux des bien-assis" Léo Ferré

12 juillet 2011 à 13:49:23
Réponse #7

dixplat


Merci pour ce récit très vivant et humide!

D'où l'intérêt de s’entraîner à se repérer (boussole + carte) avant d'être confronté à des péripéties comme celles que tu as vécues.
"Espérer le meilleur, mais Prévoir le pire..." t'aura bien servi :-)

A+

d.

12 juillet 2011 à 14:57:35
Réponse #8

Lemuel


Merci pour ce récit !
J'espère que ça va inspirer du monde.

Et pour faire le père la morale.
Un truc qui est souvent confondu dans la gestion de risques : le pourcentage de chance pour qu'une situation à risque se produise et les solutions de gestion du risque. (j'ai pas de meilleure formulation pour le moment.)

Exemple : il y a 10% de chances pour qu'il pleuve donc je prends de quoi me couvrir à 10%, pour simplifier.
On voit bien que le raisonnement ne tient pas. Oui la préparation doit tenir compte des probabilités d'occurence d'un évènement. Mais une fois le risque avéré et la décision prise d'en tenir compte prise, il me semble que le problème doit être envisagé presque indépendamment de ce facteur de chance, du point de vue de la sécurité. La marge de confort, en revanche, peut tenir compte de cette probabilité.

J'ébauche une espèce d'axiome, là. C'est à ciseler, certainement. Peut-être à carrément infirmer ?  :D
Don't watch the tool, the work it can do
Watch the man that's behind, yeah !


http://natureandforcefield.tumblr.com

12 juillet 2011 à 21:34:36
Réponse #9

Nävis


Je voulais partager ma petite mésaventure, car je la trouve assez pédagogique. Comment l'accumulation d'une suite de petites décisions, une confiance dans des infos extérieures (météo et carte), des circonstances locales et extérieures, et quelques erreurs peuvent progressivement grignoter l'essentiel de la marge de sécurité prévue, et amener à un épuisement physique et psychique qui aurait pu avoir des conséquences sérieuses. Sans qu'un seul de ces éléments pris séparément soit suffisament sérieux.

Je n'ai jamais trouvé facile de trouver l'équilibre entre les mesures de précautions que je prends et les risques estimés.
Je ne peux pas prévoir le pire, ou je reste chez moi (encore que je sois capable de tomber du lit...). Je ne me sens pas de partir sans rien non plus, juste les mains dans les poches. Alors je cherche un milieu raisonnable, selon mon expérience, celle des autres (le forum est utile pour cela), et mon désir de confort.

Pour Lemuel:
Je n'utilise pas les stats comme toi.
S'il y a 1% de chance qu'il pleuve, mais que je prévois que la pluie peux me congeler, pourrait potentiellement m'empêcher de rentrer (torrent de montagne sur mon chemin par ex.), et risque de me faire passer une nuit dehors sans abri... je prends de quoi me couvrir à 100%, avec de la rechange même.
S'il y a 50% de chance qu'il pleuve, que la rando est courte, sans dangers, avec un retour facile et que des personnes vigilantes attendent mon retour... je ne prends qu'un minimum, et je le laisse au fond du sac. C'est chouette de se sentir vivante.
 ;)

Je trouve précieux de se donner les possibilités d'engranger tranquillement des expériences, et de pouvoir se permettre de se tromper de temps à autre. Cela fait partie du processus d'apprentissage. Je me sens toujours un peu nulle de vérifier les itinéraires prévus par d'autres sur des cartes précises. Parfois, je me force à "faire confiance" (mais je cache une carte au fond du sac). Je crois que je me suis guérie d'un-coup-d'un-seul de cette gêne ce jour là!

C'est pour cela que je me sens souvent mal à l'aise de répondre quand des membres du forum sans expérience demandent si leur liste de matériel est correcte pour une première et grande rando. Il faut accumuler des cralées de km de petites erreurs pour faire progresser sa propre sécurité.

12 juillet 2011 à 22:27:31
Réponse #10

camoléon


Merci Navis pour ton témoignage.
C'est vrai que c'est à travers ses propres erreurs, et celle des autres, que l'on acquiert son expérience.
L'important c'est que si on peut en discuter, c'est que l'on est toujours vivant.

La sécurité routière dit que c'est sur les trajets les plus familiers qu'il y a le plus d'accident, par expérience, idem pour la randonnée
"Pour vivre heureux (et vieux), marchons invisible et silencieux"

"Le courage est le juste milieu entre la peur et l'audace"

"Je marche au pas de Loup"

12 juillet 2011 à 22:28:45
Réponse #11

Sotret


Salut Nävis,

Content de te lire

Je me sens toujours un peu nulle de vérifier les itinéraires prévus par d'autres sur des cartes précises. Parfois, je me force à "faire confiance" (mais je cache une carte au fond du sac). Je crois que je me suis guérie d'un-coup-d'un-seul de cette gêne ce jour là!

Je m'étonnais de ton incertitude sur ton itinéraire. Maintenant, je comprends mieux.

Je ne vois pas ce qu'il y a de "nul" à vérifier les itinéraires sur une carte précise.
Les cartes et la navigation, ça fait partie du plaisir, non ?
A l'inverse, la confiance dans les "cartes" et "plans" de l'office du tourisme est parfois vraiment mal placée...La preuve !
Même chose pour les balisages, surtout en zone de forêts (interférence des travaux d'exploitation).

AMHA, confronter l'itinéraire de la fiche touristique avec une bonne carte est un must avant de partir.
Sur le sentier, je refais le point à chaque carrefour important...
80 % du temps, c'est pour confirmer que je suis sur la bonne piste.
Mais les 20 % restant, je suis bien content d'avoir procéder ainsi.

Si je constate une différence entre la (bonne) carte et le terrain je refait illico le point, ou, si ce n'est pas possible, je continue en code jaune (à carreaux bleus) jusqu'à ce que je puisse confirmer ma position.

Dit comme ça, ça fait sans doute parano ou stressé de la vie, mais comme les cartes sont mon péché mignon, je le fais par plaisir...

Une autre remarque : la boussole de secours dans le kit, je comprends, mais s'il ne doit n'y en avoir qu'une seule, elle doit être à portée de main.

13 juillet 2011 à 09:15:22
Réponse #12

Jérôme A


merci pour le récit  ;)

Niveau nourriture  tu changerais quelque chose ?

dans ton kit ?
Pour le midi ?

tu parles de tomate et de fruit, niveau calorie t'avais quoi ?
Si vous vous sentez impuissant...
Aidez quelqu'un .

13 juillet 2011 à 10:23:37
Réponse #13

Kilbith


Avais-tu un bonnet dans le fond de sac ? C'est un élément essentiel pour réguler sa température.

Plus ça va, plus je trouve que le "passe montagne" en fond de sac est vraiment supérieur au bonnet en terme isolation/poids. Je parle d'un fond de sac, sinon j'emporte les deux.

Cotés positifs :
- Le passe montagne peut faire office de bonnet (il suffit de le rouler).
- le passe montagne protège une bien plus grande surface que le bonnet (cou+nuque+visage) et c'est essentiel en statique.
- le passe montagne permet aussi de rendre le col du vêtement plus étanche (comme une écharpe) ce qui limite énormément "l'effet cheminé" et donc le refroidissement par convection.

Coté négatif :
- On a l'air bête.
- difficile d'en trouver un confortable.


Un bon passe montagne "fond de sac" doit, AMHa, avoir quatre qualités à vérifier à l'achat :
1. Il ne doit pas y avoir de coutures irritantes, particulièrement celle du milieu pour ceux fait en deux parties.
2. On doit pouvoir le positionner plus ou moins couvrant sur le visage. L'ouverture au visage doit être suffisamment élastique pour qu'on l'ajuste sans problèmes et selon les besoins :  sous le menton, sous la bouche, sous le nez.
3. Le col doit être assez long pour réellement assurer la continuité entre la tête et le col du vêtement principal. On peut le placer sous ou sur le col du vêtement couvrant le tronc selon l'effet désiré.
4. Idéalement l'ouverture au visage doit être suffisamment large pour que l'on puisse y passer toute la tête et transformer le passe montagne en "tour de cou" comme une capuche. C'est un détail assez rare.


J'ai essayé pas mal de modèles au cours des ans. Pour mon anatomie le bon compromis c'est l'Ullfrotte 200. Je ne sais pas si les actuels Woolpower 200 ont la même coupe. En synthétique les passes montagnes de la marque Odlo sont aussi très bons et plus légers mais n'ont pas la quatrième qualité. Mais en back up les Odlo warmth sont aussi très bien (plus compacts et ne craignent pas les  mites) et sèchent un poil plus vite que les Ullfrotte pour une isolation comparable.

Je parle bien de "fond de sac", pas de passe montagne à port permanent ou bien s'intégrant dans un système hivernal.

« Modifié: 13 juillet 2011 à 10:35:48 par kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

13 juillet 2011 à 11:04:38
Réponse #14

Chris-C


Citation de: Nävis
Pour Lemuel:
Je n'utilise pas les stats comme toi.
S'il y a 1% de chance qu'il pleuve, mais que je prévois que la pluie peux me congeler, pourrait potentiellement m'empêcher de rentrer (torrent de montagne sur mon chemin par ex.), et risque de me faire passer une nuit dehors sans abri... je prends de quoi me couvrir à 100%, avec de la rechange même.
S'il y a 50% de chance qu'il pleuve, que la rando est courte, sans dangers, avec un retour facile et que des personnes vigilantes attendent mon retour... je ne prends qu'un minimum, et je le laisse au fond du sac. C'est chouette de se sentir vivante.

J'ai une tendance après des test, et d'intense réflexion qui de l'extérieur pourrait me faire passer pour un gros branleur ( :ninja: )
à arriver à une synthèse radicale, qui fait que j'ai dans mon sac l'essentiel pouvant couvrir les situations qui se dégradent.
Pas besoin d'y revenir en fonction de la longueur de la sortie, du temps.....
Et effectivement comme tu le dis, ce concentré d'essentiel est le fruit surtout d'erreur.
Bref c'est le fond de sac dont on parle souvent ici. Pas celui on on retire à chaque sortie le petit truc qui n'a pas servie la fois dernière.

Citer
je me force à "faire confiance"

J'adore  ;D
J'aime bien jouer à ça, mais parceque derrière je connais ma marge de manoeuvre et je sais ou placer la limite. (je parle en groupe)
Je laisse de plus en plus faire quand j'entend des conneries autour de moi, en comptant sur le terrain et mes quelques compétences
pour faire passer le message plus facilement.... c'est un peu sadique non?  :-\    ;#
ça fait longtemps que je suis autonome dés que je met le pieds dehors, mais depuis peu j'ai une tendance à la redondance pour pallier au manque des sorties à plusieurs..... genre poncho+coupe vent très déperlant+CS. et c'est la que le matos léger prend tout son sens pour moi.
Je suis toujours sur le cul de voir que même quand on passe par de l'inconfort pouvant facilement tourner mal, chez certaines personnes
cela s'oublie vite et ne sert pas de base pour revoir son fonctionnement perso.


Citation de: Nävis
C'est pour cela que je me sens souvent mal à l'aise de répondre quand des membres du forum sans expérience demandent si leur liste de matériel est correcte pour une première et grande rando. Il faut accumuler des cralées de km de petites erreurs pour faire progresser sa propre sécurité.

On voit clairement la différence entre avoir le matos et savoir quoi faire avec.
Suivant qui lit la liste on dira oui c'est bon avec ça tu es tranquille, sauf que si certaines pièces d'équipements sont mal utilisées,
utiliser trop tard ou que l'on ne connaît pas la petite technique de détournement de l'utilisation normale, ben le problème reste entier.

Citation de: Nävis
La carte explicative de la rando familiale proposée est téléchargée et imprimée
La majorité des gens que j'ai remis sur le chemin parceque perdus, été équipé de ces petits topos que l'on trouve sur le net ou dans les Syndicat d'initiative. La marge d'erreur de lecture est nul car il n'y a rien comme éléments pour faire un point avec le relief
qui nous entoure. C'est comme une carte routière, tant qu'il y a les panneaux et que l'on est sur la route ça va.......


Bon sinon je suis déçu Nävis, t'as même pas bâtonné toute la foret pour allumer un feu de la St jean, prend un réchaud à essence la prochaine fois, ça aide pour l'allumage  ;#


a+  :)



« Modifié: 13 juillet 2011 à 21:12:18 par Nävis »

13 juillet 2011 à 13:25:00
Réponse #15

Lemuel


En fait je ne fais pas de statistiques. Le coup des 10 % c'était juste pour illustrer. C'est pas parce qu'il y a 10 % de chances pour qu'il pleuve qu'on ne se prendra que 10% de flotte si ça arrive.
D'où l'idée du fond de sac en effet. Et, bien entendu, d'où l'idée d'un fond de sac personnalisé.
Don't watch the tool, the work it can do
Watch the man that's behind, yeah !


http://natureandforcefield.tumblr.com

13 juillet 2011 à 16:14:51
Réponse #16

Outdoorsman


Plus ça va, plus je trouve que le "passe montagne" en fond de sac est vraiment supérieur au bonnet en terme isolation/poids. Je parle d'un fond de sac, sinon j'emporte les deux.

Cotés positifs :
- Le passe montagne peut faire office de bonnet (il suffit de le rouler).
- le passe montagne protège une bien plus grande surface que le bonnet (cou+nuque+visage) et c'est essentiel en statique.
- le passe montagne permet aussi de rendre le col du vêtement plus étanche (comme une écharpe) ce qui limite énormément "l'effet cheminé" et donc le refroidissement par convection.

Coté négatif :
- On a l'air bête.
- difficile d'en trouver un confortable.

Tout à fait d'accord.
Le bonnet s'est bien, le passe montagne, c'est mieux.
"On a beau donner à manger au loup, toujours il regarde du coté de la forêt. " Ivan Tourgueniev
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin" Edward Whymper
"Dégaine toi du rêve anxieux des bien-assis" Léo Ferré

13 juillet 2011 à 21:40:37
Réponse #17

Nävis


Niveau nourriture  tu changerais quelque chose ?

Pour une rando à la demi journée, pas grand chose en fait. Une/deux barres de céréales de plus (je les avais oubliées sur la table le matin).
Avec un départ matinal, retour en milieu de journée = vers 12-13h. Mais le pique-nique était dans le sac pour me laisser plus de liberté: une rencontre, un coin super où s'installer un moment... ou en cas de prolongations.

Je partage en esprit la synthèse radicale de Plumok. Mais mes capacités de portage sont limitées. Je navigue donc autour du moins mauvais compromis entre ne-pas-se-décourager-de-sortir, et rester-en-zone-de-confort.

13 juillet 2011 à 22:14:17
Réponse #18

Ronin2


Excellent j'ai passé un bon moment à lire  :up:

13 juillet 2011 à 23:17:45
Réponse #19

Meow


J'ai une tendance après des test [...] à arriver à une synthèse radicale, qui fait que j'ai dans mon sac l'essentiel pouvant couvrir les situations qui se dégradent.
Pas besoin d'y revenir en fonction de la longueur de la sortie, du temps.....
[...]
Bref c'est le fond de sac dont on parle souvent ici. Pas celui on on retire à chaque sortie le petit truc qui n'a pas servie la fois dernière.

C'est la première chose qui me vient à l'esprit ! Parce qu'en te lisant j'entends mes compagnons de rando s'écriant « Mais tu vas voir, il a toujours ce qu'il faut dans son sac ! C'est McGyver / Man vs Wild ! » avec un ton passablement moqueur parce que j'ai le malheur de sortir ma couverture de survie épaisse en guise de nappe ou mon propre couteau pour couper le saucisson...et que je dois tout justifier.

Mon fond de sac ne change pas et respecte bêtement et méchamment la règle des trois dans toutes les situations, même (surtout ?) les moins engagées. Alors oui, c'est un peu plus lourd et contraignant, on passe parfois souvent pour un(e) paranoïaque, mais on est toujours celui ou celle à qui l'on demande un coup de main en cas de pépin... Mauvaise foi oblige. ::)
DON'T PANIC !

23 juillet 2011 à 13:34:18
Réponse #20

Spip


J'adore ton style Nävis, c'est très plaisant à lire. Sacré récit et belle aventure.

A bientôt,
François

23 juillet 2011 à 14:13:46
Réponse #21

Shengouille


Très agréable à lire et riche en enseignements. Merci Nävis.

16 août 2011 à 00:28:59
Réponse #22

lutindesforets


J'ais pas lu les commentaires de tout le monde mais ton récit oui et je te remercie d'avoir partagé ton expérience .Je comprend que le reste des vacances on est le plus calme possible se types de situation sa refroidi pendants quelque temps .merci encore du partage .

19 août 2011 à 05:35:37
Réponse #23

filmanue


Plus ça va, plus je trouve que le "passe montagne" en fond de sac est vraiment supérieur au bonnet en terme isolation/poids. Je parle d'un fond de sac, sinon j'emporte les deux.

Cotés positifs :
- Le passe montagne peut faire office de bonnet (il suffit de le rouler).
- le passe montagne protège une bien plus grande surface que le bonnet (cou+nuque+visage) et c'est essentiel en statique.
- le passe montagne permet aussi de rendre le col du vêtement plus étanche (comme une écharpe) ce qui limite énormément "l'effet cheminé" et donc le refroidissement par convection.

Coté négatif :
- On a l'air bête.
- difficile d'en trouver un confortable.


Un bon passe montagne "fond de sac" doit, AMHa, avoir quatre qualités à vérifier à l'achat :
1. Il ne doit pas y avoir de coutures irritantes, particulièrement celle du milieu pour ceux fait en deux parties.
2. On doit pouvoir le positionner plus ou moins couvrant sur le visage. L'ouverture au visage doit être suffisamment élastique pour qu'on l'ajuste sans problèmes et selon les besoins :  sous le menton, sous la bouche, sous le nez.
3. Le col doit être assez long pour réellement assurer la continuité entre la tête et le col du vêtement principal. On peut le placer sous ou sur le col du vêtement couvrant le tronc selon l'effet désiré.
4. Idéalement l'ouverture au visage doit être suffisamment large pour que l'on puisse y passer toute la tête et transformer le passe montagne en "tour de cou" comme une capuche. C'est un détail assez rare.


J'ai essayé pas mal de modèles au cours des ans. Pour mon anatomie le bon compromis c'est l'Ullfrotte 200. Je ne sais pas si les actuels Woolpower 200 ont la même coupe. En synthétique les passes montagnes de la marque Odlo sont aussi très bons et plus légers mais n'ont pas la quatrième qualité. Mais en back up les Odlo warmth sont aussi très bien (plus compacts et ne craignent pas les  mites) et sèchent un poil plus vite que les Ullfrotte pour une isolation comparable.

Je parle bien de "fond de sac", pas de passe montagne à port permanent ou bien s'intégrant dans un système hivernal.



Kilbith,

oui le "nouveau" http://www.woolpower.se/en/asp/produkter_4_9652.asp est aussi bon que l ancien. et je l ai toujours dans le sac ...
cordialement.

 

19 août 2011 à 09:03:05
Réponse #24

Campeur


C'est la première chose qui me vient à l'esprit ! Parce qu'en te lisant j'entends mes compagnons de rando s'écriant « Mais tu vas voir, il a toujours ce qu'il faut dans son sac ! C'est McGyver / Man vs Wild ! » avec un ton passablement moqueur parce que j'ai le malheur de sortir ma couverture de survie épaisse en guise de nappe ou mon propre couteau pour couper le saucisson...et que je dois tout justifier.

+ 1

merci Nävis, très instructif ! ça conforte dans l'idée que le fond de sac n'a rien de superflu !
"Posséder les arts de la paix mais non ceux de la guerre, c'est un manque de courage...posséder les arts de la guerre mais non ceux de la paix, c'est un manque de sagesse" Wang Yang Ming (1472 - 1529)

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
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