Posté par DavidManise Alors...
Selon Dr. Eric Torres (j'ai les références grâce à Langouste, mais j'ai la flemme de les déterrer) :
- Le venin de vipère n'est PAS thermolabile (inutile de faire chauffer).
- L'aspi-venin n'est PAS efficace... bien qu'il contribue à calmer la personne mordue, ce qui est bien.
- 9 morsures de vipères sur 10 sont "sèches" (pas de venin injecté)
- De la 1/10 qui reste, seule 1/10 est vraiment grave... Donc c'est vraiment grave seulement une fois sur cent...
--------- Voici un petit passage de mon bouquin sur le sujet... pas encore le texte final mais on s'en approche -----
[...]
Même si la vipère nous mord (ce qui est rare, vous l'avez compris...), la situation est loin d'être désespérée. En effet, neuf fois sur dix la morsure d'autodéfense est « sèche » : aucun venin n'est injecté (Dr. Éric Torres, Urgence Pratique No. 2123, Juin 2001). Autrement dit, la vipère n'injecte du venin pour se défendre qu'une fois sur dix. Et de cette fois sur dix, seule un cas sur dix constitue une envenimation grave... Autrement dit, seule une morsure de vipère sur cent cause des effets réellement graves (et pratiquement jamais mortels, surtout si la victime a accès à des soins médicaux)... Le plus grand risque provenant des morsures de vipères reste donc, et de loin, la panique et l'infection ! La première chose à faire, en cas de morsure, est donc de bien nettoyer la plaie, et de la désinfecter... tout en restant calme.
Dans les cas (rares) d'envenimation, un oedème apparait entre 15 minutes et deux heures après la morsure, près de la plaie. Si aucun odème n'est apparut après deux heures, on peut écarter toute possibilité d'envenimation.
La douleur est souvent faible ou inexistante au moment de la morsure. En cas d'envenimation, elle apparaît en même temps que l'oedème. Elle est, comme l'oedème, un symptôme sûr d'une envenimation, et va en augmentant pendant les 48 heures qui suivent la morsure. Un traitement antalgique est souvent prescrit, tout en évitant scrupuleusement l'aspirine, qui renforce l'effet anticoagulant du venin.
En cas d'envenimation, et selon le niveau de gravité, une hospitalisation peut s'avérer nécessaire. Dans les cas d'envenimation plus graves, il faut s'attendre à passer 48 heures plutôt désagréables (vomissements, douleurs, hypotension, diarrhées...). L'oedème de la partie atteinte ne disparaîtra souvent pas avant plusieurs semaines.
Les envenimations causées par les vipères sont évidemment plus dangereuses pour les personnes déjà affaiblies, et sur les personnes de petite taille. Comme pour toute substance, le rapport entre le poids de la personne et la quantité de venin injecté influence grandement les symptômes prévisibles, à dose égale. Chez les enfants, donc, on court le risque de voir se développer des réactions plus grave à une envenimation, même minime. On traite donc les morsures de vipère chez les enfants avec encore plus de sérieux que chez les adultes.
Certaines personnes sont allergiques au venin de vipère (très rarement lors d'une première morsure). Pour ces personnes, le risque est évidemment plus grand, car les symptômes allergiques s'ajoutent aux effets du venin. Une morsure « sèche » ne constitue pas de risque allergique.
Que faire en cas de morsure ?
La conduite à tenir, en cas de morsure de vipère, est tout d'abord de s'éloigner et de se mettre à l'abri. Le plus souvent, voyant que tout danger est écarté, la vipère (ou la couleuvre) s'enfuira d'elle-même et glissera hors de vue dans les broussailles. De s'éloigner de quelques mètres suffit généralement. Une fois tout danger écarté, il faut absolument rester calme. L'idéal est de s'asseoir et d'observer calmement la plaie. Les morsures de vipère se présentent presque toujours sous la forme de deux petits points ou éraflures, distants de cinq à dix millimètres. La présence d'autres petits points (marques de dents derrière les crochets) que ces deux principaux nous indique à coup sûr que le serpent qui nous a mordu n'était pas venimeux. Dans le doute, il vaut toujours mieux traiter la morsure comme s'il s'agissait d'une morsure de vipère.
[illustration : morsure de vipère : 5-10mm, aucune autre trace, morsure de couleuvre : traces de dents derrière les crochets, plus large..]
Si on dispose d'une pompe à venin, on peut l'appliquer. Son efficacité n'a pas été démontrée cliniquement, mais certains manufacturiers affirment qu'appliquées moins de trois minutes après la morsure, elles peuvent éliminer jusqu'à 50% du venin. Qu'elle soit réellement efficace ou pas quant à l'extraction du venin, elle a un effet calmant sur la victime, et en cela elle est réellement efficace. En effet, en se calmant on ralentit la propagation du venin (si toutefois il est présent) dans l'organisme.
La deuxième étape consiste à bien désinfecter la plaie. On oublie souvent cette étape, mais les infections liées aux morsures de vipères sont un risque bien réel, dans certains cas plus importants que l'envenimation. Il faut ensuite, idéalement, immobiliser le membre atteint comme s'il s'agissait d'une fracture : en bloquant les articulations au-dessus et au-dessous de la partie atteinte. Ainsi, par exemple, pour une morsure au mollet, on bloquera (sans entraver la circulation sanguine) la cheville et le genou. L'immobilisation totale du membre est la mesure la plus efficace pour limiter la diffusion du venin dans l'organisme... si toutefois il est présent. Évidemment, on peut immobiliser le membre atteint consciemment en ne bougeant tout simplement pas...
La troisième étape, si c'est possible, consiste à appeler les secours ou à marcher (si on ne peut pas faire autrement) calmement pour se diriger vers une assistance médicale. Inutile de paniquer ou même de forcer l'allure. Il vaut mieux, au contraire, prendre son temps et rejoindre l'aide la plus proche. Selon la gravité de l'envenimation (classifiée de 0 : morsure sèche à 3 : envenimation grave par Audebert F., Sorkine M. et Bon C.) on vous renverra chez vous avez un joli petit pansement, des antalgiques et un rappel antitétanique, ou on vous gardera aux soins intensifs pendant quelques temps (de quelques heures à quelques jours), afin de pouvoir veiller sur vous de près.
À ne pas faire...
Il ne faut surtout pas faire d'incisions sur les lieux de la morsure, ni sucer la plaie avec la bouche (comme on le voit dans les mauvais films de cow-boys). D'inciser les vaisseaux superficiels ne fait qu'accélérer la diffusion du venin dans le sang, et sucer le venin avec la bouche peut être très dangereux... On imagine sans mal ce qui peut se passer si les tissus de le bouche ou de la gorge doublent ou triplent de volume, ayant été mis en contact avec du venin, même dilué. D'ailleurs, outre le venin, beaucoup de maladies (hépatites, SIDA, etc.) peuvent être transmises par le sang ou la lymphe de la victime, qui viendrait en contact avec une plaie, même très petite, dans la bouche de son sauveteur. Donc, en plus d'être inefficaces, ces succions dignes des plus mauvais westerns sont dangereuses. Évitez-les.
Évitez aussi les garrots. On a vu des gens devoir être amputés d'une jambe à cause d'un garrot privant le membre de sang, alors qu'aucune envenimation sérieuse n'était présente. Les garrots sont à proscrire, donc, même en cas d'envenimation évidente. On peut appliquer un bandage élastique faiblement serré en amont de la morsure, tout en prenant soin de ne pas freiner la circulation sanguine. Ce bandage, large et pas trop serré, a pour but de freiner un peu la circulation lymphatique et de limiter l'oedème dans le membre atteint, ralentissant un peu la diffusion du venin.
L'administration des sérums anti-venins (sérothérapie) est de plus en plus controversée. Ces sérums, en effet, causent souvent des réactions allergiques graves (notamment des bronchospasmes et des chocs anaphylactiques). On hésite, même dans les hopitaux équipés de salles de réanimation modernes, à les administrer. Aussi, sauf dans certains cas extrêmes, il est très risqué de les administrer loin de toute aide médicale appropriée. Les effets des sérums sont souvent plus graves que l'envenimation elle-même...
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Ciao
David