Juste un feeling.
Je fonctionne souvent comme ça : j'ai une intuition, ensuite je réfléchis pour voir si c'est cohérent ou pas.
Là, je sais juste que mon intuition n'accroche pas : ça me pose plein de questions ce « ratio répondant/risques » ;
ça tient pour les altercations ? les agressions ? dans l'absolu ? en théorie ?
ça me fait penser à une police d'assurance. Désolé pour la comparaison
C'est juste un feeling perso hein ; peut-être que je me plante totalement - c'est loin d'être exclu...
Bomby, tu pourrais développer un peu, en donnant des exemples ?
Désolé si mon intervention est HS je vire...
Je veux bien essayer, mais déjà en écrivant ça tout à l'heure je n'étais pas certain de ne pas dire une c***erie, alors là je risque de m'enfoncer...
Tant pis, je prends le risque...
Ta réaction était de te sentir culpabilisé par les propos de Dimitri, ressentis comme plus ou moins moralisateurs à propos de la violence. Si j'ai bien compris, tu partais du principe, au demeurant parfaitement légitime, que, en cas d'agression, c'est déjà pas évident de s'en sortir et qu'il était donc plutôt déplacé à tes yeux de venir soutenir que recourir à la violence avait toujours des conséquences néfastes.
Personnellement, je comprends parfaitement ce raisonnement, face auquel je ne peux raisonnablement formuler aucune objection. Mais j'ai une réaction à l'inverse plutôt favorable car je trouve que les propos de Dimitri sur la violence, quoique formulés sur un mode légèrement "mystico-néo-converti", reposent sur un fond de vérité.
Alors sans doute les convictions profondes de Dimitri doivent d'une certaine manière recouper au moins en partie les miennes.
Mais au-delà de ça (j'en viens à mon ratio "répondant/risques"), ce que je voulais dire c'est que pour "philosopher" sur la violence il faut me semble-t-il déjà pouvoir "relever le nez du guidon", autrement dit avoir le luxe de ne plus y être confronté quotidiennement ni avec une acuité trop pressante.
C'est ce que j'essayais d'exprimer en évoquant le luxe d'une distanciation par rapport à la violence.
Et mon idée, peut-être erronée, est que cette distanciation est essentiellement possible en fonction d'un ratio personnel et subjectif, entre d'une part la capacité de répondant que l'on a face à la violence et d'autre part le niveau, statistique, de risque auquel on est exposé.
En gros, c'est ce qui me semble-t-il va déterminer notre niveau de stress par rapport aux risques d'altercation, d'agression, généralement de violence, et permettre ou non de prendre du recul pour, si cela nous tente, commencer à philosopher à propos de la violence.
Dans mon idée, ce n'est pas une police d'assurance, et ça ne nous prémunit d'ailleurs absolument pas contre une éventuelle agression, c'est juste ce qui va permettre ou non de ne pas être écrasé au quotidien par le sentiment d'insécurité, le stress de l'agression.
Pour ne prendre que mon exemple personnel, alors qu'aujourd'hui je suis entraîné comme jamais et que je mène depuis des années une vie de père de famille rangé dans un coin plutôt paisible, je me promène beaucoup plus sereinement dans la rue qu'il y a 20 ou 25 ans, quand sans avoir ni l'expérience ni l'entraînement adéquat je sortais régulièrement dans des endroits relativement exposés. En d'autres termes, tout en étant conscient des risques, j'ai le sentiment de vivre en privilégié au regard du sentiment d'insécurité car il me semble que je dispose d'un ratio répondant/risques plutôt élevé.
Je pense que par exemple quelqu'un de plus jeune, sortant régulièrement dans des lieux publics pour des raisons sociales, et vivant dans un endroit plus "difficile", aura un rapport à la violence très différent et, loin d'envisager de philosopher à ce sujet, aura pour préoccupation beaucoup plus immédiate et exclusive la "survie urbaine" au sens fort du nom de ce forum.
Pour des personnes de tous âges vivant au quotidien, pour tous leurs trajets, dans des zones de grande insécurité, la situation de stress sera a priori encore pire. Les risques augmentant fortement, il faudrait pouvoir développer d'étonnantes capacités de réponse à l'agression pour retrouver un sentiment de sécurité permettant de prendre du recul sur la violence...
Bien sûr, personne ne réagit de la même façon et là où certains vont refouler le problème, ignorant la situation en espérant passer à travers les gouttes, d'autres vont crouler sous le poids du stress, quand d'autres encore vivront à peu près normalement en adoptant toutefois un certain nombre de conduites spécifiques. Et d'autres, à l'inverse, vivant en zone privilégiée, vont encore se charger tout seuls d'un stress inutile à la seule lecture dans le journal de ce qui se passe là où ils ne vont jamais...
Je ne cherche donc pas à développer plus cette théorie balbutiante de ratios qui n'aura jamais eu vocation à révolutionner les sciences humaines (et c'est certainement mieux ainsi)...
Mon propos était simplement, en réponse aux remarques de Mathieu, d'essayer de dire que pouvoir, comme le fait R. Dimitri, philosopher sur la violence était probablement et en quelque sorte un luxe et qu'accueillir favorablement son discours sur la violence supposait sans doute également de partager ce luxe, correspondant à un ratio répondant/risques élevé.
Bon, je ne sais pas si cette fois j'ai été plus clair mais au moins j'aurai essayé...
Cordialement,
Bomby