Sur les 20 années écoulées j'ai eu une dizaine de boussoles à plaquette + miroir (des Recta, Silva et Suunto). Toutes ont rapidement développé des bulles trop grosses pour que la boussole reste pratique. D'où le renouvellement frénétique. Là j'en ai eu marre, et j'ai acheté un peu par hasard ce compas Iris 50 il y a 6 jours. Le fond de la cellule est souple et permet au fluide de changer de volume, ce qui est censé retarder l'apparition de bulles.
Premières impressions
- Rien à ouvrir, pas de couronne toujours trop petite à tourner, aucune pièce mobile à l'extérieur. Bonne tolérance à l'inclinaison. On prend, on pointe, on lit, rien qui parasite, c'est top. C'est une massue, comprenne qui voudra.
- Le côté compas de route est très lisible.
- La lecture en compas de relèvement, avec le disque collimaté par un prisme, se fait sans aucun effort. On voit très nettement, en même temps, l'objet qu'on vise, les lignes de graduation (à un degré près sans forcer), et les indications numériques répétées tous les dix degrés.
- L'amortissement pourrait mieux adapté. La boussole tourne lentement et oscille longtemps quand-même. Quand le compas est froid et qu'on veut faire un relèvement après avoir un peu sué, contre le visage le prisme s'embue avant que la lecture ne soit stable. Mais par rapport à d'autres boussoles, le temps perdu en stabilisation est gagné en clarté de lecture.
- Si on lit facilement au degré près, les mesures ne sont pas toujours répétables aussi finement.
- L'affichage phosphorescent est très fort pendant une dizaine de minutes après deux ou trois secondes sous une lampe de poche blanche (ça ne marche pas avec du rouge). Le truc est alors aussi lisible de nuit que de jour.
- Pesé à 95g.
- Caoutchouc antichocs et antidérapant sur le tour. Sans aucun angle vif, agréable dans la poche.
- J'ai fait deux cycles congélo (-18°C) - posé devant le poêle qui rayonnait bien. Aucun problème immédiat.
Une petite aventure
Ce soir après le boulot j'suis sorti au crépuscule avec l'idée de faire une petite ballade en mode je travaille mon orientation + test du nouveau compas. En plus de la lampe, de la carte et du compas, j'ai mis dans la poche une petite règle Cras souple qui traînait dans mon secrétaire.
J'ai choisi comme but un petit lac que j'avais encore jamais visité, à 5 bornes de la maison. Sur l'aller j'ai fait mes katas d'orientation avec le nouveau compas. Je pensais que la petite règle Cras serait merdeuse à utiliser debout, sur une carte pliée et tenue à la main. La bonne surprise, c'est que en fait, non. C'est tout à fait pratique.
Arrivé au lac il faisait déjà largement nuit noire, noire comme dans "la voie lactée se reflète sur l'eau immobile". Vraiment. J'suis resté un moment à contempler...
Pour le retour, le dernier kata : prendre un azimut sur la carte à travers le terrain qui avait l'air le plus pédagogique. Défi : marcher toujours tout droit et arriver pile sur un carrefour de sentiers après (seulement) 1.5 kilomètre d'accidents de terrain et de dévers chaotiques, d'abord par quelques tous petits prés avec des clôtures de prunelliers qui m'ont déchiré le cul du pantalon, et puis après surtout de la forêt épaisse, pleine de houx et de buissons et de ronciers et avec quelques énormes arbres déracinés, dans des pentes déformées par des dépressions et des grosses bosses et des petites "cassures" de quelques mètres de haut, et un bout de marécage dont la glace croustille déjà quand on marche dans l'eau, bref tous les accessoires pour rendre difficile le suivi d'un cap. Rien à battre, pour la science et pour la gloire. Sans repère ponctuel ou linéaire pour s'aider y'avait pas moyen de tricher. Dans la forêt je gardais la frontale allumée en blanc pour faire les relèvements, et comme je voyais pas souvent à plus de 10 mètres à travers le taillis, j'ai souvent refait un relèvement tous les 10 mètres pour savoir par où avancer entre les pentes changeantes. Comme le compas est long à se stabiliser, je marchais en le tenant à la main à peu près dans la direction de marche, pour gagner du temps lors des relevés ; pas top.
Au bout d'un moment où je me disais que quand-même je devrais bientôt arriver, qu'avec autant de tous petits bonds j'avais pu cumuler trop d'erreur et dévier, aller trop loin, j'ai commencé à avoir un doute.
Et là, l'instant "mais qu'est-ce que j'suis con" : la frontale !
J'ai enlevé la frontale, mis l'oeil devant le prisme du compas, et approché la frontale du compas tantôt par le haut, tantôt par le bas. Selon où je la mettais, elle faisait dévier le compas jusqu'à 30°. Même si la coque de la lampe est en plastique.
Quelle connerie.
Bref ma belle aventure de précision s'est terminée au pif. Un angle droit vers la droite, marcher "à peu près assez longtemps" en escaladant encore des gros troncs poisseux dans la boue et les ronces, puis reprendre un angle droit à gauche, non plus avec l'espoir de tomber pile sur le but du défi, mais juste d'arriver dans la bonne zone et rentrer tranquillement par un sentier.
Finalement j'ai trouvé un des sentiers à 30 mètres de mon objectif, mais c'était complètement par hasard.
Leçon bien apprise du soir : pas de frontale avec un compas à prisme.
(édition du lendemain : en PJ pour les membres, quelques photos prises à la maison, pour compenser celles qui ont disparu dans les messages plus haut)