Salut Thorgaal
Je ne peux t’encourager dans la réalisation de ton projet (dans le cas contraire, je serai le dernier des faux culs
)
Compte tenu de ton orientation professionnelle, la période allant de l’obtention de ton BTS à ton entrée dans la vie active est à AMHA la plus indiquée pour te lancer dans ce type d’aventure (le métier d’agriculteur est souvent synonyme d’abnégation…)
Ton projet, bien qu’un poil utopique, est franchement sympa. Si bien que j’y ai un peu réfléchi aujourd’hui au boulot :
L’idée émise de faire le périple en compagnie d’un animal de bât (poney, âne, mule, lama, etc.) en plus des deux brebis est pertinente.
Perso, comme Jpdelx je verrai plutôt un âne ou mieux une mule ou un mulet : animaux rustiques, relativement sobres, intelligents et puis l’activité de bât est un peu leur raison d’être
De plus ils s’entendent normalement bien avec les ovins, d’ailleurs dans le monde de nombreux bergers conduisent leurs troupeau juchés sur des mules ou mulets (vu en Bulgarie et au Kirghizistan par exple).
L’avantage est indéniablement au niveau de la capacité de portage :
- Moins de matos dans le sac = plus de liberté de mouvement et moins de fatigue
- Au niveau du matos (tente, duvet, popotte, réchaud, etc.) : plus de problème de poids et d’encombrement => tu peux te permettre de choisir du matos plus rustique et d’un rapport qualité/performance/poids moindre, d’où pas mal des économies !
- Idem pour la quantité de nourriture : possibilité d’acheter en plus grosse quantité (format éco, familial, promos) = économie ; A la campagne on voudra surement te filer des légumes frais ou autre (d’autant plus vrai si tu donnes des coups de main dans des fermes et exploitations), difficile avec un sac sur le dos, pas avec un animal de bât
- Possibilité de transporter de la nourriture, de l’eau et de quoi soigner les bêtes
- T’es pas obligé de tirer à courte paille pour savoir quel bouquin emporter !
- Etc.
Dans le cas d’une rando longue durée, l’itinéraire s’articule forcément sur les possibilités de ravitaillement en nourriture, voire en eau pour les régions où les points se font rares.
Dans ton cas, comme dit par Schnickschnack, tu dépendras en plus obligatoirement du ravitaillement des bêtes. C’est un facteur à prendre en compte sérieusement avant de planifier sa route !
En outre, le fait de voyager à pied avec des bêtes va te limiter pas mal au niveau du type d’axes à emprunter. Les grands axes sont à proscrire, certaines départementales aussi. Il vaut mieux privilégier les routes communales, de campagne, petits sentiers, pistes et chemins agricoles. Question de sécurité et de plaisir.
En gros l’idéal serait de rester dans les campagnes : rencontres plus sensibles à la démarche, confort et plaisir lors de la « transhumance », paysages plus sympas, calme, possibilité de ravitaillement pour les bêtes voire pour le bonhomme aussi, compétences en agriculture et coups de mains appréciés et parfois bienvenus, etc.
En France il y a de moins en moins de petites épiceries dans les villages du coup en se cantonnant aux petits patelins il est difficile de faire ses courses et il faut parfois faire un détour dans une petite ville. Dans ton cas il serait AMHA possible de laisser une paire d’heure tes bêtes chez un agriculteur en périphérie le temps de faire le plein.
Pour ce qui est de l’eau, outre la possibilité de voir avec des particuliers, il n’y a pas trop de problème en France et en Europe occidentale : sources, fontaines, cimetières, etc. Si tu prends un animal de bât, un seau ou une bassine pliante pour faire boire les bêtes, voire en plus un bout de tuyau avec embout fileté et tu es le roi du pétrole
Sinon, j’ai eu cette idée concernant ton voyage. Je suis peut être aux fraises et elle vaut ce qu’elle vaut mais bon :
Vu que la compagnie des bêtes va irrémédiablement de pousser à sillonner les campagnes et que tu te destines à être berger ou du moins à vivre de l’agriculture, pourquoi ne pas en profiter pour forger un objectif à cette aventure ?
Tu me sembles passionné par ce que tu fais, sensible aux valeurs et au savoir faire des métiers de la terre et des bêtes, tu vas avoir la chance de rencontrer tes pairs, des jeunes et des moins jeunes, des gars et des nanas pleins d’expérience, riches de savoirs faires et savoirs êtres dont certains se perdent faute de transmission… pourquoi ne pas en profiter pour donner encore plus de sens à ton périple en recueillant des témoignages, des savoirs faires, en questionnant l’évolution de ton futur métier, en interrogeant et en observant ses acteurs ?
Je sais que tu souhaite voyager sans itinéraire prédéfini au fil des rencontres, sans objectif précis, mais ça pourrais être enrichissant dans tous les domaines en l’inscrivant dans une démarche et une orientation précise, en luis donnant un but quoi !
Pour toi ce serai enrichissant d’un point de vu personnel et professionnel. En tant que « relève » et nouvelle génération tu es d’autant mieux placé pour recueillir la parole des anciens !
Pour être un peu plus concret, plutôt que de partir à l’aveuglette, tu pourrais planifier ton périple de façon générale avec pour fil conducteur le pastoralisme : « à la rencontre des bergers de France et de Navarre » en gros. Tu peux déjà dégrossir un itinéraire en sélectionnant les régions où le pastoralisme a encore cour, les dates et lieux de transhumance, tu définis un peu les coins ou tu aimerais aller, tu regarde un peu la faisabilité de la chose à pied avec des bêtes, tu prends deux où trois contacts pour articuler un peu l’itinéraire et le reste se fera sur le terrain avec les rencontres, le bouche à oreille, etc.
Sérieux quand on voyage à pied, c’est mieux d’avoir un objectif ou un fil directeur, même vague
On ne peut pas faire des sauts de puces ou décider de changer de région du jour au lendemain. Un objectif permet de garder la motivation et de savoir où on va.
De plus dans ton cas (peux d’argent, hospitalité contre aide), inscrire ton projet dans une démarche qui a un sens, une démarche cohérente et intelligible pour les autres est un gros plus pour les rencontres. Cela t’évitera d’être perçu pour un jeune branleur, parasite ou pire jeune branleur parasite et illuminé
Par contre si tu dis que tu es un jeune berger (la « relève ») qui prend une année pour rencontrer ses pairs, faire un état des lieux de la profession et engranger de l’expérience en hésitant pas à retrousser les manches, une sorte de compagnonnage à l’ancienne en gros, ben là je peux te garantir que les portes vont s’ouvrir, les regards vont changer et les mains se tendre
Attention, après je ne parle pas d’objectif dans le but de retenir l’attention des médias, d’avoir des subventions ou de se faire mousser mais vraiment de donner un sens au périple et surtout de profiter de l’occasion offerte.
Les témoignages recueillis pourraient surtout avoir un avantage pratique : recueil ou expos pour/dans les lycées, présentation dans des classes, articles ou correspondances pour des journaux type « la France agricole » ou autres publications régionales.
Si tu a pour ambition d’écrire un livre à terme sur cette aventure, il y aurait vraiment matière à exploiter, ne serait-ce que pour étoffer ou enrichir le périple.
Et même si tu souhaite faire un périple libre, sans cadre, au feeling, un petit dictaphone, un APN et des notions d’écriture journalistique (exple :
Le guide de l'écriture journalistique peuvent être utiles
Il y a quelques années j’étais tombé sur le descriptif d’un voyage en vélo sur les traces du pastoralisme en Europe. Faudrait que je retrouve ça, le mec a du écrire un bouquin depuis… par contre de mémoire il n’était pas dans le métier donc le point de vue était surement celui d’un néophyte ou du moins extérieur…P*tain, j’ai encore écris un pavé ! Ca vous fera les pieds tiens !
Criss Kenton, prolixe depuis 1983