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Auteur Sujet: Abri par temps trés froid  (Lu 29757 fois)

21 septembre 2006 à 22:07:24
Lu 29757 fois

kazar


Bonjour,

Pouvez-vous me conseiller sur la confection d'un abri naturel d'urgence par temps trés froid (par neige, vent glacé..., merci Québec)? Sans tente, ni toile de bâche, et avec un minimum d'équipement coupant (un couteau ou une hachette par exemple). Que ce soit dans les bois, ou pire, en plaine. J'apprendrais plus vite avec vos conseils. Merci les gars.

Stéphen.  :)

21 septembre 2006 à 22:21:20
Réponse #1

DavidManise


Une image vaut 1000 mots ;)

La principale déperdition de chaleur qui te reste est la conduction (contact avec la neige froide).  Faut absolument isoler le fond et les côtés.  45-50cm de branches de sapin empilées pour faire un matelas feront déjà une grosse différence.  Si l'abri est bien fermé (faut tout de même garder un minimum d'aération sinon tu meurs asphyxié) tu passes de -40 dans le vent à -4 à l'abri du vent en peu de temps.  Ça prend 10 minutes à faire avec une simple machette pour découper des blocs.  Sinon, même, tu coupes une branche, tu l'aiguises un peu et ça te fait un couteau à neige de fortune.

Ciao ;)

David

Dessin copyright Philippe Gady
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21 septembre 2006 à 22:36:15
Réponse #2

kazar


Merci David. C'est concrêt.

Au Pays Basque la température ça allait, mais au Québec... c'est un fait, j'ai les jetons. Le froid : je ne connais pas.

Bye  :D
Stéphen.

21 septembre 2006 à 22:43:29
Réponse #3

cedx69


au quebec ça peu vraiment cailler, j'y ai fait 1400km en motoneige, parfois tu cligne des yeux et avec les larmes dues à la vitesse tu peux plus reouvrir les yeux, c'est colé....vaut mieux pas qu'il y ai un virage...
il faut pas muiller ses levres sinon c'est gerssure IMMEDIATE et ça fait mal longtemps...

21 septembre 2006 à 23:04:40
Réponse #4

DavidManise


Kazar,

J'ai survécu pendant très exactement 24 ans au Québec, et même s'il m'est arrivé une fois ou deux d'avoir froid (et parfois volontairement, style rando d'hiver ou bains de neige ou juste pour le plaisir de sentir mon corps s'adapter), je te promets que c'est parfaitement supportable.  Le tout, c'est de bien s'habiller. 

Évidemment, ça VA te demander une période d'adaptation.  Mais en t'exposant régulièrement et progressivement au froid, ton corps va s'adapter comme n'importe quel autre.  Même si tu as été habitué depuis tout petit plutôt à de fortes chaleurs qu'à des froids normaux (:D), ton corps possède les mêmes facultés d'adaptation que moi.

Intutile de te bloquer ou de te stresser, ou de lutter contre un malade contre le froid.  Ton corps fera son travail d'adaptation, tu pourras manger de la poutine autant que tu voudras, et ça ira.  Et tu verras, dès ton premier printemps tu te surprendras à te balader la veste ouverte et à avoir trop chaud par -3 ou -4 avec du vent. 

http://www.davidmanise.com/textes/acclimatation_froid.php

Tu verras, c'est rigolo.  Tu découvriras ce que ça fait de renifler et de voir ses narines se fermer à cause du gel, ou de sentir ses larmes geler, ou la sensation de chaleur hallucinante que tu ressens une fois que tes mains s'adaptent enfin au froid...  Et pis tu vas découvrir l'humilité, en pissant contre un arbre par -30°C :D

Y'a 7 millions d'homo sapiens sapiens au Québec qui survivent à ça tous les ans, tu devrais y arriver :D

Ciao !

David
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21 septembre 2006 à 23:22:36
Réponse #5

Maximil


l'avantage de l'abri d'urgence dans le très froid, c'est que tu te réchauffes en le faisant. Perso je ne connais pas le grand froid. En revanche, je suppose que c'est la même chose qu'un 0°C humide qu'on a dans le coin (puisque le corps s'acclimate). Je pense, mais sans avoir beaucoup d'essai, que privilegier le lieu est plus important que l'abri en lui-même. Il existe des micro-climats, et des endroits à ne pas se mettre: il faut pouvoir en reperer (en bas d'une pente= pas cool par exemple, au bord de l'eau idem)

Je confirme que les aiguilles de pins sont efficaces mais je trouve qu'il faut en mettre beaucoup. Vraiment beaucoup. Encore plus que çà.  ^-^ David parlait de 50cm (je crois) d'épaisseur à une époque. Perso j'ai jamais eu la patience d'en mettre autant, mais une couche de 5-6cm et pas grand chose, c'est à peu près pareil je trouve. Il ne faut donc pas hésiter sur la quantité.

Et puis pour éprouver du froid (et donc s'y habituer), pas besoin d'aller au Québec, suffit de rester en France mais d'être moins vétu: par exemple, en tant que VTTiste, je peux te dire que je ne crains pas de rester jambes nues jusqu'à 2-3°C (suivant humidité et vent) avant de ressentir le froid  ;) Bon le ventre c'est pas pareil  :o :'( :D Je connais la sensation d'avoir la 3ème jambe gelée et de se faire brûler en urinant ! Ca doit être marrant pour le nez (moins pour les oreilles).
Fabrication maison de stylo-plume , roller , bouchons de bouteilles , kubotan , koppo-stick etc... http://maximil.chez-alice.fr/index.htm
Photographies de Maximil
Patines de chaussures de Maximil

22 septembre 2006 à 08:16:12
Réponse #6

DavidManise


En revanche, je suppose que c'est la même chose qu'un 0°C humide qu'on a dans le coin (puisque le corps s'acclimate).

Euh...  non.  C'est pas vraiment pareil.

À -40°C :

- si tu transpires un peu trop en bougeant, dès que tu t'arrêtes, tu as FROID.  Pas juste froid inconfortable.  Froid dangereux.  Froid potentiellement mortel.
- si tu exposes un bout de peau trop longtemps, il gèle.
- si tu touches un truc metallique et que t'as pas la peau parfaitement SÈCHE, ça colle.
- si ta masse centrale se refroidit de 3 dixièmes de degrés et que tu tombes à 36,7, t'es immédiatement dans la zone "risque d'engelures".
- si tu te renverses de l'essence sur la peau, t'es bon pour au minimum perdre toute la peau qui était en contact (engelure instantanée)
- etc.

Bref, autant -10 c'est que dalle, autant en dessous de -20, quand-même, y'a pas mal de choses qui deviennent compliquées.  Faut pas stresser inutilement (dédramatiser), mais faut pas non plus croire que c'est le même univers (sous-estimer).

Ciao ;)

David
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22 septembre 2006 à 09:16:41
Réponse #7

Maximil


ok, fallait le savoir, c'est chose faite, merci David  :up:
Je pensais moins en terme pratique qu'en terme d'acclimatation par contre.
Fabrication maison de stylo-plume , roller , bouchons de bouteilles , kubotan , koppo-stick etc... http://maximil.chez-alice.fr/index.htm
Photographies de Maximil
Patines de chaussures de Maximil

22 septembre 2006 à 16:18:43
Réponse #8

kazar


Merci beaucoup!

Connaissez-vous des sites, des bouquins ou des cours de survie serieux et spécifiques au Canada?

Bye  :),
Stéphen.

22 septembre 2006 à 16:43:52
Réponse #9

guillaume


ou des cours de survie serieux et spécifiques au Canada?

Ceux du manitou quand il sera rentré  :D  :doubleup:

a+

22 septembre 2006 à 17:24:43
Réponse #10

kazar


Ceux du manitou quand il sera rentré  :D  :doubleup:

Salut Vik  :),

Veux-tu dire que David donne des cours de survie pas seulement en Europe mais également au Canada? Ou, qu'ayant vécu Canada il peut faire profiter de son expérience nord américaine en Europe? Parce que je vis au Québec...

Bye  ;),
Stéphen.
« Modifié: 22 septembre 2006 à 18:15:19 par kazar »

22 septembre 2006 à 17:40:47
Réponse #11

DavidManise


Stéphen : pour résumer, j'ai grandi au Québec, mais tu devras survivre à un hiver sans avoir suivi mes cours de survie sur le terrain, comme 7 millions d'autres habitants du Québec ;) <rire>

Si ça peut te rassurer, la moyenne de température de l'hiver au sud du Québec est seulement de -12 ;)

Ciao ;)

David
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22 septembre 2006 à 19:28:46
Réponse #12

kazar


Milles excuses Guillaume!  :D

***********

Ah! Je comprend mieux maintenant. Merci! Je commençai à faire des scoubidous avec mes neuronnes!

Attendre un hiver entier sans tes cours???  :o



Cela me laisse le temps de renforcer mes connaissances et les techniques de bases en survie.

Bye,  :)
Stéphen.

02 octobre 2006 à 12:50:29
Réponse #13

Esprit Blanc


Salut  :D

Je ne connaissais pas cette technique avec des blocs.
J'en ai une autre qui fonctionne sur les mêmes principes : l'igloo souterrain.

- On sonde la neige avec un bâton, pour voir si elle est assez épaisse.
- On commence à creuser un trou, et puis on l'élergit de façon à avoir une forme d'igloo, mais sous la neige. Pour avoir chaud, il ne faut pas que ce soit plus grand que l'espace nécessaire pour y dormir. Pour ma part, c'était prévu pour 5. Il faut un minimum tasser-lisser les parois.
- On choisit un côté de l'igloo, et on creuse un tunnel qui émerge disons trois mètres plus loin : c'est la porte.
- On fabrique 3 boules de neige, et on les assemble afin de fermer le 'toit' de l'igloo.
- On plante les bâtons de raquettes (ou branches ou autres) autour de la surface de l'igloo, pour que personne ne vienne marcher dessus.
- Pour l'isolement, la même chose que ce qui est indiqué dans la technique précédante.

Voilà !  ;D
« Modifié: 02 octobre 2006 à 12:52:11 par Esprit Blanc »

02 octobre 2006 à 15:38:06
Réponse #14

kazar


J'ai entendu parler de cette technique. Mais au sens propre comme au sens figuré, rien que l'idée de dormir dans la neige ça me fait froid dans le dos!  :o C'est comme si je m'enfermais dans une pièce réfrigérante. Je vais tenter cet hiver. Le psychologique va être difficile à passer.

Stéphen.

02 octobre 2006 à 16:43:21
Réponse #15

Esprit Blanc


Mais au sens propre comme au sens figuré, rien que l'idée de dormir dans la neige ça me fait froid dans le dos!  :o C'est comme si je m'enfermais dans une pièce réfrigérante. Je vais tenter cet hiver. Le psychologique va être difficile à passer.

Stéphen.

Héhé, oui, je te comprends fort bien. A cette occasion j'ai d'ailleurs découvert que j'étais légèrement claustrophobe. Pendant la nuit je me suis échappée un moment pour respirer auprès du feu dormant... mais la magie du soleil qui filtre à travers le plafond bleuté le lendemain vaut bien cette petite angoisse ^^

Par rapport à l'isolation du sol : il est très important de laisser une couche suffisante de neige entre le sol et vous. La neige est un excellent isolant. Du coup, je ne sais pas si ça vaut le coup de mettre une telle épaisseur de branchages... en tout cas, on n'a pas mis tout ça, mais je ne me rappelle pas la température extérieure.

02 octobre 2006 à 17:38:45
Réponse #16

DavidManise


Salut Esprit Blanc :)

C'est vrai que la neige est un excellent isolant, mais c'est quand-même un isolant qui est au minimum à 0°C ;)  Ça te pompe bcp de chaleur par conduction, si tu y touches.  Donc il faut s'isoler de la neige.

L'igloo sous-terrain est une bonne technique.  Son principal avantage, c'est qu'on peut moduler l'épaisseur de la couche de neige qu'on a au-dessus de la tête.  Pour les vrais claustrophobes, d'ailleurs, on peut très bien ne pas le fermer complètement.  Ça isole bcp moins bien, mais c'est déjà mieux que d'être là exposé au vent ;)

Ciao :)

David
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02 octobre 2006 à 23:15:53
Réponse #17

Kilbith


Salut,  :)

Maximil, le problème quand tu fais un abris dans la neige...c'est que tu te réchauffes. Et lorsque tu t'arrêtes la transpiration est un vrai problème. Parce que dans l'igloo il fait tout de même pas chaud et toujours très humide. Il y a aussi le problème des mains, la neige c'est très froid au contact et lorsqu'elle fond sur tes mains c'est l'horreur.
Certains diront qu'il suffit de se déshabiller, mais en général  tu construis l'abri alors que tu es déjà dans une galère. Or, en France la galère c'est souvent en altitude par grand vent et là tu as intérêt à rester habillé.
De toutes façons il faut avoir essayé de se déshabiller par grand vent pour ne plus avoir l'intention de recommencer.

Au passage, le problème pour faire un igloo c'est de trouver la bonne qualité de neige. il ne faut pas qu'elle soit poudreuse et pas sous forme de gobelet ou autre...Elle doit être assez compacte et se laisser travailler en bloc. Donc soit elle est transformée soit c'est de la neige soufflée. Dans tout les cas c'est  (très) long.

Il peut paraître plus simple de creuser dans une congère. Mais en montagne une congère c'est synonyme d'accumulation donc souvent de corniche et/ou de plaque à vent...attention danger.

En fait vous avez compris  que autant c'est assez facile de se faire un abri la neige (au passage ce n'est pas la neige qui isole mais l'air qu'elle contient), autant c'est galère en plein vent, dans la tourmente, à la frontale et avec l'onglée. Et là, il faut avoir une bonne pelle à neige pas une snow claw ou en ersatz. Pour l'igloo, une scie peut être utile...en fabriquer une dans du bois est uen bonne idée mais, il faut aller chercher du bois dans la vallée, alors autant aller y dormir.

Avant d'essayer l'abri en situation pas très bonne, il vaut mieux essayer dans un endroit cool avec des habits de rechange.

Si vous voulez déjà rigoler  :'(....essayez de monter une tente par grand vent en altitude quand les crêtes fument....
Dans ces conditions vous comprendrez pourquoi les tentes scandinaves peuvent se monter le double toit en premier auquel on suspend la tente intérieure et non l'inverse.

Did
« Modifié: 03 octobre 2006 à 08:15:54 par Kilbith »

03 octobre 2006 à 09:33:32
Réponse #18

DavidManise


Did,

Quelques solutions (chèrement acquises par l'expérience) aux problèmes que tu soulèves :

1) quand on construit l'abri, il faut se couvrir des pieds à la tête d'une couche imperméable (idéalement respirante) et s'activer DOUCEMENT.  On referme le capuchon, on rentre les mouffles dans les manches, on ferme les velcros, on serre tout ce qu'on peut pour éviter que la neige ne rentre. 

2) Dans le cas d'une grotte de neige, on se retrouvera vite à plat ventre ou accroupi à creuser dans une tranchée à l'abri du vent : il fera vite moins froid, donc trop chaud.  Y aller tranquillement, s'activer mais pas trop vite pour ne pas transpirer.  If you sweat, you die.  De toute manière, bien habillé, tant que tu bouges et que tu travailles tu ne vas pas crever de froid.  L'abri est là pour te permettre de te reposer, justement.  Autrement dit te permettre de t'arrêter de t'activer physiquement sans pour autant mourrir de froid.  Sans cela, la lutte contre le froid est un sport d'endurance qui est possible quelques jours, sans plus.  TOUJOURS respecter la règle du 50% du VO2 max et travailler sur un rythme "tai chi" : cool et doucement.  DÈS qu'on sent qu'on surchauffe (sensation de chaleur au niveau de la tête et du visage, des oreilles, etc.) on ralentit le rythme pour éviter de transpirer.  Ceci dit, dans certains cas tu peux te retrouver à 98% de ton VO2 max et encore grelotter, mais ça c'est quand t'es trempé, à oualpé, assis dans la neige par -50.  Bref, cas extrêmement extrême.  Un homme adulte moyen à 50% de son VO2 max produit entre 800 et 1200 watts en chaleur.  On a calculé (avec un pote chercheur en activité physique) que moi, à 75% de mon VO2 max, c'est 1952 watts (de mémoire).  Grosso modo une fois et demi un radiateur électrique planqué sous les vêtements...  Dans ces cas comme ça, les grizzlis ont vraiment plus de chances de survie que les hérons (et l'inverse est vrai dans la chaleur exrême bien sûr).

2) Pour creuser, évidemment qu'une pelle (courte, pour pouvoir la manier dans un endroit confiné) c'est l'idéal.  Le top du top.  Mais j'ai souvent fait des trous dans la neige avec une simple gamelle, voire avec mes mains.  C'est plus long, mais on y arrive.

3) Éviter autant que possible et toujours et sans arrêt de laisser de la neige fondre sur ses vêtements ou soi-même : "s'épousseter" en permanence.  Autre bonne raison pour prendre son temps quand on travaille la neige d'ailleurs : on s'en met moins partout quand on travaille doucement et proprement.

4) Pour l'onglée, personnellement j'ai grandi avec...  c'est douloureux mais pas dangereux.  En fait c'est la mise en route de notre système de production de chaleur, en quelque sorte (vasoconstriction suivie d'une vasodilatation importante).  Après l'onglée, si on se réchauffe un peu, les mains (ou les pieds) deviennent rouges et bouillants : on a atteint un nouveau niveau adaptatif. 

Accepter la douleur reste un bon truc pour qu'elle ne se transforme pas en souffrance psychologique en plus.  Toujours travailler avec ses mouffles (elles aussi devraient avoir une couche imperméable).  Si on continue à travailler malgré l'onglée : Dès qu'on ne sent plus ses doigts (l'onglée disparaît), les mauvaises nouvelles arrivent.  L'onglée, en fait, c'est la certitude de ne pas avoir d'engelure tant qu'on la sent, donc perso j'aime bien les onglées...  Mettre les mains dans les manches, plus bas que le coeur.  Fermer les poings plusieurs fois de suite pour activer la circulation.  L'onglée revient.  T'es content.  Garder les mains aux chaud jusqu'à ce que l'onglée disparaîsse...  et là on peut y retourner avec des fers à repasser en guise de paluches.

5) Il faut connaître plusieurs méthodes de construction et plusieurs types d'abris pour pouvoir s'adapter au terrain, à la neige, et aux outils dont on dispose et faire au mieux.  On peut compacter à la raquette une neige poudreuse et la laisser prendre (2 heures) pour en tirer des blocs de qualité moyenne.  On peut faire un gros tas de neige et le laisser prendre, puis creuser dedans.  On peut combiner le fait de creuser et la construction en blocs.  On peut utiliser n'importe quoi pour faire des blocs.  Quelques outils que j'ai personnellement testés et qui fonctionnent :

- scie à neige (le vrai truc)
- egoïne
- bâton rond
- arc
- ski
- luge type "pelle à tarte" (fonctionne extrêmement bien, la courbure permet de faire des blocs trapézoïdaux automatiquement !)
- bâton taillé en "couteau"
- machette / camp knife
- avant-bras... !

La machette reste vraiment un top...  mais rien n'est indispensable à part la volonté de survivre.  Les outils ne sont que l'extension de ça.

La vieille neige sans cohésion (gobelets de glace et "gros sel" comme on dit chez nous) n'est pas d'une grande utilité, mais on la trouve en général surtout au printemps et donc on peut théoriquement survivre à la surface.  Au pire, on peut très bien simplement se creuser une tranchée, voire un trou dans ce type de neige et ainsi se mettre à l'abri du vent, ce qui est déjà TRÈS appréciable.  Si la cohésion de la neige est vraiment nulle, le trou prendra une forme de cône inversé.  Pas très grave, on creusera simplement jusqu'à se trouver à l'abri du vent.  Bien évidemment, déposer la neige qu'on sort du trou en tas DU CÔTÉ du vent dominant ;)  Ça va un poil plus vite comme ça.

On pourra couvrir ce type de trou avec un poncho, par exemple, et ainsi emprisonner un peu d'air chaud.

En montagne, on trouvera évidemment des lieux abrités des avalanches et chutes de séracs en priorité, et on adaptera son abri à cette configuration : 3 heures sans abri, 3 minutes sans 02 dans ses centres vitaux, 3 secondes avec la connerie ;) ...  donc priorité aux risques type avalanche et séracs.  De toute manière, il faut rester conscient que plus on s'approche d'un environnement constitué de froid, de roche et de glace sous diverses formes, et plus les divers niveaux de risques en prennent pour leur grade, d'où l'intérêt d'être d'autant plus prudents et de trimballer un minimum d'équipement pour se couper du vent et conserver ses watts près de soi / en soi.

Ciao ;)

David
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03 octobre 2006 à 09:56:45
Réponse #19

Kilbith


Salut Manitou,

Mon post avait pour objectif de mettre l'accent sur la difficulté de construire un abri dans les conditions françaises : cad le plus souvent en altitude dans une tempête de neige.

Dans les ouvrages de survie, le problème de la survie dans la neige est souvent abordé dans l'hypothèse du grand nord: Neige abondante, froid glacial (donc très peu d'humidité)...zone boisée très isolée. C'est une situation peu fréquente sauf peut être dans le jura, les vosges et les hauts plateaux alpins. Il y a quelques années des alpinistes chevronnées sont mort de froid par un coup de foehn en Suisse. Ils étaient expérimentés en excellente forme physique et assez bien équipés. Ils n'ont pas résisté à une nuit dans des abris hâtivement construit dans le grand vent sur un plateau sans arbres.
 
Un seul exemple pour les différences. Froid en altitude dans la tempête c'est le vrai grand vent. J'ai vu une fille de 60 kg renversée par le vent au col de la Madamète par une rafale et obligée de continuer à quatre pattes du fait de l'effet Venturi. Or, quand il y beaucoup de vent, ta couche d'isolant est compressée contre toi sous la goretex. Dans cette situation mon gilet TNF nuptse (super très compressible !) et bien il n'isole plus grand chose...

TAFDAK pour tes remarques. C'est vraiment dans ces conditions que le trois couches tout synthétique avec Goretex fonctionne bien. On est étanche, humide à l'intérieur, pas trop froid et sans rien ouvrir on arrive à sécher lentement (parce que sécher vite je l'ai fait une fois en Chartreuse...plus jamais !).

L'onglée entraîne une perte de motricité fine, c'est là qu'il s'avère difficile d'enfiler les arceaux alu (donc très froid au contact) dans les gaines qui claquent au vent. Quand à le faire en moufle....Donc bien s'entraîner avant !

Au passage, en ce qui concerne les conditions froid extrême. J'ai un ami qui a traversé l'islande seul. Et bien par grand froid les élastiques des arceaux ont cédés. Et là c'est la galère pour assembler le kit en vrac...encore une fois Tafdak avec toi le grand froid ce n'est pas le même truc que nos conditions : le polyester est craquant, les zips sont gelés, les aciers cassent, les matériaux se contractent (le double toit ne rentre plus dans les fixations)....


did
« Modifié: 03 octobre 2006 à 10:06:10 par Kilbith »

03 octobre 2006 à 10:27:58
Réponse #20

DavidManise


Did,

Bien compris.  Ceci dit il arrive assez souvent au Québec qu'on se retrouve (généralement au début de l'hiver) avec des pointes de froid (style -25 la nuit avec du grand vent) alors qu'il n'y a pas ou alors très peu de neige.  Au milieu ou a la fin de l'hiver, on a aussi souvent des coups de "chinook" : vent chaud du sud qui fait tout fondre et qui trempe tout, suivis d'un refroidissement brutal (retour de la masse d'air froid).  J'ai vu des trucs du genre +12 ou +15 à journée, tu marches en raquette et tu es TREMPÉ, puis la nuit à -35.  Ça calme.  Évidemment, au niveau tempête on est gâtés aussi...  et dans le nord, en hiver, on a de jolies banquises sans arbres aussi... 

Bref, sans vouloir nier le fait qu'il existe bel et bien des spécificités européennes dans le trip "grand froid", elles ne sont pas, malgré tout, si nombreuses.  Les zones d'inconnu, pour un québécois qui débarque en europe, restent l'altitude et la déclivité, et les risques qui y sont liés : MAM, anoxie, avalanches, séracs, chutes...  tout des domaines où je ne revendique pas de compétence suffisante pour enseigner (tout juste assez pour me démerder moi).  Mais s'il s'agit de bivouaquer dans le froid dans des conditions extrêmes (peu/pas de neige, pas de matos, pas de feu possible, etc.), je n'ai pas remarqué de différences vraiment significatives entre le grand nord et la montagne...  outre l'altitude et la déclivité comme je le disais.  Ce sont des problèmes supplémentaires.

Juste pour être sûr qu'on parle bien des mêmes choses : pour moi grand nord = tundra = pas d'arbres ou alors de petits trucs rachitiques qui poussent d'un centimètre par décennie.  Grand nord = aussi banquise, donc pas d'arbres du tout.  Grand nord = -40 tout l'hiver, ours polaires et tout ça. 

Ce que les européens en général nomment le "grand nord canadien", pour moi c'est le sud : forêt boréale recouverte d'épinettes noires et de bouses d'ours :)  Là, oui, la forêt offre un couvert intéressant et des possibilités immenses en termes de protection contre le vent, matériaux de construction, combustible...  C'est le modèle vosgien, et québécois du sud, où les -20 sont rarement dépassés.  Quand je parle "grand froid", pour moi ça n'est pas ça.  Québécois du nord / nunavut c'est autre chose.  Là, en hiver, ce sont les -60 qui sont rarement dépassés.  -20 là bas, c'est le moment où les mères disent "ouah il fait un temps magnifique aujourd'hui les enfants, vous allez jouer dehors !!!" :camo:

Ciao ;)

David

P.S.: Tu as modifié ton post pendant que je postais...  Effectivement, le grand froid change pas mal de choses au niveau de la gestion et des choix du matos.  Et effectivement, l'effet venturi n'est pas à négliger en montagne...  cela offre aussi un avantage : on peut sortir du vent si on quitte la zone "venturi", alors que chez nous, les vents du nord/nord-ouest de 100km/h pendant plusieurs jours d'affilée et sans discontinuer sont fréquents en hiver ;)  Bon c'est vrai que le vent dans ce type de passage peut être réellement impressionnant.  J'ai vu des vents (pas de l'infernet pour ceux qui connaissent le Vercors) qui devaient péter les 150km/h sans problème.  Ceci dit on ne bivouaque pas là...

P.P.S.:
« Modifié: 03 octobre 2006 à 10:38:47 par Manitou »
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03 octobre 2006 à 10:37:17
Réponse #21

Kilbith


salut,  ;)

Ben pour moi grand nord...cela correspond à ta description du "sud verdoyant"  ;D

L'altitude entraîne un danger insidieux : Comme l'effort est toujours important, tu transpires toujours et ton sac est toujours très léger (normalement). De plus les conditions peuvent évoluer très très vite (passage d'un col, ou d'un port, passage à l'ombre, le soleil se cache...

Je n'ai jamais rencontré plus de -20°C le jour, deux fois avec du vent.

voili !

03 octobre 2006 à 10:45:45
Réponse #22

DavidManise


Et moi je n'ai jamais bivouaqué plus haut que 2400m (enfin je pense pas ;D), et je n'ai jamais vu d'avalanche de près ;)

Mon but, tu l'auras compris, n'est pas de jouer au plus malin mais bien de démontrer qu'il est possible de survivre à un bivouac forcé avec relativement peu de matériel, SI on connait quelques techniques et principes physiques/physiologiques/thermodynamiques. 

L'acclimatation joue aussi un rôle énorme.  C'est elle qui fait le plus défaut, à mon humble avis, aux alpinistes européens qui vivent typiquement dans un endroit beaucoup moins froid que celui où ils pratiquent. 

En hiver au Québec, pour moi, -20 c'est coquille en gore-tex et t-shirt en coton dessous.  Pas de gants, pas de bonnet, pas d'écharpe.  Et si je m'active un peu trop je transpire sans problème.  Ça n'est pas pour me vanter hein.  C'est juste pour montrer que le corps peut produire énormément de chaleur s'il est bien acclimaté.  D'ailleurs ça se perd vite.  Aujourd'hui, ici, il fait 18°C avec du vent, et j'ai été tenté par la swandri de matin :honte:

Ciao ;)

David
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03 octobre 2006 à 11:44:33
Réponse #23

BearPaw


En hiver au Québec, pour moi, -20 c'est coquille en gore-tex et t-shirt en coton dessous.  Pas de gants, pas de bonnet, pas d'écharpe.  Et si je m'active un peu trop je transpire sans problème.  Ça n'est pas pour me vanter hein.  C'est juste pour montrer que le corps peut produire énormément de chaleur s'il est bien acclimaté.  D'ailleurs ça se perd vite.  Aujourd'hui, ici, il fait 18°C avec du vent, et j'ai été tenté par la swandri de matin :honte:

c'est normal David, car au Canada l'air étant beaucoup plus sec, le froid ne peut pas pénétrer aussi facilement dans tes habits qu'ici en Europe, où l'humidité te donne une sensation de froid intense.

-20°C au Canada est franchement supportable, mais la même chose en France ou en Suisse, c'est pire. Sans parler du vent ni de l'altitude bien entendu.

Voici un lien sur un guide donné par la Fédération des Guides et Scouts du Québec de 1987 : http://capra.54.free.fr/formulaires/chaleur-hiver.pdf#search=%22le%20froid%20sec%22

slts

03 octobre 2006 à 11:51:07
Réponse #24

DavidManise


Bearpaw,

C'est vrai que l'humidité de l'air augmente beaucoup sa chaleur massique.  Ceci dit, crois moi, la première année où j'étais en France (arrivé en décembre), je crevais de chaud quand-même ;)

Ciao ;)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

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