Quand j'étais jeune (il y a quelque siècles et j'avais justement entre 10 et 13 ans), en colonie, j'ai eu des opinels et un couteau suisse (un à la fois, pas tous ensemble). À l'époque c'était tout à fait naturel et nous achetions nous-même nos couteaux avec notre argent de poche lors de la sortie en ville du samedi. Comme la plupart de mes copains, je les ai perdu lors de balades ou en jouant à les planter (la pichenette). Comme l'argent de poche, je n'en avais pas des masses, c'était chaque fois un vrai déchirement et je passais et repassais à l'endroit où je pensais l'avoir perdu de nombreuses fois avec chaque fois une montée en régime du cœur et l'espérance de retrouver mon précieux. Malheureusement ça ne s'est jamais produit.
La perte de mon couteau suisse m'a rendu énormément triste à l'époque et je me rappelle avoir passé des soirées à rêver de le retrouver. C'était un énorme investissement financier et c'était un outil magique. Les lames, le tire bouchon, l'alène… il a été la source d'aventures imaginaires extraordinaires.
Maintenant, j'ai deux filles et j'ai voulu qu'elles aient, elles aussi, ces aventures, réelles ou imaginaires, et j'ai essayé de les mettre en contact avec des couteaux.
À l'âge de sept ans je leur ai offert un opinel (n° 6 pour la première et n° 7 pour la deuxième - le 6 est rapidement trop petit). Il est utilisé pour manger à la maison, pour leur montrer l'utilisation, les gestes, l'entretien et les précautions.
J'essaie de leur apprendre à faire attention d'une part pour elles-même, mais plus particulièrement pour leur entourage. Je leur mets une chasse (grosse voix et tout et tout) quand je vois de grands gestes avec une lame pointe en l'air et essaie de leur faire prendre conscience des risques pour ceux qui sont autour.
Au début, je n'aiguisais pas trop les lames, mais maintenant, j'affute un peu plus pour qu'elles affinent leurs gestes. Les premières coupures apparaissent, mais du coup elles font beaucoup plus attention.
Un an après l'opinel, elles ont eu droit à un couteau suisse. Là c'est tout de suite plus ludique. Dès qu'on sort, elles le prennent avec elle. C'est super pour leur inculquer quelques notions d'hygiène en camping. C'est fou comme on n'a pas besoin de se laver quand on est gosse. Mais se couper les ongles avec son couteau suisse, c'est tout de suite plus intéressant. Et sauver leur crétin de papa avec la pince à épiler parce qu'il est aller chercher des mûres, qu'il revient plein d'échardes et le faire souffrir, ça ça les amuse.
On taille des bâtons en balade, on fait des dessins avec l'écorce, on grave... Et comme chacun à son propre outil et en est responsable, quand une tartine avec du saussisson a un goût de miel, il y a certaines choses qui rentrent petit à petit.
Pour commencer, avec un groupe, je choisirais un opinel (avec virole). Pour plusieurs raisons. Pour commencer, pour le coût (ne pas oublier pas d'en avoir quelques un en rab, parce que ça se perd et ça se casse). Ensuite, il est pliant et ne prend pas de place. Je ne suis pas sûr qu'un couteau fixe soit bien perçu par les parents. Ensuite, parce que ça se personalise bien un opinel. Ça peut être l'occasion d'un ou plusieurs ateliers bricolage. On peut percer le bout du manche pour faire passer une corde, on peut limer le bout du manche pour l'arrondir. On peut aussi faire de la pyrogravure dessus. Du coup, chacun à un couteau unique. On s'y attache plus et il est plus facile à retrouver quand on le mélange avec ceux des copains.
Voili