Cela faisait pas mal de temps que nous songions à aller faire une escapade de deux jours sur l'alpage de chaumailloux, au coeur de la réserve des Hauts-Plateaux. En cette fin février, nous avons réussi à trouver un créneau météo correct, et nous nous sommes échappés... C'est avec plaisir que je partage les moments forts de cette sortie avec vous
.
Départ donc le 19 février du vallon de Combau, côté diois. Nous partons vers 13 heures, avec une heure de retard sur le programme prévu, mais sous un soleil radieux.
Première pause photo avant d'arriver au vallon pour admirer le suberbe rocher de Combau.
On commence la marche dans une neige bien poudreuse qui nous ralentit. Par ailleurs, comme toujours quand je traverse ce vallon, je ne peux pas m'empêcher de m'arrêter toutes les 5 minutes pour m'extasier devant un pin à crochets isolé, ou devant une formation de neige
. Résultats: à 15 heures, nous n'avons toujours pas quitté le vallon, nous en avons même profité pour faire une pause pique-nique. Il nous reste environ deux heures pour atteindre Chaumailloux, si nous voulons respecter notre programme et avoir le temps de nous installer pour faire des photos au coucher du soleil. Deux heures, en temps normal, c'est plus que large pour arriver là-bas, mais chargés comme des mules en marchant dans la poudreuse, c'est déjà plus compliqué...
Le vallon de Combau avec au fond la Montagnette...
Mon homme prend donc les choses en main, et, l'air de rien, passe devant moi pour marcher en tête, ce qui n'augure rien de bon pour mes jambes
... Il faut dire que ça commence à bien se couvrir, et la perspective d'une marche dans le brouillard me motivant moyennement, j'accélère le rythme pour suivre Matt.
Au bout d'une heure, la météo a complètement changé et ce que je redoutais se produit: le brouillard nous tombe dessus. C'est vraiment le piège de ces plateaux, cette météo qui peut passer en une heure d'un extrème à l'autre. Pour le moment, ce n'est pas encore problèmatique: nous n'y voyons certes plus grand chose, mais nous suivons les traces d'une pulka passée par là avant nous, tout en vérifiant sur la boussole que ça correspond grosso modo à notre direction. Mais ¼ d'heure encore, et il se met à neiger à gros flocons. Matt accélère le rythme... et je commence à penser à toutes les choses pas vraiment indispensables que j'aurais mieux fait de ne pas mettre dans mon sac!
Sous les premiers flocons tandis que le brouillard s'avance sur les plateaux...
Très vite la trace que nous suivons se fait recouvrir de neige et elle devient difficile à voir... La navigation jusqu'au refuge de Chaumailloux va donc se faire à la boussole. Seule je ne serais certainement pas très à l'aise, mais Matt est un as de l'orientation, il a passé son enfance à naviguer dans le brouillard anglais, alors je le suis en toute confiance.
Au final, nous arrivons au refuge à peu près à l'heure prévue, mais après avoir donné tout de même un bon coup d'accélération pour compenser notre flânerie du début. La douleur dans mes épaules me rappelle que je n'ai pas fait de portage lourd depuis l'automne dernier. Enfin, une belle récompense nous attend sur l'alpage de Chaumailloux: le brouillard se dissipe juste avant le coucher de soleil, aussi vite qu'il est arrivé, et nous nous régalons les yeux devant les hauts-plateaux tout dorés.
Après un repas dans la chaleur du refuge, nous sortons pour une petite balade sous les étoiles. Marcher la nuit, ça a quelque chose de magique. Là, ce n'est que du bonheur: la nuit est claire, quelques nuages s'étirent dans le ciel, et la neige semble être à elle seule une source de lumière: nous marchons sans frontales, il n'y a pas un bruit, pas un souffle de vent, juste le crissement doux de la neige sous nos pas. Pour moi, sans aucun doute le meilleur moment de cette sortie. Bien entendu, nous avons pris avec nous nos sacs à dos, avec les boussoles et le GPS en prime, au cas où ce satané brouillard aurait l'idée de revenir. Deux précautions valent mieux qu'une...
Le refuge de Chaumailloux dans la nuit...
Le mont Aiguille sous les étoiles. Les traînées lumineuses sur l'image viennent de la ville de grenoble.
Le lendemain matin, nous nous levons à 6 heures, pour faire des photos de l'aurore. Un lever de soleil pas vraiment spectaculaire, mais bien sympa tout de même, avec le Mont aiguille qui s'éclaire sous les premiers rayons tandis qu'un nuage s'accroche aux rochers du Parquet. -15°, mais toujours pas de vent.
Puis nous remballons tranquillement pour le retour. Pour pimenter ce retour, Matt a proposé de repartir par un autre itinéraire, en dehors des sentiers battus, et de passer par un petit sommet que nous n'avons jamais fait, la Tête des Chanaux. J'ai les épaules encore bien en vrac, mais je me laisse tenter devant sa promesse de faire la trace tout le long. Je ne regretterai pas, le coin est superbe et sauvage.
Les Hauts-Plateaux vus de la tête des Chanaux...
A la descente, le vent se met à souffler, et très vite les rafales commencent à bien nous secouer. Je fais une pause pour sortir mon coupe-vent du sac à dos: il est dans une poche par dessus laquelle j'ai attaché mon matelas, que je dois donc détacher au passage et que je pose négligemment à côté du sac; et là, catastrophe, une grosse rafale emporte le matelas à ce moment-là, en une seconde, il a déjà fait 30 mètres, puis il disparaît dans une combe avant même que j'ai eu le temps de faire quoi que ce soit. Matt, plus réactif que moi, s'est levé et est parti en courant derrière le matelas. Je le vois revenir au bout de 5 minutes, le matelas à la main, et je récupère mon bien un peu honteuse. Je me fais bien sermonner: « en montagne, ton matos, c'est ta vie, tu ne dois jamais le quitter des yeux ou le laisser traîner... », et je ne fais pas la maligne, car je sais bien qu'il a raison et que ça n'est pas la première fois que je fais ce genre d'erreur
. Finalement, ça s'est donc bien terminé, mais je crois que ça m'a servi de leçon pour la prochaine fois...
Nous rejoignons tranquillement le vallon de Combau, c'est déjà fini, j'aurais bien fait un jour de plus...