Six kilomètres à pied, même par-12°C, ça ne me parait pas la mer à boire pour un adulte en bonne santé, quitte à se mettre au trot pour se réchauffer.
Bonjour,
Je suis souvent sur ces routes et d'ailleurs je m'étais inspiré d'endroits du Comminges/Couseran que je connais bien pour proposer sur le forum un scénario d'accident de voiture dans des conditions seulement un peu plus difficiles (sortie de route dans un col puis incendie de la voiture). Je ne retrouve plus le fil.
Une remarque : le type est blessé à la tête (grosse perte de capacité et de chaleur interne renforcée par le fait que le sang humidifie ses isolants) et puis -12°C avec un vent probable de 30km/h....tu es à une température ressentie de -20°C minimum. Il n'a pas obligatoirement de vêtement coupe vent.
source table windchill :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/0/02/Windchill_chart.GIF/800px-Windchill_chart.GIFCeci pour te dire que 6 km sur une route enneigée et verglacée*, même en bonne santé,...ce n'est pas si simple. Par exemple, on ne peut pas courir facilement. Il y a un grand risque de tomber, et comme je l'ai constaté encore récemment, cela peut entrainer une chute puis une entorse et une fracture totalement incapacitante. Et là, allongé dans la neige à tenter de ramper par -12°C en tenue de ville : tu meurs quasi inévitablement.
Sur une route enneigée/verglacée, surtout si légère pente, tu es obligé de marcher à tout petit pas en chaussure de ville. La prudence élémentaire l'impose. Et là, 6km par -12°C, plus le vent c'est (très, parfois trop) long.
Puisqu'on en est à l'anecdote :
Durant les vacances d'hiver j'ai du faire un parcours en voiture en "moyenne" montagne (1500m). j'avais prévu 30% de marge sur le temps normal.
Pour aller plus vite, je suis passé par un col. Pas de chance, alors que la région avait subie peu de chute de neige la veille, ce col (du fait de l'effet de fœhn) avait été recouvert d'une bonne couche de neige. J'ai fait une erreur d'appréciation, j'aurai du passer par la plaine.
Arrivé en haut du col (la montée ne pose pas de problème en général), j'ai dû mettre les chaines pour la descente. Je m'arrête donc sur un parking bien plat, je sors mes chaines que je connais bien (mais évidemment je ne m'en sert pas tous les jours). Et j'essaye de les installer sur ma twingo.
J'ai dans la voiture une couverture de laine, une couverture de survie, le matériel de signalisation une vraie pelle à neige, des câbles, lampes....Je suis équipé chaudement (je partais pour une randonnée hivernale) mais je n'ai pas de gants étanches, seulement des gants fins et des moufles ( équipement randonnée)...ERREUR.
Je galère pour mettre les chaines. Mes doigts deviennent insensibles. Là, je me méfie je rentre pour me réchauffer avec le chauffage de la voiture, ressortie, re-tentative. Heureusement, un type me prête une paire de gants et j'installe mes chaines (c'est des modèles "rapides" et ma voiture est une twingo, pas une berline à pneus extra larges...).
Je peux enfin repartir. Au final j'ai mis une heure et demie en plus pour rejoindre les copains du fait de ce choix d'itinéraire.
Plusieurs constats :
- Le téléphone ne passe pas. Impossible de prévenir ceux qui m'attendaient. Donc "j'essaye de faire vite" sans prendre le temps de m'équiper très chaudement. D'ailleurs par la suite je roule trop vite pour tenter de rattraper mon retard.
- Absence de gants de vaisselle ou en cuir dans mon "kit chaîne". Grosse bêtise, j'avais déchiré les gants latex fins lors de mon dernier montage et oublié de les remplacer. Mes gants de randos étaient trop fins, les moufles inutiles.
- Même bien averti et chaudement habillé,
j'ai eu l'onglée (mes doigts insensibles et pertes de moticité j'aurais pu me transpercer le pouce avec une aiguille) et en l'absence de chauffage (panne de la voiture) cela aurait pu se finir en gelure (au moins -10°c, contact prolongé avec l'acier des chaines, neige qui fond sur mes mains).
- De toute façon je n'aurais pas réussi à mettre les chaines. Donc soit je partais à pieds, soit je descendais sans chaine le col : deux mauvais choix.
J'étais en plein jour, le col menait à une petite station, il y avait du monde sur le parking. Je connais bien la région (je savais que la descente était dangereuse), j'avais du matos (réchaud...)...
Si j'étais passé de nuit, sur un lieu vraiment désert et sans connaître le coin : si murphy s'en était mêlé un chouillat (panne de voiture, reste de bitures...) : jackpot possible. Certain dirons "beaucoup de SI"...pas trop en fait.
Conclusion :
Sans tomber dans le catastrophisme, l'article de la Dépêche cité ci-dessus doit nous inciter à être prudent.
* : durant la même période, mais sur un itinéraire de moyenne montagne vers 2000m, j'ai un copain entrainé qui n'a réussi à faire que 6km lors d'une longue journée de marche en montagne sur une pente de neige verglacée. Ok, il n'était pas sur une route, mais il était équipé de matériel de progression, bien habillé, en grande forme et il ne faisait pas -12°C.