Bonjour, voilà que je relis ce post - que j'avais bien sauvé dans une rubrique ad-hoc de mes favoris - à la suite d'une réflexion sur la "désorientation".
La désorientation voilà bien un exemple de conflit entre notre représentation mentale et la réalité! Elle peut aboutir à une situation de grande confusion intellectuelle!
Il y a quelques années, j'ai été "désorienté" ... Rien de bien critique, mais quelle leçon! Honte à moi donc. Distrait en rando du dimanche (papotage avec mon fils et ma femme), j'ai raté un embranchement en pleine campagne.
Pas de veine ... sur le mauvais chemin, j'ai rencontré un ou deux repères que j'attendais sur le bon chemin (ça arrive), ce qui m'a conforté dans mon modèle : j'étais convaincu d'avoir obliqué là où il le fallait, j'étais conforté dans cette certitude par les repères rencontrés. Tout cela n'a eu qu'un temps ... je suis arrivé à un village, qui n'était pas le bon!
Je peux vous dire ceci : il m'a fallu un bon quart d'heure pour l'admettre!
Et encore ... à contre-coeur. La réalité s'imposait évidemment à moi, mais j'avais encore du mal à l'admettre, à accepter le fait que je n'avais pas pris le bon chemin. Mon fils en rigole encore, ma femme a décidé de prendre des leçons d'orientation!
Pour info, je me sers d'une boussole depuis bientôt cinquante ans, et pas que dans nos vertes campagnes ... Il n'est jamais trop tard pour se faire piéger, pour prendre une bonne leçon de choses, pour réapprendre l'humilité.
Comment donc se protéger de ces "modèles" si forts qu'ils nous masquent longtemps la réalité?
1. L'entraînement ... apprendre à reconnaître des situations traitresses. Le succès dépend beaucoup de l'art de l'instructeur, de sa capacité à "mettre en situation" ... Mais on peut arriver à quelque chose! Un de ces jours, je participerai à un stage ... à deux stages, certainement!
2. L'expérience. Le vécu personnel, le vécu de proches, le vécu de confrères. Vécu discuté, analysé, vécu sur lequel on se construit des stratégies, des tactiques, des décisions prédéterminées. Cela marche, quand on accepte dans un groupe, de partager ces expériences, ce vécu.
3. La forme physique et mentale ... faut pas espérer être génial quand on est crevé ... Donc, mieux vaut éviter les situations où on risque d' affronter des difficultés en état de délabrement physique et mental. Plannifier une arrivée au refuge à la tombée de la nuit, après une longue journée de marche ... c'est pas un bon plan!
4. La jeunesse ... Pourquoi les jeunes, les inexpérimentés, font-ils si souvent preuve d'éclairs de génie pour se tirer d'affaire!
On dit qu'il y a un bon dieu pour eux (pas toujours, hélas). Mais il doit bien y avoir autre chose pour expliquer ces miracles. La jeunesse, c'est aussi une mémoire vierge, une ouverture ... et souvent aussi une très grande résistance à la panique ... au moins pour certains, qui n'ont pas encore appris à avoir peur, qui ignorent la peur!
5. Le travail en groupe. Il y a plus de conneries possibles en groupe, mais ce ne sont pas les mêmes ... alors, si on a appris à bien "communiquer", à gérer l'esprit critique, le tri peut se faire, et on s'apperçoit qu'un groupe bien "construit" peut être très résistant à ces modéles irréalistes. En particulier ... les dames garderont plus souvent "les pieds sur terre" que les mecs. Il faut le vouloir, pour constituer un groupe où chacun est suffisemment "fort" pour mettre au pluriel la phrase magique qui reste à introduire ci-dessous, et oser y répondre tout haut ...
6. A défaut de pouvoir bénéficier de la réflexion critique de coéquippiers, il y a une phrase, une phrase unique qu'il faudrait graver un peu partout :
"Mais qu'est-ce que je ferais, si j'était moins con?" Piquée du film "Le cœur des hommes" de Marc Esposito.