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Auteur Sujet: Les modèles mentaux  (Lu 49649 fois)

31 mai 2007 à 09:52:41
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kartoffel


Chers amis ;)

A l'occasion du fil de David sur les personnes mortes en Corse à cause du mauvais temps, je remarque qu'on n'a jamais ou presque formalisé sur ce forum un notion qui me paraît pourtant centrale aux questions de déclenchement d'accidents. A vrai dire une notion centrale à la condition d'homo-sapiens elle-même : notre capacité à construire dans notre esprit des modèles de la réalité, puis à les utiliser à bon escient ou à nous laisser abuser par eux jusqu'à causer un accident.

Comme je sens que ça risque d'être un peu long, je vais faire ma diatribe de deux façons. Choisissez celle qui vous va le mieux.

1 : façon directe
Ouvrir les yeux, les oreilles, être attentif à soi et à ce qui nous entoure, et garder l'esprit curieux et sans préjugés afin de ne pas prendre ses désirs pour des réalités.

2 : façon monologue qui n'en finit pas, avec des anecdotes à la con et une formalisation foireuse sortie de mon esprit malade, qui va encore me faire passer pour l'intellectuel de service qui se touche les neurones le soir, et à laquelle personne ne va répondre à part pour me dire qu'il n'a pas lu, mais c'est pas grave ;) Je sacrifie joyeusement ma fierté à la science !

...et je m'excuse d'avance pour les hérésies que peut comporter le raisonnement d'un profane dont la seule culture en matière de psychologie se résume à ce qu'on apprend quand on suit un cours de marketing d'une oreille endormie ;)


Une fois, il n'y a pas bien longtemps, j'ai vécu une anecdote que j'ai relatée sur ce forum. Je me prélassais près d'un poêle, seul et bien au chaud dans un refuge connu du Vercors, conscient que ces quelques mètres carrés de confort étaient une bulle de plaisir au milieu d'un déluge de grêle, de neige et d'eau prête à geler, en plein dans un brouillard intense, isolé sur un plateau désert. J'appréciais d'autant plus ce confort que je venais de passer une demi-heure sous la grêle pour atteindre le refuge. Ca arrive ces choses, début juin dans le Vercors.
Et là la poignée de la porte a bougé. m*rde, j'étais bien, tout seul. La poignée a bougé et fait du bruit, et bougé encore, mais n'a pas tourné et la porte restait close. Elle n'est pourtant pas bien dure cette poignée de porte. Je suis allé ouvrir en m'attendant à trouver un truc un peu louche. Effectivement, là dehors se tenaient deux mecs secoués de spasmes, tremblants de froid au point de n'avoir pas réussis à tourner tous seuls la poignée pour entrer. Ils se sont hâtés d'entrer, se sont défroqués et assis en slip devant le feu confortable que j'avais allumé 20 minutes plus tôt.
"Ca aussi ça arrive, en juin dans le Vercors", me suis-je dit. Ce à quoi je m'attendais moins, c'est qu'une fois un peu réchauffés, c'est à dire une bonne demi-heure plus tard, les mecs ont vidés le contenu trempé de leurs sacs à dos pour le suspendre dans le refuge et le laisser sécher ; et diantre, il y avait là deux ponchos, deux vestes en gore-tex, et assez de pulls et de polaires pour équiper l'armée napoléonienne en Russie, ou presque. Et eux étaient là comme des cons à s'être laissé tremper dans leurs polaires légères. Il faut le faire, quand même !! Pire encore, les gars avaient un réchaud à gaz, de l'eau en quantité, des gamelles, bref de quoi faire une bonne boisson chaude.

Pourquoi n'avaient-ils pas passés leurs vêtements alors que la grêle les battait depuis une heure et demi ? Pourquoi n'avaient ils pas utilisé l'abri d'une falaise surplombante le temps de se faire un thé salvateur ? Par connerie, pour sûr, mais ça fait un peu léger comme explication quand même.


Ce serait bien de pouvoir expliquer ce genre de comportements absurdes, ou les gens agissent à l'encontre de leur intérêt alors qu'ils ont tout en main pour agir intelligemment. Ces serait bien de comprendre, pour éviter de faire ça nous-mêmes.

Et bien, vous l'attendiez vous l'espériez, et voilà je l'ai : j'ai une théorie bien foireuse pour essayer d'expliquer ça. Mieux même, ma super théorie explique pourquoi les carambolages arrivent ou pourquoi des gens partent en tête-à-queue sur la route du boulot un jour où ils ne sont même pas en retard. Elle explique pourquoi des mecs se font prendre dans des avalanches en skiant hors-piste alors qu'ils connaissent le danger. Elle explique pourquoi Cynry n'a pas filtré l'eau de la bauge alors qu'il était à sec depuis quoi, 12 heures ? 24 heures ? Elle explique pourquoi des mecs à l'abri dans un refuge peuvent descendre dans un temps glacial pour chercher une aide dont ils n'ont pas besoin, et mourir ce faisant.


Mon raisonnement se fonde sur une assertion simple : la réalité n'est pas ce qu'elle paraît. La réalité n'est qu'une représentation que notre cerveau fait de notre environnement, en se fondant sur ses cinq sens et sur sa mémoire. Notre réalité est une reconstitution cérébrale partielle de ce qui nous entoure. N'importe quel scientifique a un mot simple pour désigner n'importe quelle forme simplifiée de la réalité : un modèle.

Un modèle a un but. Le but du modèle de réalité que fait notre cerveau est évident : permettre des interactions choisies avec notre environnement, dont le but est la préservation de notre vie et de notre espèce, et tant qu'à faire la création de plaisir, ce dernier aidant aux premières.

Encore mieux, notre cerveau de primate évolué a d'autres modèles en stocks. En plus du modèle de la réalité présente, il y a de nombreux modèles correspondant à des situations passées, c'est l'expérience, la mémoire. Des modèles partiels ou plus complets, des gens, des choses, des situations, des actes, des sensations et des abstractions. Mieux, ô merveille, il y a des modèles du futur, des plans, des projets. Des modèles aussi qui n'ont pas forcément vocation à correpondre à une réalité : l'imagination, l'imagination créatrice ou l'imagination de scènes lues dans un livre, l'imagination des abstractions mathématiques, de l'infiniment petit ou de l'infiniment grand.

Les modèles du passé et du futur peuvent être aussi réels que ceux du présent, si on le décide. Il suffit de fermer les yeux et de se replonger avec foi dans un bon ou un mauvais moment passé pour en ressentir les émotions intensément. Et qu'y a-t-il de plus réel qu'une émotion ?
(réponse : une baffe de Pat, ça c'est sûrement encore plus réel)


Mais parfois ces modèles se mélangent. Et là, c'est le drame ;) Enfin, parfois.
Dans l'environnement à très faible risque dans lequel la plupart d'entre nous vivons au quotidien, être un peu à côté de la plaque, faire des choses inappropriées, ne pas tenir compte de signaux d'alarme, n'entraînera que rarement une situation à l'instabilité fatale. A la limite de temps en temps on se coltine un prédateur urbain ou on fait ou subit une erreur au volant, mais force est d'avouer que notre mode de vie est celui d'un lapereau blotti contre sa maman : bien protégés, beaucoup d'erreurs sont globalement pardonnables.
Ce seul état de risque faible est déjà une expérience à part entière. La capacité à se concentrer ou à être attentif n'est pas ancrée dans les habitudes nécessaires au quotidien. A la limite, on est concentré quand on conduit, et encore.

La concentration demande une conscience du risque. Un pilote de Super-Etendard, trente secondes avant l'appontage, a sûrement cette conscience. Tout comme un pompier dans une forêt en flammes, un funambule au dessus de la cinquième avenue, ou je sais pas moi, je commence à fatiguer, lecteur qui es arrivé jusque là tu peux trouver ton exemple tout seul.
La conscience du risque est là quand on reconnaît une situation comme risquée, quand le modèle cérébral de cette situation est liée à des modèles à l'issue désagréable ou pire.

Le problème du randonneur qui se dirige dans un brouillard naissant vers un refuge qu'il croit bien connaître sur un terrain qu'il croit maîtriser, c'est qu'au début il ne se considère pas forcément dans une situation à risque, et continue à considérer comme réel le modèle de réalité qu'il a en tête.
Son modèle mental de la situation peut se décaler par rapport à la réalité, c'est bien humain, ça nous arrive à tous, tout le temps. Si le gars à les pieds sur terre, il va finir par adapter sa représentation mentale à la nouvelle donne. Mais si le gars n'est pas en mode "aware", s'il est fatigué, pressé d'arriver et de reposer ses guiboles fatiguées, s'il se focalise trop sur ce qu'il désire au lieu d'être dans l'instant présent, inconsciemment il risque de ne pas se donner la peine de faire un recalage salvateur.
Il a en tête une situation imaginaire : "il n'y a pas tant de brouillard que ça, il y a cinq minutes j'y voyais bien, et puis le refuge est proche" et s'accroche à une situation future désirée : "être au chaud dans le refuge". On peut tous se tromper sur la distance réelle du refuge, c'est une chose banale. Par contre, ce n'est pas une excuse pour ignorer le reste de la situation, les choses que nos sens nous crient bien ostensiblement : le brouillard est là et il commence à tomber des grêlons et de la neige. Mais le mec se dit : "pas la peine de me couvrir, dans deux minutes j'y suis, je ne vais pas perdre du temps ici dehors à ouvrir mon sac, chercher la polaire et la gore-tex... le temps que je fasse tout ça je pourrais déjà être arrivé au refuge".

Et puis là ça commence à aller mal dans sa tête, parce que quelque part il se rend compte inconsciemment que son modèle s'éloigne de plus en plus de la réalité tangible. Il a le choix : il peut recaler le modèle, prendre en compte les données nouvelles. C'est une décision douleureuse, c'est désagréable de voir sa situation complètement changée en une fraction de seconde, le temps d'une décision, le temps d'une impulsion neuronale. Il peut être plus confortable de s'accrocher à une représentation mentale plus douce, où il ne grêle pas tant que ça et où le refuge n'est pas si loin. Et le gars continue à agir en fonction de son imaginaire, et à entraîner son pote dans une situation de plus en plus précaire.
Le pouvoir du mental est très grand. Si le gars est convaincu que ça ne va pas si mal, il va continuer à agir à la légère.

Si par chance, à un moment où un autre, le corps presse tellement fort le cerveau que celui ci finit par céder et recaler son modèle sur la réalité, la différence risque d'être tellement énorme qu'elle peut être à l'origine d'une réaction de panique ou d'abattement. Et c'est parti pour l'effet chimpanzé...

Je n'invente rien, le type me l'a dit naïvement après sa mésaventure : "on était convaincus que le refuge était tout près, c'est pour ça qu'on n'a pas mis nos ponchos". Moralité ils ont tourné dans le brouillard pendant une heure et demi, sous la grêle et la neige, en petite tenue, comme des cons, au point de se laisser bien entamer par l'hypothermie.

Tous ces accidents bénins ou graves, suite auxquels on nous ressasse "Je croyais que...", "Je ne pensais pas que...".

Ne nous y leurrons pas. Décrocher de la réalité n'est pas l'apanage des esprits légers. Ca peut nous arriver à tous. On a tous un degré de tolérance aux nouvelles désagréables.
Au mieux, ça peut même être bénéfique de fuir un instant la réalité, si la fuite est maîtrisée, pour restaurer ses forces mentales. Comme le le héros de Fight Club qui s'enfuit dans sa caverne, trouver son "animal porteur de force" pendant que Tyler lui brûle la main ;)

Si un modèle est associé à des émotions fortes, le cerveau a des chances de l'envisager plus sérieusement que si le modèle est une totale abstraction imaginaire. On apprend mieux sous le coup des émotions, c'est bien connu.
Si un modèle correpond à une réalité qui se répète et se répète encore, c'est pareil, le ressassage est une pédagogie comme une autre.

C'est comme ça qu'on voit des gens conduire des dizaines de milliers de kilomètres sur autoroute, devenir des conducteurs qui se croient expérimentés. Ils intègrent cérébralement l'autoroute avec ses trois voies qui défilent sous les roues, le trafic plus ou moins dense dont il faut tenir compte, et de temps en temps un incident plus sérieux comme un bout de pneu ou un carton sur la route. Le modèle est bien rôdé, le cerveau a eu des heures et des jours cumulés de conduite pour vérifier que son modèle était excellent et correspondait magnifiquement à la réalité rencontrée. La mécanique est précise, les réactions adaptées et bien anticipée... de bons conducteurs en somme.
Mais un geisterfahrer qui roule à contre-sens,  un 40 tonnes accidenté qui barre toute la chaussée ou une épaisseur d'eau propice à l'aquaplanning ne font pas forcément partie du modèle. Ils font pourtant malheureusement parfois partie de la réalité brute et violente qui se présente aux yeux du conducteur. Selon son ouverture d'esprit ou son incapacité à intégrer une réalité trop décalée par rapport à ses conceptions, il va avoir la réaction appropriée (ou qu'il peut penser appropriée de toute bonne foi, faute d'avoir été formé au freinage ou à l'évitement d'urgence par exemple) ou bien le conducteur peut complètement ignorer la donnée, continuer à conduire dans son modèle erroné, et foncer en plein dans le 40 tonnes sans rien tenter, comme je l'ai malheureusement vu une fois, ou foncer joyeusement à 130 sur l'A8 détrempée par un bel orage provençal et finir dans la glissière. Ce n'est pas faute d'avoir vu le camion ou de savoir qu'à 130 sur une mare la voiture va tôt ou tard partir dans le décor. C'est faute d'accepter que ces situations effrayantes sont bel et bien la réalité de l'instant.


Et le même raisonnement pourrait s'appliquer encore et encore, et encore... à la sécurité personnelle face à un agresseur, à l'orientation en général, à une situation politique qui se barre en c*u!lles et à je ne sais quoi d'autre !



Je sais c'est un peu décousu, tout cela ne se fonde sur aucune grande théorie de la psychologie (je n'y connais rien) et à minuit et après deux bières on s'exprime un peu moins clairement et moins exhaustivement, mais ça me plaît. Les lecteurs attentifs remarqueront quelques références au livre "Deep Survival", que je trouve excellent, c'est pourquoi je lui ai piqué quelques idées et que je conseille vivement sa lecture à ceux qui s'intéressent au facteur humain dans les accidents et dans la remontée de la pente après l'accident : la survie.

En somme, restons humbles, désapprenons, et soyons AWARE !


31 mai 2007 à 10:11:29
Réponse #1

DavidManise


Alors la...  moi je fais CTRL+D, et je fous ce message dans mes favoris.

C'est une excellente explication.  Et effectivement ca se passe souvent comme ca...  surtout qu'en plus lorsque nous sommes stresses le sang se retire du cortex et se refugie dans le centre de la masse cerebrale, nous laissant avec les fonctions les plus basiques...  bref, trop tard pour etre intelligents.

Relisez bien ce post, les mecs (et les nanas).   C'est de la balle.

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

31 mai 2007 à 10:29:12
Réponse #2

Diesel


Je me suis beaucoup intéressé à la psychologie à une époque pour plein de raisons.
L'une d'entre elles était de prendre conscience de ses réactions et du pourquoi et du comment des choses.
Arriver à analyser certaines des ses réactions, à avoir une approche différentes et même arriver à se "détacher" pour prendre un peu de recule.
Ton analyse est très juste sur certains points, le cerveau refuse (par protection) tout ce qui met en péril sa "réalité".
Il se réfugie une une réalité qui l'arrange aussi longtemps qu'il le peut. ça mériterai un débat. Et tant que cette réalité perdure, les fonctions les plus primitives d'autoprotection sont ignorées au péril de sa survie.

J'aime beaucoup ton texte Mathias.  :up:

31 mai 2007 à 10:40:30
Réponse #3

Maximil


Long à lire, pas assez de smileys pour faire les BD  ;D mais néanmoins interessant.
Fabrication maison de stylo-plume , roller , bouchons de bouteilles , kubotan , koppo-stick etc... http://maximil.chez-alice.fr/index.htm
Photographies de Maximil
Patines de chaussures de Maximil

31 mai 2007 à 10:43:50
Réponse #4

James


Belle prise de conscience. Il y a des theories (applicatives car elles impliquent une mise en pratique) qui vont dans ce sens la.

"La carte n'est pas le terrain".

Pour l'instant je me mefie, j'ai peur que ca tourne a la psychiatrie freudienne...

31 mai 2007 à 10:45:35
Réponse #5

triptop


 :yeah:

top bien vu, il semble que ce soit aussi une pathologie que l'on retrouve dans les cellules de crise et entreprises en général.
dans un cockpit avant l'accident "non mais ça doit être l'alti qui déconne y a pas de problème"
dans la centrale nucléaire "ça monte c'est normal, quoi le voyant rouge, pff encore une défaillance"
  ::)  :D
BRAVO
"Honi soit qui mal y pense !"

31 mai 2007 à 11:15:31
Réponse #6

Petrus




Et le même raisonnement pourrait s'appliquer encore et encore, et encore... à la sécurité personnelle face à un agresseur, à l'orientation en général, à une situation politique qui se barre en c*u!lles et à je ne sais quoi d'autre !



 :doubleup:

Bravo

Citer
à minuit et après deux bières on s'exprime un peu moins clairement et moins exhaustivement, mais ça me plaît
Moi aussi.
D'ailleurs je propose qu'on te "prescrive" 2 bières minimum tous les soirs :up:

Petrus
Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi!

31 mai 2007 à 11:19:12
Réponse #7

Anke


Très interessant et formateur... Merci. Cela renforce un peu ma conviction que la survie c'est d'abord et avant tout une question de tournure d'esprit, une manière de "voir" les choses le moins subjectivement possible en évitant de "prendre ses désirs pour la réalité". En tout état de cause être sans cesse en "état d'analyse" ( genre : "j'ai froid, je me couvre, il pleut je mets mon poncho, même si je suis à 5 mn de l'abri, ça sera toujours ça de moins que j'aurai à sècher). C'est facile à dire devant l'ordi, faudrait voir en situation.
En tout cas, je compte bien me souvenir de ton post, pour éviter de me mettre en danger.
Merci

31 mai 2007 à 11:24:03
Réponse #8

Ishi


Total respect pour ton post.
Super boulot!
 :doubleup: :doubleup: :doubleup:
La terre n'appartient pas à l'homme, l'homme appartient à la terre.

31 mai 2007 à 11:41:50
Réponse #9

Diesel


Pour l'instant je me mefie, j'ai peur que ca tourne a la psychiatrie freudienne...
Nan il n'a pas abordé ses pulsions sexuels face à la mort ni de son (petit) couteau. ;)

Quand à l'analyse à proprement parler, il ne faut pas rêver ....... c'est quasi impossible pour les mortels que nous sommes d'être objectif face à une situation.  Il n'y a guère que Freud qui s'y est amusé avec plus ou moins de succès mais c'est un cas à part. Ce qui marche en situation de survie et aussi valable pour la vie de tout les jours y compris face à soi même le soir.
La vérité est ailleurs ..... Et elle est hors d'atteinte, Kartho n'a fait que la survoler.  ;D
On s'arrange toujours avec la réalité pour que ce soit le plus plaisant ou le plus acceptable. Simple protection de l'esprit.

Bon et la numérologie en survie ? ça marche ?.  ;D

31 mai 2007 à 13:15:30
Réponse #10

kartoffel


Merci d'accueilir le sujet si gentiment  :) Franchement je m'attendais à autre chose.

Evidemment comme dit Diesel, je suis loin d'être complet. D'abord le post est loin de développer toute ma pensée mais hé, je vais pas écrire un livre non-plus. Ensuite cette pensée même dans son ensemble est loin d'approcher la réalité dans toute sa complexité. C'est juste.... un modèle ;) Parmis d'autres ...

Maintenant la leçon à en tirer est quand même bel et bien là.

On a tous quelque part une tendance naturelle à prendre nos désirs pour des réalités. Il suffit que le désir soit assez grand ou la réalité assez dure. Une façon d'ignorer ce qui nous incommode.
C'est à nous d'y faire attention chaque jour, de toujours se demander "et là mon gars, t'es pas en train de commencer à raisonner dans TA réalité ?". Et puis aussi de reconnaître les fois où être dans la lune n'est que bénin, et là où c'est néfaste.

Si j'allongeais un peu ma liste de domaines d'application : les ennuis d'argent, les questions existentielles et les choix de vie, la conduite d'entreprises... Avoir les pieds sur terre est une attitude à prendre au quotidien, et pour moi en tous cas elle n'est pas forcément naturelle. Je dois y veiller pour ne pas vivre dans mon monde.

31 mai 2007 à 13:23:13
Réponse #11

emmuel


C'est comme ça aussi qu'on ne voit pas que plein de choses se dégradent… Parce que l'image qu'on en a est figée. Un peu comme les cheveux. Le temps que je me rende compte que ça trop poussé, je suis déja grillé depuis trois mois sur le marché du travail…  ;D

Et plus sérieusement je pense aussi que c'est comme ça que des sdf se retrouvent dans des situation d'hygiène vraiment critique et dangereuse alors que la plupart auraient les moyens de faire face à ça…

31 mai 2007 à 13:32:25
Réponse #12

James


Bon, on va dire que si tu arrives a reevaluer en permanence les situations, a ne pas baser ton raisonnement sur ton modele mental de la realite, mais bien sur la realite, a percevoir l'unicite de toute situation, de tout objet, de toute personne, et a oublier un peu ce qui fait de nous des humains ( la modelisation linguistique, l'inscription dans le temps et la persistence temporelle), a comprendre la necessite de l'action, mais aussi que l'absence d'action est une forme d'action, ben t'as deja fait un GRAND pas.

Etrangement, tu trouvera ces notions dans le boudhisme (celui de sidharta et du Zen, pas celui des lamas et des moulins a prieres, l'hindouisme, et les semantiques generales, pour n'en citer qu'une partie)

31 mai 2007 à 13:33:32
Réponse #13

Anke


Je me rappelle d'un dialogue de " Verticale Limite" au moment où il est question d'aller "les" chercher en haut et que le vieil alpiniste ( celui qui n'a plus de doigts de pieds) dit : " De toute façon... Ils sont morts !". Dans son propos, il réunissait toutes les données du problème les analysait et en tirait les conclusions évidentes. On fait un peu ça en médecine de catastrophe quand on choisit de ne pas soigner un patient qui a peu de chance de s'en sortir alors que l'on peut investir le matériel ( humain et technique)que l'on mettrait en oeuvre à son chevet pour en sauver 10 autres. ça n'est pas pour autant que c'est supportable ni acceptable humainement parlant.
Pour le coup on rentre dans un modèle purement mathématique en terme d'efficacité de traitement d'un grand nombre de victime.

31 mai 2007 à 13:35:14
Réponse #14

Kilbith


Certains disent :

"Avoir l'esprit de l'enfant qui lâche le doigt de sa mère pour saisir celui de son père...."

31 mai 2007 à 13:38:59
Réponse #15

French Kiss


Ca c'est du post!  :doubleup:

Tout le monde se doute qu'il est souvent plus adapte de reagir en fonction de ses besoins que de ses envies, mais la prise de conscience des dits besoins, doit souvent se faire en empietant sur ses envies (en bref toujours ce bon vieux conflit desirs/realite), mais c'est une autant une question d'experience que de personalite.

A niveau d'experience egale, selon sa personnalite, chacun privilegie un de ces 4 niveaux de perception de leur environnement:

- les plus en phases avec l'environnement vont ramener chaque element de celui-ci a ce qu'il est vraiment,
   ex: le terrain plat/abrupte, caillouteux/herbeux, vent calme/violent, nuages menacant, etc...
- certains ne vont pas le percevoir directement mais vont concevoir un sentiment particuliers face a celui-ci,
   ex: la situation est sereine, preoccupante, incite a l'urgence ou a la paresse, etc...
- d'autres vont percevoir une relation direct de leur environnement a eux-meme,
   ex: un beau defi que d'aller prendre la drache a l'assaut de se versant escarpe... je l'aurai ce sommet!
- d'autres encore vont tirer de cet environnment une perception revelatrice d'eux-meme,
   ex: avec cette mouscaille je ferais bien de me mettre a l'abri, etc...

Prendre conscience de notre personnalite aide aussi a s'integrer dans nos modeles, quand on connait son mode de fonctionnement on fait mieux la part des choses entre ce qu'on aimerait voir et ce qu'on voit vraiment...

J'aime bien ce que dit James, mais pour que ca marche, il faut en faire une facon de vivre, c'est a dire mettre au placard ce que la societe peut nous apporter et retourner a l'etat sauvage, pour ca il faut etre pret a renoncer a tout confort, quelque soit sa forme... non?
« Modifié: 31 mai 2007 à 13:48:36 par French Kiss »
"En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils." extrait de l'Almanach de Desproges

31 mai 2007 à 13:41:08
Réponse #16

emmuel


Certains disent :

"Avoir l'esprit de l'enfant qui lâche le doigt de sa mère pour saisir celui de son père...."

je comprend pas.

31 mai 2007 à 13:45:25
Réponse #17

Kilbith


Salut Emmuel,

Je suis certain qu'il t'es arrivé de rattraper un verre qui tombe d'une table, ou un trousseau de clef à la volée, (etc...).

Tu as réussi, parce que c'était spontané, là, dans l'instant, maintenant....

comme : "l'enfant qui lâche le doigt de sa mère pour saisir celui de son père...."

31 mai 2007 à 13:51:48
Réponse #18

Kilbith


Pour illuster d'un fait quotidien et anatomique les propos de Karto   :doubleup:

Le nerf optique est rattaché à l'oeil à un endroit où il est entouré de cellules sensitives. Nous devrions donc percevoir deux "trous noirs" à l'endroit où s'attachent les nerfs optiques....

Mais, notre cerveau recompose en permanence la totalité de l'image. Il nous épargne la vision de deux points noirs sans information....

Le point aveugle a été découvert par un physicien françaisEdme Mariotte, au XVIIIe siècle.

Lorsque nous regardons un objet, la lumière vient percuter une couche de cellules sensibles à la couleur (cônes) et à la lumière (bâtonnets) : la rétine (voir cette page). Au point où se rencontrent les faisceaux lumineux, les quantités de cônes et de bâtonnets sont maximales (fovéa). Mais la rétine est reliée au nerf optique et aux vaisseaux sanguins sur une petite zone de quelques centimètres carrés, dépourvus de cônes et de bâtonnets. Ainsi, lorsque les rayons lumineux réfléchis par l’objet percutent cette zone, l’objet est invisible. C’est la tache aveugle.

Deux endroits où des tests sont proposés : :-[

http://dispourquoipapa.free.fr/homme/ho0041.htm

http://www.graner.net/nicolas/MALVOYANCE/tache.html


Did, ;)
« Modifié: 31 mai 2007 à 15:14:17 par Kilbith »

31 mai 2007 à 14:17:38
Réponse #19

Diesel


C'est un peu plus compliqué que ça Didier. On peu très bien ignorer (ou voir des choses) parce que le cerveau a décidé que ce n'était pas possible. Que ce soit le froid, un obstacle, un objet, n'importe quoi qui pourrait nous sembler déplacé par rapport à ce que l'on s'imagine d'une situation.
On ne va pas décrire la perception tel qu'elle est faite par le cerveau. Par exemple, pour aller dans le sens de ton message, Il se contente souvent de comparer une forme par rapport à un souvenir et de l'identifier comme tel (d'ou des erreurs comme "ah tiens, c'était pas ma femme" ou "t'es sûr que la voiture n'était pas verte").  ;D
Là il s'agit de s'auto-persuader que la situation est "normal" et/ou sous contrôle alors que tout indique que ça part en vrillle.

31 mai 2007 à 14:25:44
Réponse #20

French Kiss


Appelons ca plutot de l'auto-suggestion, c'est une discipline generalement inconsciente qu'on pratique en quasi permanence, des qu'on se trouve face a un objet/environnement/personne que l'on croit connaitre ou reconnaitre...
"En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils." extrait de l'Almanach de Desproges

31 mai 2007 à 15:06:09
Réponse #21

emmuel


Salut. Voir/Croire/savoir/pouvoir. Vous avez quatre heures.  ;D
Petit break histoire de l'art, un peu hs mais pas trop.
Les impressionnistes se sont fait lyncher parce que, par exemple, ils coloraient les ombres "de toutes les couleurs" sur leurs tableaux. Alors que une ombre c'est noir, hein ?. Alors que non.
Une ombre se colore de la couleur de la complémentaire qui éclaire. Donc une ombre peut être orange ou bleue. Mais ça tant qu'on le sait pas on le voit pas forcément. Les impressionnistes le savaient (ça avait découvert "scientifiquement " avant) et ont travaillés dessus pour présenter une autre vision du monde, qui ne serait pas moins "fausse". Sauf que les "modèles" mentaux des critiques leur ont valu une bonne vindicte artistique et académique.

31 mai 2007 à 15:06:23
Réponse #22

Blue


Magnifique Kartoffel...Je partage totalement tout ce que tu as écrit...Et c'est vraimetn très bien écrit avec humour et "percussion"...  :doubleup:

Je viens de poster deux exemples de réactions improbables dans le fil "4 saisons"...

Je re-cite briévement le cas de la nana en cannyonning qu'on a laissé derrière en haut d'un saut, en prenant avec nous l'équipement de secours qui lui aurait permis de descendre en rappel (pour ceux qui n'ont pas lu, elle n'est pas restée en haut, un bon en escalade a remonté le tout pour récupérer la personne). et bien dans ce cas, elle était tellement pénible et boulet à se plaindre tout le temps et on avait déjà tellement perdu de temps à cause d'elle qu'il était plus facile pour nous de rester bloquer sur "elle va y arriver - comme elle le disait-" que de modifier notre modèle et d'intégrer que c'était vraiment un boulet qui nous gâchait la rando et qu'il fallait s'arrêter, faire attendre tout le monde (au sec en haut et non dans l'eau au frodi en bas),  prendre le temps d'équiper, etc.

C'était plus facile de se dire qu'elle disait qu'elle y arriverait donc qu'elle allait y arriver...L'agacement, le phénomène de groupe...et hop la bourde....

En fait l'esprit humain va effectivement à ce qui semble en apparence le plus facile et le plus confortable...pourquoi certains restent bloqués là dessus, pourquoi d'autres ont la lumière qui leur arrive au cerveau...A part l'expérience...je ne sais ce qui fait la différence...

C'est pour ça que je m'efforce de lire tous vos témoignages, même si je ne suis pas du genre à me coller quasi volontairement en situation à risques...et pour ça que je vous bassine avec les miens, y a pas de raisons  ;D Je me dis qu'un jour peut être, au moment où il me tombera dessus un truc inattendu, ça peut faire la différence....

Blue

31 mai 2007 à 15:30:58
Réponse #23

mazzeru


J'aime bien ce qui a été dit, mais je n'aime pas la notion de petites cases et de "modèles".

En effet, je n'aime pas mettre les gens dans des petites boites pour les classer, et n'aime pas être classé dans une petite boite à mon tour. ;)

Il est en effet facile de donner un avis quand tout est terminé, tel l'inspecteur des travaux finis.
Chacun réagit selon à la fois de manière raisonnée et humaine, et parfois de manière animale.

Un cheval, par exemple, va avoir pour premier réflexe la fuite...

Un homme peut avoir des réactions incroyables. J'ai vu une femme ( et oui... mais celà aurait pu être aussi un homme), partir en courant sans savoir où aller après un accident de voiture bénin.

J'ai aussi vu un de mes potes traverser la barrière d'un pont, couper une ligne électrique, terminer dans la rivière, sortir de la bagnole et tout aussi calmement, nager vers la rive et  aller boire un chocolat chaud dans un bar en attendant les secours...

J'ai aussi vu un gros dur "bloquer" lors d'un saut en parachute et bloquer tout son stick alors qu'il était parfaitement préparé. Pas fier le mec, mais l'humilité est aussi une vertu.

Donc pas de régles, pas de modèles, pas de héros, pas de lâches... je crois qu'il faut tenter de comprendre et ne pas juger hativement en fonction de son propre filtre.

Je ne suis pas sûr que malgré toutes les préparations, entrainements, théories etc... une personne qui est persuadée être au point sera plus performante ou efficace que le promeneur moyen qui, ce jour là, saura donner le meilleur de lui même.
 
On peut être surpris de sa connerie ou de son courage. Parfois c'est une grande découverte de soi et des autres.
 
Mon avis à deux sous et trois brouettes ;)


31 mai 2007 à 18:46:40
Réponse #24

dub72


Citer
Il a en tête une situation imaginaire : "il n'y a pas tant de brouillard que ça, il y a cinq minutes j'y voyais bien, et puis le refuge est proche" et s'accroche à une situation future désirée : "être au chaud dans le refuge".
pas la peine de me couvrir, dans deux minutes j'y suis, je ne vais pas perdre du temps ici dehors à ouvrir mon sac, chercher la polaire et la gore-tex... le temps que je fasse tout ça je pourrais déjà être arrivé au refuge


C'est bien vrai, et moi le premier j'ai parfois ce mauvais raisonnement. Et en lisant ce post je me rend compte que dans certaine situation, cela peut malheureusement nous faire perdre la vie. Par exemple, les gens sur l'autoroute qui roule a 150 en se disant qu'ils vont arriver plus vite chez eux, dans l'imédia on se dit c'est que 20 km/h de plus, apart les radars, pas trop de risques. Mais en prenant le temp de réfléchir un peu on trouve tout de suite plein de risques différents qu'apportent ces 20 km/h, et surtout, le peu d'avantages. C'est vrai on gagne 4 ou 5 minutes sur la route, mais ça ne vaut peut-être pas la peine de prendre des risques inutiles. Car comme dirait dub incorporation  " tu ne sais jamais ce qu'il peut t’arrivé" ;). Bon, je vais pas devenir parano non plus et toujours imaginer le pire mais réfléchir un petit peu plus me fera pas de mal.


Je confirme la parole de David, énorme ton post :doubleup: :doubleup: :doubleup:
Merci.


Ciao, à plus... :) ;) :D ;D
My free style flying over this world, kill your bad mind but he's never back down... (dub in'c song)

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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