Sérieusement, ce qui peut me faire le plus sursauter, c'est, la nuit, le bruit d'un animal à proximité quand je ne l'ai pas entendu arriver. Plus généralement, un bruit non identifiable et brutal de nuit. Le cerveau reptilien en éveil, ça ne se contrôle pas.
Par nuit de pleine lune, alors, c'est l'inverse, c'est moi qui rôde. Je dis ça sans blaguer: j'ai d'excellents souvenirs de rando à la pleine lune. Me balader ces nuits-là est un truc que j'adore.
Après, la gestion des appréhensions phobiques se fait avec le temps (beaucoup de similitude avec Lepapat sur le sujet):
- les chiens errants. M'étant fait happer et traîner sur une trentaine de mètres par un doberman quand j'avais trois ans, entre eux et moi ce sera à vie. Le doberman a, je crois, été piqué mais, moi, je sais à quoi ça ressemble d'être secoué comme une poupée de chiffon. Enfoiré! Du coup, quand je vois un chien s'approcher d'un môme, j'ajuste la lunette...
- nager en mer, loin de toute structure, avec un peu de mouvement d'eau, sans équipement, ne m'est pas encore agréable. En revanche, si je suis sous l'eau, je suis vraiment dans mon élément même si au-dessus, c'est le typhon (ce qui est assez partagé: beaucoup de gens qui plongeaient en Thaïlande ou aux Maldives au moment du Tsunami n'ont pas compris ce qui se passait).
- l'impression d'être aspiré par le vide quand je regarde en bas, en montagne. Mais je sais que c'est une illusion d'optique: comme 1/3 de la population, j'ai les yeux parfaitement parallèles. Il n'y a pas de convergence. C'est donc net de 0 à l'infini sans impression de perspective. C'est le cerveau qui avec l'expérience recrée la distance dans l'image. Mais avant, il faut pendant une fraction de seconde que l'image se "détende" (tous les objets dans le paysage sont sur le même plan puis, la distance se crée).
Ca se passe dès que je change rapidement mon regard de direction. Depuis que je sais à quoi c'est dû, je sais que j'ai à attendre une fraction de seconde que l'image se mette en place et, au contraire, je m'amuse à provoquer le truc parce que je trouve ça fascinant.
Après, je pense que l'on gère toute actvité avec un part de peur que l'on apprend à contrôler, par la réassurance liée à l'expérience. C'est valable pour la conduite automobile, les sports extrêmes, aller demander une augmentation à son patron ou faire une déclaration d'amour.
C'est la manière de graduer cette expérience qui fait que l'on peut "surmonter" sa peur. Je détestais tous les chiens jusqu'à ce que mes parents aient une magnifique femelle Bouvier bernois, la crème des crèmes. Du coup, il y a une espèce de chiens qui ne me fait pas peur.
'Tain, c'est super intime ce que je vous raconte là. Mon idée est de permettre aux plus réservés et aux plus timides de se rendre compte que n'importe qui est obligé de faire avec sa peur. On peut la surmonter en y allant à dose homéopathique. La peur est un système de sauvegarde (de survie) indispensable. C'est un système de secours qui nous alerte quand nous prenons trop de risque par rapport à la connaissance intime et honnête que nous avons de nos capacités.
C'est un peu comme notre boîte de fusibles. On peut forcer la machine mais progresivement, doucement. Et tous les matamors qui rigolent, en regardant un autre dont la peur se manifeste, ignorent qu'ils sont gérés par le même système et que leur peur peut surgir à n'importe quel moment (je pense à un kékou, genre gros balaise meilleur que tous qui, à genoux sur la plate-forme d'un parcours d'audace, aurait appelé sa mère, et une fois à terre n'a jamais voulu reconnaître sa défaillance mais m'a toujours évité dès lors parce que c'est moi qui l'ai calmé et lui ai permis de s'en sortir... A 10 mètres de haut, y'a pas de témoin
)
A+