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Auteur Sujet: soudain je suis pauvre...mais pas (encore) SDF  (Lu 33665 fois)

06 janvier 2010 à 23:05:38
Réponse #75

vagabond


Le problème c'est que quand on est dans la mouise, on manque forcément de recul et on se retrouve assez rapidement dans une sorte de prison mentale que peuvent avoir du mal à comprendre de l'extérieur les autres.

De plus, même le fait d'avoir traversé plus dur (apparemment du moins) ne garantit pas de trouver les ressources pour s'en sortir.

Nous avons tous des leviers motivationels propres basés sur l'inconscient et certaines choses nous affectent plus que d'autres et différemment à diverses époques de notre vie.
Je trouve que ces quelques mots résument parfaitement la situation quand tout  part en vrille, qu'on perd ses repères et qu'enfin on se retrouve enfermé dans ses idées préconçues et que les blessures refont surfaces.

En gros, faut essayer de rester positif en toutes circonstances.

Je pense qu'il vaut mieux apprendre à être heureux de chaque chose, même des plus simples, d'une assiette pleine et d'une nuit au chaud.

Vagabond

18 août 2010 à 22:33:25
Réponse #76

Walden


Les personnes qui interviennent sur ce forum sont vraiment de grande valeur. Merci à tous.

Forum de la vie sauvage ? de la VIE tout simplement.

Amicalement

Walden
"Ne crois rien parce qu'on t'aura montré le témoignage écrit de quelques sages anciens. Ne crois rien de l'autorité des maîtres ou des prêtres. Mais ce qui s'accordera avec ton expérience et après une étude approfondie satisfera ta raison et tendre vers ton bien, cela tu pourras l'accepter comme vrai et y conformer ta vie." (Bouddha)

27 août 2010 à 14:47:52
Réponse #77

ulysse


Le problème c'est que quand on est dans la mouise, on manque forcément de recul et on se retrouve assez rapidement dans une sorte de prison mentale que peuvent avoir du mal à comprendre de l'extérieur les autres.

De plus, même le fait d'avoir traversé plus dur (apparemment du moins) ne garantit pas de trouver les ressources pour s'en sortir.

Nous avons tous des leviers motivationels propres basés sur l'inconscient et certaines choses nous affectent plus que d'autres et différemment à diverses époques de notre vie.

un peu fataliste mais juste.
Un petit défaut de clairvoyance et on s'aperçoit pas que certaines choses partent de travers. Notre intuition se base sur de fausses fondations et il se passe encore du temps avant de constater les dégats. Valable en survie comme dans la vie.
Savoir ce qu'on cultive à travers les situations qu'on explore et affiner sa clairvoyance est le travail d'une vie entière je suppose. Ne pas s'arreter d'avancer pour autant meme quand c'est dur .Je sais pas pourquoi mais ton message resonne d'une certaine manière et il sonne juste.

27 août 2010 à 18:12:54
Réponse #78

Le Barbu'


C'est un Topic qui est bien née, c'est le moins que l'on puisse dire, il cible large (faire avec peu, se débrouiller, principe de survie...) et les témoignages sont intéressants.

Etant chômeur je me pose moi même des questions, normal avec un père qui m'a traité de clochard (alors que je vis chez mes parents) : si tes parents te mettaient immédiatement a la porte que ferait tu ? où irait tu ? qu'emporterait tu ?

Et c'est là où je m'aperçoit qu'il y a une corrélation entre ce que j'ai expérimenté et les connaissances disponibles en la matière :

La solitude me pèse mais avant qu'elle s'avère mortelle j'ai de la marge, et puis on peut se restreindre beaucoup sans dommages !

La faim est déjà plus problématique mais on peut arriver a vivre avec nos réserves et se débrouiller pour manger des choses comestibles.

Ce qui m'amène a parler de la soif, oh la bougresse, là on passe au stade au dessus, pas oublier qu'elle irrigue vôtre cerveau et peut altérer nos capacités mentales et nous conduire rapidement a la surchauffe !

Vous n'allez peut être pas me croire mais ce qui me nuit le plus (en ce moment) ne fait pas partie des ces trois choses cité plus haut : la culpabilité.

Dans une société comme la nôtre le travail est la norme et le chômeur est plus où moins en marge, rajoutez a ça une pression familiale plutôt forte et régulière et vous pouvez conduire un individu au suicide (enfin a condition qu'il n'ai plus de soutien autre part etc etc).
« Modifié: 27 août 2010 à 18:19:40 par FW190 »
On peut toujours se consoler en se disant qu'on ne saura même pas nous mêmes qu'on est mort.


La vie est une comédie italienne : tu pleure tu ris, tu ris tu pleurs...

29 août 2010 à 12:35:33
Réponse #79

Ascanio


C'est l'histoire de toute ma vie, pour cause d' "oiseau-rarisme" congénital. Inadapté depuis toujours. J'ai toujours vécu de petits boulots, de récup, de débrouille, d'artisanat ; dans la légalité, cependant. Je sais faire un tas de choses que j'ai apprises au fur et à mesure. Je me débrouille pour la mécanique, l'électricité, la plomberie, la déco, le bois ; du Linux dans des vieux ordis, de la wifi, de l'huile végétale usagée comme carburant, de l'imagination, de la créativité. Je suis presque heureux.
Presque ? Le plus dur : les femmes qui détournent le regard quand elles voient mes godasses (malgré un physique pas désagréable); ou celles qui me prennent pour un vieux gamin incapable de nouer ses lacets.
Je trouve que la crise a du bon. De ci, de là, les gens réapprennent à réparer, à recycler, à économiser.

J'ai une voisine qui est passée brutalement du statut de copine choyée à celui de chômeuse dans un studio. Je l'emmène promener les chiens, cueillir des figues, se tremper les pieds dans les sources glacées. Elle découvre que la marche remplace avantageusement la salle de fitness, l'eau glacée le kiné (pour la circulation) et que les fruits de l'arbre sont meilleurs que ceux du marchand.
Les marginaux ont des choses à enseigner au "mainstream", la marge finit par rejoindre la page.
" Celui qui sait s'orienter n'a pas besoin de GPS. " (pcc Lao-Zi.)

29 août 2010 à 12:58:13
Réponse #80

Patrick


C'est l'histoire de toute ma vie, pour cause d' "oiseau-rarisme" congénital. Inadapté depuis toujours. J'ai toujours vécu de petits boulots, de récup, de débrouille, d'artisanat ; dans la légalité, cependant. Je sais faire un tas de choses que j'ai apprises au fur et à mesure. Je me débrouille pour la mécanique, l'électricité, la plomberie, la déco, le bois, du Linux dans des vieux ordis, de la wifi, de l'huile végétale usagée comme carburant, de l'imagination, de la créativité. Je suis presque heureux.
Dis donc, pour un inadapté, je trouve que tu t'adaptes sacrément à ton choix de vie et que tu cultives de sacrées compétences dont la plupart sont incapables. Ne pas coller à un modèle social, à la pression à la conformité, n'est pas de l'inadaptation.

Presque ? Le plus dur : les femmes qui détournent le regard quand elles voient mes godasses (malgré un physique pas désagréable); ou celles qui me prennent pour un vieux gamin incapable de nouer ses lacets.
Laisses tomber celles qui pourraient avoir besoin de toi, regardes celles à qui tu feras plutôt envie de par ton courage de vie, tes compténces, cet "oiseau rarisme" qui pourra séduire les femmes, les vraies, celles qui n'ont ni besoin d'un associé, ni d'un tuteur.

Et d'ailleurs .......

Je l'emmène promener les chiens, cueillir des figues, se tremper les pieds dans les sources glacées. Elle découvre que la marche remplace avantageusement la salle de fitness, l'eau glacée le kiné (pour la circulation) et que les fruits de l'arbre sont meilleurs que ceux du marchand.

Y'aurait pas baleine sous cailloux, là ?  ;)  ;)  ;)

29 août 2010 à 13:19:51
Réponse #81

Ascanio


Merci pour tes encouragements, Patrick. Mon intervention visait à témoigner du fait que la pauvreté est surtout un point de vue ; j'aurais dû mettre des guillemets à "inadapté" : je le suis là où il faut avoir une grosse bagnole et une Rolex, je ne le suis pas s'il faut retrouver son chemin, faire du feu, etc. Ma présence sur ce forum n'est pas un hasard.
Baleine sous caillou ? Jolie expression... ;)
" Celui qui sait s'orienter n'a pas besoin de GPS. " (pcc Lao-Zi.)

29 août 2010 à 22:53:23
Réponse #82

mac nab


C'est bizarre d'etre pauvre  et d'avoir internet non? Par contre, tout perdre ça peut arriver, et la c'est dur s'il y a des enfants ou des attaches familiales sinon, ou est le probleme?
cf: j'ai tout perdu, tout reconstruit, je ne suis pas plus heureux qu'avant.
« Modifié: 29 août 2010 à 23:02:53 par mac nab »

29 août 2010 à 23:29:37
Réponse #83

Ascanio


C'est bizarre d'etre pauvre  et d'avoir internet non?

Si tu relis mon post : Vieil ordi+Linux+wifi=internet.
Ne pas avoir internet, ce n'est pas de la pauvreté, c'est de la misère. Bien des pays du tiers-monde se servent des mêmes astuces que moi.
http://www.wireless-fr.org/
" Celui qui sait s'orienter n'a pas besoin de GPS. " (pcc Lao-Zi.)

29 août 2010 à 23:40:34
Réponse #84

vagabond


C'est bizarre d'etre pauvre  et d'avoir internet non? Par contre, tout perdre ça peut arriver, et la c'est dur s'il y a des enfants ou des attaches familiales sinon, ou est le probleme?
cf: j'ai tout perdu, tout reconstruit, je ne suis pas plus heureux qu'avant.


Il y a aussi le partage de connexion et les cyber café, je suis fauché comme les blés mais j'arrive à me connecter, j'ai aussi la carte de la bibliothèque municipale. Je ne me vois pas entrain de vivre comme si j'avais encore un sac sur le dos, la culture est primordiale pour pouvoir avancer (dans ma tête).

Vagabond

30 août 2010 à 05:46:11
Réponse #85

mac nab


Ok, les gars, je me posait la question, c'est tout.

05 avril 2012 à 21:40:09
Réponse #86

Phil


Bonjour.

Les mots me manquent pour décrire ce témoignage d'une ado ...  :'(
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-le-blues-de-jeanne-2012-04-04

Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour poster (ne pas hésiter à déplacer le fil), ni tout à fait ce qui me motive à le faire.
Je crois que surtout j'aimerais lire votre analyse de ce genre de situation, comment (socialement) on en arrive là et ce qu'on peut y faire (je pense en particulier à reformer des communautés de solidarité, etc.).
« Modifié: 05 avril 2012 à 22:52:11 par VieuxMora »
Si tu tiens à ta peau, affûte ton esprit comme ton couteau.

05 avril 2012 à 22:24:32
Réponse #87

Pouçot


Je ne saurais répondre pragmatiquement sans tomber dans le pamphlet politique, aussi je vais m'abstenir.  :down:

Simplement, pour te remettre autant que faire se peut un sourire sur le visage (parce que j'ai aussi pris un coup en ecoutant le témoignage, alors que j'en ai côtoyé un paquet; des personnes du même acabit) -)

<a href="http://www.youtube.com/v/XsX42fMc3HU&amp;version=3&amp;amp;hl=fr_FR" target=_blank class=new_win>http://www.youtube.com/v/XsX42fMc3HU&amp;version=3&amp;amp;hl=fr_FR</a>

edit: coquille bête  :D

06 avril 2012 à 09:57:10
Réponse #88

Kilbith


Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour poster (ne pas hésiter à déplacer le fil), ni tout à fait ce qui me motive à le faire.
Je crois que surtout j'aimerais lire votre analyse de ce genre de situation, comment (socialement) on en arrive là et ce qu'on peut y faire (je pense en particulier à reformer des communautés de solidarité, etc.).

Il est difficile de développer dans le cadre d'un forum, mais il me semble que le problème n'est pas seulement "social" ici, il y a aussi une forte composante sociologique, psycho-sociologique et psychologique (psychologie du développement de l'adolescent).

Les difficultés matérielles n'étant qu'un facteur dans ce cas précis. Il me semble difficile de déterminer si c'est le facteur principal ou un facteur secondaire aggravant.

En revanche, le cas est intéressant dans la mesure où il pourrait toucher une très large couche de la population française (combinaison de faible revenus (travailleurs pauvres), surendettement, problèmes familiaux, décrochage scolaire, problèmes psychologiques...). Si la perte de la cohésion familiale (divorce...), la maladie, le décès ou une perte d'emploi venait s'ajouter à cette situation précaire : le pire serait à craindre.

Mais, quelque soit la cause : c'est un appel à l'aide.

« Modifié: 06 avril 2012 à 10:38:12 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

06 avril 2012 à 15:29:37
Réponse #89

furyans


Le témoignage de cette "gamine" est vraiment poignant, sur bien des aspects elle a du atteindre très rapidement une très grande maturité.....
J'espère qu'elle et sa famille s'en sortiront mieux à l'avenir....
"dis moi de quoi tu as besoin..........je te dirai comment t'en passer."

24 octobre 2018 à 18:45:22
Réponse #90

The Scientist


Tanguy à ma façon je souhaitais répondre à ce jeune homme qui se qualifiait lui aussi de la même manière.


Je pense que, partir du monétaire pour définir son confort de vie n'est pas une bonne chose (je peux gagner 2000 euros par mois et mener une vie de souffrances pour X raisons...), l'essentiel, à mon sens, est de garder ce que j'appellerais une "dignité de vie" correspondant à la satisfaction des besoins vitaux et nécessaires d'une personne (se chauffer / nourrir / vêtir correctement etc) ce à quoi j'ajouterais une certaine fierté (et non vantardise) personnel.


Sur le fait de ne pas avoir d'emploi fixe et rémunérateur, ce qui est également mon cas je dois le dire, je part du principe que c'est, (entres autres choses), consécutif à la France qui à mal négocié le passage de "l'emploi à vie ou presque" à cet période de "l'incertitude généralisé" tel que nous la vivons depuis plusieurs décennies, je part là du constat que des changements auraient du être entrepris pour "accompagner" dans une forme de transition cet étape entre une relative stabilité et prospérité économique vers cet forme de "brouillard" dans laquelle nous sommes.


A titre personnelle, je me suis assez vite rendu compte que les diplômes ne suffisent plus à s'assurer une "situation" mais que sans eux il est encore plus difficile d'arriver à quoi que soit professionnellement parlant (sauf cas de figures particuliers tel que reprise / création d'activité etc...), il faut désormais acquérir des compétences qui ferons la différences une fois le moment de l'entretien d'embauche venu (maîtrise de l'anglais, capacité de management d'équipe / leadership...) ou avoir un "vécu" qui joue pleinement en nôtre faveur, tel qu'une expérience d'expatriation positive, pour ma part, si ma situation ne bouge pas d'un iota niveau pro dans les prochaines semaines je compte mettre à profit le temps dont je dispose pour partir dans le Caucase afin d'aider au développement de l'agri locale, si mon savoir est utile en France, il vaudra de l'or dans cet contré ! ! !

Si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs elle n'en est pas moins reluisante
"L'entêtement sans l'intelligence, c'est la sottise soudée au bout de la bêtise et lui servant de rallonge"


Y a pas de propriété industrielle sur le bon sens !

24 octobre 2018 à 20:25:35
Réponse #91

Klaus


Salut à toutes et à tous,

et merci à Discus d'avoir fait remonter ce topic. Y'a vraiment plein de choses intéressantes à développer ici.

En premier lieu, et même si ça paraît une lapalissade, oui, ça peut arriver à tout le monde de "tomber" socialement. Et très rapidement!

Ça fait 12 ans maintenant que je travaille dans le social, avec une spécialisation/porte d'entrée RSA (RMI à l'époque)... Je pourrais, si j'en avais la possibilité, vous parler d'un bon millier de cas de gens en pleine dégringolade, voire déjà au fond du trou. Il faut bien partir du principe et surtout intégrer qu'aucune vie n'est stable, que tout peut être le catalyseur du début des emmerdes: une (mauvaise) rencontre, la perte d'un proche, la maladie, un job qui se passe mal, une addiction, etc. Tout! Et quitte à me répéter, la spirale descendante est très très rapide.

Comme ça a été dit par Vagabond, je crois, un premier conseil dans l'urgence ou quand on sent que ça part en vrille: pousser la porte d'un service social. On est en France, pas en Centraf', et on a cette chance. Même si les services publics sont relous, même s'ils demandent 100.000 papiers, qu'on a l'impression parfois d'être une put**n de balle de ping-pong, ne pas lâcher l'affaire, il y aura toujours moyen d'avoir plus d'aide quand on est accompagné par des pros que si on essaie de se démerder tout seul, surtout si on a des mômes.

Le deuxième truc sur lequel je voulais insister, mais là ça se passe en amont: faire du réseau et l'entretenir, ne pas perdre de vue ses potes; si y'a moyen, la famille même éloignée, ça peut être d'un grand secours. La communauté c'est le bien! Tous les gens qui s'en sortent à peu près en cas de galère sont ceux qui ont du soutien, qu'il soit familial, communautaire ou autre, même quand ils sont dans une m*rde noire. Les plus désespérés sont ceux qui sont seuls.

Un autre truc que j'ai remarqué au long de ces années (je travaille sur l'agglomération de Lyon): la première demande de la plupart des gens en galère, c'est pas un boulot, c'est un put**n de toit. Sans adresse, pas de suivi de courrier, donc des galères administratives; sans toit, pas d'hygiène, pas de sécurité, et surtout pas de repos (pour ceux qui dorment dans leur voiture ou dans des caves). On ne pas vivre sur le qui-vive à long terme. Il faut commencer par ça, je pense... et là - ce n'est que mon avis - ben faut pas rester dans les mégalopoles ou les très grosses villes, où tout est fait pour les gens qui gagnent (très) bien leur vie, et où le prix des loyers et de la vie est exorbitant, du fait de l'offre et de la demande: tout le monde est attiré par les offres de boulot, y'a plus de demandeurs d'apparts que d'offre de logement, les prix grimpent et c'est parti la spirale infernale. Ah, certes, on a un job, mais on est obligé de dormir dans sa voiture ou dans le salon du pote qui veut bien nous héberger, quoi?, trois mois?... Super!

Les petites villes sont à mon avis un bon compromis en cas de "sortie de route": on a plus facilement accès à un toit, certes on est au minimum social ou on fait un boulot de m*rde parce qu'il n'y a pas trop d'offre, mais au moins on assure le minimum: la sécurité au dessus de la tête. Et c'est peut-être plus facile de se faire du réseau dans une petite ville que dans une énorme fourmilière impersonnelle. Les parisiens ou les lyonnais ne me contrediront pas, je pense...

A titre perso, j'ai failli dégringoler sévère deux fois dans ma vie (rupture familiale et séparation). Sans le réseau de la famille élargie, des potes et des connaissances, je serais tombé bas. Très bas. A l'époque, en ce qui concerne la rupture familiale, je ne connaissais pas les aides, le système et je ne voulais pas en entendre parler, je pensais m'en sortir seul. J'ai eu beaucoup de chances d'y être arrivé, et si c'était à refaire, je mettrai ma fierté dans mon mouchoir au fond de ma poche, pour sûr! En ce qui concerne ma séparation, c'est "ma" communauté qui a permis la résilience et de rebondir! Merci à eux.

Klaus
« Modifié: 24 octobre 2018 à 20:57:19 par Klaus »
Hic et nunc, age quod agis et memento mori

24 octobre 2018 à 22:32:16
Réponse #92

Merlin06


J'ai côtoyé plusieurs cas de dégringolade, même si ça ne se finit pas toujours mal.

Un ancien de la guerre d'Algérie, il arrive en France, rejeté par ses frères, pas accepté par les locaux, il boit. Un soir bagarre de soulards, on nous appelle. Vacarme quand on arrive, il ouvre la porte, esquisse un garde à vous, s'effondre. J'entre et trouve son lit imbibé de sang, 30 jours d'hôpital, je passe le voir pour en savoir plus, il m'explique sa vie.

Un prof de maths bien dans les maths mais pas super ouvert socialement, il a fait une grave dépression quand on l'a muté, puis sa femme l'a quitté, puis il a commencé à boire. Aujourd'hui il vit des minima sociaux dans un foyer et répète "C'est des malades, t'as vu, ça c'est sûr!" au personnel du casino(jeux) du coin où il glane les mégots.

Une jeune femme très motivée, premier boulot en CDI, énormément de travail, des responsabilités, des horaires à gogo et là burn out. Du monde autour d'elle pour la conseiller et l'encourager, qu'elle tienne le coup les quelques années que dure la procédure pour faire reconnaître ses droits. Plus de paye, pas le droit de retrouver un autre job, pas de possibilité d'exercer un loisir trop visible. La colère et la tristesse qui se mélangent chaque jour. Sans son entourage et son courage elle serait peut-être au fond du gouffre, elle tient.

Plus récemment et de manière moins critique, je quitte mon job(qui me gave) pour un autre. Le plan s'avère finalement foireux, je met fin à ma période d'essai. Pôle Emploi m'annonce que je n'ai droit à rien pendant quatre mois.
Bien content d'avoir pensé à me faire un matelas de "fuck you money". Bien content d'avoir un profil "passe partout" qui me permet de rebondir. Bien content d'avoir des potes qui m'entourent.

Avec le recul, les proches et un peu de quoi voir venir, ça change la donne. ;)

Je m'imagine des fois un monde où les familles resteraient habiter trois générations sous un même grand toit, en mangeant les fruits du jardin, sans mettre les vieux dans des mouroirs ni les gamins à la crèche. Où le tissu social serait encore présent, où chacun ne serait pas obligé de partir loin pour travailler, payer un loyer/emprunt et tous ces trucs à la mode. Où le succès se mesurerait autrement que sur un compte en banque. Où les boomers auraient su créer le monde meilleurs auquel ils aspiraient plutôt que de le vider de sa substance et laisser aux suivants une carcasse exsangue.
Je suis un bisounours.  ;#
« Modifié: 24 octobre 2018 à 22:38:24 par Merlin06 »
L'âme sûre ruse mal.
Le matin du grand soir il y aura de la confiture de bisounours au petit déjeuner.
Nous avons deux souverains, Dame Physique et Sire Temps.

25 octobre 2018 à 08:26:17
Réponse #93

Baptistator


Je me permet de rebondir sur ce topic pour donner mon point de vue de SDF...

Alors je vais pas refaire mon histoire, je l'ai déjà fait dans d'autres sujets mais pour simplifier : Je suis SDF et je le vis très bien, j'irais même jusqu'à dire que je n'ai jamais été aussi heureux... Et pourtant j'ai vécu dans des grand appartements j'ai eu l'écran plat et la voiture à crédit.

J'ai connu la dégringolade, je l'ai pas mal accélérée et au final j'ai vu ça comme une opportunité.

La ou je suis d'accord c'est qu'être SDF urbain est un cauchemars. J'en ai connus quelques uns et pour moi le soucis c'est que ils n'ont pas su se défaire de leurs habitudes d'avant. Ils ont leurs places pour faire la manche, leurs poubelles, leurs endroits pour dormir. Bref (je parle de ceux que j'ai connu, je ne généralise pas) ils sont ancrés dans leur mode de vie sédentaire d'avant. Et tous m'ont pourtant dit que c'était l'ennui qui les tuais.

Moi SDF nomade en campagne je me suis éclaté, déjà parce qu'en campagne les gens sont plus ouverts et accueillants, ensuite parce qu'une bonne partie de l'année il n'y a qu'à se baisser pour récolter de la bouffe (fruits sauvages ou domestique, plantes, invendus de supermarché...) Et le fait d'être nomade évite la routine.

Après J'ai commencé les saisons, à l'époque c'était facile de trouver quelques jours de boulot contre un peu d'argent, ou contre le gîte et le couvert. Maintenant je sais pas.

Je me suis payé mon premier camion uniquement avec l'argent des saisons. Mais ça passe aussi par une réduction des besoins et du confort (encore que mon camion actuel est vraiment une petite maison sur roue).

A l'heure actuelle nous vivons toujours en camion, ne nous privons pas niveau bouffe et autres (ciné, visites...) Et pourtant nous vivons avec très peu d'argent. Ainsi ma copine travaille depuis 8 mois, et moi depuis 18 et nous avons déjà réussi à mettre plus de 20000euros de côté alors que nous somme au smic tout les deux.

Avant de travailler nous avions le rsa qui nous suffisait amplement avec un peu de débrouille à côté.

Voilà pour mon retour d'expérience. Vivre dans la rue c'est un état d'esprit, c'est pas toujours facile, ça rend le corps dur, l'esprit aiguisé, et le coeur ouvert. Mais c'est aussi un état d'esprit et c'est sur que si on prend ça comme une fatalité on a de grandes chances de mal le vivre et de continuer la chute.
« Modifié: 25 octobre 2018 à 08:35:45 par Baptistator »

25 octobre 2018 à 09:48:31
Réponse #94

Klaus


Merci pour le (re)partage de ton expérience, Baptistator.  ;)

Je me permets une précision: quand on emploie le terme SDF, il faut bien se remettre en tête qu'il ne s'agit que d'une terminologie de droit, administrative: Sans Domicile Fixe, ce qui veut dire qu'on a pas de rattachement particulier à un lieu, tel que défini par l'article 102 du Code Civil: Le domicile de tout Français, quant à l'exercice de ses droits civils, est au lieu où il a son principal établissement.

La résidence quant à elle est une situation de fait: c'est le lieu où on habite, au moment d'une demande administrative, de manière effective et continue dans la commune. Même si on a pas de domicile, on a donc forcément un lieu de résidence, même s'il change souvent.

De plus, Etre SDF n'est absolument pas un statut, ça ne veut pas dire être pauvre, crasseux et faire la manche. On peut très bien être plein aux as et être globe-trotter et être SDF.

Par contre en France, pour bénéficier de la sécurité sociale, pour les impôts, pour ouvrir un compte bancaire, si on a pas de domicile fixe, il faut faire ce qu'on appelle une élection de domicile soit auprès d'un CCAS, (Centre Communal d'Action Social, service social de la Mairie), soit auprès d'un organisme agréé (en général des associations d'aide aux SDF). (Article L264-1 du Code de l'Action Sociale et des Familles). Cela permet d'avoir une "adresse" administrative, en gros.

En dehors de cette obligation, maintenant, avec la généralisation des procédures via internet, le plus important à avoir, c'est une connexion et un terminal!

Sur les SDF "urbains", je suis tout à fait d'accord avec toi, ce sont des gens qui vivent sans rien mais avec leurs anciennes habitudes. J'ai souvent réfléchi à ce que je ferais si je perdais tout et je pense que je suivrais ton chemin, au moins pendant un temps, le temps de rebondir et surtout de m'éloigner de ce qui m'a fait tomber.  ;)
Hic et nunc, age quod agis et memento mori

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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