Mes chers compatriotes,
d'abord le sujet me tient à coeur. Je n'ai jamais vraiment mis mes idées en forme et je crois que le forum est un bon enroit pour le faire et les laisser mûrir au contact des votres, vu le nombre d'esprits brillants qui s'expriment ici chaque minute. Et désolé si le ton est un peu abstrait.
Et puis surtout le thème est assez central au thème de la survie à toutes les sauces depuis que notre premier aïeul protozoaire a trouvé drôle de se scinder en deux. Qu'on regarde la survie d'une espèce, d'un individu, d'un groupe... depuis l'amibe jusqu'à la holding financière, les notions de compétition et de coopération sont des causes déterminantes de vie ou de mort. Pire encore, et là ça fait mal, elles sont intimement liées et la survie résulte d'un juste équilibre entre les deux.
Bin oui, même si Darwin a depuis longtemps donné à la compétition ses lauriers de phénomène naturel et donc justifiable, la coopération n'a pas attendu l'apparition des êtres pensants pour faire contrepoids à sa cousine. Je crois ainsi, malgré tout le respect que j'ai pour eux, que les bernard-l'hermites qui s'acoquinent avec des anémones de mer n'ont, malgré ce geste évident de coopération, pas le quart de la moitié du commencement de l'esprit que doit avoir notre David par un soir de beuverie. Tout comme d'ailleurs les champignons et les arbres, les fourmis d'une fourmillière, les termites d'une termitière ou... non, j'allais dire une connerie.
D'abord, qu'est-ce qui différencie le plus la collaboration de la compétition ? Oui, bon, certes dans un cas c'est chacun pour soi (surtout si une ressource est limitée) alors que dans l'autre on essaye de faire bénéficier tout le monde des aptitudes de chacun. Vu sous cet angle, la collaboration a l'air vachement plus sympa. A titre personnel, moi qui n'ai pas du tout l'esprit de compétition (sauf quand je suis absolument certain de gagner
), j'aimerais bien que la collaboration puisse être un mode plus dominant de l'espèce humaine. Vu comme ça il est d'ailleurs surprenant que dans le compétition des peuples et espèces la nature n'aie pas plus privilégié justement ceux qui collaborent
Mais à mes yeux (qui s'ouvrent à peine sur le monde, donc mon avis vaut ce qu'il vaut...) il y a un trait qui différencie bien plus compet et collabo que les simples effets de leur nature profonde. La compétition peut s'installer à l'initiative d'une seule des parties, alors que la collaboration requiert la participation de tous les protagonistes. Enfin je simplifie pas mal, on peut évidemment me dire que plusieurs être qui collaborent peuvent former un groupe qui se met en compétition avec d'autres êtres ou d'autres groupes... ça devient vite trop compliqué pour ce petit post sans prétentions sur un forum de bourrins
Mais en gros on ne peut pas se permettre d'être gentil si l'autre en face a décidé d'être méchant. La compétition apparaît plus spontanément que la collaboration, quoi. Dans un face à face, on a 3 cas de compétition possibles, contre un seul cas de collaboration. Face à un problème de ressources limitées par exemple, la compétition est la première attitude qui vient à l'esprit, même si l'expérience montre que le choix est parfois hâtif et que la coopération permet par exemple d'exploiter des ressources qu'on n'exploiterait pas seul, et de contourner ainsi le problème.
Enfin et pour vraiment emmêler la pelote d'idées, non seulement on peut collaborer puis retourner sa veste et concurrencer, ou le contraire, mais on peut tout à fait être en compétition et malgré tout être obligés de collaborer en même temps pour ne pas rompre un statut-quo dans un sens imprévisible. Je vois ça tous les jours au boulot avec notre plus gros concurrent, on voit ça tous les jours à la télé entre les pays qui ne s'aiment pas, et à 18 ans je voyais ça à chaque fois que mon meilleur pote et moi craquions pour la même fille au même moment (et comme on avait les mêmes goûts ça arrivait souvent ; depuis l'éloignement géographique entre lui et moi a heureusement résolu ce dilemne collaborer/concurrencer...)
P'tain y'a des soirs où j'ai l'impression de servir à rien... y'a encore quelqu'un qui lit ?
Entre collaborer et concurrencer il faut donc chercher l'équilibre.
John Nash (oui oui, le gars du film) a donné une définition frappante de bon sens de ce qu'il considérait comme un équilibre. L'équilibre selon Nash,
c'est quand aucune des parties n'a intérêt à changer de stratégie. Il y a des équilibres de Nash plutôt mignons, quand on se fait bien plaisir en collaborant, et il y en a d'autres qui le sont beaucoup moins. Ainsi la paix armée entre deux pays est un cas scolaire d'équilibre de Nash, au moins jusqu'à ce que l'un d'eux s'épuise.
Moi, je suis convaincu qu'en partant d'une situation de départ unique on peut aboutir à des équilibres différents selon la bonne volonté qu'on met pour introduire un maximum de collaboration dans la progression vers l'équilibre final. Introduire de la collaboration c'est pas toujours très beau, ça veut aussi dire faire des sacrifices au bénéfice du groupe, ça peut vouloir dire peut-être renoncer à mieux pour soi dans l'immédiat. La limite à la collaboration, c'est quand l'objectif final n'est plus atteint, par exemple quand on ne survit pas en collaborant avec des cons qui se la joueraient parasites. A ce moment là c'est compétition ou neutralité (bye bye les cons).
Bon allez, je fais une chute abrupte : faut que j'aille me coucher pour avoir encore la force de copier/coller ce texte dans quelques heures au boulot
En résumé pour moi le point essentiel c'est que la collaboration parfaite est un bel idéal, mais qu'il faut accepter ses défauts et savoir plutôt chercher un équilibre avec des formes de compétition.
See you,
Mathias