Bonjour à tous !
Athlon, je ne découvre ton message que ce matin, et entre-temps, Bison a déjà (et très bien) répondu !
Je vais quand même en rajouter une couche, comme c'est mon métier, il y a deux ou trois infos que je peux vous faire partager.
Quand je parlais de puissance de calcul : comme l'a dit Bison, seuls les
SMN (services météorologiques nationaux) ont les moyens (pour l'instant, çà ne durera sans doute pas
) de créer et d'entretenir les réseaux de mesure nécessaires pour la (
modeste et imparfaite, nous sommes les premiers à le savoir !)
connaissance de l'état de l'atmosphère à un instant donné, sur laquelle repose toute tentative de prévision.
Que tu utilises le fruit du travail d'un SMN comme Météo-France (3700 techniciens & ingénieurs - pour l'instant !), ou d'une officine privée de 10 personnes, tout part des réseaux d'observation et des échanges d'infos internationaux dépendant de l'
OMM (
188 pays - 15000 stations terrestres - 3000 navires - 750 bouées - 600 radio-sondages bi-quotidiens ).
Après, on passe ces milliards de données dans la moulinette des super-calculateurs, via les modèles numériques, pour en ressortir une prévi. Pour ton info, la "puissance de calcul" de Météo-France fin 2007 (grâce au NEC SX-8) : environ 9 téraflops,
soit 9 000 milliards d'opérations par seconde ... Pas mal, et pourtant encore insuffisant ...
Toute polémique privé/public mise de côté, ce chiffre informatique est largement hors de portée de toute initiative privée, que çà plaise ou non (ce qui est possible, par contre, c'est de récupérer le résultat de ces modèles, par exemple en les achetant à bas coût à l'autre bout du monde à un SMN peu scrupuleux, de les mettre en forme dans un bel emballage - marketing - et de les proposer sur le marché local ... : c'est actuellement la méthode employée par certains fournisseurs de sites internet notamment).
Quant à l'expertise humaine, c'est tout simple : dans un SMN en général, et à MF en particulier, toute sortie de modèle est étudiée, surveillée, rectifiée si nécessaire par toute une chaîne de prévis humains, pas de logiciels, et ce
h24 365 j/an. Et si le modèle est vraiment "dans le décor", on le relance purement et simplement avec une autre série de données initiales, et dans l'intervalle on "bascule" sur un modèle voisin (MF dispose de 3 modèles de son cru, et par coopération internationale, nous utilisons en plus quotidiennement le modèle européen, et comparons avec ceux de nos amis british et germaniques, voire américains).
Autre point exact de l'intervention de Bison : une prévision météo n'est qu'un état instantané de ce que nous pensons de l'évolution du temps, rien de plus. Primo, çà sous-entend qu'on peut changer d'avis dans les heures ou les jours qui suivent, secundo, nous sommes les premiers à savoir que ce n'est qu'une indication. Plus ou moins précise, plus ou moins certaine selon la situation météo, mais en aucun cas un scénario gravé dans le marbre. Plutôt,
le scénario qui a le plus de chance de se produire en fonction de ce que nous connaissons de l'état initial de l'atmosphère, point barre.
Or, cette nuance d'importance, cette humilité devant la prévision météo, malheureusement peu de gens la comprennent : les vrais météos, bien sûr, les fréquents utilisateurs "moustachus" aussi (comme montagnards, marins ou aviateurs), mais - et çà n'a rien de péjoratif, chacun son métier ! - dans le grand public, comme chez nos responsables marketing-commerciaux, c'est une autre affaire. Nous, nous savons qu'une prévi n'est qu'une prévi, mais difficile de faire partager cette notion à nos interlocuteurs.
On a parfois l'impression que si l'emballage est beau, le produit est forcément bon ... et çà, vous savez toutes et tous que c'est un raisonnement erroné !
J'espère avoir répondu à tes interrogations, mon cher Athlon ...