C'est vrai que le brut de décoffrage de la conférence peut être plus ou moins distillable sur l'auditoire. Et en même temps, la majorité de son travail va pour les cercles de décideurs politiques (budgétaire ?) qui cela dit en passant ne sont pas plus sachant de la chose ou on des intérêts. La fraction de présentation publique reste infime.
Néanmoins je trouve cela bien amené, et lisible. Avec un peu de réflexion, on trouve relativement bien les ramifications et implications induites des divers paramètres exposés. Pour plus de clarté, pour les intéressés bien sûr, il y a différentes conférences, presque identiques mais menées avec différentes tournures. Çà peut aider à mieux saisir le contenu en deuxième ou troisième projection, ce que j'ai fait pour ma part, malgré mon ouverture d'esprit.
Comme le dit Mr. Jancovici, il n'y a pas de relation entre la pagination médiatique et l'ampleur des choses. Les médias sont habitués à traiter des choses simples à décrire, et par un taux de compression trop élevé pour ce sujet. Malheureusement, le pic des énergies, le climat, nos relations avec ces énergies et notre environnement ne sont ni des problèmes simples à coucher sur un papier, ni simple à résumer. Un simple rapport - donc déjà avec un taux de compression littéraire pour synthétiser - du GIEC s'étale sur plus de 600 pages. Lorsque l'on passe à une conférence, l'on compresse encore plus le message. Pour un journal, vouloir résumer cela sur un article d'une page est impossible, et malheureusement pour nos neurones, cela demande quelques prérequis admissibles en se farcissant une cinquantaine de graphiques tous interdépendants entre eux.
Tout çà pour dire quoi ?
Je pense que Mr. Jancovici détient (pas lui même personnellement comme il le dit, lui n'a fait "que" regrouper et recouper les milliers de rapports et donnés scientifiques et économiques que son travail lui à fait remonter en surface) une très bonne lisibilité des problèmes actuels dont les principaux :
- La croissance du PIB ne cesse de décroître depuis les 30 glorieuse, ou l'abondance énergétique. Pourtant, tous les partis politiques sont passés, toute la finance possible a été injectée pour sauver les meubles, rien n'y fait. Le problème serait ailleurs ?
- Les travailleurs et le capital ne sont pas les variables principales de notre modèle économique, autrement dit, nous n'avons jamais assez eu autant de capitaux, de finances, et de travailleurs (trop car chômage) mais cela n'à jamais fait remonter la croissance qui ralentie toujours plus.
- Le pic du pétrole = pic des autres énergies = pic des ressources.
- Le prix du pétrole brut n'influence pas la croissance. Aucun rapport. C'est le volume des énergies consommées par une nation qui pilote la croissance. D'ailleurs, vous pouvez constater la baisse de la consommation des énergies de l'Espagne et la Grèce quelques années avant leur "chute". Depuis 2008, la France consomme de moins en moins d'énergie (on en consomme plus mais rapporté à notre croissance démographique et monétaire nous sommes en ralentissement de la variation de consommation)
- Nous, pauvres hommes, ne sommes rien dans l'équation du modèle économique, en rapport à notre énergie développée face un seul litre d'essence. Un litre d'essence c'est dans l'ordre de grandeur environ 100 "esclaves énergétiques" pour une journée.
- Nous avons à disposition, pour nos mode de vie occidentaux, l'équivalent énergétique de 200 à 600 "esclaves énergétiques" pour produire et faire marcher tous nos objets du quotidien.
- Le ralentissement de la croissance est proportionnellement l'inverse de nos importations de brut ou de gaz. Çà se passe exactement pareil pour tous les pays de l'OCDE.
- C'est l’accès à l'énergie qui a structuré nos sociétés. Tous les pays développés vivent à peu prêt de la même manière. Cela n'est aucunement une question de couleur politique.
- Il n'y a pas d'énergie propre puisque être propre c'est laissé les choses en l'état. En énergie, la dose fait le poison. Il n'y a pas de production d'énergie sans emmerdement.
- Il n'y aura plus de croissance à présent. Quelques phases cycliques de rebond léger comme une petite crête de vaguelette, mais rien de probant. La croissance éternelle aura été les 30 glorieuses. Croire que l'on va remplacer les 65GW de puissance nucléaire par du renouvelable et pure utopie. D'ailleurs, nous ne pourrons même pas renouveler notre stock de centrale nucléaire puisqu'en considérant une durée de vie de 40 voire 60 ans de production, il nous faudra investir un ordre de grandeur de 700 milliards d'euros pour mettre en chantier la relève. A l'heure ou nous peinons à équilibrer les comptes... Cela vient du fait que la mise en puissance nucléaire de la France s'est faite en 15 ans pour l'essentiel.
- Même si un baril de pétrole se vendait 2 milliards d'euros, on n'exploitera plus aussi vite s'il en faut autant pour tirer ce baril. Idem pour le Gaz. Idem pour les non conventionnels...
Il y a tellement à dire, que c'est vrai le taux de compression à expliquer tout cela est vraiment trop important. Mais çà donne envie de s'y intéresser car ce n'est plus un problème des générations futures. Ça à commencé depuis 30 ans en fait, et nous sentons tous bien que c'est la fin d'un système. L'équation de Kaya nous soumet physiquement dans les années à venir de diviser notre consommation en énergie par 2 (donc le PIB)... Donc ce forum risque de vivre lonnnnngtemps... Car nos modes de vie vont être révisés