Bonjour,
Je vous rappelle que je ne travaille pas en forêt ou dans la nature et que donc mon avis n’est pas représentatif d’une utilisation abusive au quotidien. Pour autant à 43 ans, en tant qu'ancien scout, randonneur, chasseur, je pense pouvoir émettre quelques avis sur ce type de vêtement.
Introduction :
J’ai parcouru l’internet sur ce sujet, et je n’ai pas trouvé de messages reprenant de façon détaillé les avantages et les inconvénients de ces vêtements. Je vais essayer de développer un peu plus que : Génial, Super, Nul, Dépassé...
Les vêtements en "drap de laine":
Les vêtements en drap de laine ont accompagné les européens pendant de nombreux siècles. Les manufactures de draps ont fait la richesse des Flandres et on été un sujet de dispute incessant entre l'Angleterre et la France. De nos jours à part, les cabans de marin, les duffle coats et les lodens, nous les avons bien oubliés...
Les vêtements en drap de laine : Swanndri, capotes militaires n'ont rien de géniaux : ils sont constitués d'un tissu en laine, du « drap de laine » foulé/gratté ; du genre de ce qui a équipé les armées européennes ou bien les excursionnistes durant des siècles.
Le tissu peut être 100% laine (exige l'emploi de pure laine vierge de qualité, un indice de qualité), mélangé à une autre fibre pour théoriquement le renforcer (en fait souvent à cause de l'emploi de fibres de laines courtes de second choix) ou bien dans un mélange recyclé (shoddy du siècle dernier de mauvaise réputation, ou Codet actuel de meilleure qualité).
De nos jours : pour un usage dans la nature, les chasseurs n’ont pas abandonné l’usage de la laine sous la forme du « loden » dans les pays germaniques. La firme Moessner produit encore de nos jours un loden de très bonne qualité. En France, l’usage du « drap de Bonneval » (filature Arpin) s’est perdue. En Angleterre les vestes de Melton pour la chasse à courre sont toujours en usage ainsi que le Tweed dans les highlands. Aux USA, Filson produit toujours le « Mackinaw Cloth ». Les tissus de laine "outdoor" n'occupent plus que des niches étroites. Mais les utilisateurs sont souvent enthousiastes, parfois à l'excès.
Les militaires ont abandonné, dans les années 60, le drap de laine pour les tenues de combat. Pourtant, le vêtement en drap de laine reste une valeur sûre pour un usage en milieu tempéré : très solide (sauf à l'abrasion humide), assez chaud sans excès (pas de barrière pare vapeur), très résistant au feu, silencieux, aspect mate, casse les formes, chaud même humide, masque les odeurs, se moulant/adaptant au corps à la longue et peu compressible : C'est un gros avantage quand on porte un sac ou que l’on doit dormir dessus.
La laine résiste très bien à la compression, elle est résiliente : le feutre de laine était employé dans les jaques comme pare flèche ou pour rembourrer les casques…Le feutre de laine est toujours employé comme tapis de selle pour les chevaux afin de les protéger des frottements...
Bien sûr : c'est lourd, encombrant, cela chardonne, cela peut accumuler la neige au bas des jambes et c'est long à sécher quand trempé....Le poids d'un vêtement de laine peut doubler sous la pluie.
Mais il faut rappeller ici le constat classique :
"Dans la nature, comment distingue-t-on ceux qui eux des vêtements techniques de ceux qui sont habillés en laine ?
...Ceux qui ont des vêtements techniques restent debout, ceux qui ont des vêtements en laine sont assis ou allongés dans par terre! "
Cela n'empêche pas d'utiliser les textiles modernes quand ils sont plus adaptés !
Description de la bushshirt :
(http://img439.imageshack.us/img439/972/bushshirtbc1.jpg)
Sur la photo la bushshirt en pure laine de nouvelle-zélande. J’ai choisi d'illustrer le sujet par le « buffalo plaid » rouge et noir, car il me semble que c’est assez pratique pour un vêtement de survie. La couleur rouge permet d’alerter les chasseurs et les secouristes, mais elle n’est pas perçue par les herbivores. L’alternance de carré noir et rouge brise la forme humaine. Le noir capte bien la chaleur d’un feu ou du soleil ce qui active le sèchage.
La partie supérieure du torse et la cagoule sont doublées d'un tissu assez lâche en polyester/laine (50/50). Il sèche très vite et repousse l'humidité. Comme il n'est pas attaché en bas, il agit comme une pélerine.
Une seule petite poche haute sur la poitrine gauche (pas terrible pour un gaucher) et les manches sont réglables par une patte se réglant par un bouton.
Pas de coutures sur les épaules : l'étanchéité est renforcée et très bon confort sous les bretelles du sac.
Présence d'une fermeture à lacet au col et un autre lacet autour de la cagoule. C’est rustique, mais cela ne vous lâchera jamais sur le terrain.
Vêtement non bruyant. Actuellement, existe en navy, tartan bleu/noir, tartan rouge/noir et olive. L'armée neo zélandaise a abondonné ses modèles en DPM s'ouvrant sur le devant, il est possible d'en trouver sur le net.
La forme de la Bushirt est celle d'une chemise très longue d'il y a 150 ans : relativement étroite en haut, très large en bas et les manches assez courtes pour ne pas interférer avec les travaux manuels.
Test :
J’ai profité de la journée bien pluvieuse de Printemps pour tester la résistance à la pluie de la Bushshirt Swanndri. Une ballade en ville de deux heures sous une pluie constante, parfois violente, m’a confirmé l’efficacité de ce vêtement extrêment déperlant.
Sous la veste, je portais du traditionnel (t-shirt coton en filet à manche longue brynje, chemise polycotton 50/50, jean Levis coton/coolmax, chaussettes mohair, chaussures Meindl cuir sans membrane, casquette coton aigle nikwax pour les lunettes sous la cagoule). Pas de problème d'humidité.
J’étais bien confortable malgré une température de 15°. Je précise que j’ai marché en ville et donc que l’effort était modéré.
Evidemment, si j’étais parti pour la journée dans la nature j’aurais pris une demie-cape en tissu synthétique étanche pour protéger la partie supérieure de la bushshirt des infiltrations et de la saturation. Dans l’hypothèse du port d’un sac à dos, j'aurais pris un poncho sylnylon.
Il s'agit d'un vêtement relativement imperméable, assez coupe vent, certainement pas étanche. L'imperméabilité est due à la matière hydrophobe (laine), au traitement déperlant imprégnant le tissu en profondeur, à la coupe en forme de cloche, au faible nombre de coutures (absence d'ouverture et de poches) et à la présence d'une cape très hydrophobe en doublure.
C'est un vêtement très solide qui ne craint pas les accrocs. Il est assez chaud mais en même temps très respirant. On peut moduler l'apport de chaleur en jouant sur les manches, la cagoule, la fermeture du haut et ajoutant une ceinture ou un cordon dessus. Il résiste au feu, c'est imortant lors du séchage au feu de bois MAIS il faut se méfier du traitement hydrophobe d'origine.
AMHA , c'est une valeur sûre.
A noter que la propriété de stockage de la vapeur d'eau de la laine n'est pas toujours un désavantage. Dans un premier temps, la laine stocke la transpiration à l'intérieur de la fibre (l'extérieur est hydrophobe) ce qui entraîne un très léger dégagement de chaleur de la laine. L'eau est liée chimiquement à la fibre de laine et la réaction est exothermique.
Ce phénomène peut être exploité sous un vêtement imperméable étanche : la laine fait "tampon" et stocke provisoirement l'humidité. Puis, au repos, la laine sèche lentement sans "chill effect". On peut donc utiliser, lors des efforts modérés, un imperméable étanche lors des grosses pluies sans ressentir de "moiteurs" excessives.
Avec un isolant hydrophobe synthétique non absorbant, parfois le vêtement sèche trop vite, le refroidissement est trop intense après l'effort (le passage de la phase liquide à la phase vapeur nécessite de nombreuses calories). Et c'est très désagréable. Pour éviter cela, on doit garder la veste imperrespi (goretex) qui viendra limiter cet effet.
Evidemment, si on est en phase d'effort très important et continu...il est préférable de ne pas stocker l'humidité dans ses vêtements, au risque de les alourdir et que le contact avec la peau devienne humide....Dans ce cas, l'isolant synthétique est préférable à court terme s'il est conjugué avec une veste (chère) en matière imper/respirante
Lors d'un effort modéré par temps sec, la bushirt n'étant que relativement coupe vent, la vapeur d'eau est "ventilée" et ne reste pas au contact du corps. Sous réserve de rester sous la limite des arbres (à l’abri du vent) c'est un avantage à l'effort modéré, cela évite l'effet "cocotte minute". C'est surtout efficace quand les phases d'effort alternent avec des phases de repos. Dans ce cas, le surplus d'humidité est absorbé par la laine, qui reste chaude. Cette humidité est "relarguée" lentement pendant les phases de repos.
A l'effort intense et continu, la laine devient trop chaude voire collante. La laine est hydrophobe en surface, seule la vapeur d'eau peu facilement l'humidifier...
Fabrication :
La laine utilisée est du mérinos selon le site Swanndri, c'est juste une race de mouton le mérinos. En quelques années ils sont devenus majoritaires en NZ du fait de la demande mondiale pour cette laine pouvant être très douce au contact de la peau. Comme la bushirt gratte ce n'est pas de la laine, douce mais fragile, ayant un diamètre de fibre inférieur à 25 microns. Il s'agit d'un drap feutré assez épais.
Remarque : je mesure 1,82m pour 88 kg et le modèle XXL (46), bien que ample, a la bonne longueur pour les bras et il m'arrive juste au dessus des genoux. Les quatre tests (tendre les bras, lever les bras, se baisser, toucher l'intérieur de ses coudes) sont concluants, vraisemblablement du fait de la présence de soufflets sous les bras. C'est super long comme coupe! C'est la chemise de nuit de grand papa. Je veux dire que je mesure 1.82m et que la XXL arrive 10 cm au dessus des genoux. C'est taillé comme une tente, et il y a des soufflets aux emmanchures.
Poids (vérifié) en XXL : 1500 gr. C'est certain que ce n'est pas un vêtement MUL ! C'est un vêtement très solide et très polyvalent avec des avantages que l'on ne touve pas ailleurs : Peu bruyant, résistant au feu (méfiance quand même du fait du traitement déperlant de nature inconnue), imperméable, auto nettoyant, ayant les propriétés de discrétion propre à la laine, très couvrant...naturel.
Modifications :
J'ai enlevé la poche située à gauche, car elle ne permettait pas d'épauler à gauche. D'autre part, la patte du col était un peu petite pour mon cou et ça grattait. Pour la fixer à demeure contre la cagoule j'ai ajouté un bouton.
Comme c'est de la laine cela respire bien lors d'un effort modéré. D'autant plus que la coupe est ample et que l'effet "soufflet" et "cheminé" permet un refroidissement/séchage par convection.
Pour avoir plus chaud, il faut mettre une ceinture ou se ceindre d'une corde tout en mettant la cagoule et en fermant les manches. Cette action permet d'éliminer beaucoup l'effet "soufflet" et "cheminé". Reste à ajouter un coupe vent pour augmenter énormément l'apport calorique (fin de la convection).
Il est possible de replier le vêtement dans le dos (ou devant), puisqu'il est ample, pour avoir quatre épaisseur de laine. Dans ce cas c'est encore plus chaud.
On peut aussi facilement porter le vêtement en bandouillère attaché à une corde ou a une sangle sur le principe des capes en loden de chasseur.
Ce n'est pas très coupe vent. Donc les vêtements de dessous ou du dessus doivent l'être. En statique, il faut prévoir un grand anorak ou le poncho. Un cuissard de...pêche est un bon complément pour la pluie puisque la bushirt descend très bas. L'imperméabilité part lentement puisque la laine se lave peu. Si nécessaire, il suffit de traiter avec du nikwax. Le vêtement est non absorbant, il n'est pas étanche.
Vêtements d’accompagnement :
Une doudoune duvet dessous : Sous une vraie pluie le duvet risque de faire buvard au bout d'un certain temps. D'autre part, le poids de la Swandri va compresser la doudoune aux épaules. Mais on ne serat pas engoncé. Le tissu des doudounes est glissant ce qui rend le port agréable sous la laine.
Une polaire dessous : la laine s'accroche à la polaire, c'est pénible a mettre ou à retirer. Mais la combinaison est valable. Il est peu probable que la pluie arrive à transpercer les deux couches. Si c’était le cas, l’eau serait « chaude » au contact du corps.
Pourquoi les Swanndri ?
Les plus :
*Les swandri (bushshirt) ont une coupe adapté à la vie en extérieur sans souci du fashion, sont faciles à trouver, pas trop chères et sont imperméabilisées....
*La bushshirt possède une capuche utilisable (rare sur les vêtements de laine) et doublée d'un tissu laine/polyester qui n'absorbe pas l'humidité.
*Les poignets sont réglables par des petites pattes boutonnées. Donc pas de velcro qui attire++ les graines et qui font du bruit.
*L'intérieur des poignets possède une bande de doublure fine en laine polyester : Quand on lève la main pour épauler sous la pluie, l'eau ne descend pas directement le long du bras.
*La bushshirt possède des soufflets sous les bras, ce qui permet de bouger les bras sans bouger l'ensemble. quand on épaule, on ne soulève pas le vêtement par exemple.
*La bushshirt possède une doublure lache polyester/laine sur le torse. Cela reforce sa chaleur, le confort lors du port d'un sac à dos et sa résistance à la pluie.
*La longueur est suffisante pour permettre de se passer d'un pantalon étanche sauf sous les pluies les plus fortes. Les découpes sur les cotés permettent d'accéder aux poches du pantalon ou aux poches basses d'uen veste.
*C’est un patrimoine.
Les moins :
*Je trouve que la largeur au cou est faible et que cela gratte. C'est un défaut, pour moi de la bushirt. J'aurais aimé que le col remonte plus haut....ou qu'il soit plus large afin que l'on puisse mettre une écharpe.
*Il manque une autre poche sur la poitrine. Je les placerais plus basses (accès avec un sac, pas d'interférence à l'épauler) et elle seraient plus grande. Ceci dit, cela générait l'imperméabilité. J'ai enlevé la poche sur ma bushirt.
*Il semble bien que tout ou partie de la production se fasse désormais en Chine.
Conclusion :
Au delà des effets de mode et du marketoc, la laine a fait ses preuves depuis des milliers d'années pour les hommes et des centaines de milliers d'années pour les moutons, chèvres, chameaux, lamas, yaks.....en été, en hiver, en plaine, en montagne, dans les déserts chauds et froids...c'est un fait incontournable.
Ses défauts : le poids, lente à sécher, peu de résistance à l'abrasion humide, gratte. Il faut savoir que l'utilisation de lainede différentes origines ou sous la forme de tissages adaptés peut pallier à ces défauts.
Did : n'hésitez pas à critiquer ou compléter selon vos propres expériences !
Ajouts sur un post de "kilbith" ;)
Bonjour,
Je vous rappelle que je ne travaille pas en forêt ou dans la nature et que donc mon avis n’est pas représentatif d’une utilisation abusive au quotidien. Pour autant à 43 ans, en tant qu'ancien scout, randonneur, chasseur, je pense pouvoir émettre quelques avis sur ce type de vêtement.
Introduction :
J’ai parcouru l’internet sur ce sujet, et je n’ai pas trouvé de messages reprenant de façon détaillé les avantages et les inconvénients de ces vêtements. Je vais essayer de développer un peu plus que : Génial, Super, Nul, Dépassé...
Les vêtements en "drap de laine":
Les vêtements en drap de laine ont accompagné les européens pendant de nombreux siècles. Les manufactures de draps ont fait la richesse des Flandres et on été un sujet de dispute incessant entre l'Angleterre et la France. De nos jours à part, les cabans de marin, les duffle coats et les lodens, nous les avons bien oubliés...
Les vêtements en drap de laine : Swanndri, capotes militaires n'ont rien de géniaux : ils sont constitués d'un tissu en laine, du « drap de laine » foulé/gratté ; du genre de ce qui a équipé les armées européennes ou bien les excursionnistes durant des siècles.
Le tissu peut être 100% laine (exige l'emploi de pure laine vierge de qualité, un indice de qualité), mélangé à une autre fibre pour théoriquement le renforcer (en fait souvent à cause de l'emploi de fibres de laines courtes de second choix) ou bien dans un mélange recyclé (shoddy du siècle dernier de mauvaise réputation, ou Codet actuel de meilleure qualité).
De nos jours : pour un usage dans la nature, les chasseurs n’ont pas abandonné l’usage de la laine sous la forme du « loden » dans les pays germaniques. La firme Moessner produit encore de nos jours un loden de très bonne qualité. En France, l’usage du « drap de Bonneval » (filature Arpin) s’est perdue. En Angleterre les vestes de Melton pour la chasse à courre sont toujours en usage ainsi que le Tweed dans les highlands. Aux USA, Filson produit toujours le « Mackinaw Cloth ». Les tissus de laine "outdoor" n'occupent plus que des niches étroites. Mais les utilisateurs sont souvent enthousiastes...parfois à l'excès.
Les militaires ont abandonné, dans les années 60, le drap de laine pour les tenues de combat. Pourtant, le vêtement en drap de laine reste une valeur sûre pour un usage en milieu tempéré : très solide (sauf à l'abrasion humide), assez chaud sans excès (pas de barrière pare vapeur), très résistant au feu, silencieux, aspect mate, casse les formes, chaud même humide, masque les odeurs, se moulant/adaptant au corps à la longue et peu compressible : C'est un gros avantage quand on porte un sac ou que l’on doit dormir dessus.
La laine résiste très bien à la compression, elle est résiliente : le feutre de laine était employé dans les jaques comme pare flèche ou pour rembourrer les casques…Le feutre de laine est toujours employé comme tapis de selle pour les chevaux afin de les protéger des frottements...
Bien sûr : c'est lourd, encombrant, cela chardonne, cela peut accumuler la neige au bas des jambes et c'est long à sécher quand trempé....Le poids d'un vêtement de laine peut doubler sous la pluie.
Mais il faut rappeller ici le constat classique :
"Dans la nature, comment distingue-t-on ceux qui eux des vêtements techniques de ceux qui sont habillés en laine ?
...Ceux qui ont des vêtements techniques restent debout, ceux qui ont des vêtements en laine sont assis ou allongés par terre! "
Cela n'empêche pas d'utiliser les textiles modernes quand ils sont plus adaptés !
Description de la bushshirt :
(http://img439.imageshack.us/img439/972/bushshirtbc1.jpg)
Sur la photo la bushshirt en pure laine de nouvelle-zélande. J’ai choisi d'illustrer le sujet par le « buffalo plaid » rouge et noir, car il me semble que c’est assez pratique pour un vêtement de survie. La couleur rouge permet d’alerter les chasseurs et les secouristes, mais elle n’est pas perçue par les herbivores. L’alternance de carré noir et rouge brise la forme humaine. Le noir capte bien la chaleur d’un feu ou du soleil ce qui active le séchage.
La partie supérieure du torse et la cagoule sont doublées d'un tissu assez lâche en polyester/laine (50/50). Il sèche très vite et repousse l'humidité. Comme il n'est pas attaché en bas, il agit comme une pèlerine.
Une seule petite poche haute sur la poitrine gauche (pas terrible pour un gaucher) et les manches sont réglables par une patte se réglant par un bouton.
Pas de coutures sur les épaules : l'étanchéité est renforcée et très bon confort sous les bretelles du sac.
Présence d'une fermeture à lacet au col et un autre lacet autour de la cagoule. C’est rustique, mais cela ne vous lâchera jamais sur le terrain. Patte d'attache au col par un bouton : pas terrible, faible protection et le col est très étroit.
Vêtement non bruyant. Actuellement, existe en navy, tartan bleu/noir, tartan rouge/noir et olive. L'armée neo zélandaise a abondonné ses modèles en DPM s'ouvrant sur le devant, il est possible d'en trouver sur le net.
La forme de la Bushirt est celle d'une chemise très longue d'il y a 150 ans : relativement étroite en haut, très large en bas et les manches assez courtes pour ne pas interférer avec les travaux manuels.
Test :
J’ai profité de la journée bien pluvieuse de Printemps pour tester la résistance à la pluie de la Bushshirt Swanndri. Une ballade en ville de deux heures sous une pluie constante, parfois violente, m’a confirmé l’efficacité de ce vêtement extrêmement déperlant à l'état quasi neuf. La laine hydrophobe est tissée serrée et bénéficie d'un traitement déperlant durable.
Sous la veste, je portais du traditionnel (t-shirt coton en filet à manche longue brynje, chemise polycotton 50/50, jean Levis coton/coolmax, chaussettes mohair, chaussures Meindl cuir sans membrane, casquette coton aigle nikwax pour les lunettes sous la cagoule). Pas de problème d'humidité.
J’étais bien confortable malgré une température de 15°. Je précise que j’ai marché en ville et donc que l’effort était modéré.
Evidemment, si j’étais parti pour la journée dans la nature j’aurais pris une demie-cape en tissu synthétique étanche pour protéger la partie supérieure de la bushshirt des infiltrations et de la saturation. Dans l’hypothèse du port d’un sac à dos, j'aurais pris un poncho sylnylon. Même si elle reste chaude et résiste à l'eau, la laine se charge d'eau et devient lourde, les protections synthétiques sont utiles pour éviter la saturation en cas de grosse pluie.
Il s'agit d'un vêtement relativement imperméable, assez coupe vent, certainement pas étanche. L'imperméabilité est due à la matière hydrophobe (laine), au traitement déperlant imprégnant le tissu en profondeur, à la coupe en forme de cloche, au faible nombre de coutures (absence d'ouverture et de poches) et à la présence d'une cape très hydrophobe en doublure.
C'est un vêtement très solide qui ne craint pas les accrocs. Il est assez chaud mais en même temps très respirant. On peut moduler l'apport de chaleur en jouant sur les manches, la cagoule, la fermeture du haut et ajoutant une ceinture ou un cordon dessus. Il résiste au feu, c'est important lors du séchage au feu de bois MAIS il faut se méfier du traitement hydrophobe d'origine.
AMHA , c'est une valeur sûre.
A noter que la propriété de stockage de la vapeur d'eau de la laine n'est pas toujours un désavantage. Dans un premier temps, la laine stocke la transpiration à l'intérieur de la fibre (l'extérieur est hydrophobe) ce qui entraîne un très léger dégagement de chaleur de la laine. L'eau est liée chimiquement à la fibre de laine et la réaction est (légèrement) exothermique.
Ce phénomène peut être exploité sous un vêtement imperméable étanche : la laine fait "tampon" et stocke provisoirement l'humidité. Puis, au repos, la laine sèche lentement sans "chill effect". On peut donc utiliser, lors des efforts modérés, un imperméable étanche lors des grosses pluies sans ressentir de "moiteurs" excessives.
Avec un isolant hydrophobe synthétique non absorbant, parfois le vêtement sèche trop vite, le refroidissement est trop intense après l'effort (le passage de la phase liquide à la phase vapeur nécessite de nombreuses calories). Et c'est très désagréable. Pour éviter cela, on doit garder la veste imperrespi (goretex) qui viendra limiter cet effet.
Evidemment, si on est en phase d'effort très important et continu...il est préférable de ne pas stocker l'humidité dans ses vêtements, au risque de les alourdir et que le contact avec la peau devienne humide....Dans ce cas, l'isolant synthétique est préférable à court terme s'il est conjugué avec une veste (chère) en matière imper/respirante
Lors d'un effort modéré par temps sec, la bushirt n'étant que relativement coupe vent, la vapeur d'eau est "ventilée" et ne reste pas au contact du corps. Sous réserve de rester sous la limite des arbres (à l’abri du vent) c'est un avantage à l'effort modéré, cela évite l'effet "cocotte minute". C'est surtout efficace quand les phases d'effort alternent avec des phases de repos. Dans ce cas, le surplus d'humidité est absorbé par la laine, qui reste chaude. Cette humidité est "relarguée" lentement pendant les phases de repos.
A l'effort intense et continu, la laine devient trop chaude voire collante. La laine est hydrophobe en surface, seule la vapeur d'eau peu facilement l'humidifier...
Fabrication :
La laine utilisée est du mérinos selon le site Swanndri, c'est juste une race de mouton le mérinos. En quelques années ils sont devenus majoritaires en NZ du fait de la demande mondiale pour cette laine pouvant être très douce au contact de la peau. Comme la bushirt gratte ce n'est pas de la laine, douce mais fragile, ayant un diamètre de fibre inférieur à 25 microns. Il s'agit d'un drap feutré assez épais.
Remarque : je mesure 1,82m pour 88 kg et le modèle XXL (46), bien que ample, a la bonne longueur pour les bras et il m'arrive juste au dessus des genoux. Les quatre tests (tendre les bras, lever les bras, se baisser, toucher l'intérieur de ses coudes) sont concluants, vraisemblablement du fait de la présence de soufflets sous les bras. C'est super long comme coupe! C'est la chemise de nuit de grand papa. Je veux dire que je mesure 1.82m et que la XXL arrive 10 cm au dessus des genoux. C'est taillé comme une tente, et il y a des soufflets aux emmanchures. Contrairement à ce qui est indiqué sur le site, je trouve qu'il est préférable de prendre un vêtement de ce type (sans ouverture) bien large. D'autant plus que la laine peut rétrécir....
Poids (vérifié) en XXL : 1500 gr. C'est certain que ce n'est pas un vêtement MUL ! C'est un vêtement très solide et très polyvalent avec des avantages que l'on ne touve pas ailleurs : Peu bruyant, résistant au feu (méfiance quand même du fait du traitement déperlant de nature inconnue), imperméable, auto nettoyant, ayant les propriétés de discrétion propre à la laine, très couvrant...naturel.
Modifications :
J'ai enlevé la poche située à gauche, car elle ne permettait pas d'épauler à gauche. D'autre part, la patte du col était un peu petite pour mon cou et ça grattait. Pour la fixer à demeure contre la cagoule j'ai ajouté un bouton.
Comme c'est de la laine cela respire bien lors d'un effort modéré. D'autant plus que la coupe est ample et que l'effet "soufflet" et "cheminé" permet un refroidissement/séchage par convection.
Pour avoir plus chaud, il faut mettre une ceinture ou se ceindre d'une corde tout en mettant la cagoule et en fermant les manches. Cette action permet d'éliminer beaucoup l'effet "soufflet" et "cheminé". Reste à ajouter un coupe vent pour augmenter énormément l'apport calorique (fin de la convection).
Il est possible de replier le vêtement dans le dos (ou devant), puisqu'il est ample, pour avoir quatre épaisseur de laine. Dans ce cas c'est encore plus chaud.
On peut aussi facilement porter le vêtement en bandouillère attaché à une corde ou a une sangle sur le principe des capes en loden de chasseur.
Ce n'est pas très coupe vent. Donc les vêtements de dessous ou du dessus doivent l'être. En statique, il faut prévoir un grand anorak, une pélerine ou le poncho. Un cuissard de...pêche est un bon complément pour la pluie puisque la bushirt descend très bas. L'imperméabilité part lentement puisque la laine se lave peu. Si nécessaire, il suffit de traiter avec du nikwax. Le vêtement est non absorbant, il n'est pas étanche.
Vêtements d’accompagnement :
Une doudoune duvet dessous : Sous une vraie pluie le duvet risque de faire buvard au bout d'un certain temps. D'autre part, le poids de la Swandri va compresser la doudoune aux épaules. Mais on ne sera pas engoncé. Le tissu des doudounes est glissant ce qui rend le port agréable sous la laine.
Une polaire dessous : la laine s'accroche à la polaire, c'est pénible a mettre ou à retirer. Mais la combinaison est valable. Il est peu probable que la pluie arrive à transpercer les deux couches. Si c’était le cas, l’eau serait « chaude » au contact du corps.
Une doudoune synthétique : excellent choix.
Un pull over en laine de type Saint james : bon complément (coupe vent et déperlant).
Une veste ou un gilet polycoton : c'est pratique car la Swanndri ne possède pas de poches. Le polycoton, qui est coupe vent déperlant et sèche vite, vient compléter la swanndri.
Une veste ou un anorak en ventile : bon complément, surtout dans une optique philosophique "low-tech".
Pourquoi les Swanndri ?
Les plus :
*Les swanndri (bushshirt) ont une coupe adapté à la vie en extérieur sans souci du fashion, sont faciles à trouver sur le net, pas trop chères et sont bien imperméabilisées....
*La bushshirt possède une capuche utilisable (rare sur les vêtements de laine) et doublée d'un tissu laine/polyester qui n'absorbe pas l'humidité. La capuche, pas très profonde, gagne a être utilisée avec une casquette.
*Les poignets sont réglables par des petites pattes boutonnées. Donc pas de velcro qui attire++ les graines et qui font du bruit.
*L'intérieur des poignets possède une bande de doublure fine en laine polyester : Quand on lève la main pour épauler sous la pluie, l'eau ne descend pas directement le long du bras.
*La bushshirt possède des soufflets sous les bras, ce qui permet de bouger les bras sans bouger l'ensemble. Quand on épaule, on ne soulève pas le vêtement.
*La bushshirt possède une doublure lâche polyester/laine sur le torse. Cela reforce sa chaleur, le confort lors du port d'un sac à dos et sa résistance à la pluie.
*La longueur est suffisante pour permettre de se passer d'un pantalon étanche sauf sous les pluies les plus fortes. Les découpes sur les cotés permettent d'accéder aux poches du pantalon ou aux poches basses d'une veste.
*Peut servir/compléter de tapis de sol. Utilisable dans un hamac je pense (pas testé) La laine est peut compressible.
*Procure un excellent camouflage auditif, casse assez bien la forme du bipède. La laine est un bon tissu de camouflage (pas brillante, pas d'UV).
*En position assise, une épaisseur de laine est dessous (isolation) et les cuisses sont couvertes.
*C’est un patrimoine.
Les moins :
*Je trouve que la largeur au cou est faible et que cela gratte. C'est un défaut, pour moi de la bushirt. J'aurais aimé que le col remonte plus haut....ou qu'il soit plus large afin que l'on puisse mettre une écharpe.
*La capuche est basique.
*Il manque une autre poche sur la poitrine. Je les placerais plus basses (accès avec un sac, pas d'interférence à l'épauler) et elle seraient plus grande. Les vieilles swanndri étaient mieux conçues sur ce point. Ceci dit, cela générait l'imperméabilité. J'ai enlevé la poche sur ma bushirt.
*Il semble bien que tout ou partie de la production se fasse désormais en Chine. :'(
Conclusion :
Au delà des effets de mode et du marketoc, la laine a fait ses preuves depuis des milliers d'années pour les hommes et des centaines de milliers d'années pour les moutons, chèvres, chameaux, lamas, yaks.....en été, en hiver, en plaine, en montagne, dans les déserts chauds et froids...c'est un fait incontournable.
Ses défauts : le poids, lente à sécher, peu de résistance à l'abrasion humide, gratte. Il faut savoir que l'utilisation de lainede différentes origines ou sous la forme de tissages adaptés peut pallier à ces défauts.
Image d'un vieux modèle : La poche est plus grande; plus basse, forme liquette, manches courtes, pas de capuche, la couleur est discrète, les carreaux brisent la forme humaine.
On a ici un vrai vêtement de travail porté à l'ancienne avec un chapeau qui assure l'étanchéité et qui permet de maintenir les sens en alerte même sous la pluie (Chasse...). L'absence de capuche n'est pas un problème, cela allège le vêtement et permet de l'aérer plus facilement.
Les manches courtes n'interfèrent pas avec la besogne et ne se mouillent pas. C'est court devant donc cela ne gène pas quand on marche et cela ne risque pas de tremper ou de se prendre dans ce que l'on est en train de faire. La liquette arrière protège la bas du dos quand on est penché en avant. La grand poche basse est accessible y compris avec un sac....La version moderne est plus "fashion"
(http://img148.imageshack.us/img148/6662/swanndribushirtold1mn7.jpg)
Did : n'hésitez pas à critiquer ou compléter selon vos propres expériences !
Pymiboc : qu'est ce que cela donne à l'usage ton vêtement ?